Nice - Champigny-sur-Marne (5 novembre 2005)

 

Match comptant pour la septième journée de division 2, poule est.

Qui a dit que les hockeyeurs n'étaient pas aussi des gens sérieux ? Christian Carlsson n'est pas là ce soir pour affronter les Élans de Champigny, mais pour une bonne raison. Avec l'accord de ses dirigeants, le gardien suédois de Nice est parti passer quelques jours aux États-Unis, histoire de se renseigner sur un cursus universitaire qu'il pourrait intégrer l'année prochaine. Peter Almasy a logiquement titularisé son autre cerbère, le Français Clément Lebas, et lui a même prévu un remplaçant, le jeune Cyrille Vitis, pour sa première apparition chez les seniors.

Voilà pour l'anecdote du jour. La première période de ce match des extrêmes (Nice leader, Champigny lanterne rouge) va effectivement mettre en valeur les gardiens. Ou plutôt, un gardien, Landry Labat, celui des Élans, quasi-irréprochable en ce début de match.

De fait, les Niçois sont partis forts, et en moins d'une minute, se sont déjà procurés deux occasions, par Damien Laplace puis Petter Krantz. La grosse tuile, c'est qu'à peine trente secondes plus tard, un contact le long de la bande envoie Marcus Lindholm au tapis. "Big Mac" est déjà contraint d'abandonner ses coéquipiers, lesquels s'offrent une première petite frayeur sur un tir longue distance d'Alexandre Barbier... complètement loupé. Deuxième avertissement sans frais dans la foulée, avec un bon jeu de Laurent Labat, qui n'ajuste toutefois pas son shoot. Nice reprend les choses en main et pousse tant que le gardien visiteur en perd sa crosse. Sa crosse, mais pas son latin, puisqu'il est là pour faire l'arrêt sur une frappe signée Romain Laplace, après une bonne feinte d'Anthony Miramond (5'24). Rebelote dix secondes plus tard, sur un missile de Martin Dubaj et, ensuite, sur une action en solo de Petter Krantz. Chauds, les Niçois, chauds ! Ils multiplient les tirs mais butent actuellement sur un portier en très grande forme. Yves Cruz pourrait confirmer, lui qui réceptionne une longue passe, part en break et manque son face-à-face (7'19). Et les actions de Champigny ? Elles se font rares. Il faut pratiquement attendre la dixième minute pour voir Laurent Labat s'engouffrer à nouveau plein axe et tomber lui aussi sur un gardien en grande forme. Le jeu collectif niçois se remet en route et ne donne rien, quand Aurélien Frasier préfère servir un de ses partenaires plutôt que de tirer (9'59). Dommage, il y avait un défenseur couché et donc un bon coup à jouer.

Champigny, bien décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds, exploite à fond l'ensemble de ses maigres possibilités. C'est le genre de matchs où un contre peut faire beaucoup de mal à l'équipe qui domine, et Rémi Landau le sait bien : pas de chance pour le joueur banlieusard, son tir est stoppé (11'15). Allez, les Niçois, et si vous vous essayiez au tir de près ? C'est ce que fait Aurélien Frasier, qui shoote en force alors qu'il n'est qu'à un mètre, grand maximum, du gardien adverse. Pas de chance, le palet finit dans le casque de ce dernier, et l'arbitre siffle logiquement un arrêt de jeu. Faudrait-il durcir le match ? Un gros choc entre Martin Dubaj et Olivier Boulet semble révéler la hargne des Niçois, sauf que, de fait, la charge en question était pour le moins involontaire de la part du Slovaque. Regroupés en défense, les Élans tiennent bien le coup, et leur muraille de gardien stoppe de nouveau deux grosses occasions, signés Damien Laplace et Petter Krantz. On retrouve toutefois la vista du Suédois ce soir, quand il relaye un bon palet vers son compatriote Mikael Thoren, qui, lui même, décale Aurélien Frasier. But ! Enfin, Nice y est arrivé (1-0 à 16'35). Dynamisés par cette ouverture du score, les Aigles se ruent à l'attaque et laissent donc des espaces en contre. Heureusement pour eux, Fabrice Gravier manque totalement un slap pourtant bien placé. Yves Cruz, qui avait laissé l'action se développer sans intervenir, tente de se rattraper et chevauche vers la cage rivale. Sans réussite, et on voit même Rémi Landau et Olivier Boulet s'offrir un 2 contre 1, se jouer de la défense passive de Tomas Banas et... rater leur coup (18'12). La plaisanterie a assez duré au goût de Pascal Margerit. Parfaitement placé à la réception d'une passe de son compère Romain Laplace, le capitaine azuréen fait le break (2-0 à 18'46). C'est certes un peu cruel pour Champigny, mais Nice le mérite. Le score en reste là jusqu'à la fin du tiers.

