Tours - Mulhouse (16 octobre 2004)

 

Match comptant pour la huitième journée de Ligue Magnus.

La file d'attente des spectateurs en disait long sur l'importance de la rencontre qui allait se disputer ce samedi soir. Le HCM en déplacement attire du monde généralement ici à Tours, mais cette année c'est encore plus particulier avec l'apparition d'une seconde "star" de NHL, Steven Reinprecht, qui a rejoint son collègue des Calgary Flames, le défenseur Steve Montador, dans l'effectif alsacien.

L'ASGT s'attaque ici au premier sommet de son difficile parcours qui le mènera au terme des matches aller. Après Mulhouse se profileront à l'horizon les équipes de Rouen, Amiens et Grenoble en moins d'un mois. Le coach tourangeau avait déclaré à l'issue de la victoire de ses hommes à Épinal (5-3) : "Toutes les lignes ont activement participé [...]. C'est le match idéal avant d'affronter Mulhouse". Et de conclure "C'est une victoire de la solidarité". Nul doute qu'il faudra réussir un grand match contre des Scorpions sereins et conscients du potentiel tourangeau.

C'est donc dans une atmosphère particulière, et sous les caméras de France Télévision, que l'ASGT entame la rencontre très, très prudemment. Rapidement acculés dans leur zone défensive, les Diables noirs se contentent dans les premières minutes de balancer le palet loin de leur gardien. Inexorablement, le palet revient et Ramon Sopko ne tarde pas à être sollicité, notamment par un lancer d'Allan Carriou (03'16), dévié par le portier. Puis Steve Montador décoche sa première flèche (03'41). Sopko est obligé de laisser un rebond mais il parvient à conserver le palet ensuite. À ce moment-là, on ne donne pas cher de la peau tourangelle devant le Scorpion mulhousien.

Mais, un peu contre le cours du jeu, l'ASGT parvient à ouvrir le score sur l'une de ses premières incursions en terrain adverse. Jonathan Roy parvient à s'infiltrer plein axe, la défense mulhousienne repousse le palet qui revient dans la crosse de Gillings. Ce dernier profitant de l'écran involontaire de Jo Roy déclenche son tir. Lhenry, surpris, ne peut pas grand-chose (1-0, 04'11). Les Diables noirs ne pouvaient rêver meilleure entame de match. Et surtout, ce but a le mérite de les mettre en confiance et sans doute de les décomplexer un peu.

Le HCM réagit, poussant le défenseur tourangeau Poznik à la faute (05'09). On craint un peu le pire quand on voit s'avancer les Rozenthal, Montador, Reinprecht, Coqueux et autres Jokinen, mais Tours défend bec et ongles sa cage. Kiviharju part à son tour pour deux minutes sur le banc de la prison (06'26) ce qui permet ensuite à Tours de bénéficier de quelques secondes de supériorité numérique. Gillings, encore lui, a une bonne occasion de lancer sur Lhenry (07'50) juste avant que Reinprecht nous gratifie d'une action de grande classe, en dribble et accélération mais Sopko, très à son avantage, arrête parfaitement le palet (09'13). Le jeu s'équilibre. Mulhouse pousse fort en attaque mais l'ASGT fait un rempart très efficace, avec un jeu prudent, assez regroupé, basé sur un très gros patinage.

Alors que Peter Bohunicky est à deux doigts de doubler la mise (10'30), Mulhouse croit égaliser peu après ; le palet est bien entré dans le but de Sopko, mais en traversant le filet sur le côté, ce qui sera confirmé sur les images vidéo diffusées à la télévision. L'arbitre ne valide pas le but (11'15). Loin de décourager les Scorpions, ce petit incident de jeu les pousse encore plus à revenir. Francis Ballet décoche un bon tir dévié par Sopko (11'22). Et le HCM est enfin récompensé par l'intermédiaire de Ryan Christie, à la conclusion d'un somptueux mouvement avec Day et Reinprecht, imparable (1-1, 12'44). Les Mulhousiens continuent de mettre la pression et tiennent le match en main. Il faut beaucoup, beaucoup de sacrifices pour les hommes de Millette pour tenir le coup. Après une tentative avortée de Hakkarainen (15'05), Tours respire un peu grâce à une supériorité numérique (ce même Hakkarainen pour cinglage) qui voit le très bon Pulscak se mettre en position de tir. Mais la fin du premier tiers est encore à l'avantage de Mulhouse avec un breakaway de Pavol Segla qui démontre ici de très belles qualités de vitesse. Heureusement pour les locaux, le gardien Ramon Sopko reste très concentré et s'interpose avec brio.

