Grenoble - Mont-Blanc (1er novembre 2005)

 

Match comptant pour la onzième journée de Ligue Magnus.

Retour des Brûleurs de Loups à domicile après leur périple victorieux en Coupe Continentale. Mais le décor est bien différent pour des Grenoblois décidément imprévisibles qui ont alterné le bon (victoire à Morzine en coupe), le moins bon (nul à Épinal) et le catastrophique (défaite à Chamonix). Une défaite rappelant évidemment la terrible déconvenue subie à Caen, preuve que les succès en coupe n'ont pas guéri les Brûleurs de Loups (9es) de tous leurs maux. Et la venue de Mont-Blanc en net regain de forme n'avait rien de très rassurant pour des Brûleurs de Loups qui se sont faits une spécialité de perdre face aux équipes de bas de tableau et en particulier les promus. Mais ils étaient jusque là invaincus sur leur glace et comptaient bien le rester...

Ce match était aussi l'occasion pour le public grenoblois de découvrir le renfort canadien Brett Draney, venu en remplacement de Ludek Broz, out jusqu'à la fin de la saison. Draney avait disputé son premier match à Épinal et était aligné sur une ligne 100% canadienne avec Russell et Mills. Une ligne qui se mettait en évidence dès les premières minutes du match par quelques charges bien appuyées et une grosse activité le long des bandes en zone offensive. Grenoble s'installait ainsi dans la le camp haut-savoyard et une pénalité infligée à Hrehorcak venait logiquement récompenser cette période de domination. Le jeu de puissance s'installait convenablement mais ne parvenait pas à se procurer d'occasions franches de tirs face à une défense bien en place. Heureusement pour les Grenoblois, leurs adversaires d'un soir n'étaient guère plus à l'aise en avantage numérique et le match finissait par s'équilibrer au gré des pénalités sifflées. Les locaux finissaient bien le tiers en accentuant la pression et donnaient l'impression de pouvoir ouvrir le score avant la pause. Mais Arnaud Goetz tenait bon dans sa cage jusqu'au coup de sirène et les deux équipes entraient aux vestiaires sur un score nul et vierge.

Dès l'entame de la deuxième période, les Brûleurs de Loups se procuraient une énorme occasion, mais encore une fois la réussite n'était pas au rendez-vous. Un signe prémonitoire pour ce qu'allait être ce deuxième tiers-temps au cours duquel une équipe grenobloise de plus en plus brouillonne allait se casser les dents sur la défense du Mont-Blanc. Le manque d'efficacité de l'attaque grenobloise s'étalait au grand jour devant un public de plus en plus sceptique. Incapables de marquer à Caen, auteurs d'un maigre but à Chamonix, les Grenoblois semblaient glisser sur la même pente, ne parvenant pas à hisser leur niveau de jeu pour prendre en défaut la défense d'un mal classé. Et voyant leurs hôtes balbutier leur hockey, les joueurs d'Ari Salo s'enhardissaient, semant même parfois la panique dans la défense grenobloise. Le Mont-Blanc pratiquait un hockey discipliné et plein d'envie et contrariait les plans des Grenoblois qui se mettaient à douter au fur et à mesure que les minutes passaient. Et comme pour mieux stigmatiser le manque de réussite des Brûleurs de Loups, une grosse occasion grenobloise dans la dernière minute se transformait en contre pour le Mont-Blanc et Étienne Croz crucifiait Christophe Burnet en break à seulement vingt secondes de la fin de la période (0-1, 39'41").

Ce but coup de massue concédé à la fin du tiers eut un effet dévastateur sur le moral des Grenoblois et à l'inverse gonflait à bloc celui des Haut-Savoyards. Les Brûleurs de Loups attaquaient à tout va en début de période et oubliaient de couvrir leurs arrières... ce dont profitaient Croz et Subit pour planter un contre meurtrier sur lequel Burnet était une nouvelle fois battu (0-2, 42'28"). Le banc du Mont-Blanc exultait et les affaires grenobloises se compliquaient sérieusement. À l'image d'un goon de NHL, Jeff Bonnard provoquait alors une bagarre avec Pirrka Lahtinen, histoire d'entraîner une réaction de ses coéquipiers. Mais celle-ci ne vint pas. Les Brûleurs de Loups continuaient à s'enfermer dans des schémas offensifs très réducteurs qui n'apportaient pas de solution. Le collectif (ou ce qu'il en restait) sombrait dans l'individualisme et Goetz était à la parade sur toutes les occasions grenobloises. Et sur sa seule petite erreur du match, il était remplacé par un défenseur qui sauvait le but sur sa ligne. Non, décidément, rien ne voulait sourire aux Grenoblois ce soir, pas même ces deux supériorités numériques consécutives sur lequel Gérald Guennelon tenta un coup de poker en faisant sortir Burnet pour jouer en double supériorité. Et comble de l'humiliation, c'est avec Christophe Burnet de retour dans les cages que les hommes de Gérald Guennelon encaissaient leur troisième but de la soirée (0-3, 56'11"). La prestation grenobloise sur la glace frisait le pathétique et Mont-Blanc pouvait terminer en roue libre, préservant le blanchissage d'Arnaud Goetz amplement mérité.

