Russie - Slovaquie (29 août 2004)

 

Match international.

Les débats sur la faiblesse des gardiens slovaques étaient récurrents lors des derniers championnats du monde, avant que Ján Lašák ne finisse par les éteindre de lui-même par ses performances. Voilà qu'ils reprennent maintenant en Amérique du nord à l'occasion de cette coupe du monde, mais une bonne partie des doutes exprimés sur la qualité des portiers slovaques s'est estompée en seulement deux jours. Après la démonstration de Rastislav Stana hier, le poste de titulaire lui semblait promis à en croire tous les médias, mais Lašák pourrait très bien récupérer sa place en faisant encore mieux ce soir avec un blanchissage de trente-cinq tirs.

Pourtant, les Russes n'étaient pas vraiment préoccupés par leur efficacité offensive avant le match. Avec le talent dont ils disposent, ils se faisaient peu de soucis, d'autant que Pavel Datsyuk faisait sa rentrée. Il a d'ailleurs vite retrouvé une bonne complémentarité avec Ilya Kovalchuk, avec qui il avait déjà évolué au Mondial 2003 lorsqu'ils étaient alignés aux côtés de Grigorenko. Datsyuk a même dribblé deux défenseurs slovaques à un moment, avant d'échouer sur Lašák. Les inquiétudes russes concernaient plutôt les cages, car Ilya Bryzgalov avait déclaré qu'il n'était qu'à 50% de sa forme. Mais on peut attribuer cette phrase à la prudence et à son don à l'autocritique, car il a retrouvé en bonne partie la moitié manquante ce soir, même s'il a eu beaucoup moins de travail que son vis-à-vis.

Il n'y a en effet qu'en première période où les Slovaques ont vraiment été dangereux, en particulier par leur capitaine Miroslav Šatan. Plus le match avançait et plus les Russes en avaient le contrôle. Malgré une dernière échappée de Branko Radivojevic bien maîtrisée par Dmitri Kalinin, le dernier tiers-temps est entièrement à l'avantage de la Russie qui multiple les occasions. Le plus frustré est Ilya Kovalchuk, qui frappe rageusement sa crosse contre la bande après avoir pour la seconde fois vu un de ses tirs inexplicablement capté par la mitaine de Lašák.

Même s'il n'a pas forcément été ennuyeux, ce 0-0 donne-t-il raison au public d'avoir boudé ce match. Dans un pays fou de hockey, où les matches des championnats du monde juniors sont suivis par une audience toujours importante, comment expliquer qu'une rencontre entre deux équipes aussi percluses de stars ne soit vue que par 3500 spectateurs perdus dans l'immensité du Corel Centre ? Tout le monde semble surpris de cette désaffection du public de la capitale canadienne, qui devrait pourtant être en manque de hockey. Il n'est pas arrivé à se passionner pour ce duel entre deux équipes de l'est. Il ne fallait évidemment pas trop compter sur les partisans de ces deux formations, rares ici. Si on avait recensé une dizaine de drapeaux russes à Cologne ou à Columbus, on n'en retrouve aucun à Ottawa pour ce troisième match amical. On a juste droit à un drapeau... soviétique, et celui qui le porte semble d'ailleurs converti au capitalisme puisqu'il remporte un téléphone portable et un appareil photo numérique dans un des jeux organisés pour meubler les nombreuses interruptions télévisuelles.

En fait, la plupart de ceux qui se sont déplacés semblent être venus juste pour siffler Alekseï Yashin, capitaine modèle de la sélection russe mais qui traite la NHL comme le business qu'elle est. On le sait, le centre russe n'a pas que des amis ici depuis son double bras de fer salarial avec les Ottawa Senators qui avait même conduit les supporters à lui intenter un procès. Mais il a l'habitude, c'est pareil quand il revient dans ces lieux avec les New York Islanders, et il répète à l'envi que les gens paient leur place et qu'ils ont le droit de le siffler s'ils le veulent. Et il a même osé dire, de manière pour le moins désarmante, que cela ne le gênerait pas de rejouer un jour pour les Senators ! On en connaît d'autres dans les tribunes qui ne sont sûrement pas de cet avis...