Le deuxième tiers commence comme la copie conforme du premier, avec une ASGT défensive, arquée sur son but, et procédant systématiquement par des dégagements. Le jeu revient forcément dans le camp tourangeau et Reinprecht à nouveau teste Sopko (21'). Toutefois, l'ASGT sait bien profiter des espaces qui se créent dans de telles situations et procède par contre. Lhenry est d'ailleurs sauvé par son poteau sur un lancer de Millar (22'16).

Le match est alors très alerte ; Ruokonen manque de peu de donner l'avantage à ses couleurs (23'16) mais les Tourangeaux rendent coup pour coup. Sur une sortie hasardeuse derrière sa cage pour récupérer un palet, Lhenry offre à Loïc Sadoun une occasion mais le palet heurte le poteau (23'55). Le HCM a frôlé la correctionnelle mais repart de l'avant. Montador, par deux fois, illustre encore parfaitement la domination mulhousienne sur ce début de partie, une grosse séquence conclue par Segla mais le portier tourangeau reste impeccable. Les hommes d'Eriksson se montrent parfois impatients (Ballet, 2' pour retenir la crosse, 25'06), ce qui donne l'occasion aux Tourangeaux de s'installer en zone offensive mulhousienne. Perricone tente sa chance à deux reprises dans une phase de jeu où Tours est bien en place. S'ensuit un léger brassage dans lequel Jo Roy écopera de 2'+2'+10' pour charge incorrecte et Allan Carriou prendra la même sanction pour charge dans le dos (26'25).

Tours négocie mieux la rencontre à partir de la mi-match. Jan Simko nous fait son show, juste avant que François Gleize ne manque l'immanquable, suite, de nouveau, à une erreur de Lhenry qui relance directement le palet sur son adversaire (27'28). Les Scorpions semblent douter ; Ryan Christie prend deux minutes (30'20) mais l'ASGT ne profite pas longtemps de son avantage puisque Peter Bohunicky rejoint à son tour la prison (31'36). Montador fait admirer la pureté et la puissance de son slap, réellement impressionnant (31'45), mais Sopko s'interpose toujours. Reinprecht y va aussi de son occasion et ce coup-ci, le gardien de Tours s'en sort miraculeusement (33'15).

La chance tourangelle, ou la tactique, consiste à résister le plus longtemps possible et à faire douter son adversaire. Et c'est payant. Coup sur coup, Michou puis Montador partent se reposer deux minutes chacun. À cinq contre trois, c'est l'occasion rêvée pour des Diables noirs attentistes. À peine le jeu de puissance installé, Pulscak décale Philippe Roy. Le défenseur canadien propulse le palet sous la barre de Lhenry et redonne l'avantage aux locaux (2-1, 34'37). Le tiers-temps se termine sur une occasion pour Montador qui n'hésite pas à lancer de très loin (37'10).

Le score à l'entame du troisième tiers-temps peut paraître flatteur pour Tours. En fait, les Diables noirs jouent bien le coup. Regroupés devant un Ramon Sopko toujours aussi sobre et calme, physiquement présents même si le match au fur et à mesure de son déroulement commence à émousser les organismes (seulement cinq défenseurs, et un attaquant en moins du côté tourangeau), les coéquipiers de François Gleize, à défaut de maîtriser totalement la rencontre, s'opposent aux Scorpions avec courage et solidarité.

C'était ce qu'avait demandé Millette avant le match. Message reçu. Et les Tourangeaux pensent tenir l'exploit du jour d'autant plus que la défense mulhousienne offre des occasions aux attaquants locaux. Ainsi, Sadoun est tout près de marquer après avoir chipé un palet plein axe (42'25), Robert Fail lance sur Lhenry mais sans succès, et Mulhouse continue dans l'indiscipline (2' à Hakkarainen à 44'38). Sur la supériorité assez mal négociée, Peter Bohunicky a la seule chance de tester le gardien adverse mais d'un tir qui manque totalement de puissance.