Le Mont-Blanc a réussi un très joli coup sur la glace grenobloise en faisant preuve d'une solidarité de tous les instants, se relançant ainsi dans la course au maintien. Goetz a réalisé une bonne performance dans les buts et la patience haut-savoyarde a su être récompensée. Mais Mont-Blanc a surtout profité des carences incroyables d'une équipe grenobloise décidément bien décevante cette saison. Le scénario désormais classique s'est encore répété : manque d'efficacité pour inscrire le premier but, prise de risque de plus en plus importante au fil de la rencontre, but encaissé sur contre-attaque et vaine course-poursuite après le score. Les leçons des défaites concédées à Caen et Chamonix n'ont pas été retenues, malgré ce qui a pu être dit ici ou là, et Grenoble réussit le Grand Chelem de la honte en s'inclinant face aux trois promus. Pas fameux pour un prétendant déclaré au titre qui se traîne désormais dans la seconde moitié du classement à seulement quatre points des derniers... Inutile de se le cacher, la crise a cette fois bel et bien éclaté à Grenoble comme en témoignent cette (rarissime) sortie sous les huées d'un public écœuré par tant de médiocrité ou encore cette nomination ironique par la presse de... Sacha Treille comme meilleur joueur grenoblois du match alors qu'il n'a pas posé un patin sur la glace. Comment alors redonner vie à un effectif pourtant si séduisant sur le papier, si motivé en Coupe d'Europe, et dont le début de saison ne laissait en aucun cas prévoir un tel désastre ? Des solutions devront être rapidement trouvées sous peine de voir la saison 2005-06 se terminer en véritable fiasco. Et la position de l'entraîneur Gérald Guennelon, pointé du doigt comme responsable de cet immense gaspillage, n'a jamais été aussi fragile que ce soir.

Désignés meilleurs joueurs du match : Sacha Treille (Grenoble) et Arnaud Goetz (Grenoble)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Mont-Blanc 0-3 (0-0, 0-1, 0-2)

Mardi 1er novembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3074 spectateurs.

Arbitrage d'Alexandre Bourreau assisté de Cyril Carlin et Benjamin Gremion.

Pénalités : Grenoble 22' (4', 2', 6'+10'), Mont-Blanc 14' (4', 0', 10').

Évolution du score :

0-1 à 39'41" : Croz assisté de Subit et Prunet

0-2 à 42'28" : Subit assisté de Croz et Hrehorcak

0-3 à 56'11" : Lahtinen assisté de Carry (inf. num.)

 

Grenoble

Gardien : Christophe Burnet (sorti de 55'03" à 55'17" et de 55'20" à 55'41").

Défenseurs : Nicolas Favarin - Martin Millerioux ; Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A).

Attaquants : Bobby Russell - Brett Draney - Craig Mills ; Romain Bachelet - Laurent Meunier - Josef Podlaha ; Cyril Papa - Benoît Bachelet (C) - Kévin Hecquefeuille ; Yven Sadoun.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Sacha Treille, Yohann Morant, Teddy Trabichet. Absents : Christophe Tartari (genou), Roger Jönsson (raisons personnelles), Ludek Broz (opération du genou).

Mont-Blanc

Gardien : Arnaud Goetz.

Défenseurs : Stéphane Gachet - Peter Hrehorcak ; Pierre-Antoine Simonneau - Christian Pouget (A) ; Lilian Prunet - Thomas Berruex.

Attaquants : Patrice Fleutot (C) - Etienne Croz - Sébastien Subit ; Pirkka Lahtinen - Romain Carry (A) - Sylvain Nicoud ; Lucas Tremellat - Thierry Nicoud - Clément Berruex ; Fabrice Leglaive - Yohann Chauvière - Julien Marquet ; Renaud Tracol.

Remplaçants : Johan Scanff (G), Numa Besson. Absents : Pasi Kangas, Guillaume Duclos, Florent Socquet, Bastien Sangiorgio.

 

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