Russie - Suède (15 mai 2005)

 

Championnats du monde 2005, match pour la troisième place.

Match pour la médaille de bronze entre deux équipes qui ont raté la dernière marche. La Suède habituée des podiums ces dernières saisons fera quoiqu'il arrive moins bien que l'an dernier, une sorte de revanche pour Hardy Nilsson qui était toujours très contesté malgré les bons résultats. En face, la Russie a réalisé sans doute ses meilleurs championnats du monde depuis très longtemps. Il lui reste à tenter de concrétiser cela par un médaille de bronze, après avoir raté la finale de peu malgré un come-back étourdissant face au Canada.

Et les Russes semblaient avoir bien retenu la leçon des demi-finales. Auteurs d'un début de match catastrophique face au Canada, ce qui allait leur coûter la victoire, ils réalisaient cette fois une entame parfaite. La première minute était à peine dépassée que Maksim Afinogenov envoyait un missile dans les cages de Lundqvist. L'action était revue à la vidéo pour confirmer que le palet était bien rentré (1-0, 1'02"). La Suède n'était visiblement pas encore entrée dans son match et les Russes s'en donnaient à cœur joie dans les espaces laissées par une défensive suédoise bien laxiste. Alekseï Kovalev allait trop vite pour Mattias Norström et le défenseur des Kings n'eut d'autre choix que de stopper irrégulièrement la star russe qui filait au but, provoquant ainsi un penalty. Kovalev butait sur Lundqvist dans sa tentative de feinte du revers, mais les Russes continuaient leur pressing et faisaient le break quelques secondes plus tard, une nouvelle fois par l'intermédiaire de l'intenable Afinogenov auteur d'un grand numéro. Le vif attaquant du Dynamo trouvait le moyen de tirer au but malgré la présence de Christian Bäckman pour ensuite le contourner et se saisir victorieusement du rebond (2-0, 03'58").

Assommée, la Suède mit du temps à réagir. Finalement le coup de pouce vint sous la forme d'une pénalité d'Aleksei Yashin. Il ne fallut alors que huit secondes à Ronnie Sundin pour transpercer Maksin Sokolov et réduire le score (2-1, 08'11"). Les Suédois eurent moins de réussite sur la supériorité numérique suivante (faute de Kovalev) mais le jeu très ouvert laissait supposer que les deux équipes n'allaient pas en rester là. Et en effet à quatre contre quatre les Russes se régalaient avec le surplus d'espace à l'image de Pavel Datsyuk intenable dans la zone offensive. Le champion de Russie servait sur un plateau Kovalev dont le one-timer ne laissait aucune chance à Lundqvist (3-1, 15'24"). Mais le spectacle n'était pas encore terminé dans cette première période puisqu'à moins d'une minute de la fin, Henrik Zetterberg se trouvait à la réception d'une passe transverse de Magnus Johansson pour réduire le score. Sokolov semblait pourtant avoir fait l'arrêt et la vidéo fut encore nécessaire pour finalement valider le but (3-2, 19'13").

La première victime de cette frénésie offensive lors de la première période était Henrik Lundqvist, pas dans un grand jour et prié de rester sur le banc. L'occasion aussi de donner enfin un peu de glace à Johan Holmqvist. Mais le pauvre gardien de Brynäs aurait peut-être préféré resté sur le banc. Car les Russes pas encore rassasiés continuaient de faire le spectacle. Avec cette fois dans le rôle du maître d'œuvre, le petit génie Alexander Ovechkin qui déboulait côté droit, enrhumait littéralement Mattias Norström décidément pas à la fête ce soir et trompait Holmqvist avec une facilité déconcertante (4-2, 21'33"). Le talent pur ! Et les Russes continuaient de s'amuser avec des Suédois pas vraiment dans le coup. Yashin y allait de son petit but en solo en récupérant un palet mal dégagé par la défense suédoise pour finalement le déposer dans la lucarne de Holmqvist malgré l'intervention désespérée et inutile de Bäckman lui aussi à côté de ses patins (5-2, 25'57"). Le score commençait à enfler dangereusement pour la Suède qui voyait s'éloigner la médaille de bronze. Les Russes écartaient toute velléité de retour suédois en inscrivant un sixième but grâce à Aleksandr Semin qui avait bien suivi un tir d'Afinogenov (6-2, 28'43"). En l'espace de huit minutes, Holmqvist avait encaissé autant de buts que Lundqvist lors des vingt minutes précédentes ! Avec huit buts inscrits avant la mi-match, on se doutait que la suite de la rencontre n'allait pas être aussi prolifique. La Suède parvenait enfin à stopper l'hémorragie et les Russes, forts de leur confortable avance, levaient le pied. Sokolov se fit même une grosse frayeur derrière ses cages mais les Suédois n'en profitaient pas.