Tours a désormais le match en main, malgré des poussées sporadiques des Scorpions (Segla, 47'40). Eriksson ne tarde pas à demander un temps mort (51'00). Le temps presse et la différence n'est pas faite. L'ASGT verrouille tout, parfois laborieusement, mais ça tient. Le problème, c'est qu'il ne faut pas commettre de faute quand on subit trop le jeu. Or, Gillings, dans un rôle défensif, se met à la faute. La supériorité numérique mulhousienne est belle à voir avec une ligne composée de notamment de Reinprecht, Christie, Day ou Montador...

Eriksson, dans les dernières minutes, use et abuse de ses gros bras. Après un premier pétard allumé par Montador, c'est Steven Reinprecht, pour son premier but en Ligue Magnus, qui parvient à égaliser d'un slap d'une pureté inouïe (2-2, 54'59). Là, avec les choses comme elles sont, ça sent le K-O ou la prolongation...

Et c'est à ce moment-là, à peine remis de sa déception passagère sur le but égalisateur mulhousien, que Jan Simko décide d'aller défier Lhenry en un contre un. Le rapide attaquant tourangeau était resté assez discret jusque-là, la faute surtout à un Millette qui laisse assez peu de temps de jeu à sa troisième ligne. Selon lui, c'est une tactique pour avoir ensuite des gars qui ont faim de glace... Toujours est-il que Simko ne se pose pas de question. Comme à chaque match ou presque, la rampe de lancement vient de l'arrière et en particulier de Frantisek Pulscak. Le métronome de la défense tourangelle place sur orbite le grand Simko qui n'a pas son pareil pour accélérer et perforer les défenses. Vitesse, technique, Lhenry est déjoué et battu (3-2, 56'38).

Mulhouse est assommé par ce coup du sort. Tours tient son match, son exploit, et ne se découvre plus. Une dernière occasion pour Kiviharju (58'10) ne changera rien. "Tours a été beaucoup plus réaliste que nous" dira Christer Eriksson. "Petite patinoire, grosse intensité, très peu de séquences constructives, beaucoup de boulot. L'ASGT a fait sa Coupe Stanley et nous a refait ce qu'elle avait déjà fait contre toutes les grandes équipes."

À l'issue d'un match plein, l'ASGT parvient à confirmer les espoirs placés en début de saison et aura à confirmer son excellent parcours, d'abord lors du déplacement à Clermont-Ferrand avant de recevoir ensuite l'autre favori Rouen sur sa patinoire.

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Tours - Mulhouse 3-2 (1-1, 1-0, 1-1)

Samedi 16 octobre 2004 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 1700 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Matthieu Loos et Nicolas Charmillot.

Pénalités : Tours 22' (2', 8'+10', 2'), Mulhouse 30' (4', 14'+10', 2').

Évolution du score :

1-0 à 04'11" : Gillings assisté de J. Roy

1-1 à 12'44" : Christie assisté de Day et Reinprecht

2-1 à 34'37" : P. Roy assisté de Pulscak (double sup. num.)

2-2 à 54'59" : Reinprecht assisté de Montador et Rozenthal

3-2 à 56'38" : Simko assisté de Pulscak et Gleize

 

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Anton Poznik - František Pulscak (A) ; Robert Fail.

Attaquants : Éric Perricone - Jonathan Roy - Rob Millar ; Peter Bohunicky - Alon Eizenman - Kent Gillings ; Jan Simko - François Gleize (C) - Loïc Sadoun.

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky, Gaël Cler, Valère Falck.

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Jukka Hakkarainen - Miikka Ruokonen (A) ; Steve Montador - Francis Ballet ; Lilian Prunet (A) - Allan Carriou.

Attaquants : Jani Kiviharju - Olivier Coqueux - Hermanni Vidman ; Greg Day - Steven Reinprecht - Ryan Christie ; Maurice Rozenthal - Lionel Bilbao (C) - Steve Michou ; Juho Jokinen - Milos Palovcik - Pavol Segla.

Remplaçant : Tom Charton (G).

 

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