Canada - États-Unis (25 août 2004)

 

Match international.

Les Canadiens, battus avant-hier par les États-Unis à Columbus, attendent une revanche ce soir à Ottawa avec la rentrée de leur meilleure ligne potentielle et le grand retour sur la glace de Mario Lemieux, qui crée l'évènement.

L'entraînement du matin des Américains a été annulé en raison d'un rendez-vous avec les représentants de la NHLPA, le syndicat des joueurs de la ligue professionnelle nord-américaine. Ceux-ci sont déjà passés dans les camps d'entraînement de toutes les délégations pour tenir les joueurs informés des négociations salariales en cours - qui n'avancent toujours pas, soit dit en passant.

Le sélectionneur canadien Pat Quinn a décidé de casser les lignes héritées de précédentes compétitions et qui n'ont pas convaincu au premier match. Simon Gagné, inclus dans l'équipe sur la base de son entente aux JO avec Sakic et Iginla, se retrouve ainsi réserviste, de même que le duo de Detroit, Kirk Maltby et Kris Draper. Leur utilité est contestée car certains doutent de l'intérêt d'une ligne vouée à la défense dans un tournoi où les adversaires n'ont pas qu'un seul trio offensif à surveiller, mais pourront porter le danger par toutes leurs lignes.

Il faut donc que tout le monde travaille dans l'équipe canadienne, et c'est ce qui se produit car elle met plus d'énergie et d'engagement physique qu'avant-hier. La première période donne surtout l'occasion à Robert Esche de s'illustrer. En seulement vingt minutes, il a eu l'occasion de faire plusieurs arrêts déterminants, notamment face à Dany Heatley (photo) qui avait intercepté une passe trop molle de Leetch au centre de la glace. Dans les cages canadiennes, Roberto Luongo s'est rattrapé de sa rentrée ratée à

Columbus. Il a tenu ses cages inviolées pendant une moitié de match, mais n'a eu que huit tirs pour montrer sa valeur, plus un but refusé à Doug Weight pour gêne sur le gardien alors que c'est Bouwmeester qui avait semblé le pousser. On retiendra surtout un bon arrêt de la mitaine sur une déviation de Tkachuk. Difficile de dire qui de Luongo ou de Théodore - qui a encaissé un but mais a eu plus de travail - sera la doublure de Brodeur.

On joue depuis cinq minutes en deuxième période et le Canada est en supériorité quand Vincent Lecavalier et Mario Lemieux se retrouvent à deux face au seul Eric Weinrich. Tout le monde s'attend à ce que l'attaquant de Tampa Bay fasse la passe à Super Mario, y compris l'arrière américain et le gardien, et il choisit donc l'effet de surprise en tirant au ras de la glace entre les jambières de Ty Conklin, rentré à la pause. Bis repetita deux minutes plus tard avec Joe Sakic, encore à deux contre un et encore entre les bottes. Conklin vient probablement de laisser passer sa chance d'être titulaire à la coupe du monde. Le Canada ajoute un troisième but par Brad Richard sur assistance de Lemieux. Le trio magique, auteur de quelques actions d'éclat, a donc marqué pour son premier match à la faveur d'un avantage numérique.

En début de troisième période, les Américains récupèrent le palet en zone canadienne. Chris Drury arrête la trajectoire d'un tir de Miller pour envoyer la rondelle dans les filets de Théodore et réduire le score. Mais la défense du Canada serre ensuite les boulons et tient parfaitement le match.

La défense américaine, par contre, n'est pas épargnée par les ennuis. Déjà, elle n'alignait que six hommes ce soir sur vingt joueurs de champ possibles. C'est que les deux équipes ont passé un accord pour coucher vingt-deux noms dont deux gardiens sur la feuille de match pendant ces matches de préparation. À la coupe du monde, en revanche, on suivra les règlements NHL et on ne pourra pas inscrire quatre lignes complètes, contrairement aux matches internationaux habituels. On jouera donc avec six arrières.

Les États-Unis avaient juste le compte parce que Jordan Leopold, qui avait eu droit aux louanges de son coach avant-hier, était aussi sorti du match avec une commotion cérébrale. Il vient à peine d'être remplacé par un autre grand espoir du hockey américain, Paul Martin, que Hal Gill se blesse à son tour, au genou, lors de la troisième période. Cela commence à poser problèmes car les lignes arrières américaines n'ont plus beaucoup de remplaçants disponibles. Keith Carney et Paul Mara avaient en effet déjà décliné l'invitation.

