Épinal - Dunkerque (2 avril 2005)

 

Match comptant pour la poule de maintien de Ligue Magnus.

Plus de place pour le doute, Dunkerque joue bien sa chance à fond dans cette poule de relégation. Et pourtant, c'était loin d'être évident il y a seulement deux semaines, lorsque l'état-major nordiste avait brandi la menace d'un forfait ou d'un retrait volontaire dans le but d'obtenir une rallonge de la municipalité pour finir au mieux la saison.

L'épisode dunkerquois réglé, cette poule pour le maintien a débuté avec un bon résultat nul d'Épinal à Clermont (avec un doublé de Chassard), puis avec un succès des Corsaires sur leur glace face à ces mêmes Clermontois (4-2), ce qui confère aux joueurs de la cité de Jean-Bart la première place provisoire du groupe.

Déjà vainqueurs d'Épinal en janvier dernier (4-2), les Corsaires et leur flibustier en chef Karl Dewolf vendront encore une fois chèrement leur peau avec la volonté et la combativité qui les caractérise et leur a permis de renverser des montagnes malgré un effectif très limité. Aux Dauphins maintenant de ne pas retomber dans le même piège, eux qui ont entamé de manière plutôt positive cette poule de relégation mais n'ont pas battu une seule fois les Nordistes cette saison en deux confrontations...

Épinal débute bien ce match, en se montrant présent d'entrée et poussant rapidement les Corsaires à la faute. Huit secondes de jeu à peine suffisent à N'Guyen pour s'en aller visiter le cachot vosgien. Bien en place, les Spinaliens par quelques tirs lointains mettent la pression dans la zone nordiste et vont pour une fois parvenir à mettre en place une tactique payante en supériorité numérique. Pour sa seule action positive du match, Daniel Goneau dans l'axe sert un Roman Trebaticky bien placé devant la cage qui prend le temps de contrôler avant de s'en aller éliminer Landry Macrez (1-0 à 1'40").

Un début de match intéressant des Spinaliens, suivi comme d'habitude d'un essoufflement progressif qui se traduit par une dégradation lente mais certaine du niveau de jeu vosgien. Les occasions se font moins fréquentes, la pression sur Petrik se fait sentir et boum, c'est le but pour les Corsaires ! Profitant d'une pénalité différée après une faute de Maurice, l'ex-Limougeaud Jean-Charles Charette trouve son capitaine Grégory Dubois sur une passe d'ouest en est devant la cage pour l'égalisation pleine lucarne (1-1 à 9'02").

Pas de doute, ça sent le roussi pour des Dauphins qui retrouvent leurs vieux démons et tombent dans le jeu des Dunkerquois. Maksim Ivanov rate encore une fois un break tout cuit, alors qu'il s'était ouvert en grand le but (11'59") et Goneau se chauffe avec Dewolf le long de la bande (15'27"), signe avant-coureur d'un match où tous les coups (ou presque) sont permis, sous le regard d'un trio arbitral pas exempt de tout reproches. Dunkerque a donc pris l'ascendant en cette fin de première période de faible niveau, clairsemée de petites occasions de part et d'autres comme ce slap signé Dewolf que Stan Petrik arrête de la mitaine (18'46").

Rien ne semble pouvoir évoluer au deuxième tiers. Et ça empire même lorsque Jiri Sevcik se fait sanctionner pour un cinglage (21'26"), offrant une occasion en or aux Corsaires de doubler la mise. Ceux-ci sont bien près d'y parvenir avec un Petrik récupérant miraculeusement la rondelle dans le trafic suite à un lancer de Karl Dewolf. Partie remise car Mickaël Bardet aura plus de réussite en reprenant le rebond concédé par Petrik sur le slap de Folcke (1-2 à 23'23"). Sonnés, les Dauphins ? Pas tout à fait car le feu follet Maksim Ivanov profite d'une bonne entente avec Christophe Ribanelli pour se voir offrir le palet de l'égalisation. Hélas pour Épinal, l'essai à bout portant de l'international estonien fait résonner l'armature de la cage nordiste (24'08").

Pas plus de réussite pour le vaillant Guillaume Chassard parti en contre alors que l'ICE est à nouveau en infériorité (Steve Gainey cette fois-ci), mal inspiré devant Macrez qui laisse néanmoins un rebond dont Frédéric Dehaëne ne profite pas non plus (24'53"). Ils s'en sortent bien, les Corsaires, eux qui ont la mainmise sur ce match rude, plus proche de la bouillie de hockey que d'un niveau élite. Mais c'est vrai qu'Épinal leur facilite bien la tâche en se montrant désespérant de maladresse. Frédéric Dehaëne, pourtant bien placé dans le slot, poursuit ses vendanges tandis que Gavoille ne profite pas d'une relance hasardeuse des visiteurs et tire trop mollement pour pouvoir inquiéter Macrez (34'54"). Un tiers-temps d'une grande pauvreté qui se termine pour le plus grand bonheur de tous...

La léthargie générale spinalienne se confirme en début de troisième période. Le petit centre canadien Daniel Saint-Amant, libre de tout marquage devant Petrik, est bien servi par Bardet (1-3 à 42"19"). Le match est plié. Et pour couronner le tout, même le valeureux Stanislav Petrik, y va de sa boulette en temporisant trop sa relance et se voyant contré derrière sa ligne de but par deux Corsaires dont Benjamin N'Guyen, lequel n'a plus qu'à pousser la rondelle dans la cage vide (1-4 à 51'39").

