États-Unis - Bélarus (29 décembre 2004)
Championnats du monde des moins de 20 ans 2005, groupe A.
Les États-Unis, tenants du titre et pays organisateur, ont parfaitement commencé le tournoi en remportant leurs deux rencontres face à la Russie puis la Suisse. Toutefois, la défense suscite des inquiétudes. Montoya ne s'est pas vraiment montré rassurant, c'est pourquoi Scott Sandelin décide de tester Cory Schneider, héros de la médaille d'argent en moins de 18 ans au printemps dernier. En face, le Bélarus court toujours après son premier succès, et ce ne sont pas les lourdes défaites subies qui vont rassurer l'équipe...
Pourtant, à l'image du début de match léthargique des États-Unis face à la Suisse, le pays hôte démarre la partie en douceur. Peut-être trop sûrs d'eux, les Américains font souvent preuve de nonchalance. L'écart entre les deux formations est sans doute jugé trop important pour avoir à s'inquiéter... Mais à jouer avec le feu, on se brûle. En décidant de se passer de Casey Borer, Sandelin a lancé dans le grand bain plusieurs jeunes défenseurs inexpérimentés et les palets perdus se multiplient. Face à la vitesse d'Andrei Kastsitsyn, cela ne pardonne pas. Il se régale dans les espaces et trouve une occasion en or en infériorité numérique. Il déborde l'arrière-garde américaine pour servir Efyamenka (alias Efimenko) en échappée partielle pour le 1-0. Le public est surpris par cette ouverture du score car le nombre de tirs est en faveur des locaux... Les chants s'arrêtent soudainement. Le festival Kastsitsyn est loin d'être terminé. Décidé à montrer que les Canadiens de Montréal ont bien fait de le choisir en dixième position de la draft en 2003 (un record pour un Biélorusse), l'ailier des Hamilton Bulldogs perce une nouvelle fois le rideau défensif adverse et sert son compère Vadim Karaha de derrière la cage. Le petit centre s'en va tromper Cory Schneider au dessus du bras pour le 2-0. Décidément, cette première période est pleine de surprises... Résistant en infériorité numérique, les Européens s'inclinent en revanche à quatre contre quatre grâce à un but spectaculaire de Phil Kessel depuis le cercle d'engagement. Défini comme le "Crosby américain" par certains médias, le joueur de seize ans et recordman de buts du programme de formation américain se révèle comme le meneur de l'équipe junior ! Pendant une pénalité stupide de Patrick O'Sullivan, Kessel transforme une passe transversale de Dowell. L'ultime pénalité contre Savin ne permet pas aux Américains de revenir, mais le public ne s'affole pas. Il n'y a que 2-1 et les lancers restent favorables aux États-Unis.
Pourtant, la deuxième période ne peut plus mal commencer. Savin, sanctionné en fin de premier tiers, porte en effet la marque à 3-1 quelques secondes après sa sortie de prison en contournant tranquillement la cage. Il bénéficie du bon travail d'Efyamenka, très en vue ce soir. Cette fois-ci, les choses deviennent sérieuses : la Biélorussie n'avait marqué que quatre buts en deux matchs, et les voilà avec trois réalisations en vingt-deux minutes... Sandelin lance alors Alvaro Montoya dans les cages pour reprendre la situation en main. L'effet est loin d'être évident puisque le portier de l'université du Michigan s'incline d'entrée sur un tir de loin de Kukushin digne des Jeux Olympiques 2002 : le syndrome suédois est de sortie ! L'écart rend les États-Unis fébriles et un temps mort n'y change rien. L'énervement est visible, l'arbitre ne s'y trompe pas et renvoie trois joueurs à la méditation sur le banc des pénalités en quelques secondes. La double supériorité numérique traîne en longueur mais les Américains s'en sortent.
Le public lâche son équipe, applaudissant ironiquement un arrêt facile de Montoya sur un tir de loin... Andrei Kastsitsyn, l'homme du match, est à son tour récompensé par un but en exploitant un nouveau palet bêtement perdu par Likens et en prenant de vitesse le capitaine Suter... 5-1 après 34 minutes, c'est une humiliation pour le tenant du titre qui restait sur huit matchs sans défaite aux championnats du monde juniors ! L'indiscipline biélorusse relance malgré tout la partie. Kolasau part en prison et le régional de l'étape Drew Stafford conclut une action de Patrick O'Sullivan à moins d'une minute de la sirène. 5-2, le score reste lourd mais l'espoir renaît. Toutefois les 21 tirs à 16 au profit des Américains se révèlent trompeur puisque l'essentiel du match s'est joué dans le camp de Montoya... Pas de cœur ni de combativité, le public s'impatiente.
Le début de troisième tiers confirme cette impression. Ryan Callahan, excellent depuis le premier match, déborde et sert Mike Brown, qui lance de loin et près de la balustrade pour le 5-3 (décidément, le syndrome suédois marche des deux côtés). On se dit que les Biélorusses vont avoir du mal à tenir, mais le gardien Goryachevskikh n'a jamais aussi bien joué (39 arrêts dont 20 en dernier tiers). Il sort tout, y compris lorsque son équipe se retrouve en infériorité numérique à deux reprises. Montoya sort de sa cage pour un attaquant supplémentaire à moins de deux minutes de la fin mais rien n'y fait : le Bélarus remporte une victoire historique. Quelques échauffourées après le coup de sifflet final illustrent la frustration américaine...
