Épinal - Tours (9 octobre 2004)

 

Match comptant pour la septième journée de Ligue Magnus.

La partie entre les deux équipes se plaçait sous le signe de l'interrogation. D'un côté Épinal qui avait battu le tout dernier champion de France en date Amiens mais restait sur deux défaites, et de l'autre une équipe tourangelle dont on ne connaît jamais grand-chose en début de saison : composée d'un effectif toujours aussi hétéroclite et toujours aussi renouvelé, la "bande à Bob" comptait quatre victoires mais sa récente défaite contre Briançon, un adversaire présumé comparable, tempérait un peu son bon début de saison. Aussi, en cette froide, humide, et même orageuse soirée à Poissompré, on ne savait pas forcément à quoi s'en tenir.

Très vite, on va comprendre qu'il y a une équipe qui est restée sur le quai... celle qui ne faisait pas le déplacement ! Un premier gri-gri du géant Peter Bohunicky (0-1 à 2'39") puis une très habile combinaison conclue par Philippe Roy (0-2 à 4'02"), et on remet la rincée par Rob Millar qui prolonge un tir de Loïc Sadoun, après que le puck a ricoché sur le gant de Stanislav Petrik (0-3 à 7'34", le but est accordé à Eric Perricone par la table de marque)... Aïe, aïe, aïe, les Dauphins prennent une grosse tasse, ne sont pas fichus d'aligner deux passes, errent dans leurs placements, bref, sont complètement à la rue face aux Tourangeaux bien plus rapides, plus précis, plus cohérents aussi dans leurs actions, grattant et chipant systématiquement tout palet spinalien. Il n'y a guère que Petrik qui entretienne l'illusion face à l'orage blanc et noir. Petite éclaircie quand même vers la dixième minute, si peu profitable aux Spinaliens en panne de collectif à cette période du match que les Diables, après avoir relâché leur étreinte, ré-accélèrent pour signer le 0-4 suite à un travail de Loïc Sadoun derrière puis devant la cage de Petrik. Celui-ci, laissé à l'abandon par sa défense, reste très statique sur cet essai alors qu'il est allongé à la Hasek et n'a pas le temps de se relever pour contrer le Tourangeau parti de l'autre côté (0-4 à 18'13"). La rentrée aux vestiaires se fait donc sous les sifflets, et l'on peut aisément deviner vers qui ils sont dirigés tant la prestation est pitoyable.

Alors, il va falloir espérer un mieux quand même, sinon le reste du match va tourner au calvaire, et mieux il y aura. Oh, il va être timide, mais les locaux abordent la sortie des vestiaires à l'attaque, bien aidés par une supériorité (cinglage de Millar). Pas de quoi fouetter un chat, mais Hiadlovsky doit quand même veiller au grain, avant que ses coéquipiers ne reprennent les choses en main, toujours avec ce style de jeu très agressif - au sens noble du terme - sur le porteur du palet. On note pourtant une baisse de rythme, mais Petrik est impérial sur deux brûlots de Fail (25'23") et Gleize idéalement démarqué (30'45"), avant de nouveau de s'incliner après un gros mouvement de panique de sa défense, exploité par un tir tendu de Bohunicky (0-5 à 31'39"). Et de nouveau, la machine à presser tourangelle de se remettre en action, sans toutefois se mettre à l'abri de contres comme ce deux-contre-un de Goneau pour Chassard bloqué in extremis par le portier visiteur (36'34"). Tout ceci avant de clôturer le tiers sur une invasion dans le camp spinalien, créant l'illusion que les visiteurs évoluent en supériorité ce qui n'est pourtant pas la cas.

Dans ce cas, fallait-il un troisième tiers tant les choses semblaient inexorables ? Et bien oui, car l'honneur va être sauf pour les locaux : laborieusement par un travail à l'arraché de Gainey junior (1-5 à 41'19"), puis par une supériorité promptement exécutée et conclue par Fred Dehaëne (2-5 à 52'39"), enfin sur un tir de pénalité accordé à dix secondes de la sirène, sûrement suite à une filouterie tourangelle alors qu'il y a le feu devant les buts de Hiadlovsky (3-5 à 59'49"). Pourtant, jusqu'à 2-5, Tours continue son travail de grattage, certes de façon plus économe que précédemment, mais Épinal est toujours aussi imprécis, hormis sur la sortie de prison de Pospisil alors en pointe qui se fait épauler par Ivanov avant que le gardien visiteur ne ferme la porte (48'04"). Le deuxième but semble soulager les compères de Chassard qui pressent plus hardiment des Diables curieusement recroquevillés, la fin du match est donc plus à l'avantage des locaux, avec le score final que l'on sait, sans toutefois avoir vu de nettes actions de leur part.

