Clermont-Ferrand - Mulhouse (11 septembre 2004)

 

Match comptant pour la première journée de Ligue Magnus.

Lever de rideau sur la Ligue Magnus 2004-2005 à Clermont, avec un premier match entre deux équipes qui n'évoluent pas tout à fait dans le même championnat. Mulhouse est l'équipe française qui s'est le plus renforcée à l'intersaison, en allant chercher de bons joueurs canadiens (Christie et Day), une star du TPS Turku (SM-Liiga), Jani Kiviharju, et l'un des meilleurs attaquants français en activité, Maurice Rozenthal, qui vient d'effectuer une demi-saison en Elitserien. Les Scorpions enregistrent également le retour d'Olivier Coqueux, prolifique buteur de Fribourg en DEL l'an passé, et l'on murmure que la filière Christie pourrait permettre au HCM de s'attacher les services de pointures de la NHL dans le cadre du lock-out. Avant ces acquisitions, l'effectif mulhousien avait déjà de quoi aiguiser les envies avec Lhenry comme gardien, une solide défense comptant trois internationaux français, des attaquants aussi réputés que Palovcik ou Segla. Avec une telle panoplie de joueurs d'expérience, inutile de mentionner que l'entraîneur Christer Eriksson vise tout simplement le titre.

En face, Clermont n'a que de biens maigres forces à opposer. Le club, deux fois dixième sous l'ère Evertsson, compte, avec le nouvel entraîneur slovaque Milan Jancuska, se positionner à nouveau dans le ventre mou du classement, aux alentours des places 9 à 12. Le président Triouleyre admet qu'une qualification pour les play-offs constituerait une surprise. En termes de recrutement, la comparaison avec les Scorpions est effrayante. Après les départs en masse des recrues étrangères de l'année passée (seul Luc Mazerolle, le goleador québécois, est resté), l'équipe dirigeante a décidé de reconstruire l'équipe autour d'un nouveau gardien, en laissant une large place aux jeunes clermontois. Le résultat, c'est une équipe qui s'appuie sur Radek Lukes, gardien recruté auprès des Rapaces de Gap, et qui s'est forgé une solide réputation dans l'hexagone. Devant lui, la défense sera dirigée par Frédéric Brodin, champion de France en titre avec Amiens, qui aura comme partenaire dans la première paire défensive un joueur canadien de troisième division universitaire nord-américaine, Carl Michaelsson. David Sarliève, trentenaire auvergnat de retour après un passage par le roller-hockey, revient prêter main-forte à une défense probablement assez friable. En attaque, on enregistre l'arrivée d'un joueur de NCAA, Paul Kelley, celle d'un Dijonnais ayant fait banquette en 2003-04, Jean-Michel Bortino et enfin celle d'un joueur de D3, Paul Mottet. La moyenne d'âge de l'équipe clermontoise est inférieure à 24 ans, ce qui en fait l'une des équipes les plus jeunes du championnat.

La différence sur la glace se fait immédiatement sentir. Les Mulhousiens dominent outrageusement, mais sans précipitation, bien rangés en ordre de bataille. Les Sangliers Arvernes leur opposent une résistance qui tourne rapidement à l'héroïsme. On joue depuis cinq minutes, Lukes a déjà eu l'occasion de sauver la mise à plusieurs reprises. Cyril Gavalda, emporté par la fougue de ses dix-neuf ans, est envoyé en prison pour accrocher : première supériorité alsacienne. La sanction ne se fait pas attendre, et à vingt secondes du retour de l'international espoir sur la glace, Maurice Rozenthal donne le premier but de la saison à son équipe sur un jeu en triangle avec Bilbao et Carriou. Trois minutes plus tard, à son retour de prison, le défenseur alsacien Miikka Ruokonen surprend la défense clermontoise et oriente aisément Ryan Christie vers son premier but sous ses nouvelles couleurs.

Les dix dernières minutes du premier tiers sont, comme les quinze premières du deuxième, disputées sur un rythme plus vif qu'on ne l'attendait. Les Clermontois ne ferment pas leur jeu et parviennent, à force de hargne, à porter quelques palets dans le camp adverse. Leurs attaques ne sont cependant jamais tranchantes, sauf ce tir de Mazerolle sur le poteau, ou encore ce breakaway de Nilly qui se termine lamentablement sur le plastron de Lhenry. Dans les phases de jeu de puissance clermontois, lorsque les Mulhousiens attendent recroquevillés en défense, l'impuissance auvergnate se fait criante : les passes n'arrivent pas, Lhenry n'est jamais inquiété.

À l'opposé, les Scorpions sont méthodiques, on les sent appliqués, très professionnels dans leur gestion du match. Chacune de leurs attaques perfore la bien faible défense auvergnate, dans laquelle Frédéric Brodin est bien esseulé. La tactique mulhousienne n'est pas celle de la mitraille, mais celle des beaux mouvements offensifs à trois attaquants se terminant par un tir placé de près... Quelle plongée dans le vif du sujet pour Radek Lukes qui doit enchaîner des arrêts de grande classe !

