Strasbourg - Caen (9 avril 2005)

 

Match comptant pour la treizième journée de la poule finale de division 1.

Le duel de ce soir, un classique du genre à ce niveau depuis déjà une dizaine d'années, pouvait clôturer la saison des deux clubs en cas de victoire caennaise, par contre une victoire strasbourgeoise garantissait le suspense jusqu'à la dernière journée quant à savoir qui des deux clubs pouvait prétendre aux barrages d'accession. De plus, les Strasbourgeois se devaient de bien finir la saison à domicile, après des résultats mitigés contre Montpellier puis Chamonix et Mont-Blanc. Une victoire alsacienne, c'était aussi l'occasion de rendre hommage dans la joie à Damien Mehl et Maxime Schuchewytsch, futurs jeunes retraités après une dizaine de saisons à porter assidûment le chandail noir et jaune. Une petite page du club se tournait....

Aussi, l'Etoile Noire entamait gaiement le match en se lançant vers la cage de Robert Marton, ça jouait rapide à défaut d'être vraiment précis, Mathieu Saint-Marc ouvrait même le score, avant que M. Forget ne refuse légitimement le but face à la crosse haute de l'Alsacien (1'47"). L'arbitre n'allait d'ailleurs pas continuer longtemps à diriger la partie : heurté par un joueur, il lui était alors impossible de continuer de patiner sûrement (5'28"). La physionomie du match n'allait pas changer pour autant, Strasbourg était conquérant, à l'instar de Peter Himler qui butait à bout portant sur Marton (4'16"), Caen beaucoup plus timoré et nettement plus à son aise en situation spéciale : Samson (7'50"), Rodolphe Garnier (9'05"), Radek Hovora (12'47") ou Alexis Gomane en double supériorité (13'54") testaient un Gilles Beck plutôt inspiré, même si ses coéquipiers éprouvaient quelques difficultés à rester durablement disciplinés et concentrés. Pas mal d'animosité donc dans ce tiers, mais Stéphane Hohnadel en conclusion d'un excellent travail en triangle (1-0 à 10'41"), Julien Mauget du revers après un grattage de Tomi Flinck assis face à Garnier (2-0 à 15'33") et Sébastien Savajol après des essais de Schuchewytsch puis Saint-Marc (3-0 à 16'28") montraient la voie à suivre, face à une défense caennaise quand même plutôt statique. L'avantage était mérité, mais l'échauffourée à la dernière seconde entre Hohnadel et Petter Granberg, "élargie" ensuite à bien d'autres joueurs, laissait présager une suite de match pas forcément sereine, notamment pour les locaux régulièrement sujets à de fréquents coups de pompe.

On le pressentait, Caen le signifiait rapidement, le match n'était pas plié. Les Drakkars étaient plus incisifs et plus pressants en sortant des vestiaires et Damien Fleury alertait de façon insistante Peter Hruska qui lui servait une transversale impeccable : le jeune Caennais concluait d'une jolie prolongation victorieuse (3-1 à 21'11"). Beck devait presqu'aussitôt se re-concentrer face à Pierre-Antoine Devin (21'49") et ses coéquipiers éprouvaient quelques problèmes de réalisme devant Marton, notamment Flinck qui ratait son contrôle (24'25") puis temporisait un peu trop (26'52"). Attention quand même à rester vigilant car Strasbourg, en pressant haut, se voyait pris de vitesse par les contres caennais. C'est d'ailleurs ainsi qu'Hovora s'échappait. Le Slovaque contournait la cage de Beck puis remontait "impunément" face au but avant de gagner son duel (3-2 à 28'15"). L'on voyait alors de nouveau poindre le spectre des matches précédents, Strasbourg perdait sensiblement les pédales et dégageait un peu n'importe comment pour échapper à la relative pression normande. Aussi, la réalisation de Dave Grenier, servi sur un plateau par Himler (4-2 à 35'02"), suivie presque dans la foulée de celle de Schuchewytsch, servi par la petit Canadien après une lumineuse lancée de Rénier (5-2 à 36'09"), remettaient un peu de sérénité dans les rangs bas-rhinois. Maxime Schuchewytsch n'était pas loin du doublé mais lançait au-dessus devant la cage caennaise béante (36'35"), avant que la fin de tiers ne montre un match un peu fou-fou devant le but de Marton : pas trop de précision mais beaucoup d'engagement physique et donc des gants qui ne demandaient qu'à partir.

Le dernier tiers, rapidement mené par deux nouveaux buts (Éric Medeiros servait idéalement Daniel Sevcik pour le 6-2 à 40'14", puis Hohnadel du revers pour le 7-2 à 42'29"), ne laissait alors plus de doutes sur l'issue du match, Strasbourg avait repris confiance et "gérait" la fin d'un match de moins en moins précis. Caen tentait de rester dans la partie sur un tir de Garnier, masqué (43'33") ou de Devin en réponse à un rush du duo Savajol-Schuchewytsch (47'34") mais c'était surtout Strasbourg qui repartait de l'avant, notamment par sa première ligne, un peu moins brouillonne qu'en début de partie : Maxime Caillard coupait un échange Medeiros-Sevcik (52'24"), avant que l'ailier slovaque n'écrase son tir sur un service de Milan Dirnbach (55'29"). Marton s'interposait deux fois face à Mauget (56'01" puis 58'50") mais ne pouvait rien face à un une-deux des acolytes Himler-Sevcik (8-3 à 58'57"). Arnaud Hascoët avait tenté de redonner aux siens un score moins sévère, profitant d'un retour défensif alsacien négligé (7-3 à 57'53"), mais l'Étoile Noire terminait sa saison régulière à domicile par un beau succès mérité.

