États-Unis - Canada (23 août 2004)

 

Match international.

Pour ce premier match préparatoire à la coupe du monde sur le sol nord-américain, l'histoire reprend là où elle s'était arrêtée en 1996, avec le retour de la grande rivalité entre les États-Unis tenants du titre et le Canada qui tient à sa suprématie sur le hockey, récemment réaffirmée dans toutes les grandes compétitions internationales. Par rapport à ce qui s'est passé il y a huit ans, les rôles se sont peut-être inversés. Alors que les Canadiens avaient alors aligné toute leur légion de vieilles gloires, ce sont cette fois les Américains qui sont "très vétérans" (dixit l'entraîneur canadien Pat Quinn) car ils se reposent en grande partie sur les vainqueurs de 1996, qui ont aujourd'hui quelques années de plus. Les États-Unis ont rappelé onze joueurs de l'époque (le plus fort total des participants), le Canada seulement quatre (le plus faible total). La relève fait peut-être défaut, hormis dans les buts où trois jeunes gardiens sont en concurrence pour succéder au principal artisan de la victoire américaine à la dernière coupe du monde, Mike Richter. Et même le dernier forfait en date, celui de Derian Hatcher il y a trois jours pour raisons personnelles, n'a pas rajeuni l'équipe, puisque c'est un autre vieux de la vieille, Eric Weinrich, le seul Américain à avoir participé neuf fois aux championnats du monde, qui a été rappelé à sa place.

Pas facile de capter les esprits avec la coupe du monde en cette période olympique, mais la rivalité avec les voisins du nord fait toujours recette. Quant il s'agit de l'exaltation patriotique, les Américains n'ont pas leur pareil. La preuve en est ce duplex organisé au milieu de la première période avec une unité militaire originaire de Mansfield, ville de l'Ohio située non loin d'ici, et actuellement stationnée en Irak.

La première période est plutôt encourageante pour le Canada. Le jeune Dany Heatley pourrait pourtant avoir l'esprit à nouveau perturbé puisqu'il a appris cet été qu'il passerait en jugement dès la fin de la coupe du monde pour l'accident de voiture qui a coûté la vie à son passager, coéquipier et ami Dan Snyder. Mais il n'a rien perdu de son sens du but depuis les championnats du monde, et ce n'est personne d'autre que lui qui ouvre le score. Sur la première pénalité du match contre Konowalchuk, il récupère un palet dans l'enclave et le propulse au-dessus de l'épaule de Ty Conklin.

Même s'il a fait de beaux arrêts par ailleurs, ce but entache les statistiques du portier d'Edmonton. Ces matches de préparation servent en effet notamment à désigner le gardien titulaire, surtout dans le camp des États-Unis. En rentrant pour les deux dernières périodes et en gardant ses cages inviolées, Rick DiPietro fait du bien à son matricule. Mais il n'a après tout arrêté que onze tirs, et Robert Esche part légèrement favori pour être le rempart américain. Du côté canadien, la question ne se pose même plus. Tout a été prévu pour Martin Brodeur. Il devait commencer doucement avec une demi-heure aujourd'hui, puis ne jouer en entier que le dernier match de préparation, comme il a l'habitude de le faire chez les New Jersey Devils, où l'on sait que ses doublures voient très rarement la glace pendant la saison. Cela devrait aussi être le cas dans cette coupe du monde. Car son principal adversaire Roberto Luongo a ruiné ses chances en encaissant l'égalisation américaine sur son premier tir sept secondes seulement après son entrée sur la glace, sur un faible tir du revers de Bill Guerin, assisté de Craig Conroy qui joue à trente-deux ans son premier match international ! Il aura trois buts à son compteur, contre aucun à Brodeur, solide face aux tentatives de près de Hull et Modano et auteur d'un spectaculaire arrêt de la mitaine sur un tir masqué de Klee. Bien sûr, Luongo et Théodore joueront trente minutes chacun après-demain, mais qui peut croire qu'ils renverseront la hiérarchie dans un laps de temps aussi court ? Ils se disputeront plutôt la place de n°2, en attendant une éventuelle défaillance de l'expérimenté Brodeur par la suite.

Avec leur fore-checking à deux hommes qui a mis la défense canadienne sous pression, les Américains, qui ont ménagé ce soir Brian Rafalski légèrement blessé, ont renversé le match dans les deux dernières périodes, avec un tir dévié de Brian Rolston juste à la fin du deuxième tiers-temps et un troisième et dernier but de Jordan Leopold, jeune défenseur de vingt-quatre ans au milieu des lignes arrières américaines trentenaires et quarantenaires, sur une action initiée par une entrée de zone tout en muscles de Chris Chelios prenant le dessus sur Brewer.

