Grenoble - Morzine-Avoriaz (22 janvier 2005)

 

Match comptant pour la vingt-quatrième journée de la Ligue Magnus.

Après un succès acquis à l'arrachée en terre angevine, les Brûleurs de Loups comptaient passer un test sérieux en recevant l'équipe en forme du moment, Morzine-Avoriaz. Les Pingouins restent en effet sur une série impressionnante de 17 points marqués sur 18 possibles lors des neuf dernières rencontres, ce qui leur a permis d'effectuer une remontée fulgurante au classement et d'occuper désormais une confortable sixième place. Du côté grenoblois, l'année 2005 est partie sur d'excellentes bases avec quatre victoires d'affilée (coupe et championnat confondus). Seule ombre au tableau : la blessure de Baptiste Amar, qui ne devrait heureusement pas l'écarter définitivement des patinoires cette saison comme on l'avait craint dans un premier temps. Dans ces conditions le staff grenoblois avait mis la pression sur son équipe en parlant de "configuration play-offs" au sujet de ce match, censé préparer les âpres joutes du mois de mars.

Mauvaise nouvelle au coup d'envoi pour Gérald Guennelon, le défenseur Pasi Järvinen, incertain, déclarait finalement forfait, et c'est donc avec seulement cinq défenseurs dont le jeune Millerioux que les Grenoblois débutaient la rencontre. Un début de rencontre qui aurait pu être glacial puisqu'après seulement quinze secondes de jeu, Forsander et Håkansson s'enfonçaient avec aisance dans la défense grenobloise mais ce dernier butait sur Rolland, rapidement mis à contribution. Passée cette première frayeur, les Brûleurs de Loups prenaient le commandement des opérations et pressaient les Pingouins dans leur zone. Un pressing énorme avec à la baguette un Laurent Meunier des grands soirs dont les dribbles donnaient le tournis à une défense haut-savoyarde quelque peu dépassée. Seule la réussite manquait aux Grenoblois, car la plupart des occasions franches se terminaient par des tirs non cadrés. Mais à force de pousser, le palet finissait par rentrer : Yven Sadoun très actif derrière le filet adverse centrait pour Meunier arrivé lancé. Ce dernier ratait le cadre mais récupérait le rebond contre la balustrade et plaçait le palet juste au-dessus de la botte de Johan Bäckö pour l'ouverture du score (1-0, 08'13"). Ference se faisant remarquer une première fois aux yeux de l'arbitre, les Grenoblois bénéficiaient d'une supériorité numérique dans la foulée. Un avantage dont ils ne profitaient pas. Morzine relâchait l'étreinte quelques instants sur une supériorité numérique sans se montrer vraiment dangereux. La pression revenait vite sur les cages de Bäckö à la faveur d'une faute d'Alnered, et après avoir tenté de trouver la faille pendant deux minutes, Meunier décalait parfaitement Sadoun dont la reprise instantanée faisait mouche, au moment même où Alnered revenait sur la glace (2-0, 13'49"). Morzine tentait bien quelques contre-attaques sur lesquelles Rolland restait vigilant, mais c'est encore Grenoble qui enfonçait le clou juste avant la fin du tiers sur un travail énorme le long de la bande de Petri Lehtonen dont le centre au cordeau était repris par Josef Podlaha arrivé à point nommé. Bäcko ne pouvait que freiner la trajectoire du palet qui finissait au fond de ses filets (3-0, 18'48"). Avec un score de 3-0, les Brûleurs de Loups avaient réalisé le tiers parfait et mis sous l'éteignoir une équipe de Morzine dépassée par le rythme imposé.

