Grenoble - Dunkerque (6 novembre 2004)

 

Match comptant pour la treizième journée de la Ligue Magnus.

Après avoir enfin débloqué les compteurs face à Épinal et Clermont, les Brûleurs de Loups avaient l'occasion de poursuivre sur leur lancée en recevant les Corsaires de Dunkerque qui avaient encaissé jusqu'à présent la bagatelle de 75 buts. Dunkerque semblait pourtant sur la pente ascendante avec une défaite honorable face à Tours (3-4) et une récente victoire face à Gap (3-0). Mais l'effectif de Karl Dewolf, qui est resté sur le banc pour l'occasion en raison d'un dos bloqué, est toujours en attente de renforts étrangers (en plus de Charrette, Saint-Amant et Gordon) et a bien du mal à soutenir la comparaison, sur le papier du moins, avec l'armada des Brûleurs de Loups. À noter que les deux équipes ne se sont rencontrées qu'à deux reprises au cours de leur histoire, c'était lors de la saison 1991-92 et les Corsaires ont eu l'avantage avec un nul (4-4) et une victoire (8-3).

Gérald Guennelon, qui doit composer avec les forfaits de dernière minute de Sadoun et Järvinen, choisit de titulariser Cédric Dietrich dans les cages. Un choix relativement sûr et une belle récompense pour le jeune portier qui avait fait forte impression lors des matches de pré-saison. Mais le gardien remplaçant des Brûleurs de Loups doit patienter un certain temps avant de voir son premier palet car on se rend compte dès le coup d'envoi que l'action va se dérouler à l'autre bout de la patinoire. Si les Corsaires évitent la correctionnelle lors des premières secondes de jeu, ils ne tiennent en tout et pour tout que neuf secondes lors de leur première infériorité numérique : débordement de Roger Jönsson côté gauche, passe en retrait de Martin Millerioux pour Petri Lehtonen qui ouvre le score (1-0, 1'47"). Les Grenoblois ont retenu la leçon des matches contre Briançon et Angers : il faut marquer tôt dans le match pour se faciliter le reste de la rencontre. C'est ce qu'ils firent avec application lorsque le capitaine Benoît Bachelet (qui pour l'anecdote fête ses trente ans aujourd'hui) démarque Christophe Tartari pour le second but (2-0, 5'54"). Les Corsaires bénéficient bien d'une supériorité numérique mais n'approchent pas de la zone grenobloise, encore moins des cages de Dietrich, et les Brûleurs se permettent même d'attaquer à quatre contre cinq. La deuxième supériorité numérique grenobloise est une copie conforme de la première, cette fois il faut onze secondes à Laurent Deschaume pour trouver le fond des filets de Macrez (3-0, 11'24"). Le festival continue à peine une minute plus tard avec le duo Bachelet-Meunier qui en rajoute une couche (4-0, 12'51"). Jönsson est tout près d'en inscrire un cinquième sur un coast-to-coast d'école, mais échoue sur Macrez après avoir traversé une défense nordiste qui ressemble à du gruyère. Les Dunkerquois parviennent tout de même à stopper l'hémorragie en tuant leur première pénalité de la rencontre mais que peuvent-ils bien espérer pour la suite du match ? Non contents de jouer sans Dewolf, ils ont perdu leur première ligne de défense au cours de ce premier tiers-temps, Scott Gordon touché à la jambe et Ghislain Folcke victime d'un traumatisme crânien.

Le début du deuxième tiers leur laisse peu d'espoir. On joue depuis à peine plus de deux minutes qu'un très bon travail de Cyril Papa est conclu comme à la parade par Romain Bachelet (5-0, 22'11"). Deux minutes plus tard, Amar sème la panique dans la défense dunkerquoise et centre en retrait pour Simon Bachelet dont le tir est dévié par le corps de Lehtonen qui inscrit, presque involontairement, son doublé (6-0, 24'09"). À ce rythme-là, on commence à se demander quand la démonstration va s'arrêter. Heureusement les Corsaires parviennent enfin à sortir la tête de l'eau sur deux supériorités numériques où ils sollicitent enfin Cédric Diétrich avec insistance. Mais leur meilleure tentative finit sur le poteau et leur compteur reste vierge. Les dix dernières minutes du tiers perdent de leur intensité avec des Brûleurs qui se contentent d'arabesques autour de la cage de Macrez et un public qui s'intéresse plus à la ola qui faisait le tour de la patinoire qu'au match en lui-même.