Pour ma part, le score ne reflète en rien la partie qui s'est jouée ce soir : perdre 3-5 en jouant au maximum dix minutes de match, c'est ce qu'on appelle du réalisme. Mais une fois de plus, si le score en est resté là, les Spinaliens le doivent à leur gardien constamment mis à l'épreuve et abandonné par sa défense. Que de réflexes pour garder ses compères dans le match ! Devant, le constat est plus nuancé. C'est encore le raffut par moments, mais on note un peu plus d'ordre et de méthode qu'à l'accoutumée pour avancer vers le but adverse, un peu plus de collectif aussi. L'effectif compte dans ses rangs deux fusées, Maksim Ivanov et Daniel Goneau, mais il manque encore pas mal d'automatismes à plusieurs, et aussi énormément de discipline : pour suivre l'évolution des pénalités "vu du banc" (ce n'est pas nouveau), et aussi de la part des joueurs un peu trop habitués au pétage de plomb gratuit et sanctionnant (les fameuses 2'+10' syndicales d'Anthon Maurice) ou aux charges pas vraiment adaptées (Goneau ou Gainey). Bref, il y a un petit mieux mais c'est encore bien perfectible.

Pour Tours, ce fut un régal de les voir évoluer pendant cinquante minutes. On est loin de leur habituelle réputation de jeu dur, physique et sans saveur. Ils ont offert un jeu tout en mouvements, avec souvent une solution - voire plusieurs - pour le porteur du palet, des tirs, des passes. Et surtout, ça gratte sec, c'est même ce qui a impressionné le plus hier soir. Restent ces dix dernières minutes de match où, d'un seul coup, Tours, en se recroquevillant, s'est mis la pression tout seul, libérant un peu les locaux : était-ce de la fatigue suite aux efforts produits, ou un mini mouvement de panique incontrôlée ?

À surveiller sur les tablettes : Philippe Roy et Kent Gillings pour Tours, Stanislav Petrik (si des personnes ne le connaissent pas encore !) et Maksim Ivanov pour Épinal.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

IC Épinal - ASG Tours 3-5 (0-4, 0-1, 3-0)

Samedi 9 octobre 2004 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 950 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Laurent Rouèche et Benjamin Grémion.

Tirs : Épinal 27 (9, 7, 11), Tours 40 (19, 13, 8).

Pénalités : Épinal 26' (6', 2'+10', 8'), Tours 16' (6', 4', 6').

Évolution du score :

0-1 à 02'39" : Bohunicky assisté de Poznik

0-2 à 04'02" : P. Roy assisté de Millar et Sadoun (sup. num.)

0-3 à 07'34" : Perricone assisté de Sadoun et Millar (sup. num.)

0-4 à 18'13" : Sadoun assisté de Fail et Simko

0-5 à 31'39" : Bohunicky assisté d'Eizenman et Gillings

1-5 à 41'19" : Gainey assisté de Chassard et Goneau

2-5 à 52'39" : Dehaëne assisté de Gainey et Goneau (sup. num.)

3-5 à 59'49" : Gainey (tir de pénalité)

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Bohuslav Ptacek - Radoslav Regenda (A) ; Robert Pospisil - Djamel Zitouni ; Borislav Ilic - Jiri Sevcik.

Attaquants : Guillaume Chassard - Steve Gainey - Daniel Goneau ; Guillaume Papelier [puis Gaëtan Gavoille à 50'00"] - Roman Trebaticky - Maksim Ivanov ; Christophe Ribanelli - Anthony Maurice [puis Guillaume Géhin à 40'00"] - Frédéric Dehaëne (C).

Remplaçant : Franck Constantin (G). Absent : Mihail Kozlov (cervicales).

Tours

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Frantisek Pulscak (A) - Anton Poznik ; Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Robert Fail.

Attaquants : Peter Bohunicky - Alon Eizenman - Kent Gillings ; Robert Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Jan Simko - François Gleize (C) - Loïc Sadoun.

Remplaçants : Ramon Sopko (G), Valère Falck. Absent : Marcel Simak (poignet).

 

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