France - Kazakhstan (13 février 2005)

 

Tour final de qualification pour les Jeux Olympiques 2006.

Les Autrichiens se sont sabordés à domicile contre une Ukraine déjà éliminée qui ne jouait que pour l'honneur. La France et le Kazakhstan peuvent donc s'affronter pour savoir qui aura le droit d'aller embrasser les Ukrainiens pour les remercier de leur sportivité et de leur persévérance. Mais pour ces deux équipes, complètements remises en selle par le résultat de cet après-midi, il s'agit de ne pas se crisper à cause de ces circonstances devenues favorables. Or, les joueurs des deux camps sont justement nerveux en début de match. La tension s'explique car les Jeux Olympiques de Turin sont au bout du chemin. Le Kazakhstan a besoin d'une victoire, alors que la France, privée de Simon Bachelet victime d'un traumatisme crânien contre l'Autriche, peut se contenter d'un nul.

La partie commence donc par un round d'observation entre deux formations excessivement prudentes. Il faut attendre plus de cinq minutes pour voir la première occasion. Anton Komissarov réussit à se démarquer devant la cage française, mais son tir est repoussé par la jambière de Huet, et s'il a été accroché par Karrer, la supériorité ne donne rien. Le Kazakhstan est inquiétant dès qu'il peut prendre de la vitesse, mais il gâche souvent cet élan par des hors-jeu. Il prend aussi deux pénalités, mais les Bleus, fatigués et mal à l'aise, ne parviennent pas vraiment à installer leur jeu de puissance. Et en fin de tiers-temps, sur une contre-attaque qui prend la deuxième ligne bleue à revers, le tir croisé d'Andreï Samokhvalov heurte le poteau et rentre dans les filets de Huet (0-1 à 17'57"). C'est le revers de la médaille pour le pressing français face à une équipe rapide qui peut attirer l'adversaire pour mieux l'éliminer sur une bonne passe décisive. C'est exactement ce qu'a su faire Fedor Polishchuk.

Le premier jeu de puissance convaincant du match est en faveur du Kazakhstan en début de deuxième période, après que Gras a fait trébucher Kravets. Le palet file merveilleusement en déviations pour aboutir à un tir du revers dans l'enclave, bien écarté hors de danger par Cristobal Huet. Après vingt minutes poussives, on commence à voir du beau hockey, et c'est de la part du Kazakhstan, qui sait varier son registre avec de belles séries de petites passes de palette en palette mais aussi de longues passes qui occupent bien la largeur de la glace. On peut maintenant dire que les blancs méritent a posteriori de mener au score. Les Bleus reprennent des couleurs à partir d'une pénalité contre Filatov pour simulation (32'14"). Mais le Kazakhstan reste solide défensivement, et quand Hecquefeuille et Karrer se présentent à deux contre un, le gardien Vitali Kolesnik coupe parfaitement la ligne de passe avec sa crosse. Étonnant Kolesnik qui fait oublier l'excellent Eremeïev, normalement gardien n°1 mais actuellement blessé au genou.

Au retour sur la glace, les Français dominent territorialement, ainsi que vocalement dans des tribunes clairsemées, puisqu'on n'entend que les supporters tricolores dans la patinoire. Les mises au jeu en zone offensive se multiplient, mais elles ne sont pas souvent gagnées et les vraies occasions se font attendre. Le buteur Samokhvalov fait trébucher Besse, mais même en avantage numérique les Bleus ne trouvent pas la solution. Ils se font proprement endormir par une équipe du Kazakhstan qui les fait tomber dans un faux rythme. Comme hier, une échappée de François Rozenthal est porteuse d'espoir, mais elle avorte à cause d'un retour in extremis de Tregubov. À trois minutes de la fin, à l'issue d'une attaque kazakhe (phénomène rarissime dans cette dernière période), Sébastien Bordeleau intercepte le palet, part en contre sur l'aile gauche et centre au second poteau. Les Français auraient égalisé si un joueur tirant de la droite s'était présenté, mais c'est Besse qui est là et le palet lui arrive sur le patin droit... À l'avant-dernière minute, Cristobal Huet quitte ses cages, mais les adversaires récupèrent le palet et il fait demi-tour. Un Bleu étant déjà monté sur la glace, c'est la cinquième pénalité française pour surnombre du week-end... La fin.

