Cergy - Montpellier (8 janvier 2005)

 

Match en retard de la huitième journée de division 1, poule sud.

C'est enfin ce soir que se termine le feuilleton le plus rocambolesque de la première phase de D1. Rappel des faits. Le 6 novembre dernier, Cergy recevait Montpellier et réussissait à tenir en échec les Vipers pendant deux tiers-temps... jusqu'à ce que l'arbitre M. Juret décide d'arrêter le match pour raisons de sécurité en raison de la tension ambiante. En effet, au cours de la deuxième période, le joueur visiteur en prison Thomas Appert ainsi que son père qui était présent en tribune furent pris à partie par des invectives ridicules d'un spectateur indélicat, et le joueur ne trouva rien de mieux pour répliquer que de lui casser le nez. La victime alla alors porter plainte à la police, qui était justement présente en nombre à proximité pour encadrer une foire et débarqua en force pour l'interpellation... tout en constatant qu'il n'y avait pas de quoi fouetter un chat.

Au bilan, le seul point d'accord entre les deux clubs est qu'il était inutile d'interrompre prématurément la partie, décision d'un arbitre dépassé. Le mal étant fait, une commission restreinte avait d'abord décidé d'entériner le résultat et d'infliger un match à huis clos à Cergy. Mais l'AEHF s'est ensuite saisie de l'affaire et a eu une lecture différente en commission plénière. D'une part, ces huis clos disproportionnés, même pas précédés d'un avertissement, nuisent aux clubs et ne constituent pas une sanction adéquate - à méditer pour l'avenir. D'autre part, valider le score d'un match non achevé est contraire au règlement, et l'appel de Montpellier demandant à rejouer la rencontre - aux frais de Cergy - fut entendu. Cependant, le joueur incriminé, Thomas Appert, put passer entre les mailles du filet selon l'argument qu'il serait dangereux de sanctionner sportivement quelqu'un pour des faits légalement condamnables et absous par la justice civile après enquête, et que le MAHC n'aurait pas hésité à assigner la commission de discipline pour des tas de motifs dans le cas contraire. Un cas dont l'AEHF veut se servir comme exemple pour ne plus commettre les mêmes erreurs.

Mais l'urgence était que ce match puisse se dérouler sans qu'il puisse y avoir le moindre doute. Il n'a ainsi pas pu être organisé en fin d'année 2004, car les deux clubs n'auraient pas pu disposer de certains de leurs étrangers rentrés au pays, ce qui aurait pu être un sujet de contestation. Or, cette rencontre a entre-temps pris une importance considérable, car elle décide du destin de Lyon, battu à la dernière journée à domicile par Cergy. Si les Jokers prennent un point ce soir, ils sont qualifiés pour la poule finale à la place de l'équipe de Roger Dubé.

La première pénalité du match est un cinglage de... Thomas Appert, qui prend place dans le nouveau box de prison, situé devant des gradins interdits au public, de même ceux situés derrière le banc visiteur (mesures de sécurité imposées depuis l'incident). En dépit de cette réminiscence initiale, ce match se déroulera sans le moindre accroc, et les tumultes des deux mois écoulés se sont dissipés.

Cergy bénéficie des pénalités adverses pour partir à l'abordage du camp montpelliérain, mais se heurte à une défense dense. Pas facile de trouver une ouverture, autrement que par des tirs lointains, mais les bons rebonds se font rares face à des Vipers vigilants. Au vu de la physionomie de ce début de match, on se dit que le score vierge tenu pendant quarante minutes il y a deux mois pourrait se répéter, mais le gardien cergypontain Grégory Bercovici prend un but idiot, piégé par le rebond du palet sur un dégagement de Rojko (0-1 à 08'36"). Cergy serait assommé sans la réaction de son capitaine finlandais Ville Lahelma qui enflamme la partie, d'abord par une étonnante passe lobée du patin en zone offensive, ensuite par un départ en dribble qui élimine successivement deux joueurs. Mais un magnifique lancer de Roch Chevalier double la mise sur un engagement gagné par Appert (0-2 à 13'12").

Aux vains efforts offensifs locaux, Montpellier riposte par des contres toujours dangereux, comme celui de Yann Fornaguera qui se présente seul face à Bercovici. Celui-ci cède sa place à Juha Korhonen après ce dernier arrêt (14'37"). Les problèmes d'efficacité de Cergy sont patents, mais après avoir raté deux fois le dernier geste, dont une dans la même action, Olivier Viennot trouve finalement le chemin des filets (1-2 à 15'33").

