Canada - États-Unis (5 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, premier tour, groupe B.

Les Américains tentent de faire le jeu et d'utiliser leur vitesse, mettant notamment à mal Chris Phillips sur ce point. Ils bénéficient de trois pénalités canadiennes (dont deux concédées en zone offensive par un Brendan Morrison à côté de la plaque), mais les supériorités leur sont beaucoup moins favorables, car ils ont beaucoup de mal à s'installer en zone offensive et à s'y organiser. Quand Aaron Miller part en prison à son tour, on s'attend donc à ce que les maîtres canadiens donnent une leçon d'efficacité à l'élève américain. Ce n'est absolument pas le cas. Les Canadiens ne parviennent pas du tout à poser leur jeu de puissance, et en essayant de faire la différence individuellement ils sont aisément repoussés. Le premier tiers-temps se termine donc sur un score vierge, avec un jeu bloqué qui laisse sceptique.

Le Canada n'a pour l'instant montré que sa capacité à maîtrisé le match, à l'image de Kris Draper chargé comme toujours de neutraliser la ligne adverse la plus redoutée, en l'occurrence celle de Modano. Mais il ne s'est pas vraiment créé d'occasion... jusqu'à ce que Rick Nash fasse preuve d'un opportunisme saisissant. Dès le début de la deuxième période, il vient tester Di Pietro de derrière la cage, mais le gardien américain a bien fermé son poteau. Le palet s'envole donc dans les airs le long de la botte, et Nash le rabat avec le gant avant de tirer à l'instinct au poteau opposé juste au moment où Di Pietro, qui ne s'y attendait pas, découvre cette trajectoire (1-0 à 20'51"). La réaction ne se fait pas attendre. Alors que Phillips est en prison pour obstruction, Ed Jovanovski perd le palet face à Brett Hauer. Celui-ci sert alors Mike Knuble qui entre en zone et prend un tir à mi-distance qui passe entre les jambières de Martin Brodeur (1-1 à 25'16").

Et l'on s'interroge à nouveau sur le gardien canadien, celui qui confessait avoir du mal à monter les marches entre les vestiaires et la glace avec son équipement. Est-il vraiment à ce point en méforme ? Une action rassure sur sa concentration et sa vision du jeu. En infériorité, Erik Cole plonge à la bleue sur une passe molle de Redden, et après s'être rapidement relevé, il aurait pu se retrouver en breakaway si Brodeur n'était pas sorti au bon moment loin de sa cage. À quatre contre quatre, Rick Nash, déchaîné, place une accélération, repique devant la cage en mettant sa jambe en opposition pour éviter le retour du défenseur et tire dans le haut du filet au-dessus de Di Pietro (2-1 à 31'29"). Mike Fisher charge Gionta avec le coude au niveau de la tête et le Canada termine le tiers à quatre, sans dommages.

Le jeu s'anime franchement au troisième tiers-temps. Les Américains mettent la pression mais sont calmés par le contre rapide de (je vous le donne en mille) Rick Nash. On ne sait plus où donner de la tête, car le match devient fou, entre Mark Parrish dont la crosse se brise net au moment de passer la bleue pour une contre-attaque (!), et Dany Heatley qui rate la cage ouverte sur une passe en retrait de Shane Doan.

On a retrouvé Martin Brodeur, qui s'interpose sur une contre de Cole et sur une déviation à bout portant de Parrish. Il paraît maintenant bien plus sûr que son vis-à-vis DiPietro. Sur une pénalité de Yan Stastny pour retenir la crosse, Joe Thornton est démarqué près de la cage et fusille le gardien américain (3-1 à 52'22"). Pendant l'autre prison de ce dernier tiers-temps, celle de Maltby, on a le droit à du grand Brodeur, avec des déplacements rapides et des réflexes vifs. Le Canadien a retrouvé confiance en son gardien, qui a lui-même repris confiance en lui, comme le montrent ses longues relances qui ont parfaitement tenu compte de l'absence de ligne rouge.

