République Tchèque - Finlande (23 août 2004)

 

Match international.

C'est une semaine jour pour jour après la disparition de celui qui devait les entraîner, Ivan Hlinka, que les Tchèques disputent leur premier match de la saison. Dans l'intervalle, en même temps que le monde de hockey tout entier pleurait celui qui avait été désigné en mai dernier pendant les championnats du monde de Prague comme le plus grand joueur tchèque de l'histoire, la fédération devait s'activer pour trouver un remplaçant dans un temps record. En réalité, le choix n'était pas cornélien. Vladimir Ruzicka, capitaine de l'équipe championne olympique en 1998 qu'entraînait Hlinka, était le candidat évident. D'ailleurs, il lui avait déjà été proposé d'être l'assistant de Hlinka, mais Ruzicka ne voulait pas d'un poste d'adjoint. Moins tacticien que son illustre aîné, qui est comme lui né à Most avant de poursuivre sa formation à Litvinov, Vladimir Ruzicka joue plus la carte de l'émotion et a besoin des pleins pouvoirs pour exprimer ses capacités à motiver ses joueurs. Désormais, il les a, dans des circonstances malheureusement bien tristes.

Les Tchèques portent sur leur maillot au niveau du cœur (ou tout du moins non loin de là car le cœur est déjà occupé par un sponsor...) un rond noir orné d'un "21" doré en hommage au numéro d'Ivan Hlinka.

Voir moins de cinq mille personnes dans la Sazka Arena est ridicule, mais les tarifs qui font partie du programme NHL sont hors de portée du pouvoir d'achat des Tchèques, car le billet coûte dix fois plus cher qu'un match d'Extraliga. Or, le spectacle n'est sûrement pas dix fois meilleur, car ce match de reprise est assez médiocre. Le public a peut-être raison de bouder car il n'en aurait pas forcément eu pour son argent.

Dès ce premier match de préparation, la République Tchèque veut marquer son territoire en vue de la prochaine confrontation face aux Finlandais pendant la coupe du monde et essaie d'intimider physiquement son adversaire. Elle n'y parvient pas vraiment. Patrik Eliáš, qui vient fricoter avec le gardien adverse, est châtié après seulement trois minutes de jeu par un Jarko Ruutu très belliqueux ce soir, qui fera des déclarations provocantes à la presse de son pays en disant que les rares Tchèques à avoir osé s'immiscer dans le slot ont été prévenus, et que la plupart sont de toute façon trop couards pour s'y risquer. Ambiance dans ce match où il n'y a pas que les dimensions de la glace qui sont de type NHL, la preuve en est cette bagarre à la sirène de la deuxième période où Jirí Fischer met KO Aki-Petteri Berg. Le défenseur des Detroit Red Wings ponctue ainsi sa toute première sélection en équipe nationale tchèque (il n'a été appelé qu'à la faveur du forfait de Pavel Kubina qui se ressent d'une commotion cérébrale depuis la finale de la Coupe Stanley) d'une pénalité de match. Quant à l'autre joueur qui n'a intégré la Reprezentace qu'il y a quelques semaines, Petr Sýkora (il remplace Robert Lang qui n'a toujours pas communiqué la raison de son forfait), il est malheureux puisqu'un de ses tirs échoue sur le poteau.

Ce match a réservé quelques surprises. L'identité du buteur finlandais par exemple. Il s'agit de Jere Lehtinen, alors qu'on pouvait s'attendre à ce qu'il soit laissé au repos pendant les matches amicaux du fait de ses problèmes de dos. Quant à l'égalisation tchèque, elle a été inscrite à cinq minutes de la fin en supériorité numérique, pendant une pénalité du capitaine finlandais Saku Koivu. Or, c'est très trompeur. En effet, si la rencontre a dans l'ensemble été dominée par les Tchèques, le jeu de puissance finlandais a par contre laissé une bien meilleure impression que son homologue tchèque, mais c'est celui-ci qui a marqué. Ce qui ne trompe pas en revanche, c'est la superbe prestation du jeune gardien Kari Lehtonen, qui confirme être un des plus sûrs espoirs du hockey mondial.

Élus meilleurs joueurs du match : Marek Zidlický pour la République Tchèque et Kari Lehtonen pour la Finlande.

