Tours - Amiens (16 novembre 2004)

 

Match comptant pour la quinzième journée de Ligue Magnus.

Les héros sont-ils fatigués ? Toujours en tête du championnat, les Diables noirs recevaient les champions de France en titre, les Gothiques d'Amiens, pour leur deuxième match en quatre jours.

Après une large victoire sur Dijon (7-3), le groupe de Millette doit de nouveau faire face à un adversaire sérieux. Amiens a bien réussi à Tours la saison passée. Dans sa préparation d'avant-match, le coach canadien était confiant. Il sentait ses joueurs très motivés et gonflés à bloc. Oubliée la fatigue, oubliés les coups reçus, les Tourangeaux enfilent une fois de plus leur "bleu de chauffe" et partent à l'assaut des cages de Mindjimba.

Et cette année encore, l'ASGT est resté le maître dans sa patinoire. Pour autant, le succès n'a pas été facile. La faute tout d'abord à des Gothiques très accrocheurs, très rugueux. Le début du premier tiers est assez insipide, avec deux équipes qui se neutralisent, les défenses prenant largement le pas sur les attaques. Rien de bien construit, les joueurs ne parvenant pas à se mettre en position de shoot.

Après une première pénalité pour Tours (Philippe, Roy, 3'10 pour accrocher), la première action digne d'intérêt sera à l'actif des Tourangeaux avec un 2 contre 1 mal négocié (6'02). Peter Bohunicky, assez peu en jambes hier soir, écope à son tour de deux minutes (7'11 pour retenir) mais Amiens ne sait pas en profiter. On notera toutefois, en toute fin de jeu de puissance, le déboulé de Luc Chauvel sur lequel Sopko est à la parade (9'06). Quelques secondes plus tard, c'est Jonathan Roy qui pointe le bout de sa palette pour une occasion assez nette ; Mindjimba dévie (9'26).

Et c'est sur une phase de jeu presque anodine que la défense de Tours se fait surprendre par un lancer d'Anthony Mortas, qui reprend sans contrôle un palet repoussé dans l'axe. Sopko, masqué par le trafic devant son but, ne peut que constater les dégâts (0-1, 10-12). Piqués au vif, les coéquipiers de Gleize réagissent rapidement, poussant Brice Chauvel à commettre une faute (11'11). Sur le jeu de puissance, Pulscak décale Anton Poznik, dont le lancer puissant est capté impeccablement. Peu après, ce même Poznik rate carrément le palet sur une mise en situation idéale. Sans doute une belle occasion de ratée.

Le jeu continue de se durcir, et Loïc Sadoun fait les frais de la rugosité défensive amiénoise (12'24). L'ASGT se fait beaucoup plus présente (occasions pour Jonathan Roy puis pour Kent Gillings), Amiens se contentant de rester très regroupé, sans prendre de risques. Le premier tiers se termine sur une occasion tourangelle (Bohunicky, 16'41) et sur une pénalité infligée à Jonathan Roy pour dureté (18'37).

De retour des vestiaires, les esprits ne se sont pas tous calmés : M. Bocquet, l'arbitre de la rencontre, renvoie sur le banc des prisons Anton Poznik (2'+10' pour dureté) et Julian Marcos (2') dès la première minute ; peu après, Laurent Gras rejoint son coéquipier, ce qui donne à jouer un 4 contre 3 pour Tours. Quand on sait combien les joueurs de Tours apprécient les espaces laissés par leurs adversaires, on se dit que l'affaire est bonne. Hélas, une seule petite occasion à se mettre sous la dent, celle de Gillings (22'15), un lancer dévié.

Amiens continue, sporadiquement, à se montrer dangereux : il faut un double arrêt de la mitaine de Sopko pour annuler les tentatives d'Élie Marcos puis de la nouvelle recrue slovaque Michal Vrabel (4'). Côté tourangeau, l'homme en forme est Jonathan Roy, comme on le verra plus loin. Il inquiète régulièrement la défense d'Amiens et son portier, notamment sur un raid tout en puissance sur le côté gauche de Mindjimba. Un peu trop décalé, il parvient à redresser sa course pour repiquer sur la cage picarde, mais Mindjimba, aidé d'un défenseur, parvient à écarter le danger (24'32).

Pour l'instant, l'ASGT est encore menée. Elle n'est pas dominée par Amiens, loin s'en faut, mais les attaquants internationaux représentent toujours un danger. Témoin le 2 contre 2 négocié par les frères Chauvel. Brice, porteur du palet, profite de l'appel de son frère et tente sa chance mais Sopko ne s'y est pas laissé tromper (25'55).

