Bélarus - Allemagne (14 avril 2005)

 

Match amical.

Glen Hanlon, l'entraîneur des Washington Capitals laissé libre par le lock-out en NHL, est le premier Canadien à entraîner une équipe de l'ex-URSS, et le monde du hockey est dans l'expectative devant ce choc des cultures (qui pourrait servir de banc d'essai si jamais la Russie venait un jour à se doter d'un sélectionneur national nord-américain, hypothèse pour l'instant avancée de manière purement rhétorique par la presse russe tant elle paraît irréaliste à court terme). Avant même son premier match, le nouveau venu n'a pas tardé à apposer sa marque. Il met en place un mode de fonctionnement "pro" très régenté, avec de strictes lignes de démarcation entre les fonctions de chacun. Les vestiaires de l'équipe et les couloirs alentour sont interdits à toute personne non habilitée, et les relations avec la presse se font uniquement dans des zones mixtes prévues à cet effet. Les entraînements ont aussi radicalement changé, beaucoup plus courts (un quart d'heure ce matin !) mais également beaucoup plus intenses.

Mais le domaine où Hanlon avait l'occasion de se démarquer, c'est bien sûr la formation de l'équipe. Dans un pays comme le Bélarus où le réservoir est limité, on ne pensait pas qu'il aurait de vraie marge de manoeuvre sur ce point. Et bien il l'a prise quand même ! Il a estomaqué tout le monde en ne retenant pas Alekseï Kalyuzhny, l'auteur du but égalisateur capital en finale de la Coupe d'Europe des Champions avec Omsk, qui était pourtant d'habitude le centre de la première ligne du Bélarus ! Qui plus est, il a exclu mardi un autre centre, Alekseï Krutsikov, jugeant sa condition physique insuffisante. Il a ainsi brisé la ligne majeure du Keramin Minsk et laissé les ailiers Mialeshka et Chuprys orphelins. Ne voyait-on pas venir là le Canadien avec ses gros sabots qui allait donner un grand coup de pied dans une des traditions les plus ancrées du hockey d'influence russe, la mise en place de lignes au fort background commun issues tant qu'à faire du même club (ce que les circonstances ne permettent plus en Russie mais qui existait encore au Bélarus) ?

Hanlon irait-il encore plus loin en changeant constamment ses lignes au gré des circonstances, comme cela se fait en Amérique du nord ? Sur ce point, il a été plus prudent, en expliquant qu'avec la barrière de la langue il lui serait difficile de pratiquer un coaching réactif. Il veut établir des blocs prédéfinis avant le match, sauf que ceux-ci pourront parfaitement être inédits. Sur le "cinq" (terme employé en russe qui n'a plus de sens désormais puisque le Canadien aligne trois paires d'arrières et quatre trios offensifs) du Keramin Minsk, il y a donc aujourd'hui un joueur renvoyé chez lui (Krutsikov), un en tribune (Mialeshka), et les trois autres sont dispersés sur trois lignes différentes, car même l'inséparable paire défensive Bashko-Ryadzinsky est séparée. Et pour bouleverser encore plus les habitudes locales, Glen Hanlon joue les supériorités numériques avec un quatrième attaquant, Dmitri Dudik. Cela fait beaucoup d'innovations d'un coup pour un pays pas vraiment habitué au souffle du changement...

Mais on ne change pas de style de jeu d'une équipe en deux semaines. En Allemagne, cela fait des mois que l'Américain Greg Poss essaie de désintoxiquer la sienne du système Zach. Et à la voir verrouiller la zone neutre et annihiler le jeu adverse en première période, ce n'est pas encore gagné. Il avait pourtant annoncé que ce match serait l'occasion idéale pour apprendre à presser et à faire le jeu contre un adversaire de niveau proche. Avec trois pénalités consécutives de Savin, Ugarov et Zhurik en fin de premier tiers-temps, les Biélorusses se retrouvent à trois contre cinq pendant plus de deux minutes. Mais même avec deux hommes de plus, les hommes de Poss ne produisent que deux tirs lointains sans danger.

En deuxième période, on voit bien Eduard Lewandowski percer dans l'axe, mais il tire directement sur le gardien. Jan Benda lance parfaitement en breakaway Sebastian Furchner, qui fait se coucher Mezin mais ne peut le tromper. En face, Alexander Jung est tout aussi vigilant, et le score est toujours vierge après quarante minutes.

