Villard-de-Lans - Grenoble (16 octobre 2004)

 

Match comptant pour la huitième journée de la Ligue Magnus.

Chaud derby en perspective sur le plateau du Vercors (le 75e de l'histoire) entre les deux proches voisins isérois. Comme à chaque fois, l'affiche attire la grande foule dans la patinoire André-Ravix avec des Villardiens mobilisés qui ont confectionné de nouveaux drapeaux faits à la main et une colonie grenobloise qui a bravé le mauvais temps pour venir encourager les siens. Les Ours ont remporté les deux dernières éditions du derby en poule Magnus l'an dernier (6-4 et 2-1) et avaient même enfoncé le clou cet été en pré-saison face aux Brûleurs de Loups. C'est donc à une déjà longue série d'insuccès que veut mettre fin l'équipe de Gérald Guennelon, au complet et ragaillardie par son succès probant face aux Gothiques. Du côté villardien, Jarret Reid qui s'est de nouveau blessé à Gap est le seul absent de marque dans une équipe en panne de confiance (trois défaites d'affilée face à des équipes de deuxième moitié de tableau).

Entre une équipe qui a retrouvé la confiance et une autre en plein doute, il est logique que la première prenne le pas sur la seconde dès l'entame du match. Les Brûleurs de Loups dominent nettement le début de rencontre, gardant le contrôle du palet et portant régulièrement le danger devant la cage de Pascal Favarin, qui retrouve les cages villardiennes ce soir après quatre tiers-temps de disette. C'est donc en toute logique que les joueurs de la vallée ouvrent la marque par l'intermédiaire de Petri Lehtonen, idéalement placé au rebond suite à un tir de Josef Podlaha (0-1, 06'59"). La domination outrancière des Grenoblois ne s'arrête pas pour autant, les Villardiens ont toutes les peines du monde à sortir de leur zone. Après avoir failli se tromper de direction, Nicolas Favarin fait la découverte du banc des prisons côté visiteur à la suite d'une petite altercation avec Herrington, et Villard bénéficiait même d'une supériorité pour un surnombre grenoblois, forcément stupide. L'occasion pour les Ours de se montrer enfin dangereux devant la cage de Rolland, mais la défense grenobloise s'en sort sans trop de difficulté. Pascal Favarin s'emploie encore avec brio et limite les Grenoblois à un but. Kévin Hecquefeuille se procure l'occasion grenobloise la plus dangereuse mais ne lève pas son palet et bute sur le portier villardien. Bonnard et Négro donnent le ton du derby avec un petit échange d'amabilités, mais les minutes passent et Grenoble ne parvient pas à accentuer son avance au score. La pression des Brûleurs de Loups s'estompe dans les dernières minutes du tiers, un palet mal dégagé par la défense grenobloise reste dans les crosses villardiennes et Pierre Bourgey se charge de remettre les deux équipes à égalité juste avant la pause (1-1, 19'42"). Une ultime occasion de Podlaha ne change rien et Grenoble qui aurait pu compter deux ou trois buts d'avance se retrouve à la case départ.

La confiance et le moral ont logiquement changé de camp au départ de la deuxième période. Les Villardiens, tout heureux de la tournure des événements, prennent le jeu à leur compte et lancent de grandes offensives collectives sur les cages de Patrick Rolland. Bien moins sûrs de leur fait, les partenaires de Benoît Bachelet reculent et ont du mal à construire un mouvement offensif digne de ce nom. La défense grenobloise tient tant bien que mal, jusqu'à ce que Pasi Järvinen soit incapable d'arrêter Rich Metro lancé à pleine vitesse. L'Américain donne l'avantage aux siens avec facilité (2-1, 24'42"). Ballottés, les Grenoblois bénéficient d'une faute de Luc Tardif pour se remettre dans le bon sens. Un jeu de puissance inspiré bien qu'un peu statique qui redonne des couleurs aux visiteurs qui fonctionnent par réaction. Après une bonne période dans la zone villardienne, la ligne de Laurent Meunier (de loin la plus en vue ce soir, notamment pour sa combativité) finit par trouver la solution : tir de Benoît Bachelet, rebond en retrait de Meunier pour... Simon Bachelet à la bleue, dont le lancer heurte l'épaule de Favarin avant de rentrer (2-2, 29'34"). Une fois l'égalisation acquise, les Grenoblois laissent à nouveau venir les Ours qui dominent l'essentiel du deuxième tiers-temps, se créant même de belles occasions au milieu d'une défense grenobloise décidément bien fébrile (en particulier la ligne finlandaise). Mais les Ours ne retrouvent pas la réussite qu'ils avaient eue précédemment et les deux équipes sont toujours à égalité au terme de la deuxième période malgré une supériorité numérique villardienne dans les derniers instants.

Chacun a eu son tiers-temps jusqu'à présent dans un derby serré et globalement plaisant à voir qui devrait donc trouver son vainqueur dans la dernière période. Avantage Villard dès la reprise, puisqu'au petit jeu des supériorités numériques, les Ours se montrent plus efficace que leurs voisins : ils font bien circuler le palet en zone d'attaque et prennent de vitesse la défense grenobloise qui se retrouve bien en retard au moment où Jean-Marc Girard envoie un missile dans la lucarne de Rolland qui ne peut que constater les dégâts (3-2, 42'46"). Menés pour la deuxième fois au score, les Brûleurs se doivent de réagir mais ont du mal à retrouver leur allant de la première période. Une supériorité numérique est vite annulée par une faute de Podlaha, en retard sur l'action. Guennelon fait entrer du sang neuf avec Deschaume à la place d'Antonoff mais les minutes passent et les Brûleurs peinent à trouver la solution. Un slap de Järvinen heurte le poteau des cages de Favarin pas malheureux sur le coup, et si la défense grenobloise fait le nécessaire sur une infériorité numérique qui aurait pu être fatale, mais le jeu de puissance rentre encore bredouille quelques instants plus tard. Dans les cinq dernières minutes, le pressing grenoblois se fait enfin plus efficace et les Villardiens reculent... trop sans doute, car à un peu plus de trois minutes de la fin seulement, Benoît Bachelet se présente seul face à Favarin et bute sur le portier villardien. Laurent Meunier a suivi et expédie le rebond au fond des filets, pouvant laisser éclater sa joie (3-3, 56'38"). Sonnés par cette égalisation tardive, les Ours passent tout près de perdre le match dans les derniers instants, malmenés par une équipe grenobloise de nouveau euphorique. Une défaite dans le temps réglementaire aurait été tout de même sévère pour Villard-de-Lans.