8-3, eh oui ma p'tite dame, on peut appeler ça une belle déculottée, dommage que ce succès n'arrive tard dans cette phase. Strasbourg a encore une légère chance d'accéder à ces matchs de barrage : il lui faut ramener une victoire de Neuilly (pas si facile que ça à manœuvrer) et espérer que Caen se fasse chiper au moins un point à Lyon. C'est jouable mais ça fait beaucoup de "si", alors qu'avec un peu plus de concentration, les hommes de Daniel Bourdages auraient pu ne pas laisser des points, notamment face à Montpellier ou Chamonix.

Quand même surprenant cet effectif, talentueux mais qui semble avoir perdu sur la glace une partie de sa cohésion si éclatante avant Noël.

Pour Caen, deux déplacements au Wacken et deux défaites méritées : pas vraiment concluants à cinq contre cinq, les Drakkars jouaient plus à l'aise en supériorité, ou en infériorité, ou à quatre contre quatre, il leur faut donc de l'espace. Contrairement à l'Étoile Noire qui s'appuie assidûment sur trois voire quatre lignes, les Drakkars utilisaient deux rotations de la première ligne pour une seule des deux autres. Garnier, Granberg et Hovora ne pouvaient tenir le match à eux seuls, et c'est bien dommage de ne pas saluer plus souvent les bonnes initiatives des Fleury, Devin ou Hascoët.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

 

Commentaire d'après-match (dans les Dernières Nouvelles d'Alsace)

Daniel Bourdages (entraîneur de Strasbourg) : "Les unités spéciales remaniées (Himler-Hohnadel-Medeiros ; Sevcik-Mauget-Saint-Marc) ont été efficaces. [...] On voulait les atteindre psychologiquement, qu'ils rentrent en Normandie avec des doutes sur leur hockey. On a réussi. On met parfois deux semaines à s'en remettre de ce genre de défaite.é

 

Strasbourg - Caen 8-3 (3-0, 2-2, 3-1)

Samedi 9 avril 2005 à 17h30 au Wacken. 1200 spectateurs.

Arbitrage de Philippe Forget assisté de Gilles Magnier et Yann Vandaele.

Pénalités : Strasbourg 28' (10', 4', 4'+10'), Caen 42' (12', 6'+10', 4'+10').

Tirs : Strasbourg 28 (12, 10, 6), Caen 21 (6, 7, 8).

Évolution du score :

1-0 à 10'41" : Hohnadel assisté de Medeiros et Flinck (sup. num.)

2-0 à 15'32" : Mauget assisté de Flinck

3-0 à 16'28" : Savajol assisté de Schuchewytsch et Saint-Marc

3-1 à 21'11" : Fleury assisté de Hruska

3-2 à 28'15" : Hovora

4-2 à 35'02" : Grenier assisté de Himler

5-2 à 36'09" : Schuchewytsch assisté de Grenier et Rénier

6-2 à 40'14" : Sevcik assisté de Medeiros

7-2 à 42'29" : Hohnadel assisté de Himler (sup. num.)

7-3 à 57'53" : Hascoët assisté de Fleury

8-3 à 58'27" : Sevcik assisté de Himler

 

Strasbourg

Gardien : Gilles Beck.

Défenseurs : Milan Dirnbach - Vincent Lacaes ; Dave Grenier - Xavier Rénier ; Damien Brau-Arnauty - Thibault Dumuis.

Attaquants : Daniel Sevcik - Éric Medeiros - Peter Himler ; Tomi Flinck - Stéphane Hohnadel - Julien Mauget ; Sébastien Savajol - Mathieu Saint-Marc - Maxime Schuchewytsch ; Olivier Escuder (C) - Damien Mehl - Pierre-Hervé Coulombeix [puis n°3 à 59'39"].

Remplaçants : n°39 (G), Frédéric Bastian. Absent : Denis Larivière (hernie).

Caen

Gardien : Robert Marton

Défenseurs : Sébastien Bergès (C) - Peter Hruska ; Jaroslav Filip - Maxime Caillard ; Samson Samson - Alexis Gomane.

Attaquants : Rodolphe Garnier - Peter Granberg - Radek Hovora ; Pierre-Antoine Devin - Pierre Feutry - Martial Janil ; Arnaud Hascoët - Damien Fleury - Maxime Chéradame.

Remplaçants : Jérôme Salley (G), Christophe Desmons (A). Absents : Tuomo Määttä (blessé), Jonathan Janil, Pierre Bennett et Jonathan Avenel (sélectionnés en équipe de France des moins de 18 ans), Mathieu Blanvillain.

 

Retour au championnat de France de division 1