Amiens - Grenoble (26 novembre 2005)

 

Match comptant pour la quatorzième journée de la Ligue Magnus 2005/2006.

Classique parmi les classiques de la Ligue Magnus, cet Amiens-Grenoble a attiré la foule des grands soirs au Coliséum puisque près de trois mille personnes ont bravé le froid, et parfois la neige, pour se ruer dans la patinoire picarde. Car les Brûleurs de Loups, même en mauvaise posture au classement, attirent toujours. Il règne même une atmosphère particulière autour du glaçon amiénois : la tension inhérente aux grosses affiches est bien là. Coté Gothiques, la défense paye sa faible profondeur de banc. Nicolas Pousset souffrant d'une fracture du pouce, il est remplacé par Julian Marcos qui glisse de l'attaque à la défense. Quoi qu'il en soit, Amiens joue pour faire un résultat. Car la défaite 0-4 contre Dijon, lors de la dernière sortie à domicile des Picards, est encore dans toutes les mémoires.

Pour Grenoble, l'ambition est simple : gagner. Peu importe que cela soit face à Amiens ou contre n'importe quel autre adversaire, du moment que Gérald Guennelon et ses joueurs retrouvent le chemin de la victoire. Seulement, les Isérois doivent faire sans le buteur maison, Bobby Russell, équipé mais trop malade pour tenir sa place ce soir.

L'entame de match est amiénoise. Très tôt, Cédric Dietrich, titulaire dans le but des Brûleurs de Loups, doit s'employer pour stopper les deux premiers shoots des Gothiques signés Vincent Bachet et Brice Chauvel. Mais ce bel élan picard est rapidement brisé par la première pénalité de la rencontre, sifflée contre le jeune défenseur Thomas Roussel pour un retenir (1'06"). Et l'arrière-garde picarde perd encore un autre homme trente secondes plus tard quand Peter Janik prend une charge, virile mais correcte, de Craig Mills derrière la cage d'Antoine Mindjimba. Sonné, le Slovaque reste même étendu de longues secondes sur la glace avant que deux de ses coéquipiers l'aident à rejoindre le banc picard. Son match se terminant ainsi prématurément, il est remplacé dans l'alignement par Geoffrey Paillet. Le jeu reprend et Grenoble vient installer son jeu de puissance. Le premier lancer dangereux des Brûleurs est signé Baptise Amar depuis la ligne bleue. Mais la rondelle termine sa course contre la botte d'Antoine Mindjimba (2'00"), la même botte qui empêche ensuite à deux reprises en fin de supériorité l'ouverture du score grenobloise. Et dans ces premières minutes de jeu, les Alpins prennent peu à peu l'ascendant sur leurs adversaires en empêchant les sorties de zone picardes et en dominant la bataille dans la neutre. Amiens redevient offensif grâce à un engagement gagné par Laurent Gras. Le palet glisse jusqu'à Loïc Sadoun qui décoche un bon shoot. Mais Cédric Dietrich s'interpose (5'48"). Si les premières pénalités à répétition ensuite sifflées par le trio arbitral ne donnent rien (accrocher de Pazak sur Meunier à 7'37", accrocher de Jönsson sur Gras à 7'42" une dureté du même Jönsson quinze secondes après son retour sur la glace), Amiens profite de sa première double supériorité numérique de la soirée, Laurent Meunier ayant rejoint Jönsson sur le banc des pénalités pour un cinglage à 11'14", pour venir tourner autour de la cage grenobloise. Anthony Mortas et François Rozenthal sont par deux fois tout près de marquer. Mais Cédric Dietrich tient bon, parfois de justesse, mais il tient bon. Rebelote à la douzième minute sur des shoots de Miroslav Pazak et de Loïc Sadoun : Dietrich reste imperturbable. Les dernières minutes de la première période sont en revanche grenobloises. Les Brûleurs de Loups campent dans la zone de Gothiques qui éprouvent toutes les peines du monde à se dégager et à sortir proprement le palet. Seulement, faute de cadrer ses shoots, Grenoble ne marque toujours pas.

