Quart de finale des championnats du monde des moins de 20 ans 2005.

Ce quart de finale inattendu s'annonce plein de surprises. La Suède s'est sortie de justesse du groupe B, s'emparant de la deuxième place grâce à son ultime succès par blanchissage sur la Slovaquie. De l'autre côté, les États-Unis, tenants du titre, ont gaspillé la première place après deux défaites de rang. Le moral est cependant revenu côté américain car, en dépit de la défaite face aux Tchèques, le jeu proposé était de bien meilleure qualité.

Le début de match est équilibré. La Suède a surpris son monde en alignant dans les cages David Rautio, mais celui-ci entame bien la rencontre. Les Nordiques ouvrent logiquement la marque par Loui Eriksson, exploitant un bon travail de Salmonsson en une-deux. Les États-Unis peinent à entrer dans la rencontre. Ils paraissent crispés mais bénéficient d'un atout incroyable en la personne de Phil Kessel. Le benjamin de l'équipe, attaquant du programme de formation des moins de 18 ans, qui ne compte que deux points jusque là, gène la prise de palet du gardien sur un tir capricieux de Suter. Kevin Porter exploite le rebond pour l'égalisation, peu après un but refusé... de Kessel. Les deux équipes se montrent ensuite disciplinées : il faut attendre les dernières minutes pour assister à la première pénalité, sans conséquence pour la Suède.

La deuxième période est beaucoup plus soutenue et constante. L'accélération des Américains est sensible. Plus confiants, ils passent devant par le local Drew Stafford, qui reprend une mise au jeu de Fritsche. Vétéran du titre 2004, Dan Fritsche réalise un tournoi remarquable compte tenu du petit nombre de rencontres qu'il a disputé cette année. Dans la foulée, le public chaud bouillant explose. Phil Kessel, encore lui, récupère un palet dans sa propre zone avant de passer en revue toute la défense suédoise. Après avoir éliminé Fransson, il trompe tranquillement le portier scandinave pour un incroyable but, plein de maîtrise technique et de vitesse. Les supporters sont debout devant le plus beau but du tournoi ! La tension monte et les deux formations patinent deux minutes à quatre contre quatre, sans succès. La Suède revient dans le match peu après par Loui Eriksson, l'excellent patineur de Frölunda auteur d'un doublé. Il est une nouvelle fois servi par le rapide Johannes Salmonsson, lui aussi en vue dans ce tournoi après un début de saison difficile où il s'est retrouvé sur le banc de Djurgården (comme Robert Nilsson) et a finalement été prêté à Almtuna. Les équipes spéciales américaines permettent au tenant du titre de renter au vestiaire avec un petit but d'avance en tuant une pénalité contre Dowell.

Le but du phénomène Kessel, surnommé le "Crosby américain" et considéré comme le meilleur espoir américain depuis Modano, n'est en fait que le début. Prenant ses responsabilités, le natif du Wisconsin s'illustre à nouveau. Patrick O'Sullivan, le meneur affiché de l'attaque, donne le palet à Kessel et ce dernier fait le reste. Nouvel exploit personnel et 4-2, devançant le grand Savilahti-Nagander sur l'aile droite. La Suède change de gardien pour enrayer l'avalanche, car la domination des États-Unis est de plus en plus sensible. Ryan Suter est le patron de la zone américaine et la Suède ne parvient plus à s'approcher de Montoya, qui réalise enfin un match référence.

Quelques minutes après l'entrée de Christopher Heino-Lindberg, Kessel conclut sa soirée extraordinaire par un triplé en profitant d'un rebond du tir de O'Sullivan. Pour son quatrième point du jour, le jeune joueur de 17 ans termine encore par une énorme technique et une vitesse hors norme une action du duo Porter-O'Sullivan. L'entraîneur nordique doit de nouveau changer son gardien : Heino-Lindberg a joué trois minutes mais s'est blessé à l'épaule. Les Scandinaves, démoralisés, tombent dans le piège des pénalités et laissent des espaces énormes. Fredriksson est puni, et c'est Robbie Schremp qui en profite. Treizième attaquant de l'équipe, il a bénéficié de la blessure de Chris Bourque pour augmenter son temps de jeu. Le buteur de London, deuxième marqueur de la ligue junior de l'Ontario, transforme un tir de Ryan Suter. Une minute trente plus tard, ce dernier ouvre à son tour son compteur de buts en profitant d'une pénalité contre Fransson. O'Sullivan et Fritsche s'engouffrent dans toutes les échappées... Le huitième et dernier but sera pourtant l'œuvre des sans-grade. Faisant tourner son effectif, Scott Sandelin assiste avec plaisir au but de T.J. Hensick, servi par Schremp et Pineault. Ce dernier, caractérisé par des yeux vairons, inscrit son premier point du tournoi à quinze secondes de la fin.

