Ukraine - France (5 septembre 2004)

 

Match de l'Euro Hockey Challenge, tournoi de Riga.

Avant le match, une minute de silence est observée en mémoire aux victimes de la conclusion sanglante de la prise d'otages par un commando tchétchène dans une école de Beslan en Ossétie du nord. Ceux qui dénoncent la russophobie supposée des pays baltes pourront se taire pendant ce moment de recueillement institué en Lettonie et parfaitement respecté.

La France rencontre aujourd'hui l'adversaire qui paraît le plus à sa portée et qui compte comme elle deux défaites. L'entraîneur ukrainien Aleksandr Seukand se plaint de la faiblesse de la réserve dont il dispose et se demande bien comment le Sokol Kiev - qui représente 90% de l'équipe alignée aujourd'hui - pourra présenter la ligne complète de juniors qui sera obligatoire cette saison dans le championnat "ouvert" du Bélarus (auquel le seul club ukrainien de haut niveau restant sera invité). Pourtant, par quelque miracle, il arrive toujours à sortir quelques bons jeunes à chaque génération, comme Alekseï Koval (1985), Sergueï Chernenko et Aleksandr Shevchenko (1984).

Même face au seul pays de hockey encore plus désargenté qu'elle, la France souffre de la comparaison. Elle est dominée sans rémission aucune, et l'unique but de Zwikel ne présente pas d'autre intérêt que d'offrir son premier point en équipe de France à Aymeric Gillet. Les Bleus prennent toujours trop de pénalités, et ils se sont encore fatigués en infériorité même s'ils n'y ont pris qu'un seul but.

Il faut dire que le contexte dans lequel l'équipe de France a abordé ce tournoi fait peur. Un changement de sélectionneur a eu lieu presque en catimini, sans aucune communication officielle autre que le on-dit. Un Heikki Leime découragé, qui a tout de même participé à la sélection des joueurs, est en train de discuter de la fin de son contrat, et il devrait probablement trouver un poste dans un club européen, pas en France et pas non plus en Finlande. Il est loin, le temps où on pouvait procéder à un vrai casting pour recruter le nouveau sélectionneur. La solution interne s'est imposée d'elle-même, car Dave Henderson est le seul candidat pouvant supporter d'assumer le poste d'entraîneur de l'équipe de France dans des conditions de travail aussi misérables, puisqu'il est déjà habitué avec les juniors.

Il n'y a qu'à voir la totale indifférence dans laquelle ce tournoi a eu lieu, sans que presque personne en France n'y prête attention. La convocation initiale a été publiée sur le site de la fédération, mais il n'y a aucune nouvelle ensuite des nombreux changements qui ont modifié l'effectif. C'est que l'équipe nationale a pris la très mauvaise habitude de vivre en autarcie. À l'époque, Nano Pourtier gardait toutes les informations pour lui, et il est reparti avec toutes les feuilles de match et les compositions des équipes lorsqu'il a été écarté de son poste. Comment voulez-vous retracer le nombre de "capes" d'un joueur avec de tels comportements. Aujourd'hui, alors que les Bleus ont quand même encore un manager en la personne de Patrick Francheterre, la communication est toujours inexistante.

On dirait qui plus est que la vitrine supposée du hockey français n'intéresse plus personne. La leçon de Prague et les lamentations répétées de Heikki Leime sur le faible nombre de jours de stage n'y ont rien changé. L'équipe de France est vue comme tout juste bonne à déranger les clubs qui préparent leur saison. Grenoble a ainsi refusé de libérer ses joueurs sous prétexte qu'ils revenait tout juste du tournoi de Gomel où les pauvres petits avaient déjà enchaîné les matches. Or, devinez où joue Denys Isaïenko, auteur d'un doublé pour l'Ukraine ce soir ? À Gomel, au Bélarus, où il a évidemment pris part avec son club au même tournoi que les Isérois la semaine dernière !

