Grenoble - Briançon (23 novembre 2005)

 

Huitième de finale de la Coupe de France.

Après leur périple slovène du week-end, on pouvait légitimement se demander dans quel état de fraîcheur se trouvaient les Brûleurs de Loups. Même si une partie de l'effectif avait été mis au repos lors du match face à Minsk, le rythme élevé de la compétition européenne avait forcément laissé des traces dans les organismes d'autant plus que les défaites se sont accumulées à Jesenice. De quoi craindre la venue de Diables Rouges revanchards après leur défaite en championnat en toute fin de prolongation face aux Grenoblois il y a dix jours. Les deux équipes font de la coupe de France un objectif et la rencontre promet d'être disputée.

La Coupe Continentale a mis en exergue la faiblesse grenobloise au poste de gardien de but. Christophe Burnet et Cédric Dietrich se sont partagés le temps de glace en Slovénie mais ils ont déçu leur entraîneur qui pour la première fois s'est exprimé publiquement sur le sujet, menaçant même de faire appel aux gardiens espoirs si besoin était. La pression est donc mise sur les portiers isérois et le choix de Gérald Guennelon se portait finalement sur Dietrich, laissant au repos Burnet, plus sollicité en Slovénie mais aussi plus contesté, notamment dans la courte défaite face à Riga. Dietrich, tout comme Beaubien d'ailleurs, passait un début de rencontre relativement tranquille. Lassés de s'exposer pour mieux s'offrir aux contres adverses, les Brûleurs de Loups adoptaient cette fois une attitude prudente et nettement moins offensive qu'à l'accoutumée. Il fallait donc attendre dix bonnes minutes avant de voir le premier tir dangereux côté grenoblois mais Beaubien ne tremblait pas. Entre temps M. Bergamelli avait rappelé son intransigeance à Bobby Russell en le laissant au repos pour dix minutes après une contestation jugée superflue. Miroslav Mosnar, le nouveau défenseur briançonnais, donnait un aperçu de sa rudesse en échangeant quelques amabilités avec Jean-François Bonnard puis en regagnant la prison, seul cette fois, quelques minutes plus tard. Mais les Brûleurs se montraient bien timorés en avantage numérique et les Diables Rouges se procuraient les occasions les plus franches dans ce premier tiers. Seules les deux dernières minutes laissaient espérer un mieux offensif côté isérois en vue de la deuxième période.

Dans ce contexte relativement fermé, on pouvait penser qu'un but était nécessaire pour débloquer la situation. Et ce but allait survenir après seulement deux minutes de jeu en seconde période sur un contre initié par Lionel Orsolini. L'ex-Rémois trouvait Dahlin dont le tir était repoussé par Dietrich... dans la crosse de Sébastien Rohat qui glissait le palet au fond des filets avant que le portier grenoblois n'ait eu le temps de se replacer (0-1, 22'26"). Les affaires se présentaient mal pour les Grenoblois qui avaient du mal à porter le danger devant la cage de Beaubien, d'autant plus qu'ils devaient tuer deux situations d'infériorité numérique en l'espace de cinq minutes. On aurait pu espérer que le séjour en Slovénie avait donné des idées aux Brûleurs de Loups sur la façon de construire et de concrétiser un jeu de puissance, mais il n'en a rien été, car les joueurs de Gérald Guennelon se montraient totalement impuissants pendant près d'une minute et demie à cinq contre trois. Une occasion énorme de revenir au score qui montrait que les Brûleurs de Loups n'avaient en rien résolu leur problèmes offensifs récurrents. Les enchaînements collectifs étaient rarissimes et la construction du jeu d'une pauvreté assez incroyable. Dans ce contexte, les hommes de Luciano Basile tenaient bien leur match et pensaient pouvoir enfoncer le clou lorsque Bobby Russell était envoyé une nouvelle fois en prison. Mais une faute d'inattention à ligne bleue permettait à Benoît Bachelet de s'échapper, et le capitaine grenoblois réalisait un véritable exploit individuel en enrhumant littéralement deux défenseurs avant de se jouer de Beaubien en hauteur (1-1, 37'32"). Un but magnifique qui réveillait la patinoire grenobloise passablement résignée et remettait les Grenoblois dans le sens de la marche avant la dernière période.

À défaut de collectif, les Brûleurs de Loups pouvaient donc s'en remettre à leurs individualité pour faire la différence. Meunier tentait d'imiter son capitaine à l'entame de la dernière période, avec moins de réussite toutefois. Briançon se signalait à son tour par l'intermédiaire de son autre nouvelle recrue Justin Kinnunen et de Rob Millar toujours omniprésent. Le jeu était équilibré mais la victoire semblait avoir choisi son camp sur une des seules combinaisons offensives du match côté grenoblois : une inspiration de Cyril Papa pour trouver Meunier qui remettait instantanément à Benoît Bachelet et le capitaine grenoblois montrait la voie en signant son doublé (2-1, 47'11"). Il ne restait aux Brûleurs de Loups qu'à tenir le score, ce qu'ils firent d'ailleurs assez bien en bloquant les initiatives briançonnaises en zone neutre et en limitant le forecheck à un seul joueur. Un style de jeu très défensif qui devait leur permettre de se rassurer sur leurs bases. Malheureusement pour eux, une pénalité de Simon Bachelet allait compromettre ce bel équilibre. Il ne fallait ensuite que dix-sept secondes à Rob Millar pour se payer un petit slalom au milieu d'une défense grenobloise ultra statique et remettre les deux équipes à égalité (2-2, 53'35"). Chaque équipe bénéficiait ensuite d'une supériorité numérique pour tenter de faire la différence avant la fin du temps réglementaire mais ces deux équipes, décidément inséparables, se retrouvaient une nouvelle fois avec une prolongation à disputer pour se départager.