Question à la reprise : les Aigles vont-ils repartir à l'assaut ou vont-ils de nouveau pêcher dans la finition ? On retrouve Pascal Margerit pour une réponse claire et nette : histoire de confirmer son statut de meilleur pointeur du club azuréen, l'ancien international profite de l'activité de Petter Krantz et Romain Laplace pour planter rapidement une nouvelle banderille (3-0 à 21'22). Et, après un bon tir d'Aurélien Frasier, il est encore là pour délivrer la passe parfaite à son jeune partenaire de ligne (4-0 à 23'23). Outche ! Champigny prend là un sacré coup sur le casque. Il s'en faut de peu pour que les Niçois en profitent encore, mais finalement, Laurent Labat et Rémi Landau, les plus inspirés des Élans jusqu'à présent, desserrent un peu l'étau. Et Hugo Cohen, profitant d'une bévue de Martin Dubaj, chipe un palet et s'en va défier Clément Lebas : le défenseur offensif s'empale sur Yves Cruz et c'est la première prison de la partie (25'59). La conséquence ? D'abord une action un peu chaude, qui s'achève dans le petit filet de la cage niçoise. Ensuite, rien. Le jeu de puissance des visiteurs ne fonctionne guère, d'autant que Nice presse très haut pour défendre son but. La pénalité est tuée sans difficulté et les Aigles reprennent vite un rythme très soutenu en attaque. Martin Dubaj tente sa chance de loin mais c'est arrêté. Aurélien Frasier joue collectif, mais sa bonne passe est interceptée par Laurent Labat. Alors, qui pour le cinquième but de la partie ? Non, pas Fabrice Gravier, qui avait pourtant bien shooté.

C'est finalement Nice qui creuse encore l'écart. Et cette fois, c'est la troisième ligne qui porte l'estocade, avec toute la vista d'Anthony Miramond et le but de Pierre Carreton (5-0 à 31'37). Les Élans craquent. Leur défense prend l'eau de toute part, avec un tir en pivot de Frasier, puis un autre au ras de la glace et plein axe de Tomas Banas. Nice joue vraiment facile, contrôle les opérations, avec semble-t-il encore plus de sérieux qu'en première période. Les joueurs de Champigny n'ont plus vraiment de possibilités de contre. Ils restent même soumis à une intense pression, et c'est à nouveau Pascal Margerit qui sème le trouble dans leur camp, sans succès toutefois. Nice n'est toutefois pas à l'abri de quelques petites erreurs tactiques, à l'image d'un Christophe Perez qui manque un dégagement. L'action aurait pu profiter à Thomas Frachon, mais l'attaquant est un poil trop court pour reprendre la rondelle. Le missile de Jean-Abel Gravier, lui, est stoppé, de même que celui de Laurent Athuil (37'15). Alors Nice fonce au but sans se poser de question, et au terme d'un magnifique jeu de passes "made in Sweden", Mikael Thoren corse encore l'addition (6-0 à 38'50). Et les Aigles ne calment pas le jeu pour la grosse minute restante, bien au contraire. Un assaut des frères Laplace et un bon tir de Pierre Carreton : le septième but passe vraiment tout près.

