Quart de finale des championnats du monde des moins de 20 ans 2006.

L'an dernier dans le Dakota, la République Tchèque avait remporté la médaille de bronze après prolongation sur un but de Petr Vrana, expulsant les Américains du podium devant leur propre public. Autant dire que les hommes de Walt Kyle ont une revanche à prendre. Les États-Unis, favoris du tournoi, se sont fait piéger dans le groupe A. Le match nul concédé contre la Suisse a coûté cher, forçant l'équipe à tout tenter face au Canada. Finalement vaincus 3-2 sur un but cage vide, ils se retrouvent propulsés en quarts de finale avec un parcours difficile : le vainqueur du match affrontera en effet la Russie. Schneider est à nouveau titulaire et n'a pris qu'un seul but à égalité numérique dans le tournoi. Kessel est le meilleur marqueur mais ne compte aucun but. Ses huit passes ont principalement visé Chris Bourque, auteur de six buts (dont cinq face à la Norvège). La défense aura un rôle clé pour museler les Tchèques. Derrière Jack et Erik Johnson en effet, l'escouade défensive est trop discrète et sera en plus privée de Chris Butler, blessé. Les Tchèques pour leur part font figure de déception. Avec deux défaites (Suède et Russie), ils n'ont toujours pas convaincu. Schwarz et Fiala ont alterné le bon et le mauvais dans les buts, l'attaque est assez pauvre derrière Krejci et Pohl, et la défense faible derrière Smid. Le duel entre les candidats à la draft NHL 2006, Phil Kessel et Michael Frolik, n'aura pas l'importance escomptée tant le second a été décevant et inefficace depuis le début du tournoi.

La GM Place est pleine pour cette rencontre. L'antre des Canucks de Vancouver encouragera surtout les Tchèques, tout en gardant un œil sur Cory Schneider, drafté au premier tour par l'équipe locale en 2004. Jack Johnson a pour sa part 16 000 nouveaux amis, qui le sifflent copieusement dès qu'il touche le palet, en souvenir de son coup de coude sur le Canadien Steve Downie... Le début de match tourne à l'avantage des Européens, qui entament avec conviction.

Dès les premières minutes, Karel Hromas et Petr Pohl menacent Cory Schneider qui doit s'imposer avec autorité à bout portant. Toutefois le rythme tchèque ne s'installe pas durablement, la faute à l'indiscipline de David Krejci, sorti pour retenir. Face à la technique américaine il ne fait pas bon jouer à un de moins. Bobby Ryan et Jack Johnson tentent leur chance mais c'est Phil Kessel qui marque, stationné à mi distance dans l'axe, reprenant son palet contré par un défenseur. Le tir est en lucarne pour ce spécialiste des quarts de finale, auteur d'un triplé face à la Suède l'an dernier à ce stade de la compétition. On ne joue que depuis trois minutes mais les Américains contrôlent déjà. La partie s'accélère et TJ Oshie manque de peu le but du break. Son tir du poignet à la septième minute touche en effet les deux poteaux. Le reste de la supériorité ne donne rien. Toujours bloqués par Schneider, les Tchèques sont dominés. Ils encaissent logiquement le deuxième but de la partie après onze minutes. Phil Kessel, intenable, menace Marek Schwarz qui laisse un rebond, exploité immédiatement par Chris Bourque. La double avance ne tient pourtant pas très longtemps. Jack Johnson écope de deux minutes pour jeu dur, sous la bronca du public. Michael Frolik décale alors Ladislav Smid pour un tir croisé de la bleue, et le joueur de Portland ne manque pas la cible. Le jeu s'équilibre alors soudainement. La République Tchèque se fait plus dangereuse et manque de peu l'égalisation en fin de tiers avec l'échec-avant efficace de la ligne de Hromas, Pohl et Krejci. Petr Pohl trouve ainsi le poteau à cinq minutes de la fin.

Le deuxième tiers-temps est tout aussi équilibré et indécis, alors que les deux gardiens démontrent l'étendue de leur talent. À la septième minute Chris Bourque est sanctionné, les Tchèques multiplient alors les essais de reprises de volée, sans faire mouche. Puis, le jeu de puissance passe dans l'autre camp sur une pénalité contre Hromas. Robbie Schremp mène le jeu, orientant les tentatives de ses équipiers pendant les deux minutes entières. Malgré plusieurs tirs dangereux depuis les cercles d'engagement, le buteur de London ne trouve pas la faille. Puis, Brian Lee sort à son tour deux minutes et le jeu revient dans l'autre camp. Une action dangereuse