Russie - Kazakhstan (9 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, deuxième tour, groupe E.

Derby russophone entre les deux grands voisins aux ambitions pourtant diamétralement opposées. Les Kazakhs ont atteint leur objectif en se qualifiant pour ce tour et chaque rencontre est à présent du bonus. Pour les Russes en revanche, plus ambitieux que jamais après leur victoire contre la République Tchèque, l'objectif est double : rester invaincu dans ces championnats du monde et terminer à la première place du groupe E.

Malgré la supériorité évidente de leurs adversaires, les Kazakhs débutent le match sans complexe à l'image de Roman Kozlov qui vient se confronter à Sokolov dès les premières minutes du match. Mais ce n'est qu'un feu de paille. Les Russes vont rapidement prendre le dessus sur leurs adversaires mais se montrent incapables de profiter d'un double avantage numérique pendant près de deux minutes ! Héroïques kazakhs parfaitement regroupés autour de l'inusable Vitali Kolesnik et très bien organisés pour tuer les pénalités. Ovechkin et Kovalchuk ne ménagent pourtant pas leur peine mais butent irrémédiablement sur Kolesnik. Mais si les Kazakhs excellent dans le jeu défensif et en infériorité numérique, ils se montrent ,nettement plus empruntés dès qu'il faut construire des actions offensives. Aussi les Russes tuent sans trop de problème deux pénalités et reprennent leur domination. Ilya Kovalchuk s'offre un petit slalom dans la défense kazakhe mais le score ne bouge pas malgré un différentiel de tirs impressionnant : 18 à 3 !

À l'entame de la deuxième période, on se demande combien de temps va pouvoir tenir Vitali Kolesnik à ce rythme. La réponse ne tarde pas à tomber. Mais il faut pour cela une inspiration du génial Pavel Datsyuk qui enrhume complètement Blokhin pour s'échapper tout seul avant de tirer du revers et de reprendre lui-même le rebond laissé par Kolesnik (1-0, 23'46"). La muraille kazakhe se fissure face à des Russes toujours aussi dominateurs. Cette fois, c'est autour du petit prodige Alexander Ovechkin de faire le spectacle : une accélération qui laisse sur place les deux défenseurs, une feinte de tir en bout de course devant Kolesnik et un tir dans la cage grande ouverte accompagné d'un petit plongeon (2-0, 27'42"). Face à de telles individualités, les Kazakhs ne peuvent rien et doivent, comme nous, se contenter d'admirer le spectacle. En revanche, la supériorité numérique russe connaît toujours autant de ratés. Pendant près de quatre minutes en supériorité numérique (Mazunin sanctionné deux fois de suite), les Russes se montrent incapables de concrétiser. Mieux même, Andreï Ogorodnikov se procure une belle occasion en contre mais Sokolov veille au grain. Les occasions russes se multiplient et Ilya Kovalchuk fait preuve d'un altruisme inhabituel en servant sur un plateau Fedor Fedorov. Mais il n'est guère récompensé puisque ce dernier manque totalement son coup. Maksim Afinogenov rate une occasion énorme de porter le score à 3-0 mais Sergueï Zinoviev se montre plus réaliste et inscrit un but tout aussi spectaculaire que les deux premiers en débordant côté gauche la défense kazakhe avec une facilité déconcertante pour revenir au centre et tromper en deux temps Kolesnik (3-0, 35'47"). Pour la première fois du Mondial, on sent les Kazakhs vaciller. Le score aurait pu encore enfler si Yashin avait mis un peu plus de conviction dans sa reprise à bout portant ou si Malkin avait connu la réussite de ses coéquipiers.

Sentant son équipe prendre l'eau, Nikolaï Myshagin décide alors de remplacer le stakhanoviste Vitali Kolesnik par Sergueï Ogureshnikov, tout heureux de jouer ses premières minutes du Mondial. Et heureusement pour lui, les Russes satisfaits du score lèvent le pied. Oh bien sûr, ils dominent toujours largement les débats mais les tirs d'Antipin ou Kozlov ne permettent pas de faire évoluer le score. Ils pourraient rajouter un quatrième but avec un tir sur le poteau, mais ce sont les Kazakhs qui se montrent les plus tranchants sur les contre-attaques, comme ce deux contre un mené par Upper et vendangé par Komissarov. La ténacité kazakhe finir par payer lorsque Dmitri Dudarev fait en toute liberté le tour de la cage de Sokolov pour loger le palet en pleine lucarne (3-1, 57'38"). Sokolov ne réussit donc pas de blanchissage et les Russes ne l'emportent finalement que d'un but, un score loin de refléter la physionomie du match.

Contrat rempli pour les Russes qui se sont reposés sur le talent et la vitesse de leurs attaquants pour faire la différence dans le deuxième tiers. Les voilà donc qui terminent invaincus la phase de qualification des championnats du monde (seule équipe dans ce cas !). Ils sont donc en position de force pour les quarts de finale puisqu'ils affronteront à Vienne le quatrième de l'autre groupe (probablement la Finlande ou la Lettonie). De son côté, le Kazakhstan n'a, comme à son habitude, pas été ridicule en réalisant deux tiers-temps solides et en appliquant son système de jeu strictement défensif qui lui réussit si bien. En revanche l'attaque est toujours aussi faible. Il lui reste à affronter la Slovaquie pour tenter de décrocher une victoire avant de rentrer au pays, satisfaits du devoir accompli.

Élus meilleurs joueurs du match : Maksim Sokolov pour la Russie et Dmitri Upper pour le Kazakhstan.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match :

Nikolaï Myshagin (entraîneur du Kazakhstan) : "Premièrement, je félicite tous ceux qui sont présents aux cérémonies du 9 mai à Moscou. Deuxièmement, je félicite la Russie pour sa victoire et pour son désir de devenir championne du monde cette année. Elle a toutes les conditions requises : les joueurs, les entraîneurs, et l'attitude de travail. En ce qui concerne le match, nous avons joué comme l'adversaire nous y autorisés. Je suis très content que nous ayons finalement marqué après dix tiers-temps sans but. Bravo aux joueurs qui ont joué du mieux qu'ils pouvaient."

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Je me joins aux félicitations de M. Myshagin sur le Jour de la Victoire - une grande fête pour notre pays natal. Maintenant, sur le match. Hier nous avons laissé beaucoup de forces contre les Tchèques, et j'ai encore demandé à mes joueurs de jouer défensivement dans l'espoir que nous puissions marquer un ou deux buts. Merci aux joueurs d'avoir appliqué les consignes, même s'ils ont aussi fait plusieurs erreurs. À vrai dire, j'avais résolu de titulariser Zyvagin. Après être arrivé à la patinoire, j'ai discuté avec Sokolov, et il m'a dit de lui faire confiance."

Ilya Kovalchuk (attaquant de la Russie) : "Nous avons eu beaucoup d'occasions. On aurait pu marquer neuf ou dix buts. Leurs gardiens ont vraiment bien joué. Nous ne voulions pas aller à Innsbruck. Le voyage est trop long. C'est une glace et une patinoire différente. Ca aurait été difficile. Notre but était de rester ici. Nous devons nous préparer pour les quarts de finale."

Alekseï Kovalev (attaquant de la Russie) : "Nous avons préparé ce match comme le précédent. Simplement, nous avons dépensé beaucoup de forces hier, et il n'est jamais facile de disputer deux matches en deux jours, indépendamment de l'adversaire. Par conséquent, nous avons probablement semblé manquer de vivacité. Mais notre équipe est caractérisée par sa capacité à se mettre graduellement en marche et à finir mieux le match. En deuxième péiode, pendant que je me mouvais vers la cage, un défenseur a voulu soulever ma crosse et elle m'a heurté le nez. C'est pourquoi j'ai fini la rencontre en tribunes. Mais ce ne sont que des vétilles, je serai prêt au prochain match."

 

Russie - Kazakhstan 3-1 (0-0, 3-0, 0-1)

Lundi 9 mai à 16h15 à la Stadthalle de Vienne. 5520 spectateurs.

Arbitrage de Thomas Andersson (SUE) assisté de Gregor Brodnicki (ALL) et Karol Popovic (SUI).

Pénalités : Russie 6' (4', 0', 2'), Kazakhstan 14' (6', 4', 4').

Tirs : Russie 48 (18, 16, 14), Kazakhstan 19 (3, 8, 8).

Évolution du score :

1-0 à 23'46" : Datsyuk assisté de Markov et Ovechkin

2-0 à 27'42" : Ovechkin assisté de Datsyuk et Kovalev

3-0 à 35'47" : Zinoviev assisté de Kovalchuk

3-1 à 57'38" : Dudarev assisté de Kozlov et Upper

 

Russie

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Andreï Markov - Sergueï Vyshedkevich ; Denis Denisov - Aleksandr Karpovtsev ; Vitali Proshkin - Aleksandr Ryazantsev ; Dmitri Kalinin.

Attaquants : Aleksandr Ovechkin - Pavel Datsyuk - Alekseï Kovalev (C) ; Aleksandr Semin - Alekseï Yashin - Vladimir Antipov ; Ilya Kovalchuk - Sergueï Zinoviev - Viktor Kozlov ; Ivan Nepryaev - Evgueni Malkin - Maksim Afinogenov ; Fedor Fedorov.

Remplaçant : Sergueï Zyvagin (G). Absents : Dmitri Gusev (blessé), Aleksandr Kharitonov (surnuméraire).

Kazakhstan

Gardiens : Vitali Kolesnik puis Sergueï Ogureshnikov à 40'00".

Défenseurs : Alekseï Koledaïev - Artyom Argokov ; Evgueni Blokhin - Vladimir Antipin ; Oleg Kovalenko - Evgueni Mazunin ; Vitali Novopashin - Andreï Sokolov.

Attaquants : Sergueï Aleksandrov - Fedor Polishchuk - Roman Kozlov ; Dmitri Dudarev - Dmitri Upper - Anton Komissarov ; Konstantin Shafranov - Evgueni Koreshkov - Aleksandr Koreshkov ; Andreï Ogorodnikov - Andreï Pchelyakov - Andreï Troshchinsky.

Absents : Alekseï Litvinenko, Alekseï Vassilchenko (surnuméraires).

 

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