Après des cinglages d'Appert et du gardien Agnel, plus une charge incorrecte sifflée contre Nilsson, le premier tiers-temps se termine par une double supériorité locale, gâchée par manque de vitesse et d'idées. Erwan Personne choisit ainsi la solution incongrue de la passe levée alors que la ligne est ouverte, ce qui a pour seul effet de compliquer la récupération de Lahelma. Ce même Personne rate une reprise au second poteau, et la pause coupe en deux la phase de cinq contre trois, les Jokers n'arrivant pas à se réinstaller au retour sur la glace. Encore à cinq contre quatre, Fred Hostein contre du patin un Michalovich un peu lymphatique, mais il échoue en breakaway sur Agnel. Durant ces quatre minutes de supériorité, dont la moitié avec deux hommes de plus, Cergy a laissé passer sa chance. Après avoir pris huit pénalités dans les vingt premières minutes, Montpellier n'en prend plus une seule dans les vingt suivantes. Et c'est encore une erreur grossière qui enfonce les Jokers. Simon Goulet fait une passe devant son gardien, cadeau immédiatement exploité par les Vipers. Le poteau sauve une fois Cergy, mais Tobias Nilsson marque sur la tentative suivante (1-3 à 39'13").

En diffusant Get Back au moment de la rentrée des joueurs pour le troisième tiers, la sono locale confirme ce que tout le monde pressent. Le HCCP va retourner là où il appartient, à la poule de maintien de la D1. Le rêve de la qualification aura été entretenu jusqu'au bout, mais il a vécu. Trop de maladresses sont rédhibitoires face à un adversaire précis et bien en place. Et quand Appert retourne en prison pour avoir fait avorter un contre en accrochant Lecomte au centre de la glace, ce sont les Jokers qui se prennent un but malgré la supériorité numérique. Trop passifs, ils laissent Rojko partir en breakaway (1-4 à 46'55"). Ils demandent alors un temps mort, mais il est sans doute déjà trop tard, ils n'ont pas été assez incisifs en ce début de troisième période. Et ils ont de la chance que Michalovich n'ajoute pas un cinquième but, lui aussi en solitaire. Un simple sursis, en fait, avant une nouvelle leçon. Juraj Ozorak marque un temps d'arrêt devant Hostein pour mieux se jouer de lui et le laisser sur place (1-5 à 49'55").

À la dernière minute de jeu, sur sa deuxième ou troisième présence du match, Thibaut Fromentin sauve l'honneur (2-5 à 59'38") en faisant preuve du réalisme qui fait défaut à ses coéquipiers. Cergy, qu'on n'attendait pas à ce niveau, n'a cependant rien à se reprocher. Avoir donné des sueurs froides à Lyon, soulagé et qualifié ce soir, était déjà une performance.

Le cœur n'a pas suffi face à un adversaire plus solide. À la possible exception d'un Caron pas toujours inspiré dans ses relances en début de match, la défense de Montpellier a été très sûre, avec des mentions spéciales à Robert Hodon et surtout au grand Roch Chevalier, qui a fait office de tour de contrôle de l'arrière-garde languedocienne en l'absence de McGee. Il a d'entrée été solide et appliqué dans chacune de ses interventions, même si on lui a retiré la cerise sur le gâteau puisque son superbe but a été malheureusement attribué à Gaulier sur la feuille de match. À partir de cette base solide, les Vipers ont pu lancer des contre-attaques précises et rapides qui ont pris de court le HCCP.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Cergy-Pontoise - Montpellier 2-5 (1-2, 0-1, 1-2)

Samedi 8 janvier 2005 à 18h15 à la patinoire de Cergy. 245 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Barré assisté de Fabien Linek et Pascal Telliez.

Pénalités : Cergy 8' (4', 4', 0'), Montpellier 24' (16', 0', 8').

Tirs : Cergy 26 (10, 9, 7), Montpellier 33 (9+2, 12, 10).

Évolution du score :

0-1 à 08'36" : Rojko (inf. num.)

0-2 à 13'12" : Gaulier assisté d'Appert

1-2 à 15'33" : Viennot assisté de Hostein et Lapierre

1-3 à 39'13" : Nilsson (sup. num.)

1-4 à 46'55" : Rojko assisté de Batardière (inf. num.)

1-5 à 49'55" : Ozorak assisté de Nilsson et Lindell

2-5 à 59'38" : Fromentin assisté de Lahelma et Lecomte (sup. num.)

 

Cergy-Pontoise

Gardiens : Grégory Bercovici puis Juha Korhonen à 14'37".

Défenseurs : Vladimir Konopka - Ville Lahelma ; Olle Djoos - Simon Goulet.

Attaquants : David Lapierre [puis Fontaine à 20'00"] - Frédéric Hostein - Olivier Viennot ; Mickaël Mahaut - Sylvain Boulot - Roland Fontaine [puis Lapierre à 20'00"] ; Erwan Personne - Vincent Lecomte - Vincent Renaud [ou Thibaut Fromentin].

Remplaçants : Thomas Bouillette, Baptiste Blommaert.

Montpellier

Gardien : Fabrice Agnel puis Franck Laurès à 40'00".

Défenseurs : Robert Hodon - Jean-Charles Caron ; Olivier Batardière - Anders Lindell ; Roch Chevalier - Axel Gautier.

Attaquants : Lubomir Ctvrnicek - Junji Sakata - Juraj Ozorak ; Anton Rojko - Tobias Nilsson - Yann Fornaguera (C) ; Marek Michalovich - Thomas Appert - Thomas Gaulier.

Remplaçants : Oliver McGee (au repos, pas en tenue), Geoffrey Mettler.

 

Retour au championnat de France de division 1