Russie - Suisse (6 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, deuxième tour, groupe E.

Premier match du deuxième tour pour deux équipes qui ambitionnent d'accéder aux quarts de finale. Les Russes partent favoris mais les Suisses font bonne figure depuis le début du tournoi avec des performances ascendantes. À noter la présence côté russe de deux renforts pour la deuxième phase, Aleksandr Semin et Sergueï Zinoviev, ainsi que la confirmation dans les buts de Sergueï Zvyagin après son blanchissage face au Belarus. Du côté suisse, première titularisation de David Aebischer.

Le match est à peine commencé qu'Aleksandr Kharitonov part en prison. Une première opportunité pour les Suisses, et sur une percée de Patrick Fischer plein axe, Zvyagin fait l'arrêt mais relâche le palet. Romano Lemm qui a bien suivi marque sur le rebond (0-1, 01'43"). Piqués au vif, les Russes ne mettent pas longtemps à réagir. Moins d'une minute en fait. Le temps pour Pavel Datsyuk de faire parler son talent en reprenant d'un one-timer imparable une passe d'Alekseï Kovalev (1-1, 02'28"). Les Russes ne s'arrêtent pas en si bon chemin et la pression exercée pousse les Suisses à la faute. Résultat : deux cinglages de Blindenbacher et Bezina en un peu plus d'une minute, et une double supériorité numérique offerte sur un plateau. À ce niveau ça ne pardonne pas, et c'est Kovalchuk qui fait payer comptant aux Suisses leur indiscipline en reprenant avec brio un tir contré de Zinoviev (2-1, 05'11"). Les joueurs de Vladimir Krikunov semblent bien avoir mis les points sur les i et rapidement ramené à la raison une équipe suisse qui s'était presqu'égarée en ouvrant le score.

Mais les Russes ne sont pas au bout de leurs surprises. Car à peine deux minutes plus tard, un relâchement défensif russe est mis à profit par Martin Plüss pour mener un 2 contre 1. L'attaquant de Frölunda déborde côté gauche mais son tir est repoussé par... le poteau. Les défenseurs russes manquent tous de dégager le palet qui échoue finalement dans la crosse de DiPietro qui n'a plus qu'à pousser le palet dans la cage vide, Zvyagin n'ayant pas encore eu le temps de se repositionner dans ses cages (2-2, 08'52"). Ce but vient mettre un terme à dix minutes de folie offensive avec quatre buts en moins de dix minutes ! Les Russes pensent pouvoir reprendre immédiatement les devants sur une supériorité numérique concédée par Ziegler, mais le gardien David Aebischer se distingue sur un puissant slap d'Ilya Kovalchuk. Les Russes continuent d'attaquer mais se montrent parfois trop précipités et perdent beaucoup de palets que les Suisses exploitent à chaque fois pour placer des contres tranchants. Patrik Bärtschi, qui dispute son premier match du Mondial, rate une belle occasion de près, et c'est donc sur un score de parité que les deux équipes regagnent les vestiaires.

À la reprise, les choses se gâtent pour les Russes. Yashin a écopé d'un 2'+2' juste avant la pause pour une crosse haute sur Fischer. Et Semin vient le rejoindre sur le banc des pénalités pour la même raison. Les Suisses peuvent donc bénéficier de près de deux minutes en double supériorité numérique. Bien sûr ils ne ratent pas l'occasion et un slap de Mark Streit fait mouche, grâce notamment au travail de Rüthemann devant la cage qui masque le champ de vision de Zvyagin (2-3, 22'38"). Cette fois les Russes doivent se rendre à évidence : leurs adversaires se montrent bien plus coriaces que prévu.

Les Russes se lancent à l'abordage des cages d'Aebischer. Deux pénalités suisses leur offrent quasiment quatre minutes de supériorité consécutives. Mais les hommes de Ralph Krueger sont remarquables d'abnégation en défense, et leur gestion de ces infériorités est parfaite. Les Russes tentent bien de faire circuler le palet mais préfèrent souvent l'option individuelle à la collective et se cassent les dents sur une équipe bien organisée. David Aebischer, qui avait connu un début de match difficile, se montre impérial dans ses filets, notamment en effectuant deux arrêts de classe après avoir pourtant perdu sa crosse. Il a aussi la chance - et son poteau - avec lui. Les Russes arrachent finalement l'égalisation en toute fin de tiers : le rusé Alekseï Kovalev se place entre la cage et Aebischer un peu trop avancé et surprend le gardien suisse en lui subtilisant le rebond pour marquer du revers (3-3, 38'26").

L'égalisation est dure à encaisser pour les Suisses qui ont fait bonne figure pendant tout le deuxième tiers. Surtout, leur indiscipline commence à les exposer sérieusement. Blindenbacher et Vauclair prennent leur troisième pénalité du match en début de troisième période. Aebischer, mis sous pression, est très solide. Les Russes s'emmêlent dans leur jeu de puissance. Lorsqu'ils se montrent dangereux, c'est bien souvent sur des actions individuelles, comme sur cette accélération d'Afinogenov qui bute finalement sur la jambière d'Aebischer. Viktor Kozlov se procure à son tour une occasion en or mais le palet passe à quelques centimètres des cages suisses. Les Helvètes semblent accuser le coup physiquement et ne parviennent plus vraiment à placer de contre-attaques comme ils ont pu le faire lors des deux premiers tiers. Mais leur organisation défensive leur permet de tenir vaillamment le score face à une équipe russe en manque d'inspiration offensive. Et le palet du match est même suisse : un 2 contre 1 Plüss-Conne mené avec dextérité, mais le tir de Conne est légèrement dévié par Zvyagin et le palet vient mourir à quelques centimètres du poteau...

