Spartak Moscou - Ak Bars Kazan (12 janvier 2005)

 

Match comptant pour la quarante-troisième journée de la Superliga russe 2004/05.

Et voici le bébête show ! Voilà le grand cirque de la panthère-machin-chose blanche en visite chez vous à Moscou ! La meilleure équipe du monde de la terre, la sélection mondiale, comme l'a surnommée la presse russe, l'équipe officielle de la présidence de la république du Tatarstan, le Real de Kazan avec sa majesté impériale Ilia Ier, tsar de Kovaltchoukie, est de retour à Sokolniki. Pour le premier match de l'année du Spartak devant son public on ne pouvait rêver mieux. D'ailleurs, il y a foule ce soir. Pour la première fois depuis que je viens à Sokolniki, on a ouvert les balcons du dessus aux spectateurs. Et si ces spectateurs sont venus si nombreux, c'est pour LE voir... et en passant l'insulter copieusement.

IL, c'est bien sûr Ilia Kovaltchouk en personne, l'ancienne vedette adorée du Spartak, parti faire fortune aux Amériques et retourné au pays... refaire fortune à Kazan, au lieu de revenir donner un coup de main à son club d'origine durant la suspension des activités de la LNH. Et dans un club aussi "à cheval" sur les traditions et l'histoire que le Spartak, voyez-vous ma brave dame, cela ne passe pas ! Lors de son premier match à Sokolniki, le 27 septembre, Ilia Kovaltchouk avait été conspué du début à la fin et le Spartak avait gagné 3-2. Bon, d'accord, pour le match retour au Tatarstan, Ak bars s'était repris en écrasant les Moscovites 5-0. Mais ce soir, les près de 4 000 spectateurs sont venus pour voir la star déchue rechuter à Sokolniki. Ilia Kovaltchouk qui le matin même dans le quotidien Sport Express a déclaré que cette fois-ci, Kazan était venue au Spartak pour gagner. Donc, en septembre, ils étaient venus pour quoi ? Bref, le public, lui est encore en colère. À la présentation des joueurs, le numéro 71 est sifflé, hué, etc. Un spectateur derrière moi crie même : "Judas !"

Dès qu'il touche le palet, c'est la bronca...

Le début du match est assez équilibré, Ak Bars domine légèrement, mais le Spartak est vigilent. Il faut quand même attendre la neuvième minute pour voir le premier tir un peu sérieux. Il est l'œuvre de Fedor Fedorov, l'attaquant du Spartak en provenance de Vancouver.

Mais sur la contre-attaque, l'excellent attaquant de Pittsburgh formé au Krilia Sovietov - on ne le dira jamais assez donc je le dirai à chaque fois - Alexeï Morozov bat de près Alexeï Volkov, ex-gardien des Krilia Sovietov, le monde est petit sous les ailes soviétiques...

Ce but a le mérite de réveiller le Spartak qui a deux grosses occasions par Andreï Samokhvalov et Ivan Novosseltsev. Sur cette dernière occasion, Sokolniki croit même à l'égalisation ; mais non, Fred Braitwaithe a gelé la rondelle. La fin du tiers est agitée avec le joueur de Kazan, Alexeï Kovalev qui part en prison à la quinzième, suivi une minute plus tard de Vincent Lecavalier et Vladimir Korssounov pour quatre minutes chacun. Mais le Spartak ne profite pas de cette supériorité.

C'est Maxime Rybine qui sonne la première charge de la deuxième période en contre dès la première minute du tiers. Un tiers où les Moscovites secouent dans tous les sens les Tatars. Le défenseur rouge et blanc Evgueni Chaldybine met en sérieuse difficultés Fred Brathwaite, excellent ce soir (26e). Alexeï Volkov répond par une belle mitaine à la 27e. Le Spartak domine, et Rybine est particulièrement intenable. À la 28e, Darius Kasparaïtis, le Lituanien qui préfère jouer pour l'équipe nationale de Russie, part en prison (une habitude chez lui) et en profite pour chambrer son adversaire.

Mais si le Spartak domine, cela n'empêche pas les contres, comme à la 31e, où un joueur de Kazan part en breakaway et échoue sur Alexeï Volkov, déclenchant les moqueries du public. Vous l'avez compris, ce joueur des Verts et Rouges, c'est Ilia Kovaltchouk en personne. Peut-être vexé, Ilia Premier commet une faute et part en prison. Et c'est là que tout dégénère. Un supporter du Spartak descend vers le banc des prisons et insulte copieusement l'enfant du pays. Ce dernier, au lieu de rester zen comme un pro qui en a vu d'autres, se lève et donne un coup de crosse violent en direction du grossier supporter. Résultat, les huées se multiplient à l'encontre de Kovaltchouk. Le pire pour Ilia est que, cinq secondes après sa fin de pénalité, le Spartak égalise ! C'est Dimitri Chandoulov qui profite d'un palet renvoyé mollement par la défense de Kazan. 1-1 et Ak bars qui se demande si le cauchemar du premier match au Spartak ne va pas se reproduire et si le quatrième au classement (et plus gros budget de la ligue) ne va pas encore être la risée de tous en perdant contre le quatorzième. Cependant, pour sauver les meubles, Ak bars a dans ses rangs Fred Brathwaite. Le gardien canadien est parfait ce soir et le Spartak se casse les dents.

