États-Unis - Russie (2 janvier 2005)

 

Demi-finale des championnats du monde des moins de 20 ans 2005.

Choc prometteur en demi-finales entre les deux derniers champions. La Russie a remporté le titre en 2002 et 2003, les États-Unis en 2004. Les Américains espèrent obtenir une médaille pour la seconde année de suite, ce qui ne leur est jamais arrivé. Les Russes sont de leur côté en quête de rédemption après le cuisant échec de l'an passé en quarts de finale face à la Finlande. Lors du match d'ouverture, les États-Unis avaient tenu bon et s'étaient imposés 5-4. On s'attend donc à des buts entre deux formations offensives.

Le début de match correspond aux attentes. Dans une patinoire bien remplie et totalement acquise à la cause américaine, ce sont pourtant les Russes qui paraissent les plus à l'aise. Les conditions sont idéales. Après un peu plus d'une minute, le défenseur Goligoski est sanctionné de deux minutes pour crosse haute. Le jeu de puissance se met en place et c'est le rapide Enver Lisin qui conclut l'action initiée par Ovechkin en déviant un tir de Vorobiev. L'indiscipline américaine est criante puisque dans la foulée c'est le tour de Dowell de sortir. Même cause, même conséquence : Ovechkin assomme les États-Unis en lançant rapidement depuis le cercle entre les jambières pour le 2-0 après cinq minutes... Les Américains n'abdiquent pas et repartent vers l'avant. Leur jeu est rapide et pousse la Russie à la faute. Vorobiev accroche un joueur et l'avantage numérique permet à Robbie Schremp de réduire la marque. L'homme au tatouage de crevette ("schrimp" signifie crevette en anglais) profite du bon travail du duo Fritsche-Stafford. Puis les équipes spéciales tiennent le choc et protègent Montoya sur une pénalité de Stafford. Faute de creuser l'écart les Russes sont punis sur la pénalité suivante, contre Shafigulin. C'est cette fois Patrick O'Sullivan qui trompe Khudobin d'un slap de volée et remet les deux équipes à égalité. Au quart d'heure de jeu, on pense alors les Américains capables de passer devant. Mais ils se font piéger immédiatement par le surprenant Shirokov par un tir en hauteur côté mitaine, consécutif à une passe levée de Radulov. La première période, vivante, se solde donc par un 3-2 logique pour les Russes qui ont globalement dominé.

La tension est à son comble dans la deuxième période. Le score est loin d'être acquis. Les deux défenses se sont resserrées et malgré de multiples situations chaudes Montoya et Khudobin ne s'inclinent pas. Les États-Unis tuent plusieurs pénalité, se trouvant notamment à trois contre cinq pendant quasiment deux minutes. Cette situation explique le décollage des tirs en faveur des Européens (17 à 9), mais Montoya s'illustre. Rien n'est fait même si le public s'inquiète...

Ainsi, lors de l'ultime période, il n'y a qu'un petit but d'avance pour les Russes. Les États-Unis tentent de passer la vitesse supérieure mais la défense est vigilante. Elle se montre notamment très agressive envers Phil Kessel, auteur d'un triplé en quarts de finale mais bien muselé cette fois-ci. Le manque de réalisme américain finit par coûter cher. Quelques palets bêtement perdus profitent à Evgeni Malkin qui fait le break à neuf minutes de la fin sur un tir puissant de loin. O'Sullivan est à son tour sanctionné mais les Américains tiennent bon. Il ne reste plus que trois minutes à jouer et Scott Sandelin tente le tout pour le tout en sortant Alvaro Montoya pour un attaquant de plus. Ce sont les Russes qui exploitent l'aubaine en marquant cage vide par Ovechkin. Malgré cela, les États-Unis persistent. Même avec trois buts de retard, ils ne veulent pas lâcher et sortent de nouveau Montoya. Nouveau contre et but de Malkin cage vide, avec un peu de provocation dans la célébration du but face au banc adverse... Cette fois-ci, il n'y a plus rien à faire et les esprits s'échauffent. Déçus et frustrés, les États-Unis sont sanctionnés : Suter sort pour cinglage, suivi de Callahan qui prend même une méconduite. Hagemo sort à son tour, à quelques secondes de la fin. Le but de Yunkov en double supériorité sur la sirène est anecdotique. Anton Khudobin peut lever les bras : ses vingt-deux arrêts ont été décisifs.

