Match comptant pour la douzième journée de la Ligue Magnus 2005/2006.

Les Gothiques ont-ils digéré la déconvenue rouennaise ? Quatre jours après le revers subi en Normandie lors du derby face aux Dragons, Amiens retrouve sa glace du Coliséum pour un match qui s'annonce compliqué contre Dijon. Les Ducs, qui restent sur quatre victoires consécutives, pratiquent un jeu physique qui ne réussit pas trop aux Amiénois. Le piège est tendu et annoncé. Les joueurs de Denis Perez sauront-ils l'éviter ?

Si l'entame de match est dijonnaise, les coéquipiers de Stephen Dugas portant tout de suite le jeu en zone offensive, la première occasion de la partie est amiénoise. Après une grosse cinquantaine de secondes, Laurent Gras sort rapidement de son camp sur le coté droit et sert François Rozenthal, qui bute sur Vladimir Hiadlovsky. Le même duo d'attaquants refait parler de lui quelques minutes plus tard quand le centre Gras retrouve l'ailier Rozenthal dans la zone neutre pour un slap immédiat que le portier slovaque des Bourguignons arrête de nouveau. Si Dijon monopolise le palet dans ces premières minutes de jeu, Amiens défend bien et empêche encore les joueurs de Daniel Maric de pénétrer trop loin dans l'offensive, laissant encore un peu de tranquillité à Antoine Mindjimba. En fait, la première approche dangereuse des Ducs intervient après plus de cinq minutes de jeu lors d'une sortie hasardeuse du gardien des Gothiques qui laisse sa cage sans protection. Heureusement pour les Amiénois, aucun Dijonnais n'arrive à cadrer un palet qui traîne dans l'enclave. La première pénalité du match est sifflée contre Miroslav Sucko, coupable d'avoir accroché François Rozenthal (6'52"). Mais mis à part un bon shoot rapide d'Anthony Mortas, la supériorité amiénoise est gâchée. Et il faut attendre presque cinq minutes pour revoir une action intéressante lorsque Simon Petit décale François Rozenthal, esseulé sur son coté droit et qui voit son tir stoppé une fois de plus par Vladimir Hiadlovsky (11'40"). La deuxième supériorité picarde du match, Mickaël Brodin ayant écopé de deux minutes de prison pour un accrocher (12'07"), ne donne rien de plus. Le jeu de puissance des Gothiques s'installe, mais Hiadlovsky ne voit pas le moindre tir arriver sur sa cage. Les Ducs se posent beaucoup moins de questions lorsque c'est à eux d'évoluer en jeu de puissance, Laurent Gras (obstruction, 13'36") et Loïc Sadoun (cinglage, 15'20") se partageant le banc des pénalités. Beaucoup plus tranchant, Dijon tourne autour de la cage d'Antoine Mindjimba qui doit s'imposer à plusieurs reprises, sur des lancers de Miroslav Sucko et d'Erik Bochna notamment, pour maintenir ce score de parité jusqu'à la sirène.

Dès l'engagement du deuxième tiers, le palet reste dans les crosses dijonnaises. Sauf que contrairement à la première période, les Ducs parviennent cette fois-ci à rentrer dans la zone amiénoise. Après quelques vingt secondes de jeu, Antoine Amsellem transmet la rondelle à Dave Thomas. Mais l'attaquant américain tarde trop à shooter pour inquiéter Antoine Mindjimba. Le portier des Gothiques doit de nouveau intervenir un peu avant la minute lorsque Mickaël Brodin décoche depuis l'enclave un bon tir du revers (20'55"). Amiens retrouve ensuite quelques couleurs grâce à une bonne sortie de Laurent Gras. Le centre amiénois lance ainsi un deux contre un avec Julian Marcos. Seulement, c'est encore Vladimir Hiadlovsky qui s'impose (21'12"). S'ensuit un gros temps de jeu de Dijon qui pousse Denis Perez a demandé un temps mort pour replacer sa troupe (21'36")... sans grande réussite puisque sur l'action suivante, les joueurs de Côte d'Or ouvrent la marque. Une mise au jeu dans la zone amiénoise est gagnée par les Ducs. Le palet arrive dans la crosse de Miroslav Kristin qui envoie un gros shoot sur la cage des Gothiques. Antoine Mindjimba ne peut que laisser un rebond, vite repris par sa défense. Laurent Gras tente de partir en contre mais il perd la rondelle à quelques mètres de la cage de Mindji face au pressing d'Erik Bochna. L'attaquant slovaque, tout heureux de récupérer si facilement le palet, récompense le gros travail de son équipe en ouvrant la marque pour Dijon (0-1 à 21'50"). Complètement abasourdis par ce but, les Amiénois perdent dès lors toute organisation. Et mis à part un slap de Sébastien Dermigny depuis la ligne bleue (26'42"), ils ne parviennent pas à inquiéter la défense dijonnaise. Pire, à 28'11", les Ducs repartent à l'attaque et Milan Tekel manque de peu le but du KO, son lancer finissant sur le poteau. Anton Poznik le venge quelques secondes plus tard en marquant d'un slap depuis la ligne bleue le deuxième but des siens (0-2 à 28'14"). Doublement menés au score, les Gothiques paniquent sur la glace. Et c'est une grosse minute plus tard, alors qu'ils jouent à cinq contre quatre - Mickaël Brodin ayant pris une 2'+10' pour une charge avec la crosse - que les joueurs de Denis Perez encaissent un troisième but. Erik Bochna récupère sur sa ligne bleue une mauvaise passe amiénoise et part en break. Sur une feinte de tir, il force Antoine Mindjimba à se coucher et marque dans un angle plus que fermé (0-3 à 29'16"). Amiens profite d'une situation de supériorité numérique, Anton Poznik ayant pris deux minutes pour un accrocher (31'00"), pour se remettre dans le sens de la marche, même si un seul lancer, signé Frantisek Pulscak, met véritablement en danger la défense dijonnaise. Peu après le retour à cinq contre cinq, Miroslav Pazak manque de réduire le score. L'ancienne star de Dijon part en break mais soulève trop son palet (33'14"). Dommage, car juste après, Anton Poznik lance une offensive pour les joueurs de Bourgogne. Le palet arrive à Rastislav Palov qui décale à sa droite Thomas Gueguen, le jeune attaquant des Ducs inscrivant en force le quatrième but de Dijon (0-4 à 34'18"). Complètement KO, les Gothiques manquent par deux fois d'en encaisser un cinquième sur des tirs de Julien Tiphaigne et de Thomas Gueguen. Et comme rien ne va plus dans la maison picarde, Amiens n'a en plus aucune réussite offensive. Sur la dernière action de la période, Anthony Mortas parvient à tromper Vladimir Hiadlovsky. Le gardien slovaque ne peut que freiner un palet qui stoppe sa course juste devant la ligne du but dijonnais.