Commentaires d'après-match :

Pat Quinn (entraîneur du Canada) : "Il y a une chose que Lemieux n'a pas besoin de remettre en route, c'est son intelligence de jeu. Son patinage a été bon et il a fait quelques très belles actions. Ces deux gars qui jouent avec lui sont en bonne forme. Ils ont beaucoup appris l'année dernière dans leur route vers la Coupe Stanley et ça se voit. Ce que j'ai aimé, c'est que nos attaquants ont plus travaillé pour revenir chercher le palet. C'est ce qui nous manquait l'autre soir. Les jeunes commencent aussi à être plus à leur aise. Pour certains d'entre eux, c'est la première grande opportunité sur la scène internationale."

Mario Lemieux (attaquant du Canada) : "Ça s'est bien passé. Cela fait dix mois que je n'ai plus joué, donc la première période a été difficile, mais je me suis senti mieux dans les deux suivantes. Ces dernières années, je suis plus devenu un passeur. Mon jeu, à un contre un, n'est plus ce qu'il était. C'est pourquoi j'essaie d'être patient et de mettre les autres en bonne position. Je pense que mon jeu a changé au fil des ans. Lecavalier a fait le bon choix, le défenseur s'était décalé vers moi. La dernière chose que je veux, c'est que ces gars se forcent à me donner le palet quand il n'y a pas lieu de le faire. Qu'ils jouent de la même façon que dans leur club. C'était beaucoup plus sympathique aux Jeux Olympiques quand il y avait plus d'espace. C'était un jeu totalement différent. Mais maintenant, il faut faire avec cette surface plus petite. J'aimerais la voir plus grande, mais ce n'est pas d'actualité."

Brian Leetch (défenseur des États-Unis) : "Nous avons fait des erreurs que l'on fait dans des matches amicaux, comme des palets perdus. À la mi-match, nous n'avions fait face qu'à douze tirs, mais la moitié d'entre eux étaient sur des situations de deux contre un. Nous ne ressentons pas cette défaite comme une contre-performance, mais comme un pas supplémentaire pour nous améliorer."

 

Canada - États-Unis 3-1 (0-0, 3-0, 0-1)
Mercredi 25 août 2004 à 19h30 au Corel Centre d'Ottawa. 18500 spectateurs.
Arbitrage de Paul Devorski et Brad Watson (CAN) assistés de Brian Murphy et Tim Nowak (USA).
Pénalités : Canada 10' (4', 2', 4'), États-Unis 10' (2', 4', 4').
Tirs : Canada 21 (6, 9, 6), États-Unis 27 (5, 3+4, 15).

Évolution du score :
1-0 à 25'25" : Lecavalier (sup. num.)
2-0 à 27'45" : Sakic assisté de Heatley
3-0 à 39'30" : Richards assisté de Lemieux (sup. num.)
3-1 à 44'10" : Drury assisté de Miller et Tkachuk
 

Canada

Attaquants :
Brad Richards - Mario Lemieux - Martin St. Louis
Patrick Marleau - Joe Sakic - Jarome Iginla (2')
Dany Heatley - Vincent Lecavalier - Ryan Smyth
Brenden Morrow (6') - Joe Thornton - Shane Doan

Défenseurs :
Eric Brewer - Adam Foote
Scott Niedermayer - Robyn Regehr (2')
Ed Jovanovski - Wade Redden
Jay Bouwmeester - Scott Hannan.

Gardien :
Roberto Luongo puis José Théodore à 30'24

États-Unis

Attaquants :
Keith Tkachuk (2') - Mike Modano - Chris Drury (4')
Tony Amonte - Doug Weight - Brian Smolinski
Brian Rolston - Scott Gomez - Bill Guerin
Steve Konowalchuk - Craig Conroy - Jamie Langenbrunner
Jason Blake, Jeff Halpern (2')

Défenseurs :
Brian Leetch - Aaron Miller
Chris Chelios - Eric Weinrich
Hal Gill - Ken Klee (2')

Gardien :
Robert Esche puis Ty Conklin à 20'00"

 

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