Suisse - Bélarus (9 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, deuxième tour, groupe E.

C'est un match à fort enjeu entre la Suisse et le Bélarus puisque le vainqueur ira en quart de finale. On sent la tension puisque la première altercation éclate dans le coin après huit secondes de jeu (!) entre Bashko et Ziegler. On joue donc à quatre contre quatre, et Goran Bezina propulse un missile dans la lucarne de Mezin. Un tir si soudain et si puissant que, à la demande de Glen Hanlon, M. Henriksson fait confirmer par la vidéo que le palet est bien rentré au fond des filets, tellement il est ressorti vite (1-0 à 01'55"). L'arbitre est sans pitié avec les simulations (Mikhalev) et les fautes d'anti-jeu discrètes (Meleshko) des Biélorusses, mais même en supériorité, les occasions se font rares, et le moment le plus spectaculaire est une belle gamelle de Romy au moment de réceptionner une passe qui arrive dans ses patins en deux contre un. Sur son troisième avantage numérique, c'est la Suisse qui se fait peur : Martin Gerber sort derrière son but et se fait prendre le palet par Konstantin Koltsov qui contourne les filets déserts et... ne cadre pas son revers. La "Nati" digère bien ce coup au cœur. Elle est plus posée, plus sûre d'elle, pas du genre à paniquer devant une cage vide...

La deuxième période commence avec une nouvelle pénalité blanche, un cinglage de Zhurik. L'étonnant vétéran Andreï Mezin réussit alors une fantastique mitaine sur une reprise de l'enclave de Martin Plüss. Face à un des meilleurs jeux de puissance du tournoi, l'invincibilité du Bélarus en infériorité numérique tient toujours. C'est la seule satisfaction pour ses supporters. Ceux-ci se répartissent en deux catégories. Il y a ceux qui s'affichent derrière le premier drapeau des années post-indépendance, la bannière blanche à bande rouge qui est bien en vue dans le champ de la caméra (y compris au pays, probablement...) et qui sert de symbole de ralliement aux opposants exilés. Et puis il y a ceux qui brandissent le drapeau officiel rouge, vert et blanc, hérité de l'époque soviétique et rétabli en 1995 par l'actuel président à vie Loukachenko. Parmi ces derniers, en cette "grande journée patriotique" du 9 mai marquée par un grandiose défilé à Moscou (pour fêter le soixantenaire de la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie), il y en a qui se trahissent en agitant le drapeau biélorusse tout en portant le maillot... de la Russie.

Tous prennent espoir en voyant que le Bélarus parvient de mieux en mieux à contrôler la zone neutre et même à la franchir. Mais c'est une fois la ligne bleue franchie qu'il est en panne d'idées. Tout peut néanmoins basculer sur un exploit individuel, comme celui d'Andreï Kostistyn qui met complètement dans le vent Beat Forster par une feinte pour se présenter devant Gerber.

À la cinquième minute du troisième tiers-temps, les Biélorusses mettent le feu comme jamais dans la zone helvétique. Les Suisses sont sous pression et Ambühl commet un méchant cinglage pendant cette minute de folie. Mais les blancs se précipitent et n'arrivent pas à s'installer en supériorité. Ils n'ont pas plus de réussite après une crosse haute de Della Rossa sur Bashko. Le travail défensif de la Suisse conserve le score, mais elle n'arrive pas à marquer le but du KO dans les dernières minutes, malgré un poteau de Sandy Jeannin, servi en deux contre un par Romy, et un breakaway de Patrick Fischer qui échoue sur le poke-check d'Andreï Mezin. Celui-ci peut laisser sa cage vide avec la satisfaction du devoir accompli. Mais ses coéquipiers ont-ils les moyens d'égaliser ? Non. Le quarantenaire Oleg Mikulchik rate sa relance et se fait contrer par Thomas Ziegler qui pousse le palet dans les filets déserts. Ce même Ziegler pour qui les kinés ont veillé pendant une bonne partie de la nuit pour le masser afin de gommer des problèmes de circulation sanguine dus à un coup au-dessus du genou ! Quand il revient au banc, il a le droit à une franche embrassade de Ralph Krüeger.

