Canada - États-Unis (22 avril 2005)

 

Match amical.

Plus que Parrish et son but décisif, c'est Caroline Marcil qui restera l'inoubliable héroïne de la soirée, bien malgré elle. Cette jeune chanteuse - fille du possible futur président de la fédération canadienne René Marcil - qui avait été choisie pour interpréter l'hymne américain a en effet dû interrompre ses deux tentatives par un "sorry" en raison d'un trou de mémoire. Elle s'est alors éclipsée dans les vestiaires avant d'en revenir avec une feuille de papier où étaient sans doute notées ces maudites paroles qui lui avaient échappé. Mais il était dit que la malchance s'acharnerait sur elle ce soir. Lorsqu'elle remit le pied sur le tapis rouge installé sur la glace, celui-ci glissa au loin. Elle fit une cabriole et retomba lourdement avant de s'éclipser en pleurs, consolée par des proches. Il fut alors décider de procéder au coup d'envoi sans que les hymnes soient chantés.

Il y a plus inquiétant pour Québec que les mésaventures de la jeune chanteuse devenue malheureusement pour elle la risée médiatique de tout le pays, c'est ce Colisée même pas rempli à moitié et cette désaffection du public pour venir voir une sélection du Canada qui ne compte que trois francophones dans son effectif. Or, Québec et Halifax sont les deux villes retenues pour accueillir les championnats du monde 2008, et c'est pourquoi elles ont organisé ces deux rencontres de préparation. Mais au niveau du soutien populaire, il n'y a pas eu photo. Lorsque René Fasel avait donné les Mondiaux du centenaire au Canada, il avait évoqué Québec comme site principal. Mais aujourd'hui, les dirigeants canadiens disent que le lieu des finales n'est pas encore décidé et que les villes sont en concurrence. En filigrane, il apparaît que Halifax, où les Mondiaux juniors et féminins ont toujours été un succès, part avec une longueur d'avance.

Le match commence difficilement pour les États-Unis qui ne lancent pour la première fois sur Brodeur qu'à la neuvième minute, avec un tir du haut de l'enclave de Richard Park. C'est encore Park, le meilleur marqueur américain aux championnats du monde de l'an dernier, qui est à l'origine du premier but. Sa sortie de zone du revers contre les balustrades envoie Mark Parrish en deux contre un avec Matt Cullen qui dévie le palet malgré le défenseur Chris Philips. Et les États-Unis auraient même pu doubler la mise sans un déplacement rapide de Martin Brodeur sur un tir en supériorité de Jordan Leopold.

Mais le deuxième tiers-temps voit le Canada renverser la situation grâce à trois pénalités consécutives de Yan Stastny, Andy Roach (qui avait fait trébucher Maltby parti au but) et Jordan Leopold. Trois pénalités qui résultent en autant de buts. Le premier est pour Joe Thornton dont la passe à destination de Gagné est déviée contre son camp par la crosse d'Aaron Miller. Le deuxième est pour l'enfant du pays Simon Gagné qui prend son propre rebond. Le troisième est pour Dany Heatley sur une passe de Morrison, retrouvant les automatismes des derniers Mondiaux. Mais les Américains reviennent à égalité avant le retour aux vestiaires sur des rebonds de Mike Knuble et Matt Cullen.

Cullen, meilleur joueur du championnat italien cette saison, est l'homme en forme de la formation américaine. Il le prouve encore en troisième période en interceptant un palet et en servant Yan Stastny, qui est né à Québec et y a vécu jusqu'à l'âge de sept ans. Le joueur qui s'est révélé cette année à Nuremberg a d'ailleurs été particulièrement applaudi au début du match par un public qui se rappelle les exploits de son père Peter, la légende slovaque qui a fait les beaux jours des Nordiques. Il l'est moins quand son petit tir du poignet trompe Luongo pour donner l'avantage aux visiteurs. Le Canada fait alors le plus dur en tuant des pénalités consécutives de Fischer et Regehr avant d'égaliser par Sheldon Souray quatre secondes après le retour à cinq contre cinq. Mais une perte de palet dans les dix dernières secondes aboutit à une passe de Cullen dans le slot pour un tir du poignet de Mark Parrish. L'équipe américaine remporte ainsi une victoire toujours appréciable sur le sol canadien.