Étoiles du match : *** Ján Lašák (Slovaquie), ** Marián Hossa (Slovaquie), * Andreï Kovalev (Russie).

Commentaires d'après-match :

Ján Lašák (gardien de la Slovaquie) : "C'est super de réussir un blanchissage aujourd'hui. Je n'avais pas d'autre option que de bien jouer et de me mettre un peu de pression. Mais j'avais confiance avant ce match. Je me sentais bien, j'ai vu tous les tirs. Quand on voit les tirs, on a une chance de les arrêter."

Zinetula Bilyaletdinov (entraîneur de la Russie) : "Tout observateur neutre aura pu voir combien notre équipe voulait vraiment gagner cette dernière rencontre de préparation. Elle a tout fait pour cela, et à la fin du match elle dominait largement. Elle n'a malheureusement pas marqué, mais je n'en ferai pas une tragédie à ce stade. Je considère que les trois lignes ont fait un bon match. La meilleure a été celle de Kovalchuk, Kovalenko et Datsyuk, qui faisait son premier match de la saison. À chaque match, les attaquants ont une meilleure précision, et les défenseurs une meilleure coordination de leurs actions. Pendant les trois jours qui nous restent avant notre premier match de la coupe du monde, nous travaillerons surtout des exercices tactiques, et bien sûr notre jeu de puissance qui est à la peine jusqu'ici."

Ilya Bryzgalov (gardien de la Russie) : "J'ai eu de bons moments dans ce match, mais aussi d'autres où je n'ai pas complètement rempli mon rôle. En deuxième période par exemple, lorsqu'un attaquant slovaque a arrêté le palet du patin sur un tir de son défenseur, j'ai plongé pour faire un pock-check. Je n'aurais pas dû jouer ainsi : J'aurais dû me mettre en papillon. Si l'attaquant m'avait évité, il aurait eu la cage ouverte. De plus, je ne suis pas très content des rebonds que je laisse. Je repousse le tir et je ne parviens pas toujours à sentir où se trouve ensuite le palet. Il faut que je travaille ce point. J'ai eu de la réussite. Mais que serait le hockey sans la chance ? Je pense que, si nous nous divisons le temps de jeu entre moi et Maksim, personne n'en sera offensé. Personne n'est éliminé dans la phase de poule, et ces jours serviront à savoir lequel de nous deux est le plus prêt pour les matches décisifs."

 

Russie - Slovaquie 0-0 après prolongation (0-0, 0-0, 0-0, 0-0)
Dimanche 29 août 2004 à 19h00 au Corel Centre d'Ottawa (CAN). 3500 spectateurs.
Pénalités : Russie 10', Slovaquie 6'.
Tirs : Russie 35 (10, 9, 13, 3), Slovaquie 24 (7, 9, 6, 2).
 

Russie

Attaquants :
Sergueï Samsonov (2') - Viktor Kozlov - Alekseï Kovalev
Artem Chubarov - Aleksandr Ovechkin (2') - Aleksandr Frolov
Oleg Kvasha - Alekseï Yashin (2') - Oleg Petrov (2')
Ilya Kovalchuk - Dainius Zubrus - Andreï Kovalenko

Défenseurs :
Sergueï Gonchar (2'+5') - Darius Kasparaitis (2')
Anton Volchenkov - Dmitri Kalinin
Vitali Vishnevsky - Oleg Tverdovsky
Andreï Markov - Aleksandr Khavanov

Gardien :
Ilya Bryzgalov

Remplaçant : Maksim Sokolov (G).

Slovaquie

Attaquants :
Marián Gáborík - Pavol Demitra - Marián Hossa
Richard Zedník - Jozef Stümpel - Miroslav Šatan (C)
Lubomir Bartecko - Martin Cibák - Radovan Somík
Branko Radivojevic - Miroslav Hlinka - Vladimír Országh

Défenseurs :
Zdeno Chára (A) - Richard Lintner
Martin Štrbák - Lubomír Višnovský
Radoslav Suchý - Jaroslav Obšut
Branislav Mezei

Gardien :
Ján Lašák

Remplaçant : Peter Budaj (G).

 

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