Les États-Unis atteignent donc une nouvelle fois la demi-finale et peuvent toujours conserver leur titre, grâce à un joueur : Phil Kessel, auteur de 52 buts l'an passé en 62 matchs et de plus en plus candidat à la place de numéro un de la draft NHL en 2006. La Suède échoue une nouvelle fois au pied du podium : sa dernière médaille remonte à 1996.

Désigné meilleur joueur du match : Phil Kessel pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

Commentaires d'après-match :

Scott Sandelin (entraîneur des Etats-Unis) : "J'ai trouvé que nous avions joué de mieux en mieux. Remercions Dieu pour Phil Kessel. Il a vraiment fait la différence pour nous ce soir. C'est le meilleur joueur né en 1987 aux États-Unis, il aime ce sport. Avec sa technique et sa confiance, on voit le résultat..."

David Quinn (entraîneur-adjoint des Etats-Unis) : "Le dernier Américain de 17 ans à dominer de la sorte était Brian Leetch en 1986. Kessel supporte très bien la pression et je ne me souviens pas que Leetch ait réussi un tel match à l'époque ! Il a une vitesse du niveau mondial et ne ralentit même pas avec le palet. Je l'ai entraîné l'an passé avec l'équipe nationale, il paraît plus solide maintenant, plus adulte. Je ne suis pas surpris de sa performance, il a été dominateur à tous les niveaux dans sa carrière. Il est capable de changer le cours d'un match. Sur les buts du dernier tiers, nous avions Kessel et eux non. C'est pourquoi nous avons marqué ces deux buts en début de troisième période. C'est juste un gamin de 17 ans, mais ça ne l'intimide pas. J'ai très vite vu quand je l'ai entraîné qu'il était très fort, et je suis content de l'avoir dans notre camp car ce type de joueur est rare. Montoya a bien joué aussi, on a senti tout de suite qu'il ne laisserait aucun but facile. Vous devez faire en sorte que l'adversaire paie le prix pour marquer, or lors des matchs précédents nous avons offert au moins six buts."

Torgny Bendelin (entraîneur de la Suède) : "Les États-Unis sont la meilleure équipe que nous ayons jouée jusque là, hormis le Canada. Je pense que la moitié de notre équipe seulement a vraiment joué ce soir, et ça devient alors difficile de battre ce type d'adversaire. Je me sens mal pour Loui Eriksson et Robert Nilsson qui ont très bien joué, mais pas suffisamment pour battre les Américains à eux tout seuls."

Suède - États-Unis 2-8 (1-1, 1-2, 0-5)

Samedi 1^er janvier 2005 à 19h30 à la Grand Forks Engelstad. 8258 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov (RUS) assisté de Chris De Haan (CAN) et Juha Kautto (FIN).

Pénalités : Suède 10' (2', 2', 6'), États-Unis 6' (0', 4', 2').

Tirs : Suède 31 (11, 14, 6), États-Unis 41 (14, 16, 11).

Évolution du score :

1-0 à 04'12" : Eriksson assisté de Salmonsson

1-1 à 12'07" : Porter assisté de Kessel et Suter

1-2 à 23'08" : Stafford assisté de Fritsche

1-3 à 26'58" : Kessel

2-3 à 33'26" : Eriksson assisté de Salmonsson et Granath

2-4 à 44'15" : Kessel assisté de O'Sullivan et Likens

2-5 à 47'21" : Kessel assisté de O'Sullivan et Porter

2-6 à 51'08" : Schremp assisté de Suter et Stafford (sup. num.)

2-7 à 52'46" : Suter assisté de O'Sullivan et Fritsche (sup. num.)

2-8 à 59'45" : Hensick assisté de Schremp et Pineault

Gardien : David Rautio Berguv (remplacé par Christopher Heino-Lindberg de 44'15" à 47'21").

Défenseurs : Nicklas Grossman - Oscar Hedman ; Elias Granath - Anton Strålman ; Johan Fransson - Per Savilahti-Nagander ; Ola Svanberg.

Attaquants : Linus Videll - Nicklas Bergfors - Carl Söderberg ; Robert Nilsson - Kalle Olsson - Johannes Salmonsson ; Mattias Hellström - Björn Svensson - Daniel Åhsberg ; David Fredriksson - Loui Eriksson - Sebastian Karlsson.

Remplaçant : Linus Persson (blessé).

Gardien : Alvaro Montoya.

Défenseurs : Jeff Likens - Ryan Suter ; Matt Hunwick - Nate Hagemo ; Casey Borer - Alex Goligoski ; Brian Lee.

Attaquants : Drew Stafford - Dan Fritsche - Shawn Weller ; Kevin Porter - Patrick O'Sullivan - Phil Kessel ; Robbie Schremp - Jacob Dowell - Ryan Callahan ; T.J. Hensick - Mike Brown - Adam Pineault.

Remplaçants : Cory Schneider (G), Chris Bourque (blessé).

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