Grenoble - Tours (20 novembre 2004)

 

Match comptant pour la quinzième journée de la Ligue Magnus.

Grosse affiche à Pôle Sud pour cette dernière journée des matches aller entre le leader tourangeau et un de ses poursuivants. Une affiche qui faisait figure de test révélateur pour chaque équipe. Pour les Brûleurs de Loups d'abord, qui ont jusqu'à présent grandement peiné face aux équipes de tête du championnat (une défaite face à Rouen et trois nuls face à Mulhouse, Angers et Briançon) et qui ont besoin d'un vrai test après avoir empilé les points face à des équipes de moindre valeur. Pour les Diables Noirs ensuite, leaders aussi surprenants qu'incontestés de la Ligue Magnus qui pour la première fois de la saison ont l'occasion de se tester à l'extérieur face à un des favoris pour le titre. Bref tous les ingrédients étaient réunis pour assister à un gros match. Chaque équipe devait se priver d'un de ses cadres défensifs, Marcel Simak à Tours et Jean-François Bonnard à Grenoble.

L'enjeu ne bloquait pas les acteurs et la rencontre partait à cent à l'heure dès le coup d'envoi. Une première incursion tourangelle et Jönsson était poussé à la faute après moins de trente secondes de jeu. M. Avavian avait visiblement décidé de ne rien laisser passer dans ce match très tendu. Une impression confirmée quelques secondes plus tard avec une pénalité toute aussi peu évidente sifflée à l'encontre de Perricone qui pouvait passer pour de la compensation. À quatre contre quatre, la vitesse des Diables Noirs va faire la différence : Jonathan Roy déborde côté droit et centre pour Anton Poznik complètement oublié par la défense grenobloise. Le défenseur slovaque n'a plus qu'à ajuster Rolland avec sang-froid (0-1, 01'43"). Sonnés, les Brûleurs de Loups essaient bien de réagir mais une nouvelle pénalité infligée cette fois à Meunier les freine dans leur élan. Une fois le danger écarté, les Grenoblois prennent le jeu à leur compte et se mettent à bombarder les cages de Sopko avec en point d'orgue une supériorité numérique (Gillings) parfaitement négociée. Mais le gardien tourangeau sort le grand jeu et préserve ses cages inviolées. Et alors qu'on pense les hommes de Gérald Guennelon sur la bonne voie, le rapide Simko déborde sur son aile gauche, parvient à revenir au centre malgré la présence totalement inutile de Tommi Hämäläinen et crucifie Rolland dans un fauteuil (0-2, 13'42"). Gros coup de froid à Pôle sud. Les Brûleurs tentaient bien de revenir dans la partie avant la pause mais leurs nombreux tirs en direction de la cage tourangelle ne faisaient que mettre un peu plus en valeur Ramon Sopko. C'est donc avec deux buts de retard dus à deux erreurs défensives majuscules que les Grenoblois rentraient au vestiaires. Pas simple face à un leader qui semblait sûr de son fait.

Étonnant changement de décor à la reprise. D'entrée, les Diables noirs se trouvent acculés dans leur zone, pressés par des Grenoblois qu'on a rarement vus aussi engagés cette saison. Si Bachelet se retrouve sanctionné en compagnie de Millar, pour en avoir un peu trop fait, ce changement d'état d'esprit va bientôt avoir des retombées positives. Profitant des espaces laissés par le jeu à quatre contre quatre, Hämäläinen se rachète de son erreur du premier tiers et adresse une longue passe millimétrée à Petri Lehtonen à la limite du hors-jeu. Le centre finlandais déborde son défenseur côté gauche et envoie le palet dans la lucarne opposée de Sopko (1-2, 22'22"). Après le coup de froid, c'est maintenant un vent de folie qui se met à souffler sur Pôle Sud. Le pressing grenoblois est énorme, la défense tourangelle prise de vitesse et Ramon Sopko ne sait plus où donner de la tête. Meunier récupère le palet derrière la cage, revient devant sans opposition, couche Sopko et loge le palet dans la lucarne (2-2, 23'07"). En un peu plus de trois minutes, les Brûleurs de Loups sont revenus à égalité et un nouveau match commence.

Les Diables Noirs se doivent de réagir et la tension monte d'un cran lorsque Eizenman laisse traîner une crosse après un arrêt de Patrick Rolland, ce qui n'est pas du goût d'Hämäläinen. La partie s'emballe sous l'impulsion de Grenoblois déchaînés, auteurs des vingt minutes les plus accomplies de leur saison. Les hommes de Robert Millette, déstabilisés et groggys, ne parviennent plus à sortir de leur zone. M. Avavian essaye de tenir le match en continuant de distribuer des pénalités de part et d'autre. Sur une supériorité numérique, un slap de Nicolas Favarin est repoussé par Sopko dans la crosse de Christophe Tartari qui saisit sa chance sur le rebond (3-2, 34'56"). Peut-être un peu trop sûrs de leur fait, les Grenoblois se font deux grosses frayeurs sur une supériorité numérique jouée un peu trop "facile". Incroyable retournement de situation en faveur de Brûleurs de Loups transfigurés qui auraient même pu revenir aux vestiaires avec un avantage encore plus conséquent.