Mais c'est vrai, l'Euro Challenge ne passionne pas les foules. D'ailleurs, Arnaud Briand ne disait-il pas l'an passé que cette compétition avait fini par s'apparenter à un train-train quotidien pour les joueurs ? Ce train-train avait alors commencé à se transformer en une litanie de défaites, et on a pu voir à Prague combien les enseignements de l'Euro Challenge étaient le juste reflet de niveau de l'équipe de France. Rassurez-vous, en novembre, il n'y aura pas de tournoi du Challenge, car il y aura la pré-qualification olympique, qu'on aurait tort de croire gagnée d'avance au vu de l'état dans lequel se trouve l'équipe nationale française. Ce week-end, c'était l'unique chance de préparer cette échéance. Et dans moins de six mois, si la France y accède, ce sera le tournoi final de qualification olympique à Klagenfurt, où elle retrouvera cette même équipe d'Ukraine. Alors, il sera trop tard pour se retourner...

La seule chose dont le hockey français pouvait s'enorgueillir, c'était d'être le seul sport collectif du pays à s'être qualifié six fois de suite pour les Jeux Olympiques. En février, à continuer à ce rythme, il n'aura plus que ses yeux pour pleurer, car ce fait de gloire risque de brutalement disparaître dans les oubliettes de l'histoire (qui portent bien leur nom puisque le hockey en France n'a aucune mémoire...).

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Dave Henderson (entraîneur de la France) : "Les deux premiers matches ont été satisfaisants, avec de la discipline, de la vitesse et de la concentration. Le jeu a été bon, même si nous avons eu à chaque fois une grosse faiblesse dans un tiers-temps. En revanche, le dernier match n'a pas été bon. Nous étions fatigués physiquement et moralement. Mais nous avons procédé à des essais avec des jeunes joueurs qui n'avaient encore jamais évolué à ce niveau et qui ne sont pas encore tout à fait prêts. Mais cela nous a permis de leur montrer le niveau supérieur face à des équipes du groupe A."

 

Ukraine - France 7-1 (3-0, 1-1, 3-0)
Dimanche 5 septembre 2004 à la Sporta pils de Riga. 400 spectateurs.
Arbitrage de Gints Zviedritis (LET) assisté d'A. Ozolinš et M. Bogdanovs (LET).
Pénalités : Ukraine 14' (0', 8', 6'), France 34' (4'+10', 6', 14').

Évolution du score :
1-0 à 08'16" : Litvinenko assisté de Gunko
2-0 à 10'48" : Isaïenko assisté de Pastukh et Kasyanchuk
3-0 à 15'43" : Salnikov assisté de Savitsky (sup. num.)
4-0 à 23'16" : Oletsky assisté de Matvychuk et Bobrovnikov
4-1 à 27'03" : Zwikel assisté de Gillet
5-1 à 48'32" : Salnikov assisté de Litvinenko
6-1 à 49'25" : Isaïenko assisté de Savitsky
7-1 à 55'55" : Kasyanchuk assisté de Navarenko
 

Ukraine

Attaquants :
Konstantin Kasyanchuk - Vasyl Bobrovnikov (C, 2') - Aleksandr Matvychuk (4')
Roman Salnikov - Viktor Honcharenko (2') - Vitali Litvinenko
Evgeni Pastukh - Artem Hnidenko (2') - Sergiy Kharchenko
Valentin Oletsky - Sergiy Chernenko - Aleksandr Shevchenko
Artem Bondarev

Défenseurs :
Yuri Gunko (2') - Vasyl Polonitsky
Aleksandr Savitsky - Denis Isaïenko
Yuri Navarenko - Oleg Polkovnikov (2')
Mykola Ladygin - Volodimir Chernenko

Gardien :
Vadim Seliverstov

Remplaçant : Evgeni Brul (G). Absent : Vitali Semenchenko.

France

Attaquants :
Benoît Paillet (4') - Laurent Gras (2') - Yorick Treille (2'+10')
David Dostal - Thibault Geffroy - Mickaël Brodin
Olivier Coqueux (2') - Pierre-Édouard Bellemare (2') - Xavier Daramy
Maurice Rozenthal (2') - Jonathan Zwikel (2')

Défenseurs :
Julian Marcos (2') - Mathieu Mille
Frédérick Brodin (2') - Vincent Bachet (C)
Benoît Quessandier (2') - Nicolas Besch (2')
Arnaud Mazzone - Aymeric Gillet

Gardien :
Julien Figved

Remplaçant : Christophe Burnet (G). Absent : François Rozenthal (blessé).

 

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