Mais il ne fallut pas longtemps pour s'apercevoir que le décor avait changé au début du deuxième tiers. Le discours de Stéphane Gros avait visiblement porté ses fruits, et loin d'être résignés, les Pingouins acculaient les Brûleurs de Loups dans leur zone défensive. Les cinq premières minutes du tiers, ponctuées par une pénalité infligée à Simon Bachelet (assortie d'une méconduite), étaient particulièrement difficiles pour Grenoble. Mais les Brûleurs de Loups s'en sortaient au courage et parvenaient à rééquilibrer les débats avec l'aide du coup de sifflet de M. Mendlowictz un poil tatillon qui ne s'arrêtait plus de pénaliser de part et d'autre. Les phases de jeu à cinq contre cinq se faisaient rarissimes et le jeu devenait vite désordonné. La pression montait, les petits accrochages se multipliaient, signe que Morzine avait décidé de ne pas se laisser faire. Rolland sortait un arrêt de grande classe sur un break de Johan Forsander complètement oublié par sa défense. Mais les Pingouins signaient enfin leur retour définitif dans la partie sur un 2 contre 1 Maes-Forsander magnifiquement conclu par le Suédois (3-1, 32'46"). Une réduction du score amplement mérité au vu des efforts fournis par les Morzinois depuis le début de la période. Mais il n'en fallait pas plus pour faire monter l'intensité du match d'un cran supplémentaire. Jean-François Bonnard et Brad Ference se cherchaient pendant tout le tiers, et ce qui devait arriver arriva lorsque Bonnard se frottait un peu trop près de Bäckö au terme d'un rush solitaire. Le gardien suédois réagissait en donnant un coup de poing à Bonnard et le match partait en pugilat. Un pugilat qui gagnait même le banc grenoblois lorsque Ference venait provoquer Gérald Guennelon. Les deux hommes en venaient aux mains avant que des joueurs tentent de s'interposer et défendre leur coach, Simon Bachelet en tête. Craignant que le match ne dégénère complètement, M. Mendlowictz préférait tout simplement renvoyer tout le monde au vestiaire alors qu'il restait encore quarante-huit secondes à disputer en deuxième période ! Du jamais vu...

Tous les acteurs du match revenaient sur la glace un quart d'heure plus tard à l'exception de Brad Ference qui avait écopé d'une pénalité de match et de Simon Bachelet sanctionné par une méconduite de match après sa première méconduite reçue au deuxième tiers. Cette fois les esprits s'étaient calmés et les Brûleurs de Loups terminaient le deuxième tiers et commençaient le suivant avec un avantage numérique de cinq minutes : de quoi prendre son temps avant de porter l'estocade. Oui mais voilà, les choses ne se produisaient pas tout à fait comme prévu. Les Morzinois se battaient sur tous les palets et empêchaient les Grenoblois de s'installer durablement dans la zone d'attaque. Le jeu de puissance isérois connaissait des ratés et se laissait même surprendre par un contre parfaitement géré par Immonen qui servait dans le tempo Marc Billieras lequel se rappelait au souvenir de ses anciens partenaires en trouvant la faille sous la transversale (3-2, 41'51"). Morzine revenait ainsi à une longueur des Brûleurs qui ne parvenaient plus à marquer. Pourtant les pénalités s'abattaient sur Morzine : Forsander à deux reprises puis Lindgren étaient sanctionnés par M. Mendlowictz. Les Grenoblois avaient ainsi l'occasion de faire définitivement la différence en évoluant en double avantage numérique pendant plus de quarante secondes. Las, comme lors du début du tiers, les Brûleurs de Loups laissaient passer l'occasion, ne parvenant que rarement à trouver une situation de tir favorable. Lorsque c'était finalement le cas, Bäcko s'imposait avec talent. Pourtant Grenoble pensait avoir finalement trouvé la faille et fait définitivement la différence à cinq contre quatre lorsque Tommi Hämäläinen reprenait victorieusement un rebond laissé par Bäckö. Mais M. Mendlowictz refusait le but, soi-disant parce qu'il avait sifflé le gel du palet avant, un coup de sifflet bien inaudible sans compter que le palet était loin d'être gelé... Et coup du sort pour les Grenoblois qui pensaient avoir fait le break, Forsander s'échappait en contre dans la minute suivante et remportait son duel avec Rolland d'un magnifique revers (3-3, 55'45"). Les Morzinois avaient réussi l'exploit de remonter leur handicap de trois buts concédés au premier tiers après avoir pourtant joué dix des quinze dernières minutes en infériorité numérique ! Les Brûleurs ne pouvaient vraiment s'en prendre qu'à eux-mêmes de s'être fait remonter de la sorte. Le laxisme défensif ne pouvait être imputé seulement sur la seule présence de seulement quatre défenseurs depuis l'expulsion de Simon Bachelet. Morzine pouvait même faire la décision dans les ultimes minutes de jeu lorsque Sadoun était envoyé à son tour en prison, mais les Grenoblois sauvegardaient le minimum, à savoir le point du match nul. Mais c'est bel et bien Morzine qui célébrait un point de gagné au coup de sirène !