Remarquable résistance des Suisses qui ont su endiguer l'offensive russe et placer des contres meurtriers pour rester au contact de leurs adversaires. Ils auraient même pu espérer mieux puisqu'ils ont mené pendant tout le deuxième tiers et ont raté de peu le hold-up en fin de match. Seul point noir : l'indiscipline qui aurait pu coûter cher face à une équipe plus efficace en jeu de puissance. S'ils arrivent à remédier à ce petit défaut, les hommes de Ralph Krüeger pourraient bien confirmer qu'ils sont au niveau des meilleures nations mondiales.

Du côté russe en revanche, il n'y a pas de quoi se réjouir. La supériorité numérique est d'une inefficacité consternante, le collectif loin d'être éclatant. Résultat : un manque d'efficacité offensive et des relâchements défensifs coupables qui les empêchent de prendre le large au score. Il va falloir sérieusement hausser le niveau de jeu si les Russes veulent rivaliser avec les autres cadors de l'élite mondiale, car pour l'instant leur seule victoire dans ce groupe est celle acquise, difficilement, face au Bélarus.

Élus meilleurs joueurs du match : Pavel Datsyuk pour la Russie et Paul DiPietro pour la Suisse.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Je suis content du match nul car nous aurions même pu perdre. Les deux premiers buts ont été marqués de la même façon : Zvyagin fait l'arrêt et le défenseur ne l'aide pas sur le rebond. Et puis il est difficile de jouer contre une équipe bonne défensivement et dangereuse en contre. Dimanche, nous ferons jouer Sokolov."

Pavel Datsyuk (attaquant de la Russie) : "Nous n'avions absolument pas sous-évalué la Suisse, que l'on savait solide et qui a confirmé qu'elle l'était. Ils ont marqué un but tôt dans le match. Ils avaient toujours cinq joueurs derrière, ce qui nous a rendu la tâche très difficile. Cela me semble un point de gagné pour eux et de perdu pour nous, mais nous ne sommes pas déçus. La Suisse nous a fait transpirer et travailler dur, y compris avec ses contre-attaques."

David Aebischer (gardien de la Suisse) : "Ce n'était pas facile pour moi de rentrer dans le match, avec ces deux buts précoces. Mais je me suis battu jusqu'à la fin et je suis satisfait de ma prestation. Je suis content d'avoir eu une chance de jouer aujourd'hui. C'est presque un point de perdu pour nous. Nous avons très bien joué pendant deux tiers-temps, puis dans le troisième, nous avons pris trop de pénalités. Je voudrais revoir l'action de l'égalisation parce que j'ai l'impression que Kovalev était entré dans le cercle de but avant de tirer."

 

Russie - Suisse 3-3 (2-2, 1-1, 0-0)

Vendredi 6 mai à 20h15 à la Stadthalle de Vienne. 7500 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker (USA) assisté de Joachim Karlsson (SUE) et Ales Lesnjak (SLO).

Pénalités : Russie 12' (6', 4', 2'), Suisse 20' (6', 8', 6').

Tirs : Russie 33 (7, 13, 13), Suisse 15 (7, 6, 2).

Évolution du score :

0-1 à 01'43" : Lemm assisté de Fischer et Blindenbacher (sup. num.)

1-1 à 02'28" : Datsyuk assisté de Kovalev

2-1 à 05'11" : Kovalchuk assisté de Zinoviev (sup. num.)

2-2 à 08'52" : DiPietro assisté de Plüss

2-3 à 22'38" : Streit assisté de DiPietro (sup. num.)

3-3 à 38'26" : Kovalev assisté de Datsyuk

 

Russie

Gardien : Sergueï Zvyagin.

Défenseurs : Andreï Markov - Sergueï Vyshedkevich ; Denis Denisov - Aleksandr Karpovtsev ; Vitali Proshkin - Aleksandr Ryazantsev ; Dmitri Kalinin - Dmitri Gusev.

Attaquants : Aleksandr Kharitonov - Pavel Datsyuk - Alekseï Kovalev (C) ; Aleksandr Semin - Alekseï Yashin - Viktor Kozlov ; Ilya Kovalchuk - Sergueï Zinoviev - Maksim Afinogenov ; Aleksandr Ovechkin - Evgueni Malkin - Fedor Fedorov.

Remplaçant : Maksim Sokolov (G). Absents : Vladimir Antipov, Ivan Nepryaev (surnuméraires).

Suisse

Gardien : David Aebischer.

Défenseurs : Mark Streit (C) - Olivier Keller ; Severin Blindenbacher - Goran Bezina ; Beat Forster - Mathias Seger ; Julien Vauclair.

Attaquants : Patric Della Rossa - Martin Plüss - Paul di Pietro ; Ivo Rüthemann - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Adrian Wichser - Sandy Jeannin - Patrick Fischer ; Romano Lemm - Flavien Conne - Patrik Bärtschi ; Kévin Romy.

Remplaçant : Martin Gerber (G). Absents : Anders Ambühl, Cyrill Geyer (surnuméraires).

 

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