Les Spartakistes ont laissé passer leur chance au deuxième tiers, car l'ultime période sera à sens unique, direction le Tatarstan. C'est d'ailleurs Ilia lui-même qui sonne la première charge tatare. Sa majesté part tout seul, dribble, dribble, et... rate son tir. Ce qui fait beaucoup rire. C'est ensuite au tour du Letton Aigars Cipruss d'échouer en contre sur Brathwaite (46e). Ilia remet ça deux minutes plus tard, mais cela passe au-dessus. On sent qu'il a "légèrement" envie de claquer un but pour faire taire les quolibets. Mais, c'est Sergueï Zinoviev qui trouve la faille deux minutes plus tard (52e), après une passe de derrière la cage de devinez qui ? Alexeï Morozov évidement, la vraie star de Moscou ! Vous pensiez à qui d'autre ? À peine le temps d'engager que les Tatars remettent le siège sur Moscou et transperce les murailles du Kremlin spartakiste par Alexeï Kovalev. Un tir balayé entre les jambes d'Alexeï Volkov qui n'a même pas bougé. Bon, ben, c'est fini. Le Spartak sombre, plus de forces, plus de jus, c'est le tiers de trop après le gros match contre le CSKA et deux gros tiers ce soir. La fin de la rencontre est à sens unique. Kazan marque même un dernier but à trois minutes de la fin par Denis Zaripov, mais il y a longtemps que tout était dit. Cela n'empêche pas le public de continuer à faire la fête à son chouchou et à déployer une banderole en fin de match ou Kovaltchouk est traité de personne ne s'intéressant qu'à une seule chose : le symbole de l'euro !

Ce n'est pas encore ce soir que l'enfant terrible du hockey moscovite et le public du Spartak se réconcilieront.

Désignés meilleurs joueurs du match : Dimitri Chandoulov (Spartak) et Fred Brathwaite (Ak bars).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

  

Commentaires d'après-match

Zinetula Bilyaletdinov (entraîneur de Kazan) : "J'appréhende toujours ce genre de match. Tout notre staff essaie de mettre les joueurs dans de bonnes dispositions, mais il y a presque toujours des problèmes particuliers de motivation et d'attitude contre les équipes présumées plus faibles. La première période a été satisfaisante, pas tant par le résultat que par le jeu pratiqué. Le gardien du Spartak a été excellent, combien de fois a-t-il sauvé son équipe ? Mais à la fin du tiers, l'équipe s'est relâchée et en a été punie en toute logique. À la seconde pause, j'ai demandé aux joueurs de jouer un peu moins pour le public et un peu plus pour le résultat. Cela a réussi, et nous avons assez bien joué contre un adversaire qui ne nous convient pas."

Sergueï Shepelev (entraîneur du Spartak) : "Contrairement à Kazan, notre équipe n'a pas de problèmes de motivation. Au contraire, le plus gros problème est de s'assurer que les joueurs ne s'emportent pas. Cela a réussi. Je n'ai pas de critiques à formuler, si ce n'est envers ceux qui devaient défendre au moment du deuxième but. En tout, il a manqué un peu de concentration à un ou deux joueurs [NDLR : Fedor Fedorov est visé car il a commis une erreur qui a provoqué le but décisif] pendant une dizaine de minutes, et ça nous coûte au minimum un point. Il n'y a rien à reprocher à l'équipe sur le troisième ou le quatrième but, ils sont la conséquence de nos attaques désespérées pour essayer de revenir."

 

Spartak Moscou - Ak Bars Kazan 1-4 (0-1, 1-0, 0-3)

Mercredi 12 janvier 2005 à 19h00 au palais des sports Sokolniki, Moscou. 3700 spectateurs.

Arbitrage de M. Tsyplakov assisté de MM. Aleshin et Elistratov.

Pénalités : Spartak 6', Kazan 10'.

Tirs : Spartak 22 (7, 9, 6), Kazan 29 (8, 8, 13).

Évolution du score :

0-1 à 08'41" : Morozov assisté de Zhitnik

1-1 à 34'04" : Shandulov assisté de Poddiakon et Cipruss

1-2 à 51'25" : Zinoviev assisté de Hlinka et Morozov

1-3 à 52'17" : Kovalev assisté de Lecavalier

1-4 à 57'15" : Zaripov assisté de Platonov

 

Spartak Moscou

Gardien : Alekseï Volkov.

Défenseurs : Vladimir Korsunov - Sergueï Reshchetnikov (c) ; Evgueni Shaldybin - Mikhaïl Donika ; Andreï Lopatin - Andreï Poddiakon ; Sergueï Kagaïkin.

Attaquants : Andreï Samokhvalov - Fedor Fedorov - Sergueï Shalama ; Igor Radulov - Ivan Novoseltsev - Dmitri Semin ; Mikhaïl Ivanov - Aigars Cipruss (LET) - Dmitri Shandurov ; Maksim Rybin - Ruslan Zaïnullin - Mikhaïl Zhukov.

Remplaçant : Andreï Medvedev (G).

Ak Bars Kazan

Gardien : Fred Brathwaite (CAN).

Défenseurs : Alekseï Zhitnik - Ruslan Saleï ; Darius Kasparaitis (LIT/RUS) - Dmitri Balmin ; Denis Denissov - Vitali Proshkin ; Dmitri Bykov - Andreï Pervyshin.

Attaquants : Jaroslav Hlinka (TCH) - Sergueï Zinoviev - Alekseï Morozov ; Ilya Kovalchuk - Vincent Lecavalier (CAN) - Alekseï Kovalev ; Vitali Yachmenev - Vadim Epanchintsev - Enver Lisin ; Evgueni Fedorov - Denis Zaripov - Denis Platonov.

Remplaçant : Nikolaï Khabibulin (G).

 

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