Fatigués, les Français n'ont pas pu donner une belle conclusion à un tournoi de qualification si bien entamé. Malgré le jour de repos, les efforts consentis contre l'Autriche semblaient encore peser dans leurs jambes. Face à un adversaire passé maître dans la conservation du palet, ils ont longtemps été privés de caoutchouc, avant d'appliquer en fin de match une domination stérile qui n'a jamais donné le sentiment de pouvoir aboutir. En fait, ils ont à nouveau connu leurs légendaires difficultés face aux équipes de l'ancienne école soviétique, que le premier succès sur l'Ukraine n'a pas fait disparaître. L'illustration de ces particularités, c'est Jeff Bonnard. Très à son aise contre l'Autriche quand il fallait avant tout faire parler son physique et lutter inlassablement dans les duels, il a été beaucoup moins dans son élément aujourd'hui dans un match qui faisait la part belle à la maîtrise technique. C'est là que le bât a blessé. Car l'attaque de la France aussi était trop pauvre techniquement pour prétendre aux Jeux Olympiques. Pourtant, on y a cru.

Il y avait de quoi après tout, puisque le Kazakhstan, avec ses joueurs en bout de course (les Koreshkov), se qualifie pour les JO en ayant marqué seulement trois buts en trois rencontres et en terminant le tournoi avec une différence de buts négative ! Il n'y a pas toujours de logique dans le hockey, et c'est d'ailleurs ce qui donnait espoir aux Bleus il y a quelques jours. Beaucoup aimeraient être la place du Kazakhstan ce soir.

Élus meilleurs joueurs du match : Baptiste Amar pour la France et Andreï Samokhvalov pour le Kazakhstan.

Compte-rendu signé Marc Branchu

France - Kazakhstan 0-1 (0-1, 0-0, 0-0)
Dimanche 13 février 2005 à 19h00 à l'Eissportzentrum de Klagenfurt.
Arbitrage de Vladimir Sindler (TCH) assisté de Peter Küng (SUI) et Jaromir Blaha (TCH).
Pénalités : France 12' (2', 6', 4'), Kazakhstan 14' (4', 6', 4').
Tirs : France 26 (5, 9, 12), Kazakhstan 18 (5, 12, 1).

Évolution du score :
0-1 à 17'57" : Samokhvalov assisté de Polishchuk
 

France (2' pour surnombre)

Attaquants :
Laurent Meunier (C) - Sébastien Bordeleau (2') - Guillaume Besse
Kévin Hecquefeuille - Laurent Gras (2') - Pierre-Édouard Bellemare
Maurice Rozenthal - Jonathan Zwikel (2') - François Rozenthal
Xavier Daramy - Olivier Coqueux - David Dostal

Défenseurs :
Baptiste Amar - Nicolas Pousset
Jean-François Bonnard - Guillaume Karrer (4')
Vincent Bachet - Nicolas Favarin

Gardien :
Cristobal Huet (sorti de sa cage à 58'58")

Remplaçants : Fabrice Lhenry (G), Nicolas Besch. Absent : Simon Bachelet.

Kazakhstan (2' pour surnombre)

Attaquants :
Anatoli Filatov - Fedor Polishchuk - Andreï Samokhvalov (2')
Aleksandr Filippov (2') - Igor Kravets - Aleksandr Rozhnev (2')
Andreï Ogorodnikov - Evgueni Koreshkov - Aleksandr Koreshkov
Sergueï Aleksandrov (2') - Roman Kozlov - Anton Komissarov (2')

Défenseurs :
Alekseï Koledaïev - Artyom Argokov
Evgueni Blokhin (2') - Vladimir Antipin
Vitali Tregubov - Evgueni Pupkov
Oleg Kovalenko (C) - Evgueni Mazunin

Gardien :
Vitali Kolesnik

Remplaçant : Kirill Zinoviev (G).

 

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