Ajoie - Mulhouse (14 août 2003)

 

Match amical.

Cette rencontre est un classique du genre à cette époque de l'année. Les deux protagonistes commencent juste leur préparation, et c'est d'ailleurs le premier match des locaux. Les Jurassiens ont conservé la majeure partie de l'effectif, notamment les deux piliers canadiens, auxquels sont venus se greffer de jeunes joueurs suisses. Mulhouse, pour sa part, évolue toujours sans les cinq joueurs déjà absents contre Viège (le cas Montador étant encore loin d'être régularisé, on parlera surtout des cinq autres joueurs).

L'année précédente, Ajoie avait connu la mésaventure de se laisser dominer devant son public par les Alsaciens, aussi, cette année, il fallait ne pas recommencer. Et donc, en menant de trois buts au bout de sept minutes, les Jurassiens pensaient bien avoir muselé durablement leurs adversaires. Sanctionnés presque dès le coup d'envoi par le corps arbitral, les Scorpions eurent à subir les combinaisons de jeu de puissance du quinté majeur local dont une magistrale action conclue promptement par Marc Fortier pour le 1-0 (3'41"). Les Ajoulots pressent, assomment Fabrice Lhenry de tirs. Ce dernier se fait littéralement allumer pour le 2-0 (7'01") et presque aussitôt va de nouveau rechercher le palet au fond de sa cage sur une nouvelle combinaison de supériorité conclue par un tir puissant de Dan Laperrière (3-0 à 7'32"). Le contraste est saisissant avec la partie jouée jeudi dernier contre Viège, car à cet instant, Mulhouse n'est pas en mesure de répliquer. Heureusement, une première percée de Pavol Segla, conclue d'une feinte victorieuse, empêche les Alsaciens de couler rapidement (3-1 à 9'16"). Ce but réveille dès lors les visiteurs qui donnent la réplique aux locaux d'une façon toute aussi cinglante, puisque c'est à Ajoie d'être complètement acculé dans sa zone, au grand étonnement des spectateurs qui se demandent si Mulhouse n'est pas en train de se réveiller (et des interrogations amusantes dans les tribunes comme "le Rozenthal, c'est celui qui joue en équipe de France ?"). Olivier Gigon est alors obligé de s'employer sur les essais de Prunet, Vidman, Hakkarainen ou Segla, mais Maurice Rozenthal - oui c'est bien lui - trouve enfin la brèche sur un tir à mi-zone alors que le portier suisse est masqué (3-2 à 12'52"). Le pressing alsacien continue mais est tempéré par des sanctions arbitrales, laissant un peu souffler Ajoie qui peut repousser vers Lhenry, avant que le duo slovaque ne termine cette période d'un dernier rush rageur. Milos Palovcik confie une transversale à son alter ego Segla qui marque dans une position acrobatique (3-3 à 19'41"). La rentrée aux vestiaires peut être plus confiante pour le HCM qui s'est rassuré en dix minutes sur ses capacités à se rebiffer.

Le coach suisse a eu le temps de re-concentrer les siens afin d'éviter de subir la progression adverse. Car Mulhouse exerce encore sa domination sur cette période. Ludovic Aubry doit épauler en dernier recours son gardien en se jetant sur un tir d'Olivier Coqueux après que le Franco-Canadien a traversé toute la patinoire en zigzag (22'01"). À mi-match, Segla dévisse sa reprise alors que la cage est offerte. Le match est pourtant moins rapide, les deux protagonistes s'observant un peu plus, et c'est Ajoie qui profite du rare - et même seul - moment de flottement devant Lhenry : un premier tir de Gregory Thommen passe à côté, ricoche derrière la cage de Lhenry, mais le portier ne peut se replacer suffisamment vite pour capter la reprise de Michaël Chételat qui ne se gêne pas pour allumer le portier tricolore (4-3 à 36'36").

Une nouvelle fois, Mulhouse est gêné par de nombreuses prisons. Jani Kiviharju vient juste d'en sortir quand son compatriote Hermanni Vidman est prié de rejoindre les vestiaires suite à une crosse jugée trop haute sur Laperrière. La situation se complique car il va falloir jouer en infériorité pendant cinq longues minutes. Mais les locaux sont très gauches à s'implanter et ne tirent que rarement, alors même qu'ils disposent d'une double supériorité quand Ballet est puni d'un cinglage, situation que Mulhouse contient très bien. Le tiers est ensuite plus équilibré, les deux portiers nous gratifiant de magistrales mitaines (Lhenry face à Lapaire et Gigon face à Hakkarainen). Un petit numéro de Guerne, puis dans la foulée un immanquable manqué de Palovcik, lui même surpris du résultat passé au-dessus de la transversale. Un dernier essai très chaud de Kiviharju aurait pu sourire à Mulhouse mais Gigon sauve de nouveau in extremis. Plus rien n'est alors marqué, l'honneur est sauf pour les hôtes de ce soir.