C'est en infériorité numérique qu'Amiens débute le deuxième tiers, Brice Chauvel ayant écopé de deux minutes de prison pour dureté (19'38"). Et Grenoble ne tarde pas à en profiter. Servi sur la ligne bleue par Laurent Meunier, Brett Draney passe la défense adverse et se présente seul face à un Antoine Mindjimba qui ne peut que freiner un palet lui passant entre les jambières (0-1 à 20'20"). Voila donc Amiens condamné à courir après le score, comme contre Dijon. Si Laurent Gras (21'11") puis Vincent Bachet (21'35") tentent de remettre les Gothiques dans la partie, c'est encore Grenoble qui se fait le plus menaçant avec Brett Draney (24'05") puis Baptiste Amar (26'52") notamment. Seulement, ce bel élan des Isérois est brisé par une pénalité décidée contre Cyril Papa (retenir la crosse, 27'30"). Amiens récupère du coup 1'22" en supériorité numérique. Mais il ne faut en définitive que vingt secondes aux Gothiques pour égaliser. Laurent Gras remporte un engagement en zone offensive. Le palet, qui transite par Frantisek Pulscak, arrive finalement à Miroslav Pazak qui marque (1-1 à 27'50"). Ce but des Gothiques ne fait cependant pas reculer Grenoble. Moins d'une minute plus tard, Laurent Meunier réussit à partir en contre. Choisissant d'ignorer l'un de ses coéquipiers isolé à sa gauche, le capitaine de l'équipe de France tente sa chance. Mais son tir termine sur la transversale du but d'Antoine Mindjimba, battu sur ce coup-là (28'47"). Quant aux Amiénois, ils profitent une nouvelle fois d'un jeu de puissance (Brett Draney ayant pris 2'+2' pour un faire trébucher et une dureté quand Vincent Bachet ne prenait qu'une pénalité mineure lui aussi pour dureté à 28'14") pour marquer. Les Gothiques, bien installés dans la zone de Grenoble, font circuler un palet dont hérite finalement Brice Chauvel qui, dans une position similaire à celle de Pazak lors de l'égalisation d'Amiens, donne l'avantage aux siens (2-1 à 29'39"). Un avantage que les Gothiques ne peuvent savourer bien longtemps puisqu'une grosse minute plus tard, Yven Sadoun envoie le palet dans l'enclave pour Laurent Meunier qui ne laisse aucune chance à Antoine Mindjimba (2-2 à 30'50"). Revenus à égalité au score, les Brûleurs de Loups ne relâchent pas leurs efforts. Profitant d'une pénalité sifflée contre Jonathan Zwikel (accrocher, 32'10"), Benoît Bachelet et Baptiste Amar sont même très près d'inscrire un troisième but. Finalement, il faut attendre deux prisons grenobloise (Yven Sadoun, faire trébucher à 35'13" et Viktor Wallin, charge avec la crosse à 35'29") pour retrouver des Amiénois dangereux en attaque. Si Anthony Mortas et Miroslav Pazak lancent rapidement de bons shoots sur Cédric Dietrich, les Gothiques attendent la toute fin de cette double supériorité numérique pour compter. Le jeu de puissance bien installé, Jonathan Zwikel retrouve dans le slot Anthony Mortas qui décale à gauche François Rozenthal, l'ailier international redonnant l'avantage aux locaux en fin de tiers (3-2 à 37'09").

Et il ne faut qu'une vingtaine de secondes dans la dernière période aux Gothiques pour faire le break au tableau d'affichage. Car quand François Rozenthal s'envole dans la zone de Grenoble et fixe Cédric Dietrich, il est suivi par Brice Chauvel, présent pour reprendre victorieusement la passe de Rozenthal (4-2 à 40'27"). Avec deux buts de retard, on se demande bien comment les Brûleurs de Loups vont faire pour revenir dans le match. La réponse est simple : en profitant des fautes adverses. Car quand une pénalité sifflée à l'encontre de Laurent Gras (accrocher, 43'17") donne deux minutes de supériorité aux Grenoblois, le jeu de puissance des Brûleurs vient vite se mettre en place. Et un bon travail de Jean-François Bonnard permet à Roger Jönsson de récupérer un palet de but dans l'enclave (4-3 à 44'16"). Encouragé par cette réduction du score, Grenoble continue de pousser et de dominer, en tout cas dans la zone neutre. Et quand Christophe Tartari part à son tour en prison (obstruction, 48'42"), Amiens se montre incapable de s'approcher durablement du but de Dietrich qui ne voit qu'un seul shoot de François Rozenthal le mettre en danger. Dès le retour à cinq contre cinq, Grenoble campe de nouveau dans la moitié amiénoise. Geoffrey Paillet (retenir la crosse, 52'27") et Thomas Roussel (obstruction, 53'53") en prison, les Brûleurs de Loups bénéficient même de trente-quatre secondes en double supériorité numérique. Et le "chouchou" du Coliséum, Jean-François Bonnard, en profite pour égaliser (4-4 à 54'17"). Moins de deux minutes plus tard, Grenoble voit son destin lui sourire. Kevin Hecquefeuille, passé derrière la cage d'Antoine Mindjimba, envoie le palet vers Roger Jönsson. Le tir du centre suédois est détourné dans le but picard par une jambière gothique, offrant ainsi le but de la victoire à Grenoble (4-5 à 56'01"). Démoralisés, les Amiénois n'ont pas pu trouver les ressources nécessaires pour aller chercher une prolongation dans le peu de temps restant, laissant donc les deux points de la victoire partir en Isère.