Il y a encore beaucoup de réglages à faire dans cette équipe canadienne. L'envie est là, la forme revient, c'est surtout au niveau de la concentration qu'il faut se remettre dans le bain. La meilleure ligne a été celle de Rick Nash et Joe Thornton, qui ont développé une bonne complicité sur la glace pendant le championnat suisse qu'ils ont remporté avec Davos. Joueur travailleur et collectif, Simon Gagné a su s'adapter facilement à leur duo.

 

Commentaires d'après-match

Simon Gagné (attaquant du Canada) : "J'avais 14 ans quand les Nordiques ont quitté Québec. J'ai grandi en encourageant Peter Stastny, puis une nouvelle génération autour de Joe Sakic. Tous les matins on allait à l'école et on parlait des Nordiques. Puis ils sont partis et ils ont gagné la Coupe Stanley au Colorado l'année suivante. Il y a toujours quelque chose qui manque à Québec. Mais je pense que la raison de la faible affluence, c'est que les gens ici ne sont pas habitués à payer autant pour voir un match. Ils voient les juniors jouer pour quinze dollars, et n'ont pas l'habitude de débourser trois ou quatre fois plus. [...] J'aime le hockey international sans ligne rouge et sur grande glace, c'est un plaisir à jouer. Le problème en NHL est qu'il n'y a pas la place pour faire du jeu. Tant qu'ils ne se rendront pas compte qu'ils doivent trouver un moyen d'agrandir la surface de jeu, ils perdront leur temps sans faire face au problème."

Peter Laviolette (entraîneur des États-Unis) : "C'était un match amusant pour les supporters. Je pense que nos gars ont montré beaucoup d'aplomb en remontant un déficit de deux buts. Certes, il reste des choses à travailler, mais il y a beaucoup de points positifs à retirer au moment de partir en Allemagne pour les deux rencontres finales de la préparation. Erik Cole et Tim Thomas nous rejoindront là-bas, et l'effectif sera au complet."

 

Canada - États-Unis 4-5 (0-1, 3-2, 2-1)

Vendredi 22 mai 2005 à 19h30 au Colisée Pepsi de Québec. 7166 spectateurs.

Arbitrage de Nicolas Dutil (CAN) assisté de Martin Laforge et Sylvain Losier (CAN).

Pénalités : Canada 12' (2', 6', 4'), États-Unis 12' (0', 8', 4').

Tirs : Canada 31 (11, 11, 9), États-Unis 28 (5, 5+8, 10).

Évolution du score :

0-1 à 18'03" : Cullen assisté de Parrish et Park

1-1 à 22'13" : Thornton assisté de Boyle et Nash (sup. num.)

2-1 à 24'42" : Gagné assisté de Nash et Boyle (sup. num.)

3-1 à 27'20" : Heatley assisté de Morrison et Jovanovski (sup. num.)

3-2 à 29'19" : Knuble assisté de Modano et York

3-3 à 39'04" : Cullen assisté de Leopold et Parrish

3-4 à 49'36" : Stastny assisté de Cullen

4-4 à 52'34" : Souray assisté de Marleau et Doan

4-5 à 59'55" : Parrish assisté de Cullen

 

Canada

Gardiens : Martin Brodeur puis Roberto Luongo à 30'11".

Défenseurs : Robyn Regehr (2') - Ed Jovanovski ; Scott Hannan - Wade Redden (2') ; Sheldon Souray (2') - Dan Boyle ; Chris Phillips.

Attaquants : Ryan Smyth (2') - Brendan Morrison - Dany Heatley ; Simon Gagné - Joe Thornton - Rick Nash (2') ; Kirk Maltby - Kris Draper - Scott Walker ; Brenden Morrow - Patrick Marleau - Shane Doan ; Mike Fisher (2').

États-Unis

Gardien : Rick DiPietro.

Défenseurs : Hal Gill - John-Michael Liles ; Paul Martin - Aaron Miller ; Jordan Leopold (4') - Brett Hauer ; Andy Roach (2').

Attaquants : Mike York - Mike Modano - Mike Knuble ; Richard Park - Matt Cullen - Mark Parrish ; Adam Hall - David Legwand - Jeff Halpern ; Brian Gionta (2') - Doug Weight - Yan Stastny (4').

Remplaçant : Ty Conklin (G).

 

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