Pour les États-Unis, c'est la soupe à la grimace même s'ils conservent les cartes en main : une victoire face aux Tchèques les assurera de la première place du groupe A. Il attendent toutefois des nouvelles de Chris Bourque, touché au genou et qui devait passer une IRM.
Désignés joueurs du match : Phil Kessel pour les États-Unis et Andrei Kastsitsyn pour le Bélarus.
Compte-rendu signé Nicolas Leborgne
Commentaires d'après-match :
Scott Sandelin (entraîneur des Etats-Unis) : "Je trouve qu'ils ont fait un très bon match. Ils ont su profiter de nos erreurs. Je pense que nous avons perdu trop de palets ce soir. En ce moment, nos gardiens doutent un peu mais j'ai confiance en eux. Nous devons mieux les protéger. Nous devrons jouer face aux Tchèques pendant soixante minutes à la manière de notre troisième tiers-temps."
Drew Stafford (attaquant des États-Unis) : "Ils ont eu beaucoup de rebonds favorables. Nous devons mettre cela de côté pour nous reconcentrer sur le prochain match."
Mikhaïl Zakharov (entraîneur du Bélarus) : "C'est toujours important de battre un grand adversaire comme les États-Unis. C'était un très beau match. Mais il nous faut encore survivre dans l'élite mondiale et batailler dur pour éviter la relégation. Indubitablement, ce résultat est en partie dû au fait que les Américains ont sous-estimé notre potentiel. Ils ne s'attendaient pas à ce que nous nous procurions autant d'occasions. Mais il y a deux ans, au Mondial des moins de 18 ans, nous avions fait match nul contre eux 3-3. L'équipe de ce soir est la même. On peut résister au favori quand chaque joueur remplit sa tâche. Si nous avions joué comme ça contre la Russie, ils ne nous auraient pas battus aussi facilement."
Andrei Kastsitsyn (attaquant du Bélarus) : "En fait, nous avons simplement lancé au fond au lieu de vouloir contrôler le palet, contrairement aux matchs précédents. Jusqu'ici, par rapport au style canado-américain préconisé par la majorité des équipes, notre transition de la défense à l'attaque était trop lente et nous faisions trop de passes en zone neutre. Aujourd'hui, nous avons joué 'local', avec beaucoup de rythme et de pression. Je suis fier de cette victoire, cela nous donne la confiance pour jouer contre les meilleurs du monde."
États-Unis - Bélarus 2-5 (1-2, 1-3, 1-0)
Mercredi 29 décembre 2004 à 19h30 à la Ralph Engelstad Arena de Grand Forks. 8038 spectateurs.
Arbitrage d'Ulf Rönnmark (SUE) assisté de Tobias Wehrli (SUI) et Lars Schröter (ALL).
Pénalités : États-Unis 12' (2', 6', 4'), Belarus 38' (8', 2', 28').
Tirs : États-Unis 42 (12, 9, 21), Belarus 26 (7, 9, 10).
Évolution du score :
0-1 à 09'14" : Efyamenka assisté de A. Kastsitsyn
0-2 à 15'38" : Karaha assisté de A. Kastsitsyn
1-2 à 17'47" : Kessel assisté de Likens et Dowell
1-3 à 22'10" : Savin assisté de Efyamenka
1-4 à 23'26" : Kukushin assisté de Savin et Haranin
1-5 à 34'16" : A. Kastsitsyn
2-5 à 39'14" : Stafford assisté de O'Sullivan (sup. num.)
3-5 à 42'11" : Brown assisté de Callahan et Hunwick
États-Unis
Gardiens : Cory Schneider puis Alvaro Montoya à 22'41".
Défenseurs : Ryan Suter - Jeff Likens ; Brian Lee - Matt Hunwick ; Nate Hagemo - Alex Goligoski.
Attaquants : Kevin Porter - Dan Fritsche - Chris Bourque ; Ryan Callahan - Patrick O'Sullivan - Drew Stafford ; Robbie Schremp - Phil Kessel - Jacob Dowell ; Mike Brown - Adam Pineault - T.J. Hensick ; Shawn Weller.
Remplaçant : Casey Borer.
Bélarus
Gardien : Stepan Goryachevskikh.
Défenseurs : Viachaslau Shypila - Dzmitry Yadeshka ; Andrei Karev - Siarhei Giro ; Vauhen Haranin - Aliaksei Shahau ; Vadzim Sushko - Siarhei Kolasau.
Attaquants : Siarhei Kukushin - Aleksei Savin - Siarhei Kastsitsyn ; Aleksei Ugarov - Artsiom Volkau - Konstantin Zakharov ; Vadim Karaga - Aleksei Efyamenka - Andrei Kastsitsyn ; Raman Blokh - Pavel Asmalouski - Oleg Frolov.