Dundee Stars - Guildford Flames (3 avril 2005)
Finale de la British National League, deuxième manche.
Situons tout d'abord le contexte. Il y a quelques années, plusieurs clubs ont décidé de sortir du giron de la fédé locale et de créer une ligue professionnelle baptisée Superleague. L'héritière de cette ligue (Elite league) existe toujours, et, alors que l'ancienne fédération (BIHA) a disparu en 1999 pour être remplacée par une instance représentative (Ice Hockey UK) qui ne gère que les équipes nationales, la British National League est également devenue de son côté une ligue indépendante, qui se pose en concurrente de la Superleague. La principale différence est que, contrairement à sa rivale, la BNL impose la présence de joueurs britanniques sur la glace. Certains des responsables des deux ligues sont irréconciliables, ce qui empêche une fusion en un organisme commun, mais tout ce petit monde fonctionne suffisamment en bonne intelligence pour qu'un championnat croisé soit organisé en plus de leur championnat respectif. Ceci permet de constater que la BNL se situe légèrement en dessous de son homologue, mais pas tant que ça finalement...
Dundee, qui a terminé quatrième de la poule finale, a éliminé le champion de la saison régulière Bracknell en demi-finale en deux manches sèches (deux victoires aux tirs au but). Guildford a pour sa part eu recours à une troisième manche décisive pour éliminer Fife en demi-finale. Mais Guildford a surtout marqué l'actualité de cette saison en recrutant le gardien NHL Jamie McLennan.
En finale, qui se joue au meilleur des cinq matchs, Dundee est allé gagner la première partie à Guildford. Ces derniers, extrêmement fatigués par leur série précédente, n'ont, en effet, pas fait le poids face à la fraîcheur des Ecossais, s'inclinant 0-4 à domicile. Au début de ce deuxième match, les Stars de Dundee mènent donc la série 1-0.
Énorme surprise en ce début de match, McLennan n'est pas en uniforme. Ce sera le jeune Miroslav Bielik, excellent paraît-il, qui défendra les buts des Flames de Guildford.
Malgré la partie de la veille au soir et le long trajet en bus, le match démarre pied au plancher. Les Flames ouvre le score après moins de deux minutes sur une échappée. Les deux équipes jouent un hockey très accrocheur, bien qu'aucune pénalité ne soit décernée. Ce premier tiers est très équilibré. À douze minutes de jeu, l'équipe locale parvient à égaliser sur une action confuse devant le but. Finalement, les deux équipes partent au vestiaire, dos-à-dos, sur un score logique de un partout.
Dès l'entame de la deuxième période, le niveau de jeu général baisse sensiblement. Les joueurs se battent moins pour récupérer les palets qui traînent dans les coins. Les passes sont moins précises et les cafouillages plus fréquents. À ce jeu, c'est Dundee, plus reposé, qui y gagne. Ils parviennent à prendre l'avantage en début de tiers sur un joli slapshot de leur recrue italienne Patric Lochi. Puis, en fin de période, c'est la star locale John Dolan qui se joue de deux défenseurs et qui, après une superbe feinte, parvient à loger le palet derrière le jeune gardien slovaque Bielik. 3-1, l'écart est creusé.
Pour la dernière période, Guildford n'a plus le choix. Ils voudraient bien se ruer à l'attaque mais n'ont pas les ressources suffisantes. Ils continuent donc de tenter leur chance de loin. Beaucoup de tirs mais finalement peu d'actions dangereuses. Evan Lindsay, le bon gardien de Dundee, se montre présent même s'il n'a pas réellement besoin de sortir le grand jeu face à ces tirs trop prévisibles. Sur deux contres, Dundee qui propose un jeu plus léché, aggrave le score et le place hors de portée d'un quelconque retour.
Le match se termine sur un faux rythme très ennuyant à regarder pendant lequel Guildford parvient à réduire le score sur une supériorité numérique concrétisée par Juraj Durco. 5-2, ce sera la marque finale.
Quelques impressions
Tout d'abord, le niveau de jeu, si on se fie au premier tiers, est loin d'être mauvais. On peut même penser que plusieurs équipes françaises de Ligue Magnus auraient bien du mal à venir à bout de ces formations. Évidemment, si on regarde les deuxième et troisième périodes, le niveau est plus proche de la D2 française. Mais je persiste à croire que la fatigue y était pour beaucoup.