La Russie atteint sa troisième finale en quatre ans et retrouve l'équipe du Canada avec un avantage : ils n'ont jamais perdu pour l'or face aux joueurs à la feuille d'érable (1999, 2002, 2003). Pour ce classique du hockey, le duo Ovechkin-Malkin aura une importance cruciale. Les États-Unis perdent donc leur titre mais peuvent encore viser la médaille de bronze face aux Tchèques. Cela n'empêche pas les critiques de s'élever sur le choix des défenseurs : souvent désorganisés et maladroits devant un Montoya inconstant, l'arrière-garde aurait-elle été meilleure avec des garçons comme Thelen, Lashoff ou Johnson ? Avec des si...

Désigné meilleur joueur du match : Phil Kessel pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Scott Sandelin (entraîneur des États-Unis) : "Nous sommes très déçus mais cela reste un honneur de jouer pour une médaille. Maintenant que l'or est inaccessible nous devons nous concentrer sur le bronze. Nous avons passé trop de temps en prison et avons manqué de rythme tout au long du match."

Drew Stafford (attaquant des États-Unis) : "Ce n'était certainement pas notre meilleur match ce soir. Pour je ne sais quelle raison, ils ont pu développer leur jeu et nous pas."

Enver Lisin (attaquant de la Russie) : "Nous étions confiants. On pensait que ce serait différent puisque lors de notre dernière confrontation nous avions eu quelques rebonds malchanceux. Mais nous nous sentions plus forts que la dernière fois. Nous méritons cette victoire et nous sommes très excités à l'idée d'affronter le Canada."

Alexander Ovechkin (attaquant de la Russie) : "Le Canada a une bonne équipe. De bons attaquants, de bons défenseurs, mais personne ne sait vraiment comment est le gardien. Nous devons leur montrer que nos attaquants sont meilleurs."

 

États-Unis - Russie 2-7 (2-3, 0-0, 0-4)

Dimanche 2 janvier 2005 à 19h30 à la Ralph Engelstad Arena de Grand Forks. 9024 spectateurs.

Arbitrage d'Ulf Rönnmark (SUE) assisté de Chris De Haan (CAN) et Tobias Wehrli (SUI)

Pénalités : États-Unis 57' (8', 6', 43'), Russie 8' (4', 4', 0').

Tirs : États-Unis 24 (8, 9, 7), Russie 43 (14, 17, 12).

Évolution du score :

0-1 à 01'58" : Lisin assisté de Vorobiev et Ovechkin (sup. num.)

0-2 à 04'46" : Ovechkin assisté de Vorobiev et Ezhov (sup. num.)

1-2 à 08'55" : Schremp assisté de Fritsche et Stafford (sup. num.)

2-2 à 14'44" : O'Sullivan assisté de Suter (sup. num.)

2-3 à 16'01" : Shirokov assisté de Radulov et Malkin

2-4 à 51'03" : Malkin assisté de Panin

2-5 à 57'46" : Ovechkin assisté de Vorobiev (cage vide)

2-6 à 58'49" : Malkin (cage vide)

2-7 à 59'59" : Yunkov assisté de Ezhov et Vorobiev (double sup. num.)

 

États-Unis

Gardien : Alvaro Montoya.

Défenseurs : Jeff Likens - Ryan Suter ; Matt Hunwick - Nate Hagemo ; Casey Borer - Alex Goligoski ; Brian Lee.

Attaquants : Drew Stafford - Dan Fritsche - Shawn Weller ; Kevin Porter - Patrick O'Sullivan - Phil Kessel ; Robbie Schremp - Jacob Dowell - Ryan Callahan ; TJ Hensick - Mike Brown - Adam Pineault.

Remplaçant : Cory Schneider (G), Chris Bourque (blessé)

Russie

Gardien : Anton Khudobin.

Défenseurs : Dmitri Vorobiev - Denis Ezhov ; Yakov Rilov - Dmitri Megalinsky ; Grigori Panin - Aleksei Emelin ; Anton Belov - Georgi Misharin.

Attaquants : Aleksandr Ovechkin - Dmitri Pestunov - Enver Lisin ; Sergueï Shirokov - Evgeni Malkin - Aleksandr Radulov ; Aleksandr Galimov - Grigori Shafigulin - Aleksandr Nikulin ; Denis Parshin - Mikhaïl Yunkov - Roman Voloshenko.

Remplaçant : Andrei Kuznetsov (G)

 

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