Face à une équipe grenobloise visiblement émoussée par les efforts à répétition et qui avait du mal à finir le match, les Diables Rouges dominaient la prolongation et se créaient la plupart des occasions. Les Brûleurs semblaient se contenter de la séance de tirs aux buts à défaut de pouvoir porter régulièrement le danger devant Beaubien. Dietrich se trouvait sollicité à plusieurs reprises pendant le temps supplémentaire mais parvenait à maintenir l'équilibre au score jusqu'au terme des dix minutes. La séance de tirs au but devait donc désigner le dernier qualifié pour les quarts de finale. Millar et Russell marquaient sur leur tentative tandis que les trois autres tireurs échouaient de part et d'autre. Sur le cinquième et dernier tir Dietrich laissait un boulevard à Mosnar qui marquait. Jönsson butait pour sa part sur Beaubien qui expédiait son équipe au tour suivant.

Briançon remporte un succès mérité en terre iséroise. L'équipe la plus entreprenante s'est imposée ce soir, la plus fraîche physiquement sans doute également. Les nouveaux venus Miroslav Mosnar et Justin Kinnunen se sont intégrés avec facilité dans un collectif bien huilé au sein duquel Rob Millar joue encore un rôle prépondérant. L'expérience de Frédérick Beaubien a fait la différence lors de la séance de tirs aux buts. Les Diables Rouges ont donc pris leur revanche sur Grenoble et se posent désormais en candidat sérieux à la victoire en Coupe de France.

Les affaires des Brûleurs de Loups en revanche ne s'arrangent pas. Après une sévère élimination en Coupe d'Europe, voilà les Brûleurs de Loups écartés de la Coupe de France. Engagés sur trois tableaux, ils se retrouvent en l'espace de trois jours avec en tout et pour tout une dixième place au classement de la Ligue Magnus. Pas de quoi pavoiser pour une équipe qui avait des objectifs autrement plus ambitieux en début de saison. Pourtant on ne peut guère reprocher aux Grenoblois de ne pas avoir mis de cœur à l'ouvrage ce soir. Leurs efforts ont été constants mais bien trop désorganisés. L'absence de jeu collectif reste une lacune majeure de la troupe grenobloise qui s'en remet à ses individualités comme Benoît Bachelet ce soir. Désemparés et en panne totale de confiance, les hommes de Gérald Guennelon broient du noir en ce moment et le calendrier qui se profile à l'horizon (Amiens, Villard, Anglet puis Rouen) pourrait bien se transformer en chemin de croix à moins d'un sursaut d'orgueil qu'on n'ose plus espérer...

Désignés meilleurs joueurs du match : Benoît Bachelet (Grenoble) et Rob Millar (Briançon)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Grenoble - Briançon 2-2 (0-0, 1-1, 1-1, 0-0) / 1-2 aux tirs au but

Mercredi 23 novembre à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 2246 spectateurs.

Arbitrage de M. Bergamelli assisté de MM. Barbez et Fontaine.

Pénalités : Grenoble 36' (4'+10', 8'+10', 4'), Briançon 10' (4', 4', 2').

Évolution du score :

0-1 à 22'16" : Rohat assisté de Dahlin et Orsolini

1-1 à 37'32" : B. Bachelet assisté de Mills (inf. num.)

2-1 à 47'11" : B. Bachelet assisté de Meunier et Papa

2-2 à 53'35" : Millar assisté de Dvorak (sup. num.)

 

Grenoble

Gardien : Cédric Dietrich.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Nicolas Favarin - Martin Millerioux.

Attaquants : Cyril Papa - Laurent Meunier - Yven Sadoun ; Bobby Russell [Christophe Tartari de 05'46" à 17'46"] - Roger Jönsson - Kévin Hecquefeuille ; Craig Mills [Tartari de 39'42" à 51'42"] - Brett Draney - Benoît Bachelet (C).

Remplaçants : Christophe Burnet (G), Yohann Morant, Teddy Trabichet, Romain Bachelet, Josef Podlaha. Absent : Ludek Broz (genou, saison terminée).

Briançon

Gardien : Frédéric Beaubien.

Défenseurs : Miroslav Mosnar - Jean-François Jodoin (C) ; Miroslav Dvorak - Chris Lyness ; Jakob Milovanovic.

Attaquants : Mickaël Perez - Martin Filip - Edo Terglav (A) ; Justin Kinnunen - Rob Millar - Jiri Hubacek ; Lionel Orsolini (A) - Anders Dahlin - Sébastien Rohat.

Remplaçants : Michel Favre (G), Emmanuel Giusti, Nicolas Chevalier, Cyril Arnaud, Dimitri Faure-Brac, Alexandre Rouillard. Absents : Valdemar Pelikovsky (blessé), Arnaud Blanchard (entorse du genou), Tomas Baluch (entorse du genou), Gary Levêque (genou, saison terminée).

 

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