L'ASGT ressent le besoin de trouver un second souffle. Amiens n'en demande pas tant et tente d'accroître son avantage en profitant notamment des petites erreurs défensives de Tours : Sopko est même obligé de récupérer le palet et de le geler mettant ainsi fin à une situation délicate pour ses partenaires (27'08). On arrive à la mi-match et les Diables noirs n'ont toujours pas trouvé la solution pour faire sauter le verrou amiénois. À chaque occasion franche tourangelle correspond une attaque amiénoise tout aussi dangereuse. Il faut toute l'expérience de Robert Fail pour faire échec à un 2 contre 1 d'Amiens (30'08). Les antagonismes, jusque là mis entre parenthèses, éclatent de nouveau au grand jour, notamment entre Paillet et Willman. Le premier prend 2' et le second 2'+10' pour dureté (31'17).

Après un premier lancer de Philippe Roy, bien capté, c'est son homologue, Jonathan Roy qui trouve enfin la faille. Ce n'est pas un but d'école, loin de là, puisque c'est sur un tir depuis le côté droit de la cage de Mindjimba, que le palet, dévié par une crosse devant le slot du gardien, franchit la ligne de but, prenant le gardien complètement au dépourvu. Un but un peu chanceux, certes, mais qui récompense un travail complet de l'équipe (1-1, 32'30).

C'était sans doute le déclic qu'il fallait pour les joueurs de Millette. Les occasions les plus nettes sont à mettre à l'actif des locaux : Loïc Sadoun sur un décalage de Simko (34'10), belle combinaison du bloc d'attaquants Bohunicky-Eizenman-Gillings (35'31), lancer de Gillings (35'55), action de Sadoun qui voit sa dernière passe (superbe dans l'intention) coupée au dernier moment par un défenseur adverse (37'), lancer de Stepan, puissant, qui oblige Mindjimba à laisser un rebond, repris par Jo Roy (39'17). Amiens n'aura en tout et pour tout qu'une seule occasion sur cette période, sur un lancer d'Anthony Mortas, mais Sopko arrête une fois de plus de la mitaine (36'12). Les deux équipes regagnent les vestiaires sur ce score de parité. Amiens s'en tire bien au vu des occasions tourangelles mais de leur côté, les Picards n'étaient pas très loin de faire le break.

Tours démarre le dernier tiers avec la même envie d'avant la pause. Gillings profite d'un écran et d'une passe en retrait de Bohunicky pour lancer, masqué, sur Mindjimba qui dévie in extremis (40'30) et presqu'aussitôt, Élie Marcos est pris par la patrouille sur une crosse haute (40'49). Un geste lourd de conséquence puisque sur la supériorité qui s'ensuit, Jo Roy, l'homme de la soirée, récupère le palet dans le cercle d'engagement à gauche de Mindjimba, s'avance, prend le tir et nettoie la lucarne, dans un angle très fermé. Un petit chef d'śuvre de précision qui donne l'avantage aux Tourangeaux (2-1, 41'47). À la joie légitime de mener enfin la partie succède l'inquiétude d'avoir marqué si tôt dans la troisième période. Il va falloir tenir. Et même si Amiens ne semble pas transcendant dans son jeu, les qualités individuelles de ses joueurs sont toujours autant d'atouts.

La partie change de physionomie. Sous la pression picarde, Tours joue désormais plus repliée. À la limite, c'est un système de jeu qui lui convient parfaitement. Elle peut procéder en contre. Il faut toutefois résister aux attaques, et c'est tout le travail accompli cette année par l'équipe, à commencer par Sopko, dernier rempart, aidé de toute son équipe qui abat un boulot énorme devant lui. L'ASGT attend, parvient à récupérer les palets et à les sortir proprement de sa zone. Amiens se découvre de plus en plus au fur et à mesure que défile le chrono mais ne parvient pas franchement à se créer de nettes occasions. Jan Simko et Philippe Roy en profitent pour jouer un 2 contre 1, Roy décidant de tenter sa chance plutôt que de combiner, sans succès (51'07).

S'approchant difficilement des filets de Sopko, Amiens s'en remet tantôt à ses artificiers (et notamment Michal Vrabel à deux reprises), tantôt à ses techniciens comme sur ce 3 contre 2 mené de main de maître. Mais c'était sans compter avec le jeu de crosse du portier de Tours qui coupe la passe au bon moment (56'37). La tension monte encore d'un cran lorsque Frantisek Pulscak est puni de deux minutes pour obstruction à trois minutes de la fin du match. Sur le jeu de puissance, Jonathan Zwikel oblige Sopko à exécuter un arrêt en deux temps, sur son slap puissant à la bleue (58'45).