Sur ce match, on confirme qu'Ajoie semble plus costaud que Viège, avec notamment un alignement spécial en supériorité diabolique d'efficacité. Les Jurassiens semblent d'ailleurs se reposer essentiellement sur ce quinté, Mulhouse éprouvant des difficultés à le contenir, alors que les trois autres étaient plus aisément neutralisables (tout est relatif). Le jeu des locaux est assez physique, ce qui peut expliquer les trois buts marqués en début de match, mais ils éprouvent aussi beaucoup de difficultés à finir leurs actions, nous ne sommes qu'en début de préparation, ce qui les mettaient souvent en danger face aux guêpes adverses. Un nom peut être à surveiller, à dix-huit ans et pour sa deuxième saison avec les seniors, Jordane Hauert semble déjà disposer de très bonnes dispositions pour assurer l'arrière-garde jurassienne (avis personnel).

Une chose est sûre pour Mulhouse, en jouant la saison comme ils ont su le faire entre les neuvième et vingtième minutes, les Scorpions vont en faire souffrir plus d'un. Agréables moments à vivre que ces minutes de pressing offensif, les cinq Alsaciens rivalisant de combinaisons, de passes en retrait, de voltigeurs exploitant tout palet passant devant leur crosse. Le 3-3 de Segla est d'ailleurs la meilleure image de la pugnacité des Mulhousiens, tout en énergie et culot. Mais il y a aussi les trois buts pris en début de match, où l'on a vu des Scorpions déboussolés derrière. Il y a encore aussi de la discipline à acquérir, Ajoie étant un spécialiste du titillage. Pourtant, on note une bonne volonté évidente, et une hargne de tous les joueurs, à l'image des Catil, Ballet, Bigot et surtout Tardif qui semble jouer un peu plus avec son physique, tout en faisant preuve d'initiative par moments. Il faudra enfin un peu de constance pour éviter les rares absences, comme celle qui coûte le but de la défaite.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

HC Ajoie - HC Mulhouse 4-3 (3-3, 1-0, 0-0)

Samedi 14 août 2004 à 19h00 à la patinoire de Porrentruy. 512 spectateurs.

Arbitrage de M. Eichman assisté de MM. Abigen et Dumoulin.

Pénalités : Ajoie 36' (6'+10', 4'+10', 6'), Mulhouse 47' (10', 4', 8'+5'+20').

Tirs : Ajoie 34 (15, 8, 11), Mulhouse 29 (15, 7, 7).

Évolution du score :

1-0 à 03'41" : Fortier assisté de Vacheron et Laperrière (sup. num.)

2-0 à 07'01" : Aubry assisté de Devaux et Voillat

3-0 à 07'32" : Laperrière assisté de Fortier et Voillat (sup. num.)

3-1 à 09'16" : Segla

3-2 à 12'52" : Rozenthal assisté de Ballet (sup. num.)

3-3 à 19'41" : Segla assisté de Palovcik et Jokinen

4-3 à 36'36" : Chételat assisté de Thommen

 

Ajoie

Gardien : Olivier Gigon.

Défenseurs : Daniel Laperrière - Alexis Vacheron ; Grégory Thommen - Jordane Hauert ; Serge Haas - Olivier Devaux.

Attaquants : Thomas Widmer - Marc Fortier (C) - Yann Voillat ; Jean-Charles Lapaire - Sascha Guerne (A) - Patrick Krueger ; Real Gerber - Ludovic Aubry - Julien Staudenmann ; Vladimir Villard - Michaël Chételat - Martin Schupbach.

Remplaçant : Cédric Zufferey (G).

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Lilian Prunet (A) - Allan Carriou ; Francis Ballet - Jukka Hakkarainen ; Jérémie Bigot - Jérôme Catil.

Attaquants : Maurice Rozenthal - Olivier Coqueux - Jani Kiviharju ; Juho Jokinen - Milos Palovcik - Pavol Segla ; Luc Tardif - Lionel Bilbao (C) - Hermanni Vidmann.

Remplaçant : Tom Charton (G). Absents : Mathias Ahxnér (touché au genou), Miikka Ruokonen, Greg Day, Ryan Christie (attente de visa), Steve Michou.

 

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