Malgré de multiples opportunités, le nouveau jeu de puissance biélorusse n'a pas été convaincant et a manqué d'agressivité jusqu'ici. Mais dans les cinq dernières minutes, le capitaine Vladimir Tsyplakov trouve Andreï Skabelka au poteau opposé. Il n'y aura cependant même pas de victoire laborieuse ce soir. Poss sort son gardien, et Tino Boos égalise d'un tir à mi-distance. Le nul est logique à l'issue de ce match particulièrement fade.

Élus meilleurs joueurs du match : Andreï Mezin pour le Bélarus et Alexander Jung pour l'Allemagne.

 

Commentaires d'après-match

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Nous manquons de travail collectif. L'équipe a été assemblée très récemment, et nous pas eu le temps de répéter la majorité des combinaisons à l'entraînement. En plus, la grande tension du match a empêché la coordination des actions. Il y a beaucoup de jeunes joueurs qui veulent se montrer, mais cela gêne parfois la compréhension avec les partenaires. Je suis complètement satisfait d'avoir mis jeune Filin au centre de la première ligne. Comme je l'ai déjà dit, j'aime les grands gabarits. Qui plus est, il a toutes les qualités nécessaires pour appliquer mes concepts. Il y a plusieurs autres jeunes joueurs en plus de lui. Les matches amicaux sont une bonne occasion pour tester leurs possibilités. Et ils ont beaucoup tenté, d'autant que dans les tribunes se trouvaient les scouts de Washington. Je vais tout bouleverser. Il faut que tous les joueurs s'habituent à changer de partenaires et à jouer sur différentes lignes. C'est une des exigences essentielles du hockey moderne."

Greg Poss (entraîneur de l'Allemagne) : "Il est possible que le fait d'avoir déjà disputé deux rencontres face à la Suède nous ait procuré un avantage sur le plan du jeu collectif. Je suis préoccupé par le grand nombre de pénalité inutiles à cause desquelles nous avons dépensé beaucoup de forces à jouer en infériorité numérique. Néanmoins l'équipe a du caractère et n'a pas cessé le combat. Je suis content qu'elle ait su égaliser. Il a été très difficile de rentrer dans la zone de nos adversaires. Il est évident que leur nouveau staff a travaillé dans cette direction."

 

Bélarus - Allemagne 1-1 (0-0, 0-0, 1-1)

Jeudi 14 avril 2005 à 18h30 au palais des sports de Minsk. 2950 spectateurs.

Arbitrage d'Eduards Odinš (LET) assisté d'Andreï Vasko et Valeri Gotsulya (BLR).

Pénalités : Bélarus 20' (10', 4', 6'), Allemagne 30' (6', 12', 12').

Tirs : Bélarus 16 (4, 4, 8), Allemagne 16 (8, 3, 5).

Évolution du score :

1-0 à 55'31" : Skabelka assisté de Tsyplakov et Koltsov (sup. num.)

1-1 à 58'57" : Boos assisté de Kreutzer

 

Bélarus

Gardien : Andreï Mezin.

Défenseurs : Aleksandr Zhurik (2') - Andreï Bashko ; Aleksandr Radzinski - Vladimir Kopat ; Aleksandr Makritsky - Vladimir Svito.

Attaquants : Vladimir Tsyplakov (C, 4') - Timofeï Filin - Konstantin Koltsov ; Alekseï Ugarov (2') - Alekseï Savin (2') - Alekseï Strakhov (2') ; Andreï Skabelka - Siarheï Zadzialionov - Yaroslav Chuprys (4') ; Dmitri Dudik (4') - Vladimir Kurilin - Andreï Mikhalev.

Remplaçant : Stepan Goryachevskih (G). En réserve : Sergueï Erkovich, Evgueni Esaulov, Dmitri Mialeshka, Sergueï Stas, Mikhaïl Grabovski.

Allemagne (2' de banc mineur)

Gardien : Alexander Jung (sorti de sa cage de 58'28" à 58'57").

Défenseurs : Lasse Kopitz - Shayne Wright (2') ; Andreas Renz (2') - Alexander Sulzer ; Sasa Martinovic - Felix Petermann (4') ; Stefan Schauer - Stephan Retzer.

Attaquants : Petr Fical (2') - Jan Benda (C) - Sebastian Furchner (2') ; Klaus Kathan - Tino Boos (2') - Daniel Kreutzer (2') ; Eduard Lewandowski - Björn Barta (2') - Ronny Arendt ; Christian Hommel (4') - Collin Danielsmeier - Andreas Morczinietz (6').

Remplaçant : Robert Müller (G). Absent : Tomas Martinec (n'a pas fait le voyage pour raisons familiales).

 

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