Avec un tel écart au score, la dernière période ne ménageait pas beaucoup de suspense. Henrik Sedin réduisait pourtant la marque en reprenant un rebond suite à un tir de Samuelsson (6-3, 42'46"). Les Suédois, complètement amorphes au deuxième tiers (quatre tirs seulement...), se réveillaient un peu et tentaient de construire du jeu face à une équipe russe beaucoup plus attentiste qui se contentait de gérer son avantage au score. Le match avait alors vraiment perdu en intensité et chaque équipe semblait attendre patiemment la fin du match, considérant le score comme acquis.

Dans ce match à l'enjeu plus limité que les demi-finales, les défenses ont fait relâche, ce qui a profité évidemment aux artistes russes Kovalev, Ovechkin, Yashin et autre Afinogenov, dont la vitesse et la technique ont complètement dépassé des Suédois visiblement peu concernés par la rencontre. Pour la première fois depuis 2000, la Suède n'est pas sur un podium des championnats du monde, alors que la Russie fait un come-back remarqué et peut même nourrir une pointe de regret après le match mal négocié face au Canada.

Élus meilleurs joueurs du match : Henrik Zetterberg pour la Suède et Maksim Afinogenov pour la Russie.

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Cette médaille ne résout rien en soi, elle peut seulement donner une nouvelle impulsion au développement de notre sport. Le conseil municipal de Moscou, en construisant dix patinoires dans la ville, a répondu à un problème global. Elles sont maintenant opérationnelles, en conséquence de quoi la sélection pourra sûrement disposer de joueurs supplémentaires dans les prochaines années. Je n'insiste pas pour garder ce poste - j'ai un travail [au Dynamo]. C'était impromptu de préparer l'équipe en dix jours, de jouer la finale de l'Euro Tour puis de venir aux championnats du monde. Tant mieux si tout s'est bien terminé. L'équipe-type de la Russie dans ces Mondiaux ? Peut-être la ligne de Datsyuk dans son intégralité."

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Que dire ? Nous avons rencontré une équipe qui avait plus de forces et d'énergie. Nos deux sélections ont joué une demi-finale difficile hier, et les heures de récupération supplémentaires qu'ont eues les Russes ont influé sur le résultat. Ils ont soufflé sur nous comme le vent, et il ne me reste qu'à les féliciter pour leurs médailles de bronze. Je considère quand même que nous avons fait un bon championnat du monde."

 

Russie - Suède 6-3 (3-2, 3-0, 0-1)

Dimanche 15 mai à 16h15 à la Stadthalle de Vienne.

Arbitrage de Brent Reiber (CAN/SUI) assisté de Miroslav Halecky (TCH) et Dean Laschowski (CAN)

Pénalités : Russie 12' (6', 2', 4'), Suède 12' (4', 4', 4').

Tirs : Russie 32 (11, 15, 6), Suède 23 (10, 4, 9).

Évolution du score :

1-0 à 01'02" : Afinogenov assisté d'Ovechkin et Malkin

2-0 à 03'58" : Afinogenov assisté d'Ovechkin

2-1 à 08'11" : Sundin assisté de H. Sedin (sup. num.)

3-1 à 15'24" : Kovalev assisté de Datsyuk et Markov

3-2 à 19'13" : Zetterberg assisté de Johansson et Hedström

4-2 à 21'33" : Ovechkin assisté de Ryazantsev et Malkin

5-2 à 25'57" : Yashin

6-2 à 28'43" : Semin assisté de Afinogenov

6-3 à 42'46" : H. Sedin assisté de Samuelsson et D. Sedin

 

Russie

Gardien : Maksim Sokolov.

Défenseurs : Andreï Markov - Sergueï Vyshedkevich ; Vitali Proshkin - Aleksandr Ryazantsev ; Sergeï Gusev - Dmitri Kalinin ; Denis Denisov.

Attaquants : Aleksandr Kharitonov - Pavel Datsyuk - Alekseï Kovalev (C) ; Aleksandr Ovechkin - Evgueni Malkin - Maksim Afinogenov ; Aleksandr Semin - Alekseï Yashin - Viktor Kozlov ; Ilya Kovalchuk - Vladimir Antipov - Sergueï Zinoviev ; Ivan Nepryaev.

Remplaçant : Sergueï Zyvagin (G). Absents : Fedor Fedorov, Aleksandr Karpovtsev (surnuméraires).

Suède

Gardien : Henrik Lundqvist puis Johan Holmqvist à 20'00.

Défenseurs : Niklas Kronwall - Christian Bäckman ; Thomas Rhodin - Mattias Norström ; Ronnie Sundin - Magnus Johansson ; Sanny Lindström.

Attaquants : Peter Nordström - Jörgen Jönsson (C) - Jonas Höglund ; Johan Franzen - Samuel Påhlsson - Magnus Kahnberg ; Daniel Alfredsson - Jonathan Hedström - Henrik Zetterberg ; Daniel Sedin - Mikael Samuelsson - Henrik Sedin ; Mattias Weinhandl.

Absents : Kenny Jönsson, Per-Johan Axelsson (surnuméraires).

 

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