France - Norvège (6 avril 2005)

 

Match amical.

Il y a un an, le stage d'Asnières avait été critiqué par Cristobal Huet dans L'Équipe Magazine ("les vestiaires étaient trop petits et les plombs sautaient quand tous les radiateurs étaient allumés") avant les championnats du monde, pris comme exemple des conditions de préparation insuffisantes. Depuis, des travaux ont été effectués sur les installations électriques, et même si les murs d'enceinte n'ont pas été agrandis, Asnières s'impose comme un lieu de regroupement régulier de l'équipe de France, pour le premier stage estival aussi bien que pour la préparation des Mondiaux. Avant de partir demain pour Amiens, les Bleus disputent de nouveau un match amical dans cette patinoire qui s'impose comme la meilleure d'Ile-de-France, et qui a fait encore une fois facilement le plein de ses deux mille places.

Le stage a commencé depuis dimanche mais les Mulhousiens en sont dispensés jusqu'à vendredi, pour cause de célébration du titre de Ligue Magnus, alors que Grenoblois et Rouennais ne sont arrivés qu'aujourd'hui, après avoir joué avant-hier et hier pour la troisième place du championnat. Dave Henderson était d'ailleurs à l'île Lacroix hier pour voir l'état de forme dans lequel il allait retrouver les joueurs avant la double confrontation contre la Norvège, soit quatre rencontres en quatre jours en perspective. C'est pourquoi Besse, Meunier, Amar et Simon Bachelet sont ménagés aujourd'hui (liste à laquelle il faut ajouter Zwikel, légèrement blessé et qui est jeune papa d'une petite Anouk depuis lundi soir). Les réserves des Bleus sont toutefois limitées, a fortiori en l'absence de Bordeleau victime d'une fracture du pied en play-offs de LNA suisse, et il n'est pas encore temps de se reposer pour tous les Dragons, eux qui ont eu un programme particulièrement chargé depuis deux mois et qui ont déjà senti la fatigue en play-offs. Il faudra peut-être attendre demain pour les juniors rouennais, par exemple Lefebvre et Lemoine qui constituent avec leur ex-camarade Geffroy le trio offensif de la quatrième ligne, a priori celui qui a été appelé pour préparer l'avenir et a peu de chances de jouer les Mondiaux.

S'il y a un domaine où le réservoir français est très mince, c'est celui des gardiens. Cristobal Huet est en passe de se qualifier pour la finale de DEL avec Mannheim et donc d'être indisponible. Tout repose donc sur les épaules de Fabrice Lhenry. Le moment semble idéal pour appeler à la rescousse Eddy Ferhi, qui, après une opération des ligaments croisés cet été et une rééducation à Cap-Breton, a dû repartir cette saison en ECHL et non plus en AHL. Le staff tricolore dit avoir essayé en vain de retrouver sa trace auprès de ses équipes maintenant que sa saison est terminée... En attendant, puisque Rolland a pris sa retraite et que Figved et Mindjimba sont blessés par-dessus le marché, Dave Henderson doit donc composer avec deux de ses anciens poulains internationaux juniors, Landry Macrez et Christophe Burnet. Ce dernier, qui a perdu sa place de titulaire en D1 à Chamonix, se retrouve donc propulsé ce soir dans les cages de l'équipe de France ! Et pour quelqu'un qui n'a pas joué de match depuis plus de deux mois, il s'en sortira très bien.

Ces Bleus assemblés dans l'urgence, on ne s'attend pas à les trouver très au point en début de match. Les Norvégiens, à qui il manque aussi quelques joueurs (Mads Hansen et Mats Trygg qui finissent leur saison en Suède, plus les espoirs évoluant outre-Atlantique, Holtet, Tollefsen et Nagel), partent au contraire immédiatement à l'attaque et impriment le rythme du jeu. Seule la première ligne tricolore (Hecquefeuille-Gras-Bellemare) arrive dans ce premier tiers à rentrer en zone offensive et à tirer sur la cage de l'ex-Clermontois Pål Grotnes. Les défenseurs français (Favarin et Gillet notamment) éprouvent les pires difficultés à se dégager, quand ils ne se font pas trouer par une entrée de zone trop facile dans l'axe de Patrick Thoresen sur une accélération.

Le plus à la peine est sans doute Guillaume Karrer. Son parcours dans des ligues mineures nord-américaines lui avait valu d'être directement intégré comme titulaire chez les Bleus "sur réputation" à son retour en France. Il est vrai qu'on pensait alors qu'il pourrait apporter la dimension physique qui fait tant défaut aux tricolores dans le contexte international. C'était malheureusement une vue de l'esprit. Pour un défenseur élevé à l'école nord-américaine, Karrer a beaucoup de mal en pratique à faire le ménage dans son enclave face aux gros gabarits scandinaves. Son apport physique est ordinaire, et le reste de son jeu ce soir justifie les critiques formulées par les supporters amiénois à son encontre. Il donne littéralement le premier but à Marius Trygg en lui "passant" le palet juste devant sa cage. L'attaquant norvégien n'a plus qu'à faire se coucher Burnet avant de tirer en lucarne (0-1 à 13'00"). Mais Karrer n'a pas l'exclusivité des erreurs individuelles dans cette défense française. Sur une mise au jeu avant la ligne bleue offensive, Dostal donne en retrait à Nicolas Pousset qui n'arrive pas à contrôler le palet. Et c'est encore Marius Trygg qui file seul au but (0-2 à 15'34").