Du nouveau dans les cages de Champigny à l'orée de cette troisième période : Landry Labat a cédé sa place à sa doublure, Pierre Frachon. Pas forcément un cadeau, mais Nice n'a sans doute plus grand-chose à faire pour prendre les deux points ce soir. Le tiers final pourrait donc se résumer à un enjeu pour les locaux: maintenir le score des Élans vierge et offrir ainsi un premier blanchissage à Clément Lebas. C'est visiblement ce que semble espérer Martin Dubaj, qui fait trébucher un adversaire sur une action assez chaude (41'13). Les Aigles ont aussi lancé de nouvelles forces dans la bataille, puisque, profitant d'un score favorable, Peter Almasy a envoyé Damien Richard dans le grand bain. Une partie du public chante même le nom du jeune numéro 22, et ça rigole sur la glace, car les deux Damien de Nice y figurent en même temps. Le frangin Laplace prend donc un peu pour lui l'hommage rendu à son partenaire. Cela étant, ce sont bien les Élans qui ont les premiers l'occasion de marquer. Un bon tir de Stéphane Berthaud et Clément Lebas ne laisse pas de rebond. Tout juste s'il repose le palet un peu vite sur la glace, manquant du coup de se laisser surprendre (47'39). Ses coéquipiers repartent à l'assaut, avec une grosse activité de la première ligne, et notamment un jeu impeccable de Pascal Margerit, finalement contré par Thomas Frachon. La victoire a sans doute déjà choisi son camp, mais on voit du beau jeu de part et d'autre, grâce à cette équipe de Champigny qui a la classe de se battre jusqu'au bout.

Le pronostic se confirme : Nice ne presse pas franchement pour marquer, et Champigny cherche vraiment à inscrire au moins un petit but. Cela donne des actions précipitées côté niçois, tel ce hors-jeu d'Aurélien Frasier au sortir d'un petit pont (50'24). Cela donne aussi un jeu très prudent de la défense locale, et quelques réelles occasions pour les Élans. Exemple : ce "solo" récité par Guillaume Barbier qui lit bien le jeu et s'infiltre dans le camp niçois après une petite erreur de Christophe Perez. Clément Lebas tient aussi à son blanchissage et stoppe la tentative de son vis-à-vis (51'15). Il est aussi chanceux quand, masqué, l'autre Barbier, Alexandre, ne cadre pas sa frappe sur un énorme tir (51'44), et, talentueux quand le même joueur récidive sur une pénalité différée. Les Niçois craqueront-ils en infériorité numérique ? Pas pour le moment, en tout cas, car les Élans restent étrangement timorés, de quoi permettre à Martin Dubaj de se dégager tranquillement. C'est un peu plus chaud ensuite, avec notamment une merveille de centre de Fabien Cordon à destination de Paul Magnien, qui... ne peut reprendre la rondelle. Les deux équipes reviennent à égalité numérique, à 5 contre 5 puis, au bout d'à peine trois secondes, à 4 contre 4, après qu'Yves Cruz et Rémi Landau se sont échangés quelques politesses. Une très mauvaise opération pour Champigny, cette histoire-là. Profitant des espaces, Anthony Miramond s'engouffre sur la gauche et décale parfaitement Damien Laplace, qui trouve merveilleusement la lucarne de Pierre Frachon (7-0 à 55'36). L'arbitre s'emmêle les pinceaux et donne but au passeur, et assistance au buteur. Il faut dire que le jeu s'est accéléré, au point que Pascal Margerit, très actif ce soir, signe finalement un triplé (8-0 à 56'14). Champigny a définitivement baissé pavillon. Le seul Fabien Cordon n'y change rien, et il faut encore toute la vigilance du gardien banlieusard pour sauver son but devant Romain Laplace. C'est la fête à Nice, et on voit même quelques montées de Cédric Cheylan. La partie s'achève sur un centre de Laurent Labat. Les deux équipes se saluent et se donnent rendez-vous la semaine prochaine pour jouer un match retour aux allures de revanche.