La troisième période semble repartie sur cette léthargie générale (avec Peyre dans les buts dunkerquois à la place de Macrez) lorsque les Dunkerquois se montrent opportunistes sur une supériorité numérique : Matthieu Becuwe récupère derrière les filets un palet repoussé par Dietrich et trouve Jean-Charles Charette qui n'a plus qu'à pousser le palet au fond des filets déserts, Dietrich ne s'étant pas encore replacé (6-1, 43'44"). Scène de liesse sur le banc dunkerquois, les Corsaires ayant visiblement atteint leur principal objectif de la rencontre. Car, derrière, comment expliquer ce qui s'est passé ? Relâchement inconscient des Dunkerquois ou désir de vengeance des Grenoblois pour n'avoir pas su préserver le blanchissage ? Toujours est-il que les Brûleurs vont faire payer très cher à Dunkerque ce but encaissé. Soudain réveillés, les joueurs de Gérald Guennelon inscrivent pas moins de trois buts en une minute ! Simon Bachelet, qui se rappelle qu'il fut attaquant dans un passé encore récent, Roger Jönsson, qui inscrit un but tout en finesse (son premier sous les couleurs grenobloises en match officiel !), et enfin Laurent Deschaume, pour un doublé, trouvent tour à tour le fond des buts dunkerquois (9-1,45'15"). Les joueurs de Karl Dewolf n'y sont plus du tout. Et l'entraînement continue pour les Brûleurs de Loups : la dizaine est atteinte par Baptiste Amar au terme d'un joli numéro de soliste, suivi de près par Christophe Tartari qui dévie un slap de la bleue du même Amar (11-1, 49'48"). N'en jetez plus, Dewolf demande un temps mort pour essayer de remotiver ses joueurs. Peine perdue. À peine quarante secondes plus tard, la douzaine est atteinte par Laurent Deschaume qui signe le coup du chapeau (12-1, 50'26"). Puis Josef Podlaha retrouve des couleurs en marquant un but "made in Jo" en récupérant le palet en zone neutre pour s'en aller en solo fusiller le pauvre Peyre qui sort lui-même de la glace dégoûté, un peu à la manière de Petrik la semaine précédente (13-1, 52'50"). Retour donc de Macrez pour le bouquet final constitué de deux réalisations de Laurent Meunier et Romain Bachelet qui signent ainsi chacun un doublé (15-1, 58'53"). Les valises sont pleines, fermez le ban.

Que dire de ce match si déséquilibré ? À vrai dire ce n'était pas vraiment un match pour les Brûleurs, mais bien un entraînement grandeur nature face à un adversaire proprement inexistant à l'exception d'une dizaine de minutes dans le deuxième tiers. Dunkerque est bien l'une des équipes les plus faibles vues à Grenoble depuis très longtemps, rejoignant au palmarès récent des plus gros cartons du club isérois en élite Viry (14-0 en 1997/98) et Épinal (15-1 en 1996/97). De quoi se poser des questions sur la crédibilité de cette équipe en Ligue Magnus. On aura tout de même une petite pensée pour les deux gardiens après un match comme celui-ci. Quant aux Brûleurs de Loups, ils ont pu bien s'amuser et peaufiner leur compteur. Ils ont inscrit 28 buts en trois matches, pas mal pour une équipe qui avait récemment du mal à se trouver offensivement. Reste maintenant à confirmer cette efficacité retrouvée contre une grosse cylindrée. Ça tombe bien, les Diables Noirs de Tours se présentent à Pôle Sud dans deux semaines...

