CSKA Moscou - Lokomotiv Yaroslavl (22 septembre 2004)

 

Match comptant pour la neuvième journée de la Superliga russe 2004/05.

Voilà un match dont on a parlé longtemps avant. Une rencontre qui oppose deux clubs prestigieux dans le doute.

Le CSKA version Bykov traîne en queue de tableau à la treizième place et reste sur trois matches sans victoire. Une défaite à domicile 3-4 devant les Tatars du Neftekhimik Nijnekamsk, puis un seul point de pris sur la route en Sibérie : une défaite 2-1 au Metallurg de Novokouznetsk et un nul chez la lanterne rouge, le Sibir Novossibirsk. Pas terrible, surtout avec les moyens financiers et le prestige du Club Central Sportif de l'Armée et sa "valise" d'attaquants estampillés LNH. Ce n'est pas que le siège de Vyatcheslav Bykov soit en danger, car le CSKA se la joue club de prestige bien loin des agitations frénétiques des nouveaux riches de province, mais bon... Faudrait pas que cette situation s'éternise... Surtout que le public boude, il ne sont qu'une poignée (2 500) dans les travées de l'immense Palais des Sports de Glace du CSKA et ses plus de 6 000 places.

Mais c'est surtout l'autre entraîneur, celui du Lokomotiv qui a fait les gros titres de la presse spécialisée cette semaine. Le Finlandais Kari Heikkilä, le premier Finlandais à entraîner une équipe de la Superliga, ne s'est pas fait que des amis. Il ne fait plus jouer la star (grassement payée) du Loko, l'attaquant Andreï Kovalenko et son long passé en LNH. La presse se demande comment ce joueur qui a évolué dans (presque... toutes les franchises de LNH (Québec, Montréal, Colorado, Edmonton, Philadelphie, Carolina...) peut être placé en équipe réserve ? Le quotidien Sport Express a d'ailleurs fait sa une, photo à l'appui, la vieille du match sur Kovalenko qui a joué en équipe réserve du Loko contre son homologue du Dynamo. La vedette a d'ailleurs marquée le but de la victoire 3-2. On voit Kovalenko un peu dépassé sur la photo, entouré de deux juniors du Dynamo... Heikkilä joue avec le feu, car ce soir, Andreï Kovalenko est dans les tribunes du CSKA (son ancien club d'ailleurs) à portée de tous les journalistes de la capitale...

Malheur donc aux vaincus ce soir. Oups, je n'aurais pas dû penser cela, car en fait cette rencontre a été le pire cauchemar auquel puisse assister un spectateur, amateur de hockey. Tellement crispée à l'idée de perdre, les deux équipes (surtout le Lokomotiv) vont absolument refuser de jouer. Du non hockey absolu. Il suffit de regarder le nombre de tirs. 14 (vous ne rêvez pas) seulement pour le Lokomotiv et 25 pour le CSKA, mais si l'on enlève les seize tirs du deuxième tiers, il ne reste pas grand-chose. C'est une catastrophe. Pour ne pas prendre le risque de perdre le palet et le match, les joueurs ne font rien, mais absolument rien. Une partie de dupes, où les spectateurs sont les grands perdants. Et les téléspectateurs également car la rencontre est diffusée dans toute la Russie. Je pense que cela fait une excellente publicité au championnat de Russie de water-polo ou de billes sur neige, qui en comparaison, ne peuvent que paraître que brillant de milles feux...

Lors de la dernière période, on touche le fond (enfin, j'espère...) avec un festival de mauvaises passes, d'entrée en zone souffreteuses, de patinage a vitesse pachydermique, et surtout un ennui, mais un ennui... Bref, c'est aussi soporifique qu'un discours de quatre heures trente devant le Soviet Suprême de Léonid Illitch Brejnev, d'ailleurs grand supporter du CSKA. Je n'ose imaginer ce qu'un Guilhem Rougé dirait devant un "spectacle" aussi affligeant ! Il y aurait risque de rupture de stock de vitriol ! Et pourtant, pas la moindre trace de renforts en provenance du Mestis finlandais. Non ! Regardez les attaquants du CSKA. Première ligne : Oleg Saprykine (Calgary Flames), Andreï Nikolichine (Colorado Avalanche) et l'international bélarussien Vladimir Tsyplakov (passé par les Los Angeles Kings). Vous ajoutez sur les autres blocs Sergueï Frolov (LA Kings) ou Nikolaï Jerdev, le jeune ukr... euh russe, revenu dans son club moscovite pour cause de lock-out après un passage par Columbus. Si en plus vous ajoutez des merveilles du championnat russe comme Andreï Moziakine ou Nikolaï Pronine ou encore des juniors incroyablement talentueux comme Denis Parchine ou Sergueï Ogorodnikov, c'est à n'y rien comprendre. Ou plutôt si, c'est bête comme chou et triste à pleurer. La pression mise sur les joueurs, les enjeux financiers et surtout l'orgueil russe qui pense avoir le plus grand championnat du monde de la terre, font que les joueurs ne prennent plus le moindre début de commencement d'initiative. Et nous n'en sommes qu'à la huitième journée, et il n'y a pas de descentes en division inférieure ! Cette Superliga ressemble de plus en plus à l'équipe nationale russe, des talents individuels incroyables et hors normes, mais des résultats et un spectacle qui font "pchitt..."