Commentaires d'après-match :

Vladimir Ruzicka (entraîneur de la République Tchèque) : "Lundi dernier, un ami m'a appelé de Karlovy Vary pour me dire qu'Ivan Hlinka était aux urgences avec les deux jambes brisées et dans un état très grave. Il ne savait alors pas que les docteurs n'avaient pas réussi à le sauver. Quarante-cinq minutes plus tard, il m'a rappelé... L'espoir aura duré moins d'une heure. Ivan est mort lundi, et le mardi soir la fédération de hockey tenait une session spéciale qui a duré trois ou quatre heures et où on a décidé de me nommer à sa place. J'y ai réfléchi une heure ou deux, car je suis déjà surchargé de travail au Slavia Prague où je suis entraîneur et manager. De plus, mon fils de quinze ans fait son début dans l'équipe junior et je voulais passer du temps avec lui. Mais il m'était impossible de refuser une telle responsabilité. C'est très difficile compte tenu des circonstances. Ivan était un grand ami. Vous comprenez dans quel état nous pouvons être, moi et les joueurs, sachant que cela s'est passé à trois jours du début du stage. C'est un choc. Mais il faut le surmonter. Il n'y aura pas d'indulgence, nous nous mettons nous-mêmes la pression. Nous n'avons oublié ni Nagano ni les titres de champions du monde. La République tchèque gagnait tout, et elle ne gagne plus rien. Aux trois derniers Mondiaux et aux JO, nous ne sommes même pas montés sur le podium. Je pense qu'on attend de cette grande équipe qu'elle gagne. La responsabilité est au-dessus de tout : nous jouons pour Ivan, et nous lui dédierons notre victoire."

Teemu Selänne (attaquant de la Finlande) : "Jusqu'à la semaine dernière, il y avait deux favoris dans le groupe européen de coupe du monde. Maintenant, il n'en reste qu'un. La République Tchèque n'a pas un second entraîneur de la trempe d'Ivan Hlinka. La Suède, elle, a tout, et ce sera donc difficile de s'y opposer au premier tour. Mais dans les rencontres à élimination directe, tout peut se passer. Tout. Lors de la phase finale en Amérique du nord, les États-Unis et le Canada deviendront favoris, en quelque sorte, automatiquement. Ils auront le public de leur côté, leurs patinoires étroites et les règles qui leur sont coutumières. Enfin, ce sont de grands pays où beaucoup d'enfants pratiquent le hockey. Il grandit donc plus de champions que par exemple en Finlande ou même en République Tchèque. Mais nous sommes toujours sous l'impression de la victoire de la Grèce aux championnats d'Europe de football. C'est comme ça qu'il faut jouer contre les favoris. Ne craindre rien ni personne ! Se tenir obstinément à son plan de jeu. Si une équipe européenne y parvient, le nom du vainqueur de la coupe du monde pourrait être surprenant, même si ça ne fera pas plaisir à tout le monde outre-Atlantique."

 

République Tchèque - Finlande 1-1 (0-0, 0-0, 1-1)
Lundi 23 août 2004 à 17h00 à la Sazka Arena de Prague. 4773 spectateurs.
Arbitrage de Thomas Andersson et Ulf Rönnmark (SUE) assisté de Petr Blümel et Roman Pouzar (TCH).
Pénalités : République Tchèque 47' (8', 6'+5'+20', 8'), Finlande 36' (8', 8', 10'+10').
Tirs : République Tchèque 22 (5, 11, 6), Finlande 23 (8, 6, 9).

Évolution du score :
0-1 à 45'06" : Lehtinen assisté de Selänne
1-1 à 54'58" : Zidlicky assisté de Reichel (sup. num.)
 

République Tchèque

Attaquants :
Martin Rucinský - Robert Reichel (C) - Milan Hejduk (2')
Martin Havlát - David Výborný (2') - Jaromír Jágr
Patrik Eliáš (4') - Josef Vašícek (2') - Petr Sýkora
Martin Straka - Jirí Dopita - Radek Dvorák

Défenseurs :
Tomáš Kaberle - Jirí Šlégr (6')
Jirí Fischer (5'+20') - Marek Zidlický (2')
Jaroslav Špacek (2') - Marek Malík (2')

Gardien :
Tomáš Vokoun

Remplaçant : Román Cechmánek (G).

Finlande

Attaquants :
Jere Lehtinen - Saku Koivu (C, 2') - Teemu Selänne
Ville Peltonen - Olli Jokinen (2') - Mikko Eloranta (2')
Tuomo Ruutu (4') - Niko Kapanen - Jukka Hentunen
Ville Nieminen - Riku Hahl - Jarkko Ruutu (8'+10')

Défenseurs :
Kimmo Timonen (2') - Sami Salo
Toni Lydman - Teppo Numminen
Aki-Petteri Berg (4') - Janne Niinimaa (2')

Gardien :
Kari Lehtonen

Remplaçant : Vesa Toskala (G).

 

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