Avec seulement un but d'avance, les hommes de Gérald Guennelon ne peuvent se permettre de trop reculer au début de la dernière période. Pourtant on retrouve sur la glace une équipe beaucoup plus prudente, se contentant de bloquer les Diables Noirs à la ligne bleue. Une tactique qui aurait pu s'avérer payante si les Grenoblois ne s'étaient pas fait surprendre sur un palet perdu à leur ligne bleue offensive. Loïc Sadoun et Alon Eizenman développent rapidement un deux contre un qui se termine au fond des filets d'un Patrick Rolland pas très chanceux (3-3, 43'10"). Après avoir laissé passer l'orage, les Tourangeaux se relancent dans le match en rappelant qu'ils sont très dangereux dans l'art de la contre-attaque. Grenoble a l'occasion de reprendre les devants sur un jeu de puissance très bien géré. Mais les esprits s'échauffent, entre Frantisek Pulscak et Yven Sadoun notamment, et le banc des pénalités se trouve d'un coup bien garni. Une fois les esprits calmés, les Brûleurs reprennent une domination similaire à celle de la première période et Ramon Sopko sort encore une fois le grand jeu sur trois tirs consécutifs de Bachelet, Sadoun et Järvinen. À force d'être canardé, le gardien slovaque finit par craquer : Laurent Meunier, le grand bonhomme de la rencontre, récupère un palet repoussé par Sopko et le glisse au fond des filets (4-3, 53'02"). Avantage décisif à sept minutes de la fin du match mais qui ne tient qu'à un fil. Les coups pleuvent encore entre Paillet et Sadoun et une pénalité infligée à Josef Podlaha donne une occasion rêvée aux Diables Noirs qui jettent toutes leurs forces dans la bataille. La fin de match est complètement folle : Tours se voit refusé un but qui a été marqué après le coup de sifflet de l'arbitre, Benoît Bachelet rate la cage laissé vide par Ramon Sopko dans la dernière minute et le chrono de Pôle Sud perd la boule... Mais le score ne bouge finalement pas et les Brûleurs remportent un succès de prestige face au leader qui ne s'incline que pour la deuxième fois cette saison.

Très joli match entre deux équipes qui ont offert du spectacle à Pôle Sud. Tours s'est montré très à son aise lors de la première période en étant solide défensivement et en développant des contre-attaques fulgurantes. Sopko a été fantastique dans ses cages malgré les quatre buts encaissés. Les Diables Noirs ont montré, si besoin en était, qu'ils étaient une équipe soudée et homogène. En revanche ils ont beaucoup trop reculé lorsque Grenoble a accéléré en deuxième période et ont ainsi montré leurs limites quand ils jouent sous la pression.

Du côté grenoblois, les vingt premières minutes laissaient craindre le pire en étant un condensé de la saison entre inefficacité offensive et approximations défensives. La réaction n'en fut que plus belle avec une équipe grenobloise qui a su relever le défi physique de Tours et imprimer un engagement incroyable dans la rencontre. Au rang des satisfactions, une nouvelle fois Laurent Meunier qui a montré par sa hargne et son niveau technique pourquoi Dave Henderson l'avait nommé capitaine de l'équipe de France. Grenoble attendait depuis longtemps cette victoire face à un cador du championnat. Reste maintenant à confirmer ce niveau de jeu dans la durée pour enfin justifier les ambitions du début de saison.

Désignés meilleurs joueurs du match : Laurent Meunier (Grenoble) et Jan Simko (Tours).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Tours 4-3 (0-2, 3-0, 1-1)

Samedi 20 novembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3400 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Damien Velay et Nicolas Barbez.

Pénalités : Grenoble 26' (4', 10', 12'), Tours 40' (6', 12', 22').

Évolution du score :

0-1 à 01'43" : Poznik assisté de J. Roy et Simko

0-2 à 13'42" : Simko assisté de L. Sadoun et Paillet

1-2 à 22'22" : Lehtonen assisté de Hämäläinen

2-2 à 23'07" : Meunier assisté d'Amar et Järvinen

3-2 à 34'56" : Tartari assisté de Favarin (sup. num.)

3-3 à 43'10" : Eizenman assisté de L. Sadoun

4-3 à 53'02" : Meunier

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Nicolas Favarin (A).

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Yven Sadoun - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Christophe Tartari - Nicolas Antonoff (puis Laurent Deschaume) - Kévin Hecquefeuille.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Cyril Papa, Romain Bachelet, Timo Bayon et Martin Millerioux. Absent : Jean-François Bonnard (suspendu).

Tours

Gardiens : Ramon Sopko (sorti à 59'00").

Défenseurs : Anton Poznik - Frantisek Pulscak (A) ; Robert Fail - Philippe Roy (A) ; Radek Stepan.

Attaquants : Peter Bohunicky - Alon Eizenman - Kent Gillings ; Eric Perricone - Jonathan Roy - Rob Millar ; Jan Simko - Loïc Sadoun - Benoît Paillet ; François Gleize (C).

Remplaçants : Vladimir Hiadlovsky (G), José Deshais. Absent : Marcel Simak.

 

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