Compte-rendu signé Martin de Kerimel

 

Commentaires d'après-match

Peter Almasy (entraîneur de Nice) : "Après la mise au point effectuée cette semaine, l'important était de préparer ce match avec sérieux, de respecter notre adversaire et de jouer à 100% dès le début. Les joueurs étaient prêts au niveau du patinage, cela a créé des espaces : c'est ça le hockey. On a eu du mal à marquer au premier tiers, le petit gardien en face fait quelques beaux arrêts. Parfois, il nous manquait le dernier geste. Quand on a marqué, c'est allé mieux. On a dominé tout le match et les joueurs ont fait l'effort de jouer collectivement. Il nous faudrait peut-être un peu plus de réussite, mais les équipes en face ont aussi le droit d'avoir un bon gardien. Nous avons eu un bon comportement, et, ce qui est important, sans prendre beaucoup de prison : six minutes seulement, c'est correct. Tout le monde a pu jouer, ce genre de match crée une bonne ambiance dans le groupe. Je voulais aussi souligner le très bon match de Clément (Lebas), qui a arrêté quelques occasions et a bien progressé. Le seul point négatif, c'est la blessure de Marcus (Lindholm). Champigny a une équipe jeune, qui manque d'expérience et de gabarit. J'ai apprécié toutefois de jouer contre eux, car ils ont joué jusqu'au bout. Ce ne sera sûrement pas le même match là-bas. Il nous faudra être vigilant et ne pas les prendre à la légère."

Pierre Carreton (attaquant de Nice) : "Un très bon match. Oui, ça fait du bien de gagner comme ça. Après le nul à Boulogne et la défaite à Belfort, il fallait bien jouer et à tout prix gagner ce soir. Cela va nous donner une très bonne confiance, même si on ne l'avait pas vraiment perdue. Je me sens bien cette année. Je suis très content qu'on me laisse ma chance et j'essaye de la saisir. C'est mon deuxième but cette saison, le troisième avec les seniors. Avec Anthony (Miramond) et Yves (Cruz), je m'entends très bien. Comme je suis parfois un peu maladroit, ils me motivent. Je crois qu'on se complète bien, tous les trois."

Jean-Pierre Benon (entraîneur de Champigny) : "Nous avons été champions de D3 l'an passé et il y a encore dix juniors dans mon équipe. Bien sûr, on manque d'expérience, et même au niveau psychologique, on a subi beaucoup de pression. Ce soir, mes joueurs ne sont pas restés en défense, car ce n'est pas dans leur tempérament. Je leur avais demandé de jouer plutôt défensif en première période et c'est ce qu'ils ont fait. La difficulté, c'est que dès qu'on pressait un peu, on se retrouvait avec une défense un peu dégarnie. Je n'en veux absolument pas à mes joueurs. Notre objectif, c'est de nous maintenir en D2 et de progresser. La moitié de l'équipe joue un autre match dès demain soir en juniors. Il y a une bonne ambiance à Champigny, avec tous les joueurs formés au club, qui se sont généralement connus en poussins, et ont évolué ensemble petit à petit. Notre but, maintenant qu'on a fini avec les matchs aller, c'est de nous améliorer. De faire mieux à chaque fois."

Stéphane Berthaud (défenseur de Champigny) : "Dégoûté... Non, on est simplement un peu déçu ce soir. On voit bien qu'il y a une différence de niveau entre nous et les grosses équipes. En fait, on manque cruellement de physique, mais on a décidé de s'entraîner dur et on attend les Niçois au tournant la semaine prochaine. Pour l'instant, on vise simplement le maintien. On attend les matchs retour pour voir notre vrai niveau. On va essayer de prendre des points dans l'optique du playdown. On a connu beaucoup de déceptions, mais on apprend. Et on espère bien être encore en D2 l'an prochain..."

 

Nice - Champigny-sur-Marne 8-0 (2-0, 4-0, 2-0)

Samedi 5 novembre 2005 à 19h15 à la patinoire Jean-Bouin.

Arbitrage de Patrick Peythieu et Kamel Kattouche.

Pénalités : Nice 8' (0', 2', 6'), Champigny 2' (0', 0', 2').

Évolution du score :

1-0 à 16'35" : Frasier assisté de Thoren et Krantz

2-0 à 18'46" : Margerit assisté de R. Laplace et Banas

3-0 à 21'22" : Margerit assisté de Krantz et R. Laplace

4-0 à 23'23" : R. Laplace assisté de Margerit et Dubaj

5-0 à 31'37" : Carreton assisté de Miramond

6-0 à 38'50" : Thoren assisté de Krantz et Jonsson

7-0 à 55'36" : Miramond assisté de D. Laplace

8-0 à 56'14" : Margerit assisté de R. Laplace

 

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