États-Unis - République Tchèque (4 janvier 2005)

 

Match pour la troisième place des championnats du monde des moins de 20 ans 2005.

La médaille de bronze est en jeu pour cette revanche du tour préliminaire. La République Tchèque avait battu les États-Unis et s'était emparé de la deuxième place, poussant les Américains à la troisième. Les deux équipes sont motivées : les Tchèques veulent éviter de se retrouver au pied du podium comme l'an passé, alors que les États-Unis visent une seconde médaille d'affilée pour la première fois de leur histoire. Ils ont l'avantage de jouer à domicile. Pas moins de treize Américains disputent leur dernier match en moins de vingt ans, peut-être même pour certains le dernier pour leur pays, O'Sullivan et Suter faisant leur vingtième apparition au total. Finir en beauté est donc tout ce qui leur importe, avant de ranger le maillot américain qu'ils portent depuis parfois quatre ans.

Toutefois, le tenant du titre peine à rentrer dans le match. L'enjeu est d'importance et la crispation sensible. Ainsi, la première pénalité pour cinglage arrive dès la deuxième minute : Casey Borer s'en va réfléchir deux minutes et les Tchèques en profitent pour ouvrir le score. À l'origine, le défenseur Smid et le benjamin de l'équipe Michal Frolik. À la conclusion, Michal Polak trompe Montoya. Dans la foulée, le gardien américain doit s'employer pour éviter le break sur la pénalité suivante. L'indiscipline fait travailler les arbitres de part et d'autre. On joue assez peu en égalité numérique... Au quart d'heure de jeu, les Tchèques dominent mais Vrana est sanctionné pour une lourde charge. Cette fois-ci les États-Unis ne gaspillent pas leur chance et égalisent par Kevin Porter. L'attaquant de l'université du Michigan est servi par deux de ses coéquipiers en NCAA, Hensick et Hunwick. L'ultime pénalité contre Krejci ne change rien et les deux formations rentrent aux vestiaires avec un score de parité, qui doit beaucoup au travail de Montoya (15 arrêts).

Dès la première seconde de la deuxième période, Olesz est sanctionné par une conduite antisportive, sans conséquence. Le jeu tourne peu à peu à l'avantage des États-Unis mais ils sont victimes d'un contre terrible. Hluchy lance Michal Frolik et le plus jeune attaquant du tournoi (le seul né en 1988), inscrit son deuxième point de l'après-midi sur un lancer du revers. Le public s'inquiète mais son équipe joue beaucoup mieux qu'en début de partie. Marek Schwarz sauve les meubles et démontre que la République Tchèque possède un beau duo dans les cages (Koutsky avait effectué 39 arrêts lors de la victoire sur les Américains au tour préliminaire). Le jeu des pénalités finit par porter préjudice aux Européens. Cervenka puis Tuma sont en prison, de même que Porter de l'autre côté. À quatre contre trois, Suter et O'Sullivan en une touche du palet servent l'inévitable Drew Stafford pour le 2-2 de volée, alors que Cervenka remettait à peine le pied sur la glace. Le meilleur marqueur américain s'illustre à nouveau et démontre bien qu'il est le plus régulier de son équipe dans ce tournoi. La fin de tiers temps reste en faveur des États-Unis, malgré une situation de quatre contre trois en faveur des Tchèques pendant deux minutes.

La nervosité et l'intensité montent d'un cran mais la discipline est revenue. À l'exception d'une pénalité contre Porter, les deux équipes ne concèdent plus d'infériorité numérique. Le match demeure vivant et les occasions se multiplient. Schwarz et Montoya montrent leur valeur et justifient leur sélection au premier tour de la dernière draft NHL. On voit mal qui fera la différence, les gros calibres de chaque équipe étant assez bien muselés. Hensick manque de peu le but décisif à neuf minutes de la fin, son tir en angle fermé longeant la ligne de but après être passé entre les jambières du gardien. La sirène retentit et annoncent la prolongation...