Désignés meilleurs joueurs du match : Benoît Bachelet (Grenoble) et Jean-Charles Charette (Dunkerque)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (dans Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Je suis satisfait car j'avais demandé qu'on respecte Dunkerque jusqu'au bout et les joueurs l'ont appliqué en prenant du plaisir. Il y a peu, on était encore dans une phase délicate quant à l'efficacité offensive. Ça allait mieux depuis deux matches, il fallait le confirmer ce soir. Vous voulez savoir comment j'ai motivé mes joueurs à l'amorce du dernier tiers ? Eh ben je leur ai dit que s'ils en rajoutaient cinq, je leur payais à boire. Ils en ont mis neuf... Malgré la différence de niveau pendant soixante minutes, tout le monde a été régulier et j'ai pu titulariser mon deuxième gardien qui a effectué les bons arrêts qu'il avait à effectuer. C'est une vraie satisfaction."

Cédric Dietrich (gardien de Grenoble) : "Gérald m'a fait confiance pour entamer le match et j'ai l'impression que tout s'est bien passé. Je ne me suis pas ennuyé même si parfois, pendant dix minutes, je n'avais rien à faire. Et il faut ensuite sortir très vite de cette inactivité quand les shoots reviennent. J'avais un peu de pression mais je n'étais pas inquiet. Je ne m'attendais quand même pas à une telle avalanche de notre part."

Karl Dewolf (entraîneur de Dunkerque) : "C'est difficile à vivre car on n'a vraiment pas été à la hauteur. Inexistants, même. Mais face à une équipe euphorique et à qui tout souriait, on mérite ce résultat tant on n'a pas été présent. Dès ce soir nous devons oublier ce match et remotiver les troupes. On doit être capable de rebondir pour viser le maintien, notre objectif annoncé. Nous n'avons ni l'équipe, ni le budget pour le haut de tableau. Notre marge de progression est énorme."

 

Grenoble - Dunkerque 15-1 (4-0, 2-0, 9-1)

Samedi 6 novembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3387 spectateurs.

Arbitrage de Alexandre Bourreau assisté de Nicolas Charmillot et Grégory Véricel.

Pénalités : Grenoble 14' (4', 6', 4'), Dunkerque 8' (6', 2', 0').

Évolution du score :

1-0 à 01'47" : Lehtonen assisté de Millerioux et Jönsson (sup. num.)

2-0 à 05'54" : Tartari assisté de B. Bachelet et Antonoff

3-0 à 11'24" : Deschaume assisté de B. Bachelet et Meunier (sup. num.)

4-0 à 12'51" : Meunier assisté de B. Bachelet

5-0 à 22'11" : R. Bachelet assisté de Papa et Bonnard

6-0 à 24'09" : Lehtonen assisté de S. Bachelet et Amar

6-1 à 43'44" : Charette assisté de Becuwe et Bardet (sup. num.)

7-1 à 44'18" : S. Bachelet assisté de Meunier et B.Bachelet

8-1 à 44'45" : Jönsson assisté de Bonnard

9-1 à 45'15" : Deschaume assisté de R. Bachelet et Papa

10-1 à 48'58" : Amar assisté de Deschaume et R. Bachelet

11-1 à 49'48" : Tartari assisté de Amar et Podlaha

12-1 à 50'26" : Deschaume assisté de Meunier et B. Bachelet

13-1 à 52'50" : Podlaha

14-1 à 57'33" : Meunier assisté de Amar

15-1 à 58'53" : R. Bachelet assisté de S. Bachelet et Mary

 

Grenoble

Gardien : Cédric Dietrich.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Martin Millerioux ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Nicolas Favarin ; Vincent Mary.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Christophe Tartari - Nicolas Antonoff - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa - Laurent Deschaume - Romain Bachelet.

Remplaçant : Patrick Rolland (G). Absents : Yven Sadoun (entorse de la cheville), Pasi Järvinen (adducteurs) et Timo Bayon (blessé).

Dunkerque

Gardiens : Landry Macrez (remplacé par Julien Peyre de 40'00" à 52'50").

Défenseurs : Ghislain Folcke - Scott Gordon ; Grégory Dubois - Benoît Guillemot ; Clément Derepper - Benjamin Louf.

Attaquants : Benjamin N'Guyen - Daniel Saint-Amant - Clément Thomas ; Matthieu Becuwe - Mickaël Bardet - Jean-Charles Charette ; François Lenière - Christophe Eichenholc - Arnaud Péan.

Absent : Karl Dewolf (douleurs dorsales).

 

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