Bref, Grenoble a su forcer son destin. C'est indéniable, le talent est présent dans l'effectif des Brûleurs de Loups et les joueurs de Gérald Guennelon l'ont montré en livrant pendant soixante minutes un vrai match de hockey. La saison de Ligue Magnus est encore longue, et les Isérois ont peut-être été enterrés un peu trop rapidement. Quant aux Gothiques, on a vu réapparaître quelques soucis déjà entraperçus en début de saison. Souvent dominés dans la zone neutre, Amiens a éprouvé quelques difficultés à sortir proprement les palets, deux secteurs du jeu dont Denis Perez s'était déjà plaint il y a quelques semaines.

Élus joueurs du match : Brice Chauvel (Amiens) et Laurent Meunier (Grenoble).

Compte-rendu signé Josselin Giret

 

Commentaires d'après-match :

Brice Chauvel (attaquant d'Amiens) : "C'est vraiment dommage de se faire remonter comme ça, alors que nous menions de deux buts dans le dernier tiers. La rencontre était serrée, elle pouvait basculer à tout moment d'un côté comme de l'autre. Maintenant, on a fait beaucoup de petites erreurs que l'on a malheureusement payé cash. Dans ce championnat, les matchs sont de plus en plus difficiles et équilibrés. Peut-être que, mentalement, Grenoble était au-dessus."

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Ce soir, toute l'équipe ressent une énorme satisfaction. Et plus que de s'imposer à Amiens, ce qui est important, c'est de s'imposer tout court, peu importe l'adversaire. Lorsque nous avons encaissé le quatrième but, en début de troisième tiers, je n'ai rien dit à mes joueurs. J'ai juste modifié quelques détails. Mais mes gars ont réagi d'eux-mêmes pour revenir et s'imposer. Les deux équipes ont livré un beau match de hockey, intensif mais propre. Maintenant, même avec cette victoire, Grenoble n'est pas encore relancé. Nous réalisons actuellement tout un travail de fond. Il est juste question pour nous de prendre les matchs les uns après les autres."

 

Amiens - Grenoble 4-5 (0-0, 3-2, 1-3)

Samedi 26 novembre 2005 à 20h00 au Coliséum d'Amiens. 2928 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Sébastien Moine et de Benjamin Gremion.

Pénalités : Amiens 20' (6', 8', 6'), Grenoble 22' (6', 14', 2').

Tirs cadrés : Amiens 27 (10, 11, 6), Grenoble 36 (10, 16, 10).

Évolution du score :

0-1 à 20'20" : Draney assisté de Meunier (sup. num.)

1-1 à 27'50" : Pazak assisté de Pulscak et Gras (sup. num.)

2-1 à 29'40" : Chauvel assisté de Rozenthal et Zwikel (sup. num.)

2-2 à 30'50" : Meunier assisté de Y. Sadoun

3-2 à 37'09" : Rozenthal assisté de Mortas et Zwikel (double sup. num.)

4-2 à 40'27" : Chauvel assisté de Rozenthal et Zwikel

4-3 à 44'16" : Jönsson assisté de Bonnard (sup. num.)

4-4 à 54'17" : Bonnard assisté d'Amar et Hecquefeuille (double sup. num.)

4-5 à 56'01" : Jönsson assisté de Hecquefeuille

 

Amiens

Gardien : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Vincent Bachet (A) - Sébastien Dermigny ; Thomas Roussel - Frantisek Pulscak ; Julian Marcos - Peter Janik [puis Geoffrey Paillet à 01'36"].

Attaquants : Brice Chauvel - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Simon Petit - Anthony Mortas (C) - Miroslav Pazak ; Loïc Sadoun - Laurent Gras (A) - Élie Marcos ; Julien Lefranc.

Remplaçants : Jérôme Plumejeau (G), Lionel Wiotte. Absent : Nicolas Pousset (pouce cassé).

Grenoble

Gardien : Cédric Dietrich.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Nicolas Favarin - Martin Millerioux.

Attaquants : Cyril Papa - Laurent Meunier - Yven Sadoun ; Christophe Tartari - Roger Jönsson - Kévin Hecquefeuille ; Craig Mills - Brett Draney - Benoît Bachelet (C) ; Josef Podlaha.

Remplaçants : Christophe Burnet (G), Romain Bachelet, Bobby Russell. Absent : Ludek Broz (opération du genou).

 

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