Le jeu français ne peut que s'améliorer, et les progrès arrivent petit à petit au cours de la deuxième période. Ce qui manque le plus à cette équipe, c'est la coordination. C'est particulièrement vrai du jeu de puissance, qui sera certainement une des priorités de travail de Dave Henderson dans les dix jours restants. Il y a de plus une nouvelle tête qu'il faut intégrer au collectif, c'est celle du Franco-Canadien Julien Desrosiers, l'homme aux trente buts en Ligue Magnus. Il fait un match discret, sans trop se faire remarquer en bien ou en mal, hormis en deux occasions. La première, c'est quand il garde longtemps le palet sur une supériorité numérique installée. Il y illustre sa réputation d'individualiste en ne donnant pas la rondelle, jusqu'à ce qu'il soit trop tard et qu'il ne puisse faire qu'une passe interceptée. La seconde, c'est une rapide séquence de passes redoublées avec David Dostal en zone offensive, qui témoigne d'automatismes vite trouvés sur la "ligne basque". Dommage qu'il n'ait pu armer son tir pour donne une conclusion à ce bel échange, mais la juxtaposition de ces deux actions va dans le bon sens.

En fin de deuxième tiers, la Norvège connaît son premier instant de flottement net. Les Scandinaves s'emmêlent les pinceaux et pourraient permettre à Geffroy de filer en contre, mais l'espoir exilé en Finlande n'est pas assez rapide pour être le premier sur le palet. L'action n'est pourtant pas terminée, car il y a une certaine incompréhension entre Grotnes, jusqu'ici jamais pris au dépourvu, et ses défenseurs. Les filets sont déserts, le palet est errant, mais il y a encore un léger retard dans le temps de réaction des juniors, eux-mêmes surpris de l'aubaine, et Alexandre Lefebvre ne peut finalement tenter qu'une ultime extension pour un tir du revers non cadré, au moment où Grotnes regagne ses cages.

Les Français ont maintenant les moyens de revenir, et ils le prouvent dès le retour sur la glace. Un lancer de la bleue de Guillaume Karrer est détourné et Pierre-Édouard Bellemare prend le rebond (1-2 à 43'32"). Le public, jusqu'ici "très francilien", sort de sa réserve et découvre soudain qu'il a le droit d'encourager son équipe. Des "Allez les Bleus" commencent à retentir. Mais les Norvégiens ont compris que leurs adversaires étaient maintenant dans leur match. Ils adoptent alors un jeu beaucoup plus défensif qui parvient à préserver leur but d'avance, en dépit d'un tir raté de Bonnard, placé près de la cage ouverte en supériorité, et une dernière minute très chaude autour du but de Grotnes, impatient que la sirène retentisse.

Si les erreurs défensives d'un premier tiers-temps raté ont hypothéqué le résultat de ce soir, le second match pourrait être plus sérieux demain à Amiens. Les Bleus seront présents dès le début, les Norvégiens le savent, et la confrontation pourrait être plus intéressante. Ce n'était ce soir qu'une première mise en jambes.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaire d'après-match

Pierre-Édouard Bellemare (attaquant de la France) : "Mon but est chanceux. Quand le défenseur [Karrer] shoote, je suis bloqué, j'ai juste les mains libres, et quand le palet revient sur moi, je tire comme je peux et ça rentre. J'ai senti l'accumulation des rencontres au début du match, mais sur les deux derniers tiers, Dave a fait des changements courts, donc les jambes sont revenues petit à petit. Ça ne me dérange pas si je joue [mon quatrième match en quatre jours] demain."

 

France - Norvège 1-2 (0-2, 0-0, 1-0)

Mercredi 6 avril 2005 à 20h00 à Asnières-sur-Seine. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli (FRA) assisté d'Éric Bouguin et Damien Bliek (FRA).

Pénalités : France 14' (6', 4', 4'), Norvège 14' (6', 6', 2').

Tirs : France 29 (8, 9, 12), Norvège 30 (11, 12, 7).

Évolution du score :

0-1 à 13'00" : Marius Trygg

0-2 à 15'34" : Marius Trygg

1-2 à 43'32" : Bellemare assisté de Karrer et Gras

 

France

Gardien : Christophe Burnet (sorti de sa cage à 59'25").

Défenseurs : Guillaume Karrer (2') - Jean-François Bonnard (2') ; Nicolas Besch - Nicolas Pousset (2') ; Vincent Bachet (C) - Nicolas Favarin ; Mathieu Mille - Aymeric Gillet (2').

Attaquants : Kévin Hecquefeuille (2') - Laurent Gras - Pierre-Édouard Bellemare ; Julien Desrosiers - Xavier Daramy (2') - David Dostal ; Brice Chauvel - Richard Aimonetto - François Rozenthal ; Tristan Lemoine - Alexandre Lefebvre - Thibault Geffroy (2').

Norvège

Gardien : Pål Grotnes.

Défenseurs : Erik Ryman - Anders Myrvold (2') ; Jarl Espen Ygranes (2') - Tommy Jakobsen (C, 2') ; Ola Johannessen - Martin Knold.

Attaquants : Lars Erik Spets - Petter Witnes - Marius Trygg ; Patrick Thoresen - Tore Vikingstad (2') - Øystein Olsen (2') ; Eirik Skadsdammen - Morten Ask - Anders Bastiansen ; Snorre Hallem - Ole Eskild Dahlstrøm (4') - Tommy Marthinsen ; Hans Gardli Stubrud - Steffen Thoresen.

 

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