Le public canadien ne s'inquiète pas trop de cette défaite puisqu'il a trouvé un bouc émissaire idéal en la personne de Roberto Luongo. Ce serait oublier un peu vite que les Américains ont dominé par trente-quatre tirs à vingt. En fait, il faut surtout que la mayonnaise prenne. Le bloc défensif de Maltby et Draper n'a rien défendu du tout sur les buts encaissés, et la ligne Gagné-Sakic-Iginla n'a pas encore retrouvé son excellent jeu collectif de Salt Lake City, en témoignent les inhabituelles passes de Joe Sakic dans les patins de ses coéquipiers. Un Sakic qui suppléait comme capitaine Mario Lemieux, dont le trio très attendu avec les deux vainqueurs de la Coupe Stanley dans les rangs de Tampa Bay, le meilleur joueur de la saison régulière Martin St. Louis et le meilleur joueur des play-offs Brad Richards, n'a pas été aligné ce soir. Cela a évidemment ravivé les inquiétudes sur la santé du n°66, mais Pat Quinn a aussitôt précisé que son capitaine allait bien. Lorsque le speaker a annoncé que c'est cette ligne que les Canadiens avaient choisi de laisser au repos, le public de Columbus a sifflé pour exprimer son mécontentement que les prestations de Super Mario soient réservées aux spectateurs canadiens, lors des prochaines rencontres de préparation.

Commentaires d'après-match

Ron Wilson (entraîneur des États-Unis) : "Ce qui m'a le plus impressionné, ce sont les ajustements que nos joueurs ont fait dans la seconde partie du match. Au rythme de la NHL, la devise est mettre en échec ou être mis en échec. Nous voulons jouer sur les points forts de notre équipe. Nous avons beaucoup de vitesse devant et derrière. En tournant à quatre lignes, il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire. Quand j'entends parler de la relève impossible de gars comme Chelios ou Leetch, regardez un joueur comme Leopold qui peut contribuer offensivement."

Brian Leetch (défenseur des États-Unis) : "Il y a encore trois jours, nous étions sur la plage et nous patinions par nous-mêmes de notre côté. On ne sait jamais à quoi s'attendre dans un match de reprise. C'est juste une étape dans le processus. On veut gagner, pas de doute là-dessus, mais tout comme nous, ils essaient d'être prêts pour la semaine prochaine, quand le tournoi commencera pour de bon."

Pat Quinn (entraîneur de Canada) : "Nous ferions bien de tirer des leçons de ce match. Nous étions lents avec le palet. Ils nous ont surpris par leur agressivité dans la poursuite du palet. Leur expérience s'est ressentie et ils ont plus travaillé que nous défensivement pendant la seconde moitié du match. Le problème pour moi réside dans l'approche du match. On aurait dit que nous le prenions un peu à la légère, que nous pensions pouvoir gagner sur notre seule valeur. Si on ne travaille pas, si on ne se remet pas en position et si on ne remporte pas les duels, on ne gagne pas à ce niveau."

Roberto Luongo (gardien du Canada) : "C'est dur d'arriver du banc comme ça, mais il n'y a pas à chercher d'excuses. Je n'étais pas prêt, voilà ce qui s'est passé. C'était un mauvais but. Mais je serai prêt mercredi."

 

États-Unis - Canada 3-1 (0-1, 2-0, 1-0)
Lundi 23 août 2004 à 19h00 à la Nationwide Arena de Columbus. 14817 spectateurs.
Arbitrage de Don Van Massenhoven et Stephen Walkom (CAN) assisté de Jean Morin et Pierre Racicot (CAN).
Pénalités : États-Unis 12' (2', 4', 6'), Canada 10' (4', 2', 4').
Tirs : États-Unis 34 (8, 10+4, 12), Canada 20 (9, 8, 3).

Évolution du score :
0-1 à 10'15" : Heatley assisté de Doan et Thornton
1-1 à 30'25" : Guerin assisté de Conroy et Leetch
2-1 à 39'02" : Rolston assisté de Leetch
3-1 à 53'03" : Leopold assisté de Drury et Chelios
 

Canada

Attaquants :
Kirk Maltby (4') - Kris Draper (2') - Shane Doan
Simon Gagné - Joe Sakic (2') - Jarome Iginla
Patrick Marleau - Joe Thornton - Dany Heatley
Brenden Morrow - Vincent Lecavalier - Ryan Smyth

Défenseurs :
Scott Niedermayer - Robyn Regehr
Wade Redden - Adam Foote (2')
Ed Jovanovski - Eric Brewer
Scott Hannan - Jay Bouwmeester

Gardien :
Martin Brodeur puis Roberto Luongo à 30'18"

États-Unis

Attaquants :
Jason Blake - Jeff Halpern - Steve Konowalchuk (4')
Keith Tkachuk (4') - Mike Modano - Chris Drury
Tony Amonte - Doug Weight - Brett Hull
Brian Rolston - Scott Gomez (2') - Bill Guerin
Craig Conroy

Défenseurs :
Brian Leetch - Aaron Miller
Chris Chelios - Jordan Leopold
Hal Gill (2') - Ken Klee
Eric Weinrich

Gardien :
Ty Conklin puis Rick DiPietro à 20'00"

 

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