Ensuite, contrairement à mes attentes, le jeu n'est pas physique à mort. Les mises en échec ont été nombreuses au premier tiers mais toutes régulières. La fatigue aidant, les deux derniers tiers furent plus calmes.
La patinoire de Dundee, toute neuve, est très belle et bien garnie : environ 1300 spectateurs (pas si mal pour une ville écossaise de 180 000 habitants) pour un total de 1500 places.
Un regret : même si le jeune portier slovaque Miroslav Bielik jouit d'une excellente réputation, il a paru très faible sur ce match (et sans doute aussi sur celui de la veille). On n'aura malheureusement pas eu le loisir d'apprécier le jeu beaucoup plus alerte de Jamie McLennan. Et son silence sur le sujet après le match ne fait que rajouter au mystère...
Compte-rendu signé Romain Dubois
Interview d'après-match : Jamie McLennan (gardien remplaçant de Guildford)
- Est-ce que Dundee est une équipe difficile à jouer et comment expliquer une telle différence sur ces deux premiers matchs ?
Tout d'abord, Dundee est une équipe qui joue très bien. De plus, nous avons eu une série longue et pleine de suspense en demi-finale contre Fife. Dundee était bien reposé et bien préparé à jouer contre nous. De la façon qu'ils ont joué, ils méritent ces victoires.
- Vous ne jouiez pas ce soir. Quelle est la raison ? Êtes-vous blessé ?
Je ne suis pas autorisé à parler de ça.
- Est-ce que le jeu, ici, en Grande-Bretagne, pour un gardien, est vraiment différent de celui pratiqué en Amérique du Nord ?
Oui, c'est vraiment très différent ! La NHL est la meilleure ligue au monde et c'est justifié. Ici, on joue du bon hockey mais cela revient à comparer des oranges et des pommes. On ne peut pas vraiment comparer. Il n'y a pas de ligne rouge, les patinoires sont plus grandes... C'est du bon hockey mais la NHL sera toujours la NHL, c'est pourquoi c'est la meilleure.
- Pourquoi avez-vous choisi la ligue britannique et non pas une ligue plus célèbre comme les ligues nordiques par exemple ?
Suède ou Autriche (sic) ? J'ai eu des offres de plusieurs autres ligues mais je me suis blessé au début de la saison en jouant un match de charité à peu près au même moment où je devais venir ici, en Europe. Donc ça ne s'est pas fait.
J'ai grandi avec Stan Marple, l'entraîneur et directeur-gérant de Guildford. Il m'a appelé pour me dire que je pouvais venir quand je serais rétabli et c'est ce que j'ai fait. C'est la raison pour laquelle je suis là, je suis ami avec Stan.
- Vous êtes ici jusqu'à quand ?
Dès que la saison est terminée, je retourne en Amérique du Nord. J'ai encore deux ans de contrat avec les Florida Panthers.
- Est-ce que vous appréciez votre vie ici, à Guildford et dans le Royaume-Uni ? Est-ce que cela aura été une bonne expérience pour vous ?
Oui, j'apprécie beaucoup. Les gens sont gentils, les fans sont supers. La patinoire est belle et l'organisation de Guildford est très bonne. Vraiment, l'organisation est de première classe.
J'apprécie aussi la culture et ce fut une des raisons pour laquelle j'ai choisi Guildford et la ligue britannique. Cela aurait été dur pour moi de ne pas être dans un pays où l'on parle anglais. Surtout que je suis célibataire. Je ne suis pas marié, je suis tout seul.
Dundee - Guildford 5-2 (1-1, 2-0, 2-1)
Arbitrage de Moray Hanson assisté de G. Mizen et M. Drennan.
Pénalités : Dundee 12' (0', 2', 8'), Guildford 8' (0', 4', 4').
Tirs : Dundee 38 (14, 13, 11), Guildford 44 (12, 17, 15).
Évolution du score :
0-1 à 01'21" : Kohut assisté de Melicherik et Konder
1-1 à 11'57" : Marshall assisté de Morgan
2-1 à 21'21" : Lochi assisté de Dolan et Corbett
3-1 à 25'11" : Dolan assisté de Corbett et Lochi
4-1 à 40'52" : Dolan assisté de Lochi et Corbett
5-1 à 46'37" : Barnes assisté de Morgan et Wishart
5-2 à 53'06" : Durco assisté de Melicherik et Reilly (sup. num.)