Les Gothiques ont donc vingt minutes pour remonter quatre buts et rester invaincus à domicile, sur le glaçon du Coliséum. Et vu la physionomie du deuxième tiers, on voit mal comment Amiens pourra relever ce défi. Et de façon assez prévisible, Dijon entame la période bien regroupé à l'arrière, attendant la prochaine erreur amiénoise pour repartir en contre. Lorsque Dave Thomas part en prison, deux minutes pour une crosse haute auxquelles le trio arbitral rajoute dix minutes pour une protestation un peu trop véhémente (42'11"), on pense que les Picards ont enfin l'occasion rêvée de se rapprocher au score, surtout que Pulscak et Rozenthal sont à deux doigts de tromper Vladimir Hiadlovsky. Pourtant, le gardien slovaque demeure invaincu au retour à cinq contre cinq. Et quand quelques instants plus tard, les Gothiques gâchent un 2 contre 1, François Rozenthal ignorant Laurent Gras pourtant oublié par la défense de Dijon, on comprend qu'Amiens s'apprête à connaître son premier blanchissage offensif de la saison. Une fois ce dernier sursaut d'orgueil passé, les Amiénois lâchent complètement la fin de match qu'ils jouent à quatre puis à trois, Geoffrey Paillet et Julian Marcos garnissant le banc des pénalités pour deux obstructions commises à quelques secondes d'intervalle (54'50" puis 55'05"). Il s'en faut même de quelques centimètres que Milan Tekel ne marque un cinquième but pour ses Ducs, d'abord sur un slap depuis la bleue qui touche le poteau d'Antoine Mindjimba (56'11"), puis sur une bonne action menée côté droit (58'14"). Mais subir un 0-4 à domicile est déjà bien suffisant.

Bref, il ne fait pas bon être amiénois après cette première défaite de la saison des Gothiques à domicile. D'abord pour cette volée infligée sur la glace par Dijon, et ensuite pour la volée que les joueurs vont certainement recevoir de la part d'un Denis Perez pas franchement satisfait du comportement de ses hommes. Quant aux Ducs, ils n'ont absolument rien volé. Plus opportunistes, et aussi plus réalistes, les Dijonnais ont mérité cette victoire en dominant Amiens dans la plupart des compartiments du jeu, sur le plan physique notamment.

Désignés joueurs du match : Anthony Mortas (Amiens) et Vladimir Hiadlovsky (Dijon).