Finalement, les seuls à s'en tirer au milieu de ce naufrage, ce sont les gardiens de but. Le Tchèque du CSKA, Jirí Trvaj, se croit retourné au Lada, mais c'est surtout son homologue du Lokomotiv qui se fait remarquer. Le Québécois Marc Lamothe fait (très) bien le peu qu'il a à faire, en particulier au deuxième tiers où le CSKA a vainement tenté d'accélérer.

La seule chose à retenir de ce match est également une horreur. Durant les prolongations, Nikolaï Jerdev file seul vers la cage de Lamothe. On va peut-être enfin voir un but. Pensez donc ! Le défenseur du Lokomotiv Kirill Safronov, champion AHL l'an dernier, descend dans le dos l'artiste qui va se fracasser la tête la première contre la balustrade. Vous croyez que cela suffit ? Bien sûr que non, le triste sire met alors une charge dans le dos de l'attaquant du CSKA, qui se la prend pleine nuque puisque le premier coup dans le dos l'avait déséquilibré. Il ne nous manquait plus que cela pour bien finir la soirée ! Nikolaï Jerdev est ramené sur son banc, heureusement plus de peur que de mal. Quand à Safronov, il comprend à peine pourquoi il "hérite" d'un 5+20 ! Il est temps que cela se termine.

Le lendemain, comme d'habitude en cas de problème, la Russie met la tête dans le sable. Mais non, ce n'est pas le rythme incroyable de ce championnat avec ses matches tous les trois jours, mais non, ce n'est pas la pression que mettent les dirigeants sur les entraîneurs et donc sur les joueurs... C'est juste que Kari Heikkila n'a pas fait jouer Andreï Kovalenko ! On est rassuré ! Pour Sport Express, comment peut-on laisser Kovalenko dans les tribunes, quand il n'y a pas un seul but sur la glace ? Pourtant, sous l'ère du tchèque Vujtek, le Lokomotiv était un modèle offensif...

Pendant ce temps, le leader, le Severstal de Cherepovets, a concédé son premier point de la saison. Le Lada Togliatti est venu "chercher" et trouver le 0-0 dans le nord de la Russie ! Arg, c'est un cauchemar !

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur du CSKA Moscou) : "Il est nécessaire de revenir au vrai Lokomotiv, celui qui montre du hockey offensif. Il est évident que les deux gardiens ont bien joué. Quand nous avions envoyé Fomichev en sélection nationale, il était en excellente forme et au niveau de Trvaj. On ne peut pas en dire autant à son retour. Il faut dire aux entraîneurs nationaux que, s'ils ont invité des joueurs, il est nécessaire de travailler avec eux."

Kari Heikkilä (entraîneur du Lokomotiv Yaroslavl) : "Dans notre équipe, la compétition est large. Nous avons six lignes valables, nous en avons pris cinq avec nous en déplacement, et lorsque nous reviendrons à Yaroslavl, nous résoudrons la question Kovalenko."

 

CSKA Moscou - Lokomotiv Yaroslavl 0-0 a.p. (0-0, 0-0, 0-0, 0-0)

Mercredi 22 septembre 2004 à 19h00 au palais des sports de glace du CSKA. 2500 spectateurs.

Arbitrage de M. Zakharov assisté de MM. Olenin et Makarov (tous de Moscou).

Pénalités : CSKA 10', Lokomotiv 35'.

Tirs : CSKA 25 (3, 16, 5, 1), Lokomotiv 14 (5, 3, 4, 2).

 

CSKA Moscou

Gardien : Jiri Trvaj (TCH).

Défenseurs : Jan Hejda (TCH) - Denis Kuliash ; Vadim Khomitski - Andreï Mukhachev ; Pavel Trakhanov - Evgueni Namestnikov ; Dmitri Erofeïev - Nikolaï Semin.

Attaquants : Oleg Saprykin - Andreï Nikolishin - Vladimir Tsyplakov (BLR) ; Maksim Yakutsenia - Sergueï Korolev - Sergueï Mozyakin ; Denis Parshin - Igor Emeleïev - Nikolaï Pronin (c) ; Nikolaï Zherdev - Sergueï Ogordnikov - Aleksandr Frolov.

Remplaçant : Aleksandr Fomichev (G).

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Marc Lamothe (CAN).

Défenseurs : Curtis Murphy (CAN) - Martin Stepanek (TCH) ; Ilya Gorokhov - Dmitri Krassotkin (c) ; Alekseï Vassiliev - Kirill Safronov ; Aleksandr Ryazantsev - Sergueï Zhukov.

Attaquants : Vladimir Antipov - Igor Korolev - Piotr Schastlivy ; Denis Shvidky - Artiom Kryukov - Konstantin Rudenko ; Ivan Tkachenko - Ivan Nepraïev - Anton But ; Aleksandr Galimov - Vladimir Samylin - Grigori Shafigullin.

Remplaçant : Evgueni Lobanov (G).

 

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