Place donc à la prolongation, et le jeu à quatre contre quatre multiplie les occasions de part et d'autre. Les Brûleurs poursuivent sur leur élan de fin de match et semblent plus à même de remporter la décision. Les minutes passent et on semble se diriger vers un match nul, mais sur un engagement gagné par Meunier, un slap d'Amar trouve le poteau... Pascal Favarin essaie de relancer derrière sa cage plutôt que de geler la rondelle, mais il se rate et Yven Sadoun à l'affût se jette de façon désespérée pour glisser le palet dans les buts vides (3-4, 67'46"). Un but contesté par Villard qui revendique une faute sur le gardien pas évidente du tout. Les Brûleurs de Loups arrachent donc la victoire sur le plateau et mettent fin, dans la douleur, à leur série d'insuccès face aux Ours.

Une victoire improbable à cinq minutes de la fin malgré une première période et une fin de match plutôt convaincantes. Mais entre les deux, les Grenoblois ont connu des absences inquiétantes, notamment défensivement. Sur le plan individuel, mention spéciale à Laurent Meunier dont la hargne a une nouvelle fois fait la différence. En revanche, prestation de plus en plus inquiétante de Pasi Järvinen en défense. À Villard, on peut nourrir quelques regrets même si le point de pris ce soir et surtout la manière feront beaucoup du bien au moral. Avec trois blocs homogènes, les Villardiens ont prouvé qu'ils valent bien mieux que leur place actuelle au classement. Les voilà rassurés sur leur potentiel, il ne leur reste plus qu'à reproduire ce type de performance lors de leurs prochaines échéances...

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans Le Dauphiné Libéré) :

Pascal Favarin (gardien de Villard-de-Lans) : "Sur la dernière action, je veux revenir vers la cage mais je ne peux pas car on m'en empêche. Ça fait ch... En plus de ça, sur le troisième but grenoblois, je prends le palet dans le casque avant qu'il ne rentre. Sinon, nous étions bien en place, nous avons pris des buts sur des erreurs défensives. On aurait dû concrétiser avant, et c'est cette efficacité qui nous manque encore aujourd'hui".

Xavier De Murcia (attaquant de Villard-de-Lans) : "Ce match est encourageant pour nous. Ce soir, il ressort surtout que notre jeu convient mieux aux grosses équipes qu'aux petites qui ont tendance à nous attendre. Nous avons eu pas mal d'occasions mais au niveau de la réussite, ce n'est pas encore ça. Ce fut un match vraiment plaisant à disputer, surtout face à de telles écuries."

Nicolas Favarin (défenseur de Grenoble) : "Personne n'a voulu lâcher, au terme d'un match de bon hockey. Ça tourne en notre faveur mais peut-être que Villard méritait mieux... Depuis le début de saison nous avons des passages à vide et ça s'est vérifié encore ce soir puisque nous sommes retombés dans nos travers après quinze bonnes minutes. Mais Villard a su mettre beaucoup de pression et nous manquons encore d'automatismes. Une fois de plus on en a ch..."

 

Villard-de-Lans - Grenoble 3-4 après prolongation (1-1, 1-1, 1-1, 0-1)

Samedi 16 octobre 2004 à 20h30 à la patinoire André-Ravix de Villard-de-Lans. 1400 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Cyril Carlin et Gildas Fontaine.

Pénalités : Villard-de-Lans 14' (6', 4', 4'), Grenoble 16' (8', 2', 6').

Évolution du score :

0-1 à 06'59" : Lehtonen assisté de Podlaha et Jönsson

1-1 à 19'42" : Bourgey assisté de Herrington

2-1 à 24'42" : Metro assisté de Fougère

2-2 à 29'34" : S. Bachelet assisté de Meunier et B. Bachelet

3-2 à 42'46" : Girard assisté de Bourgey et Billieras (sup. num.)

3-3 à 56'38" : Meunier assisté de B. Bachelet

3-4 à 67'46" : Sadoun assisté de Meunier et Amar

 

Villard-de-Lans

Gardien : Pascal Favarin.

Défenseurs : Sami Siltavirta - Jean-Marc Girard (A) ; Martin Roh - Roland Fougère ; Christopher Lepers - Mathieu Guidoux.

Attaquants : Xavier De Murcia - Jamie Herrington - Pierre Bourgey (A) ; Christophe Negro (C) - Rich Metro - Luc Tardif jr ; Franck Billieras - Alexandre Goncalves - James Cruz.

Remplaçants : Nicolas Nogaretto (G), Stéphane Guillot-Diat, Fabrice Gornisecz, Mathieu Denise. Absents : Jarret Reid (claquage), Damien Châlons (fracture articulaire de l'épaule, indisponible jusqu'en janvier).

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Nicolas Favarin.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Yven Sadoun - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Christophe Tartari - Nicolas Antonoff [puis Laurent Deschaume à 40'00"] - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Martin Millerioux.

 

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