La prolongation devait donc départager les deux équipes. Grenoble dominait les premières minutes avec deux ou trois actions chaudes devant Bäckö, mais sur une erreur de relance de Martin Millerioux, Magnusson récupérait le palet pour servir Immonen sur un plateau et le défenseur finlandais donnait la victoire à son équipe (64'20") ! Les Pingouins pouvaient laisser éclater leur joie après un match au scénario incroyable qui les a vus remonter trois buts pour finalement arracher les deux points de la victoire en prolongations.

L'incroyable série continue pour les Pingouins. Ils ont très certainement marqué les esprits ce soir en montrant un mental à toute épreuve et une volonté qui devrait inspirer plus d'une équipe. Des individualités marquantes comme Johan Forsander ou Santeri Immonen ont concrétisé cette volonté au tableau d'affichage. N'oublions pas non plus Marc Billieras dont le retour sur ses terres a fait forte impression. Voilà en tout cas les Morzinois quasiment définitivement qualifiés pour les play-offs, où ils seront à n'en pas douter une équipe difficile à jouer.

Du côté de Grenoble, difficile d'expliquer cette nouvelle contre-performance à domicile. Certes le but refusé inexplicablement à Hämäläinen coûte très cher dans la balance au décompte final. Mais les Brûleurs de Loups n'auraient jamais dû en arriver là après avoir assommé leurs adversaires par trois buts au premier tiers et bénéficié de plus de dix minutes de supériorité numérique au troisième, dont quarante secondes à cinq contre trois. Un jeu de puissance catastrophique qui a été non seulement d'une inefficacité offensive affligeante mais qui a en plus concédé deux buts sur des contres impardonnables à ce niveau. L'expulsion de Simon Bachelet et sa méconduite au deuxième tiers n'ont certes pas facilité la tâche de la défense qui a évolué à quatre (dont Millerioux) pendant plus de quarante minutes. Mais au lieu de s'attacher à conserver le résultat acquis, les Grenoblois ont ouvert des espaces dont se sont emparés les attaquants morzinois. Seuls Patrick Rolland pour ses arrêts déterminants au deuxième tiers et Laurent Meunier par sa combativité ont paru surnager dans le navire grenoblois, mais la faillite est bien collective après un premier tiers pourtant d'excellente facture. Plus inquiétant, Grenoble n'a visiblement pas tiré les leçons du match face à Dijon puisque cette rencontre face à Morzine-Avoriaz en est une copie conforme. Les Brûleurs concèdent donc un nouveau faux-pas à domicile bien malvenu pour ce que le staff avait appelé la "configuration play-offs" et montrent une certaine fragilité mentale pas forcément de bonne augure pour les phases finales. Il leur reste un mois pour corriger le tir...

Désignés meilleurs joueurs du match : Laurent Meunier (Grenoble) et Johan Forsander (Morzine-Avoriaz)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après le Dauphiné Libéré) :

Benoît Bachelet (capitaine de Grenoble) : "On avait le match en main et on les laisse revenir. C'est anormal. Le fait est qu'on a perdu et qu'on n'a pas été capable de tenir le match, et les choses se sont délitées petit à petit. On doit tous tirer dans le même sens, ne pas penser que tous les matches nous souriront comme face à Villard. Eux se sont battus comme des morts de faim. C'est dommage pour le classement car on avait notre destin en main pour finir en tête et on ne l'a plus. C'est frustrant car on a eu pas mal d'occasions en supériorité mais au final, ils nous en plantent deux dans cet exercice. Tout n'est pas noir, il ne faut pas non plus tout dramatiser parce qu'on a perdu un point."