Compte-rendu signé Josselin Giret

Commentaires d'après-match :

Anthony Mortas (attaquant d'Amiens) : "Ce n'est pas évident de vivre une semaine comme celle-ci. À Rouen, malgré la défaite, il y avait des choses positives. Là, après cette défaite, je ne vois pas vraiment ce que l'on peut retenir de bon, si ce n'est que l'on reste dans les hauteurs du classement. Mais prendre 0-4 devant son public contre Dijon, ce n'est pas évident à expliquer. Ils nous ont été supérieurs dans tous les domaines, on n'a pas su concrétiser nos supériorités numériques, et à la fin, ça fait un 0-4. On est abattu, mais depuis le temps que l'on joue, ce n'est pas notre première défaite et on perdra d'autres matchs encore cette saison. Ce n'est pas le score qui est décevant, c'est surtout la manière. Nous avons certainement abordé le match en étant trop timorés. Le premier but nous a fait très mal. Nous nous sommes rués à l'attaque pour revenir tout de suite alors que l'on avait encore largement le temps. Dijon a très bien joué les contres en exploitant nos erreurs. À la fin du deuxième tiers, Denis [Perez] nous a proposé un bon défi. Au hockey, remonter quatre buts est possible. On s'est procuré quelques occasions pendant les dix premières minutes. Mais en restant à zéro, les dix dernières ont été trop dures physiquement pour réussir à rattraper le coup. Personne n'est sorti du lot, on était tous dans le même bateau à mal jouer. C'est un naufrage collectif. Dijon a été plus fort, plus réaliste. Et nous, comme contre Rouen, il nous faut cent mille occasions pour marquer un but... Maintenant, les internationaux vont partir et les autres vont avoir une petite coupure. Ce petit break va nous faire du bien à tous après cette semaine compliquée."

Antoine Mindjimba (gardien d'Amiens) : "On se sent pas très bien après une défaite pareille. C'est d'autant plus dommage que l'on sort d'une défaite contre Rouen mardi dernier. Et c'est cet enchaînement qui est le plus difficile à encaisser. Il ne faut pas que l'on tombe dans cette spirale de la défaite et, au contraire, rebondir très vite. Peu à peu, Dijon nous a imposé son rythme. Nous avons été incapables de jouer sur nos valeurs, d'imposer notre force offensive et notre patinage. On s'est endormi et on a joué dans une sorte de léthargie qui ne nous convient pas du tout. La trêve qui arrive tombe à pic. C'est intéressant pour tout le monde. C'est sympa pour les internationaux d'être sur un autre rythme et de voir autre chose, d'autres objectifs. Au-delà de la fatigue physique, il y avait comme une certaine fatigue mentale dans le groupe cette semaine. Et pour ceux qui restent ici, c'est la même chose avec des entraînements plus physiques et une plus grande disponibilité pour les familles. C'est très bien ainsi."

Mickaël Brodin (attaquant de Dijon) : "On a fait un bon match en défense avec seulement quelques rares erreurs. Et offensivement, on a su concrétiser toutes nos occasions. C'est une grosse satisfaction de gagner ici à Amiens, et avant deux semaines de repos, c'est excellent pour le moral de l'équipe. L'objectif de Dijon était de laisser passer l'orage en jouant tous les contres à fond. On a vu que l'on pouvait faire notre jeu, dominer les Gothiques, surtout à la fin du premier tiers où l'on était bien dans le match. Une fois devant au score, on a essayé de continuer dans le même sens en restant solide derrière et en exploitant quelques contres. Nous n'avions pas besoin d'un cinquième but et il était inutile de partir à la chasse devant et de se découvrir inutilement. Et pour moi, c'est une victoire particulière. J'ai vraiment aimé jouer pendant deux belles années dans ce club mythique du hockey français qu'est Amiens. J'ai gardé beaucoup d'amis ici et c'est plaisant pour moi de gagner au Coliséum."

Amiens - Dijon 0-4 (0-0, 0-4, 0-0)

Samedi 5 novembre 2005 à 20h00 au Coliséum d'Amiens. 2518 spectateurs.

Arbitrage de Jimmy Bergamelli assisté de Savice Fabre et de Damien Bliek.

Pénalités : Amiens 10' (4', 0', 6'), Dijon 34' (4', 6'+10', 4'+10').

Tirs cadrés : Amiens 30 (9, 10, 11), Dijon 28 (8, 13, 7).

Évolution du score :

0-1 à 21'50" : Bochna

0-2 à 28'14" : Poznik assisté de Kristin et Dugas

0-3 à 29'16" : Bochna (inf. num.)

0-4 à 34'18" : Gueguen assisté de Palov et Poznik

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Nicolas Pousset - Peter Janik ; Vincent Bachet (A) - Sébastien Dermigny ; Thomas Roussel - Frantisek Pulscak.

Attaquants : Julian Marcos - Laurent Gras (A) - François Rozenthal ; Brice Chauvel - Anthony Mortas (C) - Miroslav Pazak ; Geoffrey Paillet - Jonathan Zwikel - Loïc Sadoun ; Lionel Wiotte - Élie Marcos - Simon Petit.

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G). Absent : Julien Lefranc (épaule).

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Anton Poznik - Milan Tekel (C) ; Andrej Mrena - Sébastien Rousselin ; Aymeric Gillet - Miroslav Sucko.

Attaquants : Mickaël Brodin (A) - Thomas Gueguen - Julien Tiphaigne (A) ; Antoine Amsellem - Dave Thomas - Martin Drotar ; Miroslav Kristin - Stephen Dugas - Erik Bochna ; Rastislav Palov - Martin Jeannette - Kevin Dugas.

Remplaçant : Fabien Chardon (G).

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