Le coach amiénois Antoine Richer en profite pour demander un temps mort. Mindjimba est prêt à sortir. Le jeu se déroule essentiellement dans la moitié de patinoire tourangelle. Il ne faut pas craquer. Un sixième Gothique entre sur la glace (58'57). Le palet est envoyé au fond par Amiens, pour faire travailler ses attaquants. Mais Tours a cette année une capacité à gérer ce genre de situation qu'elle ne possédait pas auparavant. Grâce, encore une fois, à un travail énorme de ses blocs d'attaquants.

Amiens est à deux doigts d'égaliser, après un tir puissant, à côté de la cage de Sopko, mais la rondelle qui rebondit sur la balustrade, donne une chance supplémentaire de marquer mais c'est Alon Eizenman qui récupère le palet. Il le conserve dans un premier temps, parvient à se dégager de la masse de joueurs et lance depuis sa zone dans la cage désertée (3-1, 59'13).

C'en est fini des espoirs amiénois. L'ASGT réussit à faire chuter son troisième "grand" de la Ligue Magnus, après Rouen et Mulhouse. Par cette victoire, elle se place dans des conditions psychologiques idéales pour aborder son prochain match, un déplacement périlleux à Grenoble. Un autre sérieux test pour les Diables noirs.

Compte-rendu signé E. O'Grady

 

Commentaires d'après-match (dans La Nouvelle République)

François Gleize (capitaine de Tours) : "Le coach a fait tourner beaucoup de joueurs en infériorité numérique. C'est déterminant de se montrer présent sur les jeux de puissance quand le match est engagé comme cela. Au final, il a dû nous rester un gramme de plus de fraîcheur qu'eux, c'est là que s'est fait la différence. Les Amiénois avaient aussi les jambes lourdes car ils sortaient d'un match de la sélection. Ce sont des points en or que l'on récolte contre le champion de France. Ça me surprend presque d'être leader après tout ce temps, mais le championnat est long. Dans quelques mois on aura oublié qui était le champion d'automne."

Jonathan Roy (attaquant de Tours) : "Depuis trois matchs notre ligne avait été assez malheureuse. On travaillait mais rien ne marchait, ces deux buts ont donc été un soulagement. Sur le premier, j'essaie de faire une passe à Rob (Millar) et le palet est dévié par la crosse d'un défenseur. Sur le second je rentre à l'aile droite et je trouve la lucarne... Nous ne sommes pas le genre d'équipe extra-talentueuse offensivement, on n'a pas de marqueur de cinquante buts dans l'équipe mais on compense en étant régulier sur la totalité des soixante minutes du match. Ça ne nous réussit pas plus mal !"

Benoît Paillet (attaquant de Tours) : "Pour moi c'était intéressant de rejouer contre Amiens où j'avais passé sept années. Leur groupe est homogène et de qualité mais il manque de fantaisie, en attaque notamment. Depuis mon retour de blessure, je bénéficie d'un peu plus de temps de glace et j'évolue sur un bloc complet. J'espère pouvoir tirer mon équipe encore un peu plus vers le haut."

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "Tours est une très belle équipe. Solide défensivement, prenant son temps, disciplinée, distillant de grosses accélérations et sans complexe."

 

Tours - Amiens 3-1 (0-1, 1-0, 2-0)

Mardi 16 novembre 2004 à 20h00 à la patinoire municipale de Tours. 1500 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Mickaël Juret et Damien Bliek.

Pénalités : Tours 22' (6', 4'+10', 2'), Amiens 12' (2', 8', 2').

Évolution du score :

0-1 à 10'12" : Mortas assisté de Bachet

1-1 à 32'30" : J. Roy assisté de P. Roy (sup. num.)

2-1 à 41'47" : J. Roy assisté de Sadoun et Millar (sup. num.)

3-1 à 59'13" : Eizenman (cage vide)

 

Tours

Gardien : Ramon Sopko.

Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Anton Poznik - František Pulscak (A) ; Robert Fail.

Attaquants : Éric Perricone - Jonathan Roy - Rob Millar ; Peter Bohunicky - Alon Eizenman - Kent Gillings ; Jan Simko - François Gleize (C) ou Benoît Paillet - Loïc Sadoun.

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), José Deshais, Marcel Simak (présent mais toujours convalescent).

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba (sorti de sa cage à 58'45" à 59'13").

Défenseurs : Denis Perez - Michal Vrabel ; Vincent Bachet - Guillaume Karrer ; Mathieu Jestin - Timo Willman.

Attaquants : Brice Chauvel - Laurent Gras (A) - Luc Chauvel (C) ; Élie Marcos - Anthony Mortas (A) - Simon Petit ; Julian Marcos - Jonathan Zwikel - Julien Lefranc.

Remplaçants : Jérôme Plumejeau (G), Benjamin Dieude-Fauvel, Thomas Roussel, Lionel Wiotte. Absents : François Rozenthal (cervicales), Richard Aimonetto (genou).

 

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