Laurent Meunier (attaquant de Grenoble) : "On mène 3-0 et après on laisse des trous et notre gardien nous sauve la match longtemps. On ne peut pas gagner une rencontre en se comportant comme ça. On est fâchés contre nous-mêmes car après un bon premier tiers, on est tombé dans le n'importe quoi. On doit jouer en équipe sinon on n'ira pas bien loin. Nous n'avons pas pris conscience des dangers. La pression ? Faut arrêter avec ça. Si certains ne savent pas jouer avec, il faut qu'ils arrêtent ! Nous devons gagner tous nos matches désormais, point barre. Nous leur avons donné cette rencontre, c'est inadmissible de prendre deux buts à quatre contre cinq. On ne méritait pas de gagner."

Stéphane Gros (entraîneur de Morzine) : "On s'est laissé bercer par l'ambiance au premier tiers et cette atmosphère a incité les joueurs à trop bien faire. Du coup, ils se sont ratés. À la pause, je leur ai dit qu'on se faisait marcher dessus et qu'on avait nous aussi le droit de frapper, et ça a changé la donne. On a bien géré nos infériorités en marquant deux buts. C'est quand même incroyable, ça fait dix matches consécutifs sans défaite et les play-offs sont en vue. On peut regarder vers le haut."

Marc Billieras (attaquant de Morzine) : "Même si Grenoble est leader, on n'avait aucune retenue. On s'est fait surprendre au premier tiers mais on s'est pas démobilisé ni résigné. Mercredi on était mené 2-0 face à Dijon et on était revenu avant de gagner en prolongation. On sait faire. Personnellement, marquer face au club de mes débuts, c'est super, je l'espérais vraiment avant la rencontre. La force de notre équipe ? Nous n'avons peur de personne."

 

Grenoble - Morzine-Avoriaz 3-4 (3-0, 0-1, 0-2, 0-1)

Samedi 22 janvier à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Gwilherm Margry et Gildas Fontaine

Pénalités : Grenoble 46' (2', 20'+20', 4', 0'), Morzine-Avoriaz 51' (4', 16'+25', 6', 0').

Évolution du score :

1-0 à 08'13" : Meunier assisté de Sadoun

2-0 à 13'49" : Sadoun assisté de Meunier et Hämäläinen

3-0 à 18'48" : Podlaha assisté de Lehtonen et Millerioux

3-1 à 32'46" : Forsander assisté de Maes et Ference

3-2 à 41'51" : Billieras assisté d'Immonen (inf. num.)

3-3 à 55'45" : Forsander assisté de Håkansson (inf. num.)

3-4 à 64'20" : Immonen assisté de Magnusson

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Jean-François Bonnard (A) ; Nicolas Favarin - Simon Bachelet ; Martin Millerioux.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Yven Sadoun - Laurent Meunier - Benoît Bachelet (C) ; Cyril Papa - Laurent Deschaume (A) - Kévin Hecquefeuille ; Christophe Tartari - Nicolas Antonoff - Romain Bachelet.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Vincent Mary. Absents : Pasi Järvinen (contracture), Baptiste Amar (épaule).

Morzine-Avoriaz

Gardien : Johan Bäckö.

Défenseurs : Santeri Immonen - Brad Ference ; Andreas Alnered - Alain Boisson (A) ; Christian Elian (C) - Tony Bergin.

Attaquants : Johan Forsander (A) - Marc Billieras - Fredrik Håkansson ; Christian Magnusson - Tomas Lindgren - Steven Kaye ; Lionel Maes - Kévin Enselme - Éric Lebey.

Remplaçants : Damien Ackerer (G), Gabriel Périllat, Éric Dupieux, Julien Lebey. Absent : Jean-Yves Socquet (blessé).

 

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