Briançon - Mulhouse (16 février 2005)

 

Demi-finale de la Coupe de France 2005.

Une très belle saison est en train de se bâtir à Briançon, une de celles qui pourra marquer à jamais l'histoire du club. Et c'est parce que les joueurs en ont grandement conscience qu'on sent chez eux une certaine fébrilité en entrant sur la glace dans une patinoire pleine et chauffée à blanc. Quoi de mieux pour vaincre cette nervosité qu'un but d'entrée ? C'est ce que réussit Martin Filip, le meilleur élément offensif des locaux, l'homme qui fait toujours les bons choix et oriente très bien le jeu tout en sachant s'investir dans les duels pour conserver le palet et se placer au bon endroit pour marquer. Les Briançonnais font la course en tête et contraignent leurs adversaires à une vaine course-poursuite.

La tension était palpable de part et d'autre, à un pas seulement d'une finale très importante pour deux clubs tous deux en quête d'un premier titre et qui ont consenti de gros investissements cette saison. En outre, les clubs étaient brouillés depuis les coups portés par Montador sur Gélinas lors du match de championnat en Alsace, à l'issue duquel Alain Bayrou avait accusé le club alsacien de négligence dans l'organisation des secours et même demandé une inversion du résultat jugée ridicule même par les supporters briançonnais les plus fervents. Et ce sont les Diables Rouges qui ont mieux su gérer la pression, de quoi s'interroger sur les Scorpions qui semblent toujours fléchir mentalement en cette période de l'année, même s'il y a une cause objective cette fois avec leur défense dégarnie qui affrontait une formation au complet. En sachant maîtriser ses nerfs, le HCB a trouvé une des clefs de la réussite en ne concédant que trois pénalités. Puisse-t-il conserver cette bonne habitude...

Peu à peu, Briançon s'est pris à y croire dans cette Coupe de France après des premiers tours gagnés sans briller. Le public a répondu présent ce soir, et il a bien l'intention d'investir Méribel pour la finale qui marquera le retour du club haut-alpin en haut de l'affiche. C'est la consécration de tout un groupe. Sur la première ligne, Éric Blais est vaillant et Edo Terglav, même s'il n'a pas l'intelligence de jeu de Filip, reste remarquable de vivacité et de maîtrise. Et sur le deuxième trio, Mark Rycroft, même s'il n'est vraiment pas dominant en tant que jeune joueur de NHL anonyme lancé dans un contexte européen, retrouve ses instincts quand il s'agit de gagner les duels dans les coins. Desrosiers n'a pas donné l'image du buteur extraordinaire dont il prend les traits en championnat en ce moment, mais il a prouvé qu'il pouvait aussi être un joueur solide et bosseur. Quant aux autres, ils se sont montrés à la hauteur de l'évènement en évitant les erreurs pour conserver ce succès. Tout le monde a enfin joué à bloc pendant soixante minutes. Le résultat parle de lui-même.

Il n'y avait qu'une seule équipe que Briançon n'avait pas battue cette saison, et c'était Mulhouse. C'est désormais du passé. Les Diables Rouges n'ont plus à avoir peur de personne. Ils peuvent se concentrer sur la finale de la coupe, sachant que les quatre premiers sont trop loin devant en championnat. Ils savent donc qu'ils n'auront pas l'avantage de la glace en play-offs, mais ils pourront mettre la pression à l'extérieur en se sachant fort à domicile.

Le HC Mulhouse, en revanche, commence à douter. Il éprouve toujours autant de difficultés à assumer son étiquette de favori dans les gros matches. En championnat, il compte une victoire, un nul et quatre défaites contre les trois premiers au classement, et même son bon bilan contre le cinquième Briançon vient d'être gommé par cette défaite en coupe. Il ne lui reste plus que le championnat, et sa première confrontation avec le sixième Morzine samedi sera capitale pour retrouver la confiance. Les deux adversaires pourraient d'ailleurs se retrouver face-à-face en quart de finale, auquel cas il est important de prendre un ascendant psychologique.

