Grenoble - Tours (25 mars 2005)

 

Demi-finale de la Ligue Magnus, troisième manche

La dynamique de la série a changé de camp après la courte mais précieuse victoire des Brûleurs de Loups en terre tourangelle (1-0). Grenoble était venu chercher une victoire en Touraine, et après un premier match perdu notamment sur l'indiscipline, l'objectif était atteint lors du second, en particulier grâce à une rigueur défensive sans faille, à défaut d'efficacité offensive. Désormais les Grenoblois ont repris l'avantage de la glace et ont les moyens de terminer la série à domicile.

C'est avec sérieux que les joueurs de Gérald Guennelon débutaient la rencontre, sur des bases similaires au deuxième match. Tours était poussé à la faute une première fois lorsque Jonathan Roy était envoyé en prison. Mais le jeu de puissance grenoblois se montrait toujours aussi inefficace et ce premier avantage numérique n'avait comme conséquence que d'installer un peu plus les Brûleurs de Loups dans le camp tourangeau. Mais comme M. Bergamelli se montrait intransigeant avec les Diables Noirs, les Grenoblois bénéficiaient d'une seconde chance qui faisait basculer le début de rencontre : sur un tir téléphoné à la bleue d'Hämäläinen, Loïc Sadoun se saisissait de la rondelle et partait en breakaway. Mais Rolland sortait le grand jeu et s'imposait dans son face-à-face avec l'attaquant tourangeau. Meunier récupérait la rondelle et lançait un contre foudroyant s'achevant de l'autre côté de la glace par un tir de Roger Jönsson qui ne laissait aucune chance à Sopko (1-0, 08'07"). Les joueurs de Robert Millette se faisaient sanctionner une troisième fois d'affilée. Cette fois les Grenoblois installaient le jeu de puissance et trouvaient l'ouverture de manière plus conventionnelle : tir de Jönsson repoussé par Sopko et Amar se trouvait idéalement placé au rebond pour expédier la rondelle au fond des filets (2-0, 11'05"). En onze minutes, les Grenoblois avaient trompé Sopko autant de fois que lors des deux matches précédents ! La suite du tiers était en revanche plus favorable aux visiteurs. Il faut dire qu'entre temps M. Bergamelli avait changé son sifflet d'épaule et se montrait cette fois on ne plus intransigeant avec Grenoble. Compensation ou pas, les Brûleurs de Loups prenaient trois pénalités d'affilée qui équilibraient bien la balance. La différence se faisait cette fois sur l'efficacité : même si les Tourangeaux se montrait globalement plus à l'aise dans l'exercice du jeu de puissance, ils ne parvenaient que rarement à mettre Rolland en danger. Pire même, Jeff Bonnard à sa sortie de prison s'offrait un face-à-face avec Sopko, mais ce dernier sauvait son équipe du KO. Grenoble revenait donc au vestiaire avec un avantage de deux buts, fruits d'une meilleure supériorité numérique, un comble !

Cette euphorie grenobloise à cinq contre quatre n'allait pourtant pas durer. Grenoble vendangeait trois occasions d'affilée de tuer le match dès le début de la deuxième, période avec même une vingtaine de secondes en double avantage numérique. Une circulation du palet poussive en supériorité numérique, une maladresse persistante dans le dernier geste ou un Sopko qui ne lâchait rien malgré un début de match difficile : les Brûleurs de Loups ne parvenaient pas à se détacher au score et allaient vite regretter d'avoir laissé passer leur chance. Car Antonoff se laissait emporter par sa fougue en envoyant Stepan s'écraser contre le bande. Résultat, une expulsion pour le Grenoblois et cinq minutes d'infériorité à subir pour ses partenaires. Comme si cela ne suffisait pas, Hämäläinen partait à son tour en prison et laissait ses coéquipiers en double infériorité. Mais regroupés devant un Rolland héroïque et accrocheurs comme jamais, les partenaires de Laurent Meunier ne lâchaient pas un pouce de glace à leurs adversaires. Tours ne trouvait pas la solution et laissait passer une occasion en or de revenir dans le match. Si les Grenoblois maintenaient leur avance de deux buts à l'orée du dernier vingt, ils ne le devaient qu'à une abnégation sans faille et à une redoutable efficacité dans la gestion des infériorités numériques.

La détermination grenobloise ne faiblissait pas dans la dernière période. Tout en évitant de se découvrir, les Isérois maintenaient un pressing haut qui empêchaient les Tourangeaux de trop s'approcher des cages de Rolland. Et quand c'était le cas, le gardien grenoblois sortait le grand jeu comme sur ce lancer de botte réflexe qui évitait une réduction du score. Cela faisait maintenant plus de cent minutes que l'attaque tourangelle demeurait stérile, et les Diables Noirs commençaient à perdre patience. Les hommes de Gérald Guennelon résistaient aux provocations et montraient une sérénité dans le gestion du palet. Les quatre lignes grenobloises tournaient comme des avions et épuisaient les rangs adverses. Le repli défensif tourangeau donnait des signes de faiblesse et Hecquefeuille se trouvait même complètement esseulé devant Sopko mais son tir finissait sur la transversale. Une faute de Hämäläinen donnait une dernière occasion à Tours de revenir au score en supériorité, mais Eizenman perdait le palet à la bleue et n'avait d'autre solution que de faire trébucher Meunier pour l'empêcher de filer au but. Agacé, Eizenman slapait de rage dans le palet ce qui lui valait dix minutes de méconduite. Dans la minute suivante c'est Perricone qui perdait son sang-froid en commettant un cinglage pas très discret passible d'un renvoi aux vestiaires. Les nerfs des Tourangeaux lâchaient et M. Bergamelli distribuait les méconduites à tout va. Millette retirait même Sopko qui donnait lui aussi des signes d'énervement. Les Diables Noirs n'essayaient même pas de jouer le surnombre en fin de partie et la rencontre s'achevait dans la confusion, promettant une chaude confrontation demain.

