Mulhouse - Rouen (26 mars 2005)

 

Demi-finale de Ligue Magnus, quatrième manche.

Après la soirée d'hier, riche en buts, le HCM avait la possibilité ce soir d'enfoncer définitivement le clou et de parvenir en finale. De leur côté, les Dragons rouennais étaient mis face à leurs responsabilités, Arnaud Briand souhaitait une prise de conscience collective afin de redresser la barre. Tout était encore possible, une soirée ne faisant pas l'autre.

D'ailleurs, on sent dès le coup d'envoi que les Scorpions ne réitèreront pas leur démonstration prolifique de la veille. On les devine un peu plus tendus quand leurs adversaires font preuve de bien plus de mordant au niveau physique. Kimmo Salminen ouvre d'ailleurs, et très rapidement, le bal (0'39") avant qu'Olivier Coqueux ne réponde de près (1'03"). Les Rouennais font pourtant preuve de bien plus d'initiative que la veille, pressant haut les Alsaciens qui répondent de façon plutôt illicite comme le juge monsieur Bachelet : Coqueux puis Ryan Christie (pour un "accrocher" un peu sévèrement sifflé) sont punis et la sanction tombe presqu'aussitôt : Salminen conclue une combinaison à trois, exactement la même que la veille, sur la gauche de Fabrice Lhenry (0-1 à 2'59"). Idéal pour débuter la partie, mais les Normands perdent peu après Guillaume Besse, suite à un coup de crosse assez disproportionné en réponse à une charge musclée mais a priori correcte de Jani Kiviharju : pénalité de match assortie de cinq minutes majeures, voici Rouen très diminué, qui ne compte plus qu'une ligne de cadres et deux de minots. Mais le Dragon a décidé de vendre chèrement sa peau et Mulhouse, qui se remet en bleu de chauffe, bute souvent sur un Raymond très inspiré : Steven Reinprecht (5'54") puis Allan Carriou d'un envoi lourd de la bleue (8'58") font le pressing, mais ces cinq minutes de supériorité s'égrènent trop vite, les Normands se trouvent mieux pour sortir le palet, et il faut un tir dans un trou de souris de lucarne de Milos Palovcik pour enfin débloquer la situation (1-1 à 12'07"). Le but est validé, Rouen remonte à cinq sur la glace alors que la pénalité majeure n'est pas terminée, mais cet état de fait ne change rien à la donne, c'est bien Mulhouse qui remet le turbo, à l'instar de ces rushes de Reinprecht (qui bute sur la mitaine de Raymond à 13'48") ou Maurice Rozenthal, prolongé par un rebond de Pavol Segla (14'23"), quand Rouen ne répond que d'un tir de Carlsson (17'20") avant de mieux mordre en cette fin de tiers par Bellemare (18'58"), après que Juho Jokinen, alors en infériorité, a raté son break (18'18"). Mulhouse presse toujours autant, mais le match âpre, plus viril et plus rapide que la veille est aussi bien plus équilibré.

Aussi l'entrée en scène complètement ratée des Mulhousiens en deuxième période peut faire craindre le pire : Salminen vient d'exploiter une grosse bourde de relance alsacienne pour s'en aller crucifier Lhenry d'un tir puissant (1-2 à 20'10"), puis Rouen ballote physiquement son adversaire lors d'une supériorité et éprouve le portier local notamment sur un tir de Daniel Carlsson (22'52"), autant dire que Rouen pèse psychologiquement sur les haut-rhinois. L'égalisation conclue par Steve Michou d'une reprise puissante (2-2 à 24'40") est donc la bienvenue pour les siens qui font d'ailleurs preuve d'un réalisme étonnant au cours de ce tiers : deux buts pour quatre tirs cadrés, voilà une situation qui contraste avec le premier tiers. L'égalisation a le mérite de les relancer, à l'instar d'Hermanni Vidman qui tire sur Éric Raymond (27'00"), mais c'est Lilian Prunet qui trompe le Canadien. Suite à un travail de Rozenthal derrière la cage, l'ancien Rouennais repasse alors à son compère qui, à mi-zone, déclenche une reprise ne laissant pas à une chance au Dragon (3-2 à 30'23"). Mulhouse mène enfin au score mais voit les Normands remonter vers ses cages. S'ensuit alors une période relativement intense en trafic mais avare en tirs, les protagonistes s'emploient à neutraliser le bonhomme avant tout. Pourtant, Bellemare (freiné par Prunet à 31'04"), puis Dubillot (bien lancé par Dufournet à 36'54") et Salminen (suite à une relance hasardeuse de Carriou à 38'08") portent le danger et laissent augurer un dernier tiers palpitant et pesant pour les Scorpions.

Il le sera d'ailleurs. Après un début tendu où l'on cherche avant tout à neutraliser, c'est Fontana qui porte le danger lors d'un cafouillis devant Lhenry (44'01") mais Bilbao répond du revers, dans un angle fermé (45'58"), imité par Hakkarainen d'un puissant tir de la bleue (47'33") puis par Palovcik dont l'essai lobe Raymond pour retomber juste derrière sa transversale (50'09"). Mulhouse prend la mesure de son adversaire, fréquemment contraint au dégagement interdit, mais les Dragons résistent vaillamment par Briand ou Salminen, constamment en pointe, ou Pourtanel qui ne concrétise pas un petit couloir devant lui (55'56"). La dernière grosse occasion est pour Michou, l'ancien Clermontois est idéalement lancé mais temporise trop, visiblement il ne s'attendait pas à cette opportunité et bute sur Raymond qui reste concentré (58'07"). S'ensuivent alors les derniers instants du match : l'Illberg, "inhabituellement" mais constamment bruyant en cette soirée, s'est levé pour soutenir les siens, Rouen a fait sortir son gardien mais n'arrive pas à s'imposer, les dernières secondes s'égrènent dans une furia assourdissante avant que la sirène ne libère les Alsaciens : ils y sont, en finale, ça vaut bien un nouveau morceau de la fanfare de Rixheim, venue depuis la veille apporter un peu d'animation dans la tribune principale.

La partie a été bien plus serrée qu'hier, et on a pu y croire, à cette rébellion normande. Les Dragons, quand même gênés par les absences de Broz, de Paré et enfin de Besse n'ont pu faire jeu égal avec la troupe mulhousienne malgré un danger notable, notamment en situation spéciale. Les jeunes pousses ont pu néanmoins profiter de l'opportunité qui leur était offerte en se mettant au diapason de leurs aînés, voilà qui peut augurer de belles choses pour l'avenir.

Pour les Mulhousiens, c'est une victoire acquise avec pugnacité car ils sont revenus deux fois au score dans une partie bien moins aisée que la veille. Sans doute l'effectif bien plus rôdé aux "grandes" échéances que les saisons précédentes a su attendre et ne pas se déconcentrer avant de retrouver le travail de pressing adopté pour cette série. Place maintenant à la première finale de son histoire.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Commentaires d'après-match (dans L'Alsace)

Paul Heyberger (président de Mulhouse) : "Il est clair qu'en début de saison, nous avons réuni des joueurs tout à fait capables de gagner un titre. Mais ça ne nous donnait aucune assurance pour la suite. Il n'y a qu'à voir le Real Madrid en football. Malgré toutes ses stars, il ne gagne rien cette année. Dans n'importe quelle équipe, il faut que la mayonnaise prenne. Chez nous, elle a pris, grâce au travail de Christer, des dirigeants et des joueurs eux-mêmes. Alors oui, j'ai confiance en eux et je sens assez bien cette finale. Mais je le dis tout en sachant bien que le sport n'est pas une science exacte. [...] Actuellement, nous avons simplement un problème de décalage. Alors que nous avons déjà investi pas mal d'argent et que la commission de contrôle nous demande des comptes, un tiers seulement des subventions nous a été versé. Les deux autres tiers ne vont pas tarder et ce n'est donc qu'une question de temps. On rejouera bien au hockey à Mulhouse et je peux même vous dire qu'on a déjà bien avancé sur la prochaine saison."

Lionel Bilbao (capitaine de Mulhouse) : "C'est clair qu'une finale, c'est fait pour être gagné. Et je parle en connaissance de cause [pour l'avoir perdue avec Anglet en 2001]. On veut écrire l'histoire et surtout ne pas avoir de regrets. Maintenant, on ne va surtout pas commencer à retourner cette finale dans tous les sens. On va d'abord se reposer et recommencer à bosser. On se doit d'arriver au top de notre forme lors du premier match qui se déroulera, en plus, à domicile. Le plus dur reste à faire..."

 

Mulhouse - Rouen 3-2 (1-1, 2-1, 0-0)

Samedi 26 mars 2005 à 17h45 à la patinoire de l'Illberg. 1853 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Laurent Rouèche et Damien Bliek.

Pénalités : Mulhouse 8' (6', 2', 0'), Rouen 27' (5'+20', 0', 2').

Tirs : Mulhouse 26 (15, 14, 7), Rouen 20 (6, 9, 5).

Évolution du score :

0-1 à 02'59" : Salminen assisté d'Elofsson et Karjalainen (double sup. num.)

1-1 à 12'07" : Palovcik assisté de Segla (sup. num.)

1-2 à 20'10" : Salminen

2-2 à 24'40" : Michou assisté de Bilbao et Jokinen

3-2 à 30'23" : Prunet assisté de Rozenthal et Coqueux

 

Mulhouse

Gardien : Fabrice Lhenry.

Défenseurs : Lilian Prunet (A) - Allan Carriou ; Jani Virtanen - Jukka Hakkarainen ; Jani Kiviharju [à partir de 36'30"].

Attaquants : Steven Reinprecht - Greg Day - Ryan Christie ; [Kiviharju ou Reinprecht] - Olivier Coqueux (A) - Hermanni Vidman ; Maurice Rozenthal - Milos Palovcik - Pavol Segla ; Steve Michou - Lionel Bilbao (C) - Juho Jokinen.

Remplaçants : Tom Charton (G), Francis Ballet, Jérôme Catil. Absent : Miikka Ruokonen (problème au genou, indisponible pour la saison).

Rouen

Gardien : Éric Raymond [sorti de sa cage à 59'31"].

Défenseurs : Benoît Quessandier - Stéphane Robitaille ; Daniel Carlsson - Benoît Pourtanel ; Jonas Elofsson - Nicolas Besch.

Attaquants : Kimmo Salminen - Arnaud Briand - Sami Karjalainen ; Alexandre Lefèbvre - Pierre-Édouard Bellemare - Tristan Lemoine ; Adrien Dufournet [puis Dubillot à 07'24"] - Guillaume Besse [puis Dufournet à 07'24"] - Yvan Fontana.

Remplaçants : Stéphane Burnet (G), Simon Doreille. Absents : Ludek Broz (épaule), Jean-Philippe Paré (genou).

 

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