 

Commentaires d'après-match (dans Le Dauphiné Libéré)

Luciano Basile (entraîneur de Briançon) : "Une juste récompense, que dire, sinon que je suis très heureux. Lors des deux premiers tiers, on a évolué à quatre lignes, ce qui a permis à tout le monde de jouer, et ce qui était nécessaire vu la dépense d'énergie que suscite un tel match. Ensuite, on a joué avec trois lignes, dans un dernier tiers très défensif. Desrosiers a parfaitement tenu en respect Reinprecht, il a fait du bon boulot. On aurait pu avoir une fin de match plus tranquille, si on avait pu concrétiser nos occasions de la deuxième période. Cette finale est une juste récompense pour tout le travail effectué avec les joueurs depuis un an maintenant. On n'a pas le talent pur des grosses équipes françaises, mais on compense cela par de gros efforts, par l'altruisme. Regardez ce soir, il y a quatre buteurs différents. C'est cela l'histoire de notre équipe, une histoire collective."

Yannick Maillot (attaquant de Briançon) : "C'est énorme, c'est tout simplement énorme. Moi, j'ai 22 ans, c'est la première fois que je participais à une rencontre d'une telle importance. Sincèrement, ça fait chaud au cœur. Je dirais que l'équipe est à l'image de son capitaine Éric Blais. On ne joue pas avec notre bouche, on fait peu de bruit, et on répond présent sur la glace. Éric est quelqu'un de bien, qui parle peu et qui nous montre l'exemple sans cesse. Je tiens à lui rendre hommage. Ce match était tendu par l'enjeu, on a disputé un dernier tiers très défensif, il ne fallait plus prendre de but. On a alors mieux respecté les consignes du coach. Auparavant, on avait un peu joué avec le feu, puis on a su tenir vingt minutes sans prendre de but."

 

Briançon - Mulhouse 4-3 (3-1, 1-2, 0-0)

Mercredi 16 février 2005 à 20h30 à la patinoire René-Froger. 2500 spectateurs.

Arbitrage de Marc Mendlowictz assisté de Cyril Carlin et Guillaume Gielly.

Pénalités : Briançon 6' (2', 2', 2'), Mulhouse 14' (4', 6', 4').

Évolution du score :

1-0 à 02'45" : Filip assisté de Terglav et Blais

2-0 à 13'51" : Jodoin assisté de Rycroft et Desrosiers (sup. num.)

2-1 à 17'36" : Reinprecht assisté de Kiviharju

3-1 à 19'51" : Trabichet assisté de Desrosiers et Rycroft

4-1 à 24'13" : Terglav assisté de Blais et Filip

4-2 à 25'12" : Christie assisté de Rozenthal

4-3 à 37'18" : Day assisté de Christie (sup. num.)

 

Briançon

Gardien : Frédérik Beaubien.

Défenseurs : Michal Divisek - Tomas Kramny ; Nicolas Pousset - Jean François Jodoin (A) ; Jasmin Gélinas - Olivier Vandecandelaere.

Attaquants : Éric Blais (C) - Martin Filip - Edo Terglav (A) ; Cyril Trabichet - Julien Desrosiers - Mark Rycroft ; Cédric Boldron - Yannick Maillot - Lionel Orsolini ; Arnaud Blanchard - Frédéric Borgnet - Sébastien Rohat.

Remplaçant : Sébastien Muret (G).

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Lilian Prunet (A) - Allan Carriou ; Francis Ballet - Jukka Hakkarainen.

Attaquants : Steven Reinprecht - Greg Day - Ryan Christie ; Jani Kiviharju - Olivier Coqueux (A) - Hermanni Vidman ; Maurice Rozenthal - Milos Palovcik - Pavol Segla ; Steve Michou - Lionel Bilbao (C) - Juho Jokinen.

Remplaçants : Tom Charton (G), Jérémie Bigot, Jérôme Catil. Absents : Steve Montador (rentré au Canada), Miikka Ruokonen (genou, saison terminée).

 

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