Malheureusement pour les Américains et leur public, elle ne dure pas longtemps. Après une grosse présence américaine en attaque (quatre tirs), Petr Vrana récupère un palet sur sa ligne bleue après deux minutes trente et se présente seul devant Montoya. Responsable de cette perte de rondelle, Jeff Likens revient pour gêner l'attaquant de Halifax, mais ce faisant il oblige le capitaine tchèque à manquer complètement son tir... Prévu en hauteur, le palet arrive au ras de la glace, ce qui trompe Al Montoya, qui avait anticipé le lancer initial ! Une intervention défensive aux conséquences terribles puisque Vrana inscrit son troisième but vainqueur du tournoi (sur cinq victoires tchèques) et offre la médaille de bronze à son pays. Les Devils de New Jersey peuvent se frotter les mains : ils étaient l'équipe NHL la moins représentée dans ce tournoi mais l'unique joueur dont ils ont les droits fut particulièrement brillant. Les États-Unis terminent donc quatrièmes, comme en 2003. Pour les Tchèques c'est un retour sur le podium pour la première fois depuis les médailles d'or en 2000 et 2001, et seulement la troisième médaille en dix ans depuis la partition avec la Slovaquie.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match :

Scott Sandelin (entraîneur des États-Unis) : "Je pense que nous valions mieux qu'une troisième ou quatrième place. Notre inconstance ne venait pas d'un manque d'efforts."

Drew Stafford (attaquant des États-Unis) : "Il n'y a pas grand-chose à dire parce que personne ne veut vivre ce que nous avons vécu. Nous venions pour une médaille... Notre pays n'en a gagné que quatre... Tout dépend de la façon dont vous jouez en équipe. Vous devez trouver l'alchimie en une courte période et ce n'était peut-être pas le cas cette année."

Petr Vrana (capitaine de la République Tchèque) : "Juste avant le match, j'ai appris que mon entraîneur depuis trois ans à Halifax, Shawn MacKenzie, avait été démis de ses fonctions. J'étais un peu perturbé mais j'ai essayé de ne pas y penser, car je n'y peux rien. Je pense que nous n'avions pas la meilleure équipe que nous pouvions avoir. Nous avons laissé beaucoup de bons joueurs à la maison, parfois de manière inattendue, mais tous ceux qui étaient présents ont travaillé dur et ont joué avec cœur pour la République Tchèque. Je pense que le fait d'avoir beaucoup de joueurs évoluant au Canada nous a aidé à mieux gérer les matchs sur petite glace. Sur le but, je sentais Likens derrière moi et j'ai pensé que c'était ma dernière chance d'aller vers le but et tenter quelque chose. Je suis allé à fond et c'est passé. C'est certainement le plus beau but que j'ai jamais marqué car il nous donne le bronze en prolongation."

 

États-Unis - République Tchèque 2-3 a.p. (1-1, 1-1, 0-0, 0-1)

Mardi 4 janvier 2005 à 15h00 à la Grand Forks Engelstad. 8992 spectateurs.

Arbitrage de Chris Savage (CAN) assisté de Chris De Haan (CAN) et Yuri Oskirko (RUS).

Pénalités : États-Unis 14' (6', 6', 2', 0'), République Tchèque 14' (5', 8', 0', 0').

Tirs : États-Unis 35 (9, 11, 14, 1), République Tchèque 37 (16, 6, 11, 4).

Évolution du score :

0-1 à 03'26" : M. Polak assisté de Frolik et Smid (sup. num.)

1-1 à 16'16" : Porter assisté de Hensick et Hunwick (sup. num.)

1-2 à 26'03" : Frolik assisté de Hluchy

2-2 à 33'12" : Stafford assisté de O'Sullivan et Suter (sup. num.)

2-3 à 62'38" : Vrana

 

États-Unis

Gardien : Alvaro Montoya.

Défenseurs : Jeff Likens - Ryan Suter ; Matt Hunwick - Nate Hagemo ; Casey Borer - Alex Goligoski ; Brian Lee.

Attaquants : Drew Stafford - Dan Fritsche - Robbie Schremp ; Shawn Weller - Patrick O'Sullivan - Phil Kessel ; Kevin Porter - Jacob Dowell - Ryan Callahan ; T.J. Hensick - Mike Brown - Adam Pineault.

Remplaçants : Cory Schneider (G), Chris Bourque (blessé).

République Tchèque

Gardien : Marek Schwarz.

Défenseurs : Ladislav Smid - Ondrej Smach ; Lukas Bolf - Michal Gulasi ; Roman Polak - Martin Tuma ; Martin Lojek.

Attaquants : Marek Kvapil - Petr Vrana - Rostislav Olesz ; Milan Hluchy - Michal Polak - Michal Frolik ; David Krejci - Bedrich Kohler - Zbynek Hrdel ; Roman Cervenka - Lukas Kaspar - Jakub Petruzalek.

Remplaçants : Vladislav Koutsky (G), Michal Borovansky

 

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