Le Canada a maîtrisé tranquillement ce match avec une bonne organisation défensive. Mais il a longtemps été inexistant offensivement, avant que ne surgisse un Rick Nash impossible à arrêter ce soir. L'an dernier, il avait déclaré forfait pour les Mondiaux en raison d'une opération des amygdales (la même excuse trouvée par Jarome Iginla cette année, qui a expliqué qu'il attendait le rendez-vous depuis plusieurs mois tellement les listes d'attente sont longues), et en septembre pour le coupe du monde, il avait raté de peu l'intégration dans la liste canadienne. Son début avec le maillot à la feuille d'érable s'est fait attendre, mais il n'en a été que plus tonitruant. Nous ne sommes toutefois qu'au premier tour, et les deux équipes ont parfois donné le sentiment de s'observer encore, après déjà deux confrontations en amical, comme si elles avaient la conviction que leurs chemins se croiseraient à nouveau à un stade plus avancé de la compétition, où elles pourraient s'engager à fond.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Rick Nash (attaquant du Canada) : "C'est bien que notre ligne ait marqué les trois buts, mais il ne faut pas oublier Maltby qui a tué ces pénalités en première période, ou Brodeur avec ses gros arrêts. Je ne peux pas prendre tout le mérite. J'en suis à 40 buts en 60 matches officiels cette saison ? C'est incroyable. Je pense qu'avoir joué à Davos avec Joe [Thornton] nous aide ici. Nous continuons sur notre lancée. Nous sommes très heureux de représenter la nouvelle génération, dans l'héritage des Lemieux, Yzerman et Gretzky."

Martin Brodeur (gardien du Canada) : "On est sur grande glace. Si le gars devant le but manque le cadre, je suis presque capable de le dribbler derrière la cage et de relancer, ce que j'ai fait à plusieurs reprises. J'ai même provoqué une pénalité pour surnombre sur une de mes longues passes. Je pensais que c'était une bonne idée de relancer vers notre banc pendant que nous changions de ligne, mais quand l'arbitre a sifflé, je me suis dit que j'aurais mieux fait de choisir l'autre côté. C'était un match typiquement nord-américain, vous n'en verrez pas beaucoup d'autres dans ce tournoi. Les gars allaient à la cage, tiraient, cherchaient les rebonds et luttaient contre les écrans. C'était plus mon jeu, comparé à une équipe européenne qui patinera et contrôlera le palet en attendant une bonne position avant de tirer."

Doug Weight (attaquant des États-Unis) : "Quand on joue contre le Canada, il faut mettre les occasions au fond. Marty est un grand gardien, surtout quand il mène au score. Le premier but a changé le cours du match. Nash est un pur buteur, comme Jagr. Il a vingt ans, et tout le monde peut voir qu'il est en train de s'établir à haut niveau. Je ne pense pas que quiconque ait pensé qu'il atteindrait si vite le niveau auquel on l'a vu jouer jusqu'ici."

 

Canada - États-Unis 3-1 (0-0, 2-1, 1-0)

Jeudi 5 mai 2005 à 20h15 à l'Olympiaeishalle d'Innsbruck. 6307 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (SUI/CAN) assisté de Leo Takula (SUE) et Stefan Fonselius (FIN).

Pénalités : Canada 14' (6', 6', 2'), États-Unis 8' (2', 4', 2').

Tirs : Canada 25 (4, 15, 6), États-Unis 35 (14, 9, 12).

Évolution du score :

1-0 à 20'51" : Nash

1-1 à 25'16" : Knuble assisté de Hauer (sup. num.)

2-1 à 31'29" : Nash assisté de Boyle

3-1 à 52'22" : Thornton assisté de Nash et Jovanovski (sup. num.)

 

Canada

Gardien : Martin Brodeur.

Défenseurs : Robyn Regehr - Ed Jovanovski ; Scott Hannan - Dan Boyle ; Sheldon Souray - Wade Redden ; Chris Phillips.

Attaquants : Simon Gagné - Joe Thornton - Rick Nash ; Ryan Smyth - Kris Draper - Kirk Maltby ; Brendan Morrison - Patrick Marleau - Dany Heatley ; Brenden Morrow - Scott Walker - Shane Doan ; Mike Fisher.

Remplaçant : Roberto Luongo (G).

États-Unis

Gardien : Rick DiPietro.

Défenseurs : Andy Roach - Hal Gill ; John-Michael Liles - Aaron Miller ; Jordan Leopold - Brett Hauer ; Paul Martin.

Attaquants : Mike Knuble - Mike Modano - Erik Cole ; Richard Park - Doug Weight - Mark Parrish ; Mike York - Jeff Halpern ou David Legwand - Brian Gionta ; Adam Hall - Yan Stastny.

Remplaçant : Ty Conklin (G).

 

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