Les Brûleurs de Loups ont donc pris l'avantage dans la série en fournissant une prestation dans la lignée de celle du deuxième match à Tours : grosse pression physique, supériorité technique et abnégation de tous les instants en infériorité numérique. Seule a manqué encore une fois l'efficacité devant les buts, car avec le jeu produit, l'écart au score aurait pu être plus large. Mais on ne fera pas la fine bouche côté grenoblois car les deux buts marqués tôt dans le match (et en supériorité numérique !) ont permis une gestion plus tranquille de la rencontre malgré un gros coup de chaud au deuxième tiers. Patrick Rolland, impérial dans ses cages, a été le grand bonhomme du match et signe une performance de premier ordre avec un deuxième blanchissage d'affilée en play-offs. Son vis-à-vis Sopko n'a pas été en reste même s'il a montré quelques signes de fébrilité en début de rencontre, laissant notamment de nombreux rebonds. Il s'est bien repris par la suite en laissant à ses coéquipiers une chance de revenir dans le match. La ligne de Rob Millar est restée muette pour la deuxième fois d'affilée, et le fait de jouer à seulement trois lignes contre quatre pour Grenoble va peser lourd dans cette série car la fatigue commence à se faire sentir. Les Brûleurs de Loups sont désormais à une marche de la finale et il leur faudra reproduire une performance similaire à celle de ce soir pour s'imposer. Ils en ont les moyens, et au vu du manque de percussion des Diables Noirs ce soir, leur principal adversaire risque bien d'être eux-mêmes.

Désignés meilleurs joueurs du match : Patrick Rolland (Grenoble) et Ramon Sopko (Tours)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Je suis évidemment satisfait, on voulait tout de suite prendre l'avantage chez nous. On ne doutait pas, mais sur des séries finales, la difficulté est de rééditer deux bonnes prestations consécutives. Malheureusement nous avons subi beaucoup d'infériorités mais notre gardien a fait une grande partie et nous a fait du bien. J'avais mis en garde mes joueurs par rapport à une déconcentration éventuelle à 2-0. L'équipe de Tours a essayé de nous mettre la pression et des coups. Mais on n'est pas trop tombé dans le piège."

Patrick Rolland (gardien de Grenoble) : "Ça faisait longtemps que j'attendais un match avec un peu de boulot. Ce soir c'était agréable, toute l'équipe a bien joué. Nous avons eu de la pression comme à chaque fois en play-off, mais l'équipe a joué à 150% et les attaquants ont fait un bon boulot. Pour ma part, j'ai fait le mien. Ça doit continuer comme ça demain. Quant au premier but, l'arbitre aurait quand même pu me filer une assistance."

Loïc Sadoun (attaquant de Tours) : "On était bien meilleurs que sur le deuxième match à Tours. On a pris deux buts sur power-play et ils ont fermé la porte ensuite. Ils ont quatre lignes qui jouent, c'est vraiment pas des rigolos. Patrick Rolland a encore fait un match comme on connaît, mais on est déçu quand même. Si on joue de la même façon demain soir, avec un peu de réussite, ça peut passer. Ca fait quand même deux matches de suite qu'on ne marque pas, ça fait mal au c..."

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "Il faut absolument tout oublier, recommencer à zéro. On va se réunir, on n'est pas encore mort. Demain on sera prêts, ce sera une autre bataille. Les play-offs, ça va en cinq manches. Nous avons eu des occasions de marquer et je pense que nous aurons plus de chances demain. On a manqué un peu d'intelligence sur certains gestes. Oui, nous sommes encore en vie. Une bête blessée au pied du mur se défend plus encore. On va trouver une manière de gagner ici."

 

Grenoble - Tours 2-0 (2-0, 0-0, 0-0)

Vendredi 25 mars à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Cyril Carlin et Damien Velay.

Pénalités : Grenoble 41' (6', 6'+5'+20', 4'), Tours 73' (8', 6', 4'+10'+10'+10'+5'+20').

Évolution du score :

1-0 à 08'07" : Jönsson assisté de Meunier (sup. num.)

2-0 à 11'05" : Amar assisté de Jönsson (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Patrick Rolland.

Défenseurs : Tommi Hämäläinen - Pasi Järvinen ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Jean-François Bonnard (A) - Nicolas Favarin.

Attaquants : Roger Jönsson - Petri Lehtonen - Josef Podlaha ; Dominic Forget - Laurent Meunier (C) - Yven Sadoun ; Nicolas Antonoff - Laurent Deschaume - Kévin Hecquefeuille ; Cyril Papa - Christophe Tartari - Romain Bachelet.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Martin Millerioux. Absent : Benoît Bachelet (fracture du péroné - saison terminée).

Tours

Gardien : Ramon Sopko puis Vladimir Hiadlovsky à 57'58".

Défenseurs : Radek Stepan - Philippe Roy (A) ; Jan Supuka - Robert Fail ; Lubomir Duda - Anton Poznik.

Attaquants : Rob Millar - Jonathan Roy - Éric Perricone ; Loïc Sadoun - Alon Eizenman - Jan Simko ; Benoît Paillet - Kent Gillings (A) - Peter Bohunicky ; François Gleize (C).

Remplaçants : Valère Falck, Gaël Cler. Absents : Frantisek Pulscak, Marcel Simak.

 

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