Nous avons passé la moitié du temps réglementaire et les Scorpions se décident à plier le match. Kiviharju marque un but anodin sur un service de Carriou. Puis la recrue défensive clermontoise Michaelson facilite la tâche des Mulhousiens par une vilaine glissade. Les glissades, ça arrive même aux plus grands joueurs... Sauf que Carl Michaelsson était porteur du palet en position de dernier défenseur... Ah oui, il cherchait un partenaire pour relancer, dans une situation de supériorité... numérique... La bourde est un peu trop grosse pour échapper à la sagacité d'un double champion d'Europe finlandais : Kiviharju met Prunet sur orbite, et les deux compères s'en vont battre Lukes.

Malgré une avalanche de pénalités en fin de match (dont les expulsions de Jeannette pour un cinglage et Lecompère pour une charge dans le dos), la rencontre fut agréable à regarder : les Clermontois, même menés 4-0, même bombardés de prisons, n'ont jamais semblé démoralisés. De leur côté, les Mulhousiens semblent avoir eu la classe suffisante pour ne pas arrêter de jouer. Sobres, sérieux, efficaces, les Scorpions se sont quand même permis, à quelques reprises, de laisser venir les Clermontois, pourtant bien incapables d'aligner une bonne série de passes.

Le dernier but est une jolie réalisation à bout portant d'Olivier Coqueux sur un service de Kiviharju, et avec comme initiateur d'action Lilian Prunet, l'un des meilleurs hommes sur la glace ce soir.

À noter que le match s'est déroulée dans une ambiance excellente, avec une quinzaine d'Ultras mulhousiens qui ont apprécié le bon accueil offert par la poignée de supporteurs de l'embryonnaire kop local. Pour une fois, la patinoire Clermont-Communauté n'a pas sonné creux, et quelques jeunes supporteurs clermontois ont même commencé à chanter à leur tour, inspirés par la constance du soutien alsacien.

Compte-rendu signé Jocelyn

 

Commentaires d'après-match (sur France 3 Auvergne et dans L'Alsace)

Frédéric Nilly (capitaine de Clermont-Ferrand) : "C'est vrai que c'est une grosse défaite. Mais face à une équipe de ce calibre, c'est une satisfaction de ne prendre que cinq buts".

Christer Eriksson (entraîneur de Mulhouse) : "Nous avons très bien joué dans tous les secteurs de jeu. D'entrée, nous avons imprimé notre rythme à la rencontre, et le premier but a permis à toute l'équipe de se libérer. À l'arrivée, nous étions plus près du 6 ou 7 à 0 que du 5 à 1. Je suis franchement content de nos débuts. C'est toujours important de bien se lancer. J'ai été pleinement rassuré. Dès notre arrivée dans les vestiaires, j'ai senti une différence avec les matches de préparation. Les visages n'étaient plus les mêmes et es joueurs avaient conscience de passer à autre chose. J'avais devant moi des vrais professionnels. C'est toujours bien pour un gardien de réussir un blanchissage dès la première rencontre. Et puis c'est aussi agréable pour toute l'équipe."

 

Clermont-Ferrand - Mulhouse 0-5 (0-2, 0-2, 0-1)

Samedi 11 septembre 2004 à la patinoire de Clermont-Communauté. 650 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Cyril Carlin et Matthieu Loos.

Pénalités : Clermont 78' (4'+10', 4', 10'+5'+20'+5'+20'), Mulhouse 46' (8'+10', 8', 10'+10').

Evolution du score :

0-1 à 06'26" : M. Rozenthal assisté de Bilbao et Carriou (sup. num.)

0-2 à 09'35" : Christie assisté de Ruokonen

0-3 à 35'28" : Kiviharju assisté de Carriou

0-4 à 37'29" : Prunet assisté de Kiviharju (inf. num.)

0-5 à 56'39" : Coqueux assisté de Kiviharju et Ballet (double sup. num.)

 

Clermont-Ferrand

Gardien : Radek Lukes.

Défenseurs : Carl Michaelson - Frédéric Brodin (A) ; Lionel Simon - Yann Lecompère ; François Martin - David Sarliève ; Laurent Ballet.

Attaquants : Luc Mazerolle - Paul Kelley - Martin Jeannette ; William Mouly - Christophe Roux (A) - Frédéric Nilly (C) ; Cyril Gavalda - Alexis Billard - Jean-Michel Bortino ; Paul Mottet.

Remplaçants : Fabien Chardon (G), Cyrille Gaby.

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Lilian Prunet (A) - Allan Carriou ; Jukka Hakkarainen - Francis Ballet ; Mikka Ruokonen (A) - Jérôme Catil.

Attaquants : Hermanni Vidman - Olivier Coqueux - Jani Kiviharju ; Luc Tardif Junior - Greg Day - Ryan Christie ; Maurice Rozenthal - Lionel Bilbao (C) - Steve Michou ; Milos Palovcik - Pavol Segla.

Remplaçants : Tom Charton (G), Jérémy Bigot. Absent : Juho Jokinen (blessé).

 

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