Lokomotiv Yaroslavl - Dynamo Moscou (8 septembre 2004)

 

Match comptant pour la quatrième journée de la Superliga russe 2004/05.

Ayant totalement raté sa saison 2004, le Lokomotiv Iaroslavl a tout chamboulé pour tenter de retrouver son standing pas si lointain (champion de Russie en 2002 et 2003). Un nouvel entraîneur est arrivé. Un Finlandais (le premier en Russie), Kari Heikkila, a posé ses valises à Iaroslavl, grande ville à l'est de Moscou.

Le ménage n'a pas touché que la locomotive (l'entraîneur) mais également les wagons. Exit les étrangers de l'an passé, en particulier les Tchèques, et bonjours trois Canadiens et quand même un Tchèque. Ce soir sur la glace on découvre donc le gardien québécois Marc Lamothe (ex-Detroit et Chicago), le défenseur canadien estampillé AHL Curtis Murphy et le défenseur tchèque Martin Stepanek. Le troisième Canadien, l'attaquant Craig Mills (OHL, IHL, AHL et un chouia de NHL) est l'étranger surnuméraire ce soir.

Du côté des joueurs russes, beaucoup de nouvelles têtes sous les casques rouges. Et du beau monde : en défense, Kirill Safronov (Atlanta Trashers), en attaque, trois anciens de la NHL, la vedette Igor Korolev qui y a passé plus de dix ans, Denis Shvidkïi, formé au Torpedo Iaroslavl - ancien nom du club - puis parti en Amérique du Nord, en particulier aux Florida Panthers, et Piotr Stchastlivy, ancien d'Ottawa et d'Anaheim. Impressionnant ! Mais la Loko de Iaroslavl ne marche plus au charbon depuis longtemps !

La seule chose qui ne change pas à Iaroslavl, c'est le public toujours aussi nombreux, ils sont encore près de neuf mille dans les travées de l'ultra-moderne Arena 2000. Une équipe du Loko qui a bien débuté la saison avec deux matches nuls 2-2 en déplacement au Lada Togliatti et au Salavat Ioulaïev Oufa et une belle victoire 4-2 à la gare (à domicile quoi...) devant le vice-champion, le Metallurg Magnitogorsk.

Sauf qu'en face, c'est la terreur des attaques de ce début de championnat. Le Dynamo de Moscou qui n'a toujours pas encaissé de but depuis le début de la saison ! Pour son premier voyage hors de la capitale, les Bleus comptent bien poursuivrent leur invincibilité. Comme depuis le début de la saison, Vladimir Krikounov, le nouvel entraîneur du Dynamo, alterne dans les cages. Ce soir, c'est le Kazakhstanais Vitali Eremeïev qui joue et Alexandre Eremenko qui cire le banc.

Un match qui promet entre des locaux célèbres pour leur jeu porté sur l'attaque et des visiteurs qui développent un jeu de plus en plus défensif avec le temps. Pourtant, d'entrée, c'est la douche froide pour les spectateurs. Le défenseur Kirill Safronov part en prison dès la deuxième minute. Et le Dynamo en profite pour ouvrir le score d'un but du défenseur Vladislav Bouline (passé par l'OHL, l'IHL, la DEL et... le Lada Togliatti).

Cela n'empêche pas le Loko de mettre la vapeur et de prendre d'assaut la zone de défense des Moscovites. Cela finit par payer sur un tir puissant de Curtis Murphy, sauf que l'arbitre a un doute. Monsieur Antipov demande à voir la vidéo. Après de longues hésitations, il revient sur la glace les bras écartés. But refusé, l'attaquant Dimitri Vlassenkov étant dans la zone d'Eremeiev. Le gardien international kazakhstanais fait des miracles dans ce match. Je l'avais déjà trouvé très fort l'an passé, mais cette saison, avec une défense encore plus recroquevillée, il est étincelant. Quoi qu'il en soit, à la fin de la première période, le Dynamo ne sait toujours pas ce que c'est d'encaisser un but !

Dans la période suivante, le Lokomotiv met encore plus de pression dans la chaudière. C'est un siège qu'effectue les Rouges et Blancs sur la cage des Bleus. Et c'est la délivrance à la trente-quatrième minute avec un but... Que nenni, Monsieur Antipov, qui aime beaucoup la vidéo (à moins qu'il n'en profite pour se reposer et boire un coup...) se rend à nouveau derrière son petit écran... et refait ce geste les bras écartés que le public de Iaroslavl trouve particulièrement déplacé ce soir. Comme la télévision russe se croit dans un journal télévisé et donc ne montre rien, on ne sait ce que l'arbitre à vu...

Le Lokomotiv pousse, le Dynamo renvoie, les minutes passent et le canard est toujours vivant. Encore un tiers-temps sans but dans les valises. La dernière période débute par un breakaway d'Ivan Tkatchenko. Ne reculant devant rien, l'arrière-garde moscovite (mais y a-t-il une "avant-garde" au Dynamo 2005 ?) fait le ménage et sèche sans ménagement l'attaquant international russe. L'arbitre n'hésite pas : tir de pénalité. Vladimir Antipov s'en charge, mais il rate totalement son tir, trop mou et renvoyé par Vitali Eremeïev. Toujours rien dans la colonne but encaissé du Dynamo...

Et évidement, ce qui devait... patati patata... arriva, et hop, le Dynamo double la mise ! Ben voyons ! Profitant une fois encore d'une supériorité numérique (pénalité contre Alexandre Galimov, dix-neuf ans), la même fine équipe remet le couvert. Un tir puissant de l'homme en forme du moment au Dynamo, l'attaquant Alexandre Vorobiev. Un tir qui rebondit sur un patin adverse et arrive opportunément dans la crosse du défenseur Vladislav Bouline, totalement démarqué sur l'aile droite et qui finit sa course dans la cage ouverte de Marc Lamothe qui ne pouvait quand même pas deviner que le palet allait effectuer cette bizarre trajectoire.

0-2, deux buts refusés, un tir au but raté, et le Dynamo en défense, ce n'est plus la peine de chercher le nom du vainqueur. Les dernières minutes seront longues, longues, mais longues. Avec cette nette impression (et ce n'est pas une impression...) que le Loko peut bien camper toute la nuit dans la zone du Dynamo, cela ne changera rien. Ce n'est pas aujourd'hui que l'on va entendre "Tchou, tchou..." Et oui, quand Loko marquer, Loko faire toujours "Tchou, tchou", la sono de l'Arena faisant passer un bruit de locomotive à vapeur !

Le Loko part sur les mêmes (mauvaises) bases que l'an passé. Un jeu certes léché, offensif et sympathique, mais guère efficace. Ouille ! Bon d'accord, nous n'en sommes qu'à la quatrième journée, mais face au Dynamo, qui joue comme si l'on en était à la cinquième manche de la finale, cela ne pardonne pas. Le Dynamo de Zinetoula Bilialetdinov (devenu entraîneur national) n'était pas un monument de gaîté, mais on voyait quand même de belles choses, au moins des gri-gri d'Alexandre Ovetchkine, malheureusement la cuvée préparée par le nouvel entraîneur dynamiste Vladimir Krikounov est d'une tristesse...

Cela fait donc quatre matches (et une mort subite) que le Dynamo n'a toujours pas encaissé de but. Une véritable machine à ne pas perdre qui devient aussi exaspérante que le Lada de Piotr Vorobiev. D'ailleurs, ce n'est peut-être pas un hasard que le meilleur joueur du Dynamo en ce début de saison s'appelle également Vorobiev... Arg ! C'est un virus... Le 13 septembre, le Dynamo reçoit le Lada. Ah, Madame Irma veut nous dire un mot ? "Ahhhhh, je vois... Je vois un... 0-0"

Je n'irai pas.

Meilleurs joueurs du match selon Sport-Express : Bouline (Dynamo), Eremeiev (Dynamo), Vorobiev (Dynamo).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaire d'après-match

Mikhaïl Shtalenkov (entraîneur des gardiens du Dynamo) : "Ce match a été le plus difficile des quatre. Le Lokomotiv Yaroslavl s'est créé presque plus d'occasions que nos trois précédents adversaires réunis. Mais, psychologiquement, la rencontre la plus difficile a été celle contre le Spartak. Plus l'alternance pourra durer entre les gardiens, mieux ce sera. C'est connu, la plus grande part des blessures des gardiens ne survient pas en match, mais à l'entraînement, et du fait des coéquipiers. Le championnat dure huit mois et personne ne peut maintenir un niveau identique sur une période aussi longue. Entre les journées couplées, il n'y a que deux jours pour faire le voyage. En début de saison, c'est amplement suffisant pour récupérer, mais pas à la fin. Tout comme il n'y a pas deux personnes identiques, il n'y a pas deux gardiens identiques. Eremenko et Eremeïev, malgré la similitude de leurs noms, sont très différents dans leur caractère et dans leur style. Je n'ai pas de secret dans leur réussite. Les entraîneurs sont des gens très conservateurs, et c'est encore plus vrai pour ceux qui s'occupent des gardiens. Tout ce qui pouvait être inventé l'a déjà été. Mais l'expérience de Tretiak avec les palets blancs est intéressante. Je lui en toucherai deux mots quand il rentrera de la coupe du monde."

 

Lokomotiv Yaroslavl - Dynamo Moscou 0-2 (0-1, 0-0, 0-1)

Mercredi 8 septembre 2004 à 18h30 au palais des sports Arena-2000 Lokomotiv. 8800 spectateurs.

Arbitrage de M. Antipov (Ekaterinbourg) assisté de MM. Pospelov (Ekaterinbourg) et Volonikhine (Serov).

Pénalités : Lokomotiv 12', Dynamo 16'.

Tirs : Lokomotiv 34 (9, 15, 10), Dynamo 22 (6, 8, 8).

Évolution du score :

0-1 à 04'05 : Bouline assisté de Vorobiev (sup. num.)

0-2 à 45'41 : Bouline assisté de Vorobiev et Shchadilov (sup. num.)

 

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Marc Lamothe (CAN), sorti de sa cage à 58'56".

Défenseurs : Curtis Murphy (CAN) - Alekseï Vassiliev ; Dmitri Krassotkine (c) - Ilya Gorokhov ; Sergueï Zhukov - Martin Stepanek (TCH) ; Kirill Safronov.

Attaquants : Piotr Schastlivy - Igor Korolev - Konstantin Rudenko ; Vladimir Antipov - Artiom Kryukov - Denis Shvidky ; Aleksandr Naurov - Ivan Nepraïev - Ivan Tkachenko ; Dmitri Vlassenkov - Vladimir Samylin - Anton But ; Aleksandr Galimov.

Remplaçant : Egor Podomatski (G).

Dynamo

Gardien : Vitali Eremeïev.

Défenseurs : Ilya Nikulin - Aleksandr Zhdan ; Igor Shchadilov - Vladislav Bulin ; Maksim Kuznetsov - Alekseï Troshchinski (c) (KAZ) ; Iakov Rylov - Sergueï Vyshedkevich.

Attaquants : Aleksandr Savchenkov - Alekseï Chupin - Albert Vishniakov ; Yuri Babenko - Alekseï Kudashov - Vladimir Vorobiev ; Igor Mirnov - Vadim Shakhraïchuk (UKR) - Aleksandr Kharitonov ; Konstantin Romanov - Denis Kartsev - Vladimir Karpov.

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G).

 

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