La fin de match est sans intérêt, si ce n'est pour les amateurs de boxe avec un Daniel Goneau qui tombe les gants avec Tomas Valko, ces deux-là s'étant cherché tout le match. L'exclusion de l'ancien Ranger de New York, par ailleurs applaudie par quelques supporters spinaliens exaspérés de ses prestations indigentes provoque aussi un début de rixe dans les gradins entre "pro-Goneau" et "anti-Goneau". Pathétique !

Un bien triste épilogue pour un bien petit match qui voit Dunkerque réussir ce que peu d'observateurs pensaient possible en début d'exercice, à savoir son maintien.

De l'avis de tous, le pire était passé, l'ICE était sur la voie de la rédemption. On l'a cru pendant une poignée de minutes en début de partie. Las, le naturel est très vite revenu au galop. Pire encore, la situation semble s'être dégradée par rapport aux derniers mois. Dunkerque n'en demandait pas tant. Très peu de choses positives peuvent être retenues côté spinalien tant la prestation des Dauphins s'est révélée mauvaise et affligeante. Hués à la fin du match, les joueurs spinaliens ont sans doute livré là leur copie la plus lamentable cette saison à l'image de Daniel Goneau, médiocre top-scorer d'une équipe sans âme et authentique bûcheron, plus préoccupé par son envie de vengeance (tout comme Steve Gainey d'ailleurs) que par le match proprement dit. Rarement un joueur muni d'une telle carte de visite n'aura autant déçu. Assurément le flop de l'année en Ligue Magnus...

Symbolique du malaise irréversible sévissant dans les rangs lorrains, la confiance perdue de Stan Petrik. Le grand artisan du maintien des Dauphins l'an passé vit là un véritable calvaire. Une situation dramatique pour ce gardien de grande classe perdu dans un groupe fantomatique, à l'instar des toujours irréprochables Chassard, Trebaticky, Ribanelli et Sejna. Les joueurs spinaliens se sont mis tout seuls dans cette position très difficile avec cet énième revers concédé à domicile. Les voilà contraints de disputer un match couperet dans dix jours face à Clermont. Mais seront-ils suffisamment motivés pour éviter le prochain barrage qui s'annonce ?

Dans ce match très brouillon dans son ensemble, Dunkerque ne s'est pas procuré énormément d'occasions de but mais a su accélérer au moment opportun et se montrer réaliste face à Petrik. Les vertus d'abnégation et de courage prônées par Karl Dewolf ont porté leurs fruits : Dunkerque a arraché son maintien sur la glace. Une belle leçon dont il serait bon de prendre exemple...

 

Commentaire d'après-match (dans La Voix du Nord)

Karl Dewolf (entraîneur de Dunkerque) : "On a mis un patin pour le maintien. Maintenant, il nous reste deux rencontres. Pour être complètement rassuré, il faudrait une victoire samedi soir face à Épinal, ou au pire un partage des points. Pour nous, ce sera le match le plus important de la saison. Il va falloir se montrer très rigoureux en défense et surtout exploiter les situations de contre. Face à une grosse équipe qui n'a pas le rendement souhaité, il ne faudra pas tomber dans l'excès de confiance, sous peine de connaître une grosse désillusion. On a notre sort entre les mains. À nous de faire le nécessaire..."

 

Épinal - Dunkerque 1-4 (1-1, 0-1, 0-2)

Samedi 2 avril 2005 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 450 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Laurent Rouèche et Benjamin Gremion.

Pénalités : Épinal 39' (6', 4', 4'+5'+20'), Dunkerque 30' (6', 4', 20').

Évolution du score :

1-0 à 01'40" : Trebaticky assisté de Goneau et Gainey (sup. num.)

1-1 à 09'02" : Dubois assisté de Charette et Péan

1-2 à 23'23" : Bardet assisté de Folcke (sup. num.)

1-3 à 42'19" : Saint-Amant assisté de Bardet

1-4 à 51'39" : N'Guyen assisté de Valko

 

Épinal

Gardien : Stanislav Petrik.

Défenseurs : Robert Pospisil - Milan Sejna ; Jiri Sevcik - Bohuslav Ptacek ; Borislav Ilic - Radoslav Regenda (A).

Attaquants : Daniel Goneau - Roman Trebaticky - Steve Gainey ; Guillaume Chassard - Anthony Maurice (A) - Frédéric Dehaëne (C) ; Maksim Ivanov - Gaëtan Gavoille - Christophe Ribanelli.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Guillaume Papelier, Raphaël Marciano, Guillaume Géhin.

Dunkerque

Gardien : Landry Macrez.

Défenseurs : Grégory Dubois (C) - Karl Dewolf ; Scott Gordon - Ghislain Folcke ; Benjamin Louf.

Attaquants : Benjamin N'Guyen - Daniel Saint-Amant - Clément Thomas ; Mathieu Becuwe - Mickaël Bardet - Jean-Charles Charette ; Arnaud Péan - Christophe Eichenholc ; Tomas Valko.

Remplaçant : Julien Peyre (G).

 

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