Le jeu très attentiste du Bélarus ne suffira pas à atteindre les quarts de finale. Malgré une étonnante moyenne d'un but encaissé par match (si l'on exclut la dernière réalisation en cage vide), un bilan parfait en infériorité et les 97 % d'arrêts de Mezin, le voilà éliminé avant même son dernier match. Logique, car offensivement, il ne se repose que sur une poignée d'individualités qui ne peuvent faire la différence qu'épisodiquement. Les Suisses sont plus solides, plus patients, plus homogènes, et ils ont plus de maturité à ce niveau, y compris dans la capacité à accepter qu'un adversaire ferme le jeu et à relever le défi. Depuis le début de la compétition, ils donnent le sentiment que leur qualification en quart de finale est inéluctable, et qu'ils appartiennent sans discussion possible au huit majeur.

Élus meilleurs joueurs du match : Goran Bezina pour la Suisse et Andreï Kostitsyn pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Je suis fier de cette équipe. C'est un groupe fantastique, qui a travaillé toute l'année avec enthousiasme. Le match n'a pas été facile, un des plus fermés dans lequel j'ai été impliqué dans un tournoi mondial. mais nous avons confirmé que nous avons un système défensif solide et que nous sommes parmi les meilleurs du tournoi en infériorité. Notre profondeur a fait la différence, car ils alignent toujours les mêmes joueurs dans les situations spéciales, contrairement à nous. Et nous avons deux bons gardiens. Il y a un beau sens du collectif, chacun cherche à tout donner pour les autres. Thomas Ziegler l'a démontré, en souffrant pour guérir rapidement avec la volonté de jouer. Son but est une récompense plus que méritée. Néanmoins, notre travail ici n'est pas terminé."

Mark Streit (capitaine de la Suisse) : "Tout le tournoi aurait été un demi-échec si nous n'avions pas remporté ce match. Nous étions logiquement un peu fatigués au dernier tiers, mais on l'a fait. C'était une victoire durement gagnée, mais absolument méritée. Maintenant, nous donnerons tout pour continuer. Nous voulons revenir jouer à Vienne [pour les demi-finales], Innsbruck ne doit pas être une escale sur le chemin de la maison."

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Nous avons affronté une équipe très solide, unie, que nous avions déjà remarquée dans les matches amicaux de préparation. Nous, nous sommes contents de rester dans l'élite, et tout le pays est heureux de ce que nous avons accompli. Nous ne sommes pas encore prêts à faire mieux, nous sommes encore dans une phase de création de bases solides pour la sélection. Nous avons impulsé des changements dans le hockey biélorusse, et nous avons incorporé des jeunes qui ont très bien joué."

 

Suisse - Bélarus 2-0 (1-0, 0-0, 1-0)

Lundi 9 mai à 20h15 à la Stadthalle de Vienne. 5502 spectateurs.

Arbitrage de Hannu Henriksson (FIN) assisté de Derek Doucette (CAN) et Sergueï Shelyanin (RUS).

Pénalités : Suisse 12' (4', 2', 6'), Bélarus 14' (8', 4', 2').

Tirs : Suisse 25 (7, 11, 7), Bélarus 17 (7, 5, 5).

Engagements : Suisse 40 (14, 16, 10), Bélarus 24 (6, 13, 5).

Évolution du score :

1-0 à 01'55" : Bezina assisté de Jeannin et Fischer

2-0 à 59'34" : Ziegler assisté de Streit et Plüss (cage vide)

 

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Mark Streit (C) - Olivier Keller ; Beat Forster - Mathias Seger ; Severin Blindenbacher - Goran Bezina ; Julien Vauclair - Cyrill Geyer.

Attaquants : Ivo Rüthemann - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Patric Della Rossa - Martin Plüss - Paul di Pietro ; Flavien Conne - Kévin Romy - Anders Ambühl ; Patrick Fischer - Romano Lemm - Sandy Jeannin.

Remplaçant : David Aebischer (G). Absents : Adrian Wichser (hanche fêlée), Patrik Bärtschi (surnuméraire).

Bélarus

Gardien : Andreï Mezin (sorti de sa cage à 59'38").

Défenseurs : Aleksandr Makritsky - Andreï Bashko ; Aleksandr Radzinski - Oleg Mikulchik ; Vladimir Svito - Aleksandr Zhurik ; Vladimir Kopat.

Attaquants : Konstantin Koltsov - Mikhaïl Grabovski - Vladimir Tsyplakov (C) ; Andreï Kostsitsyn - Siarheï Zadzialionov - Andreï Skabelka ; Dmitri Dudik - Alekseï Krutsikov - Dmitri Mialeshka ; Alekseï Ugarov - Andreï Mikhalev - Alekseï Strakhov.

Remplaçant : Sergueï Shabanov (G). Absents : Tsimafei Filin (exclu pour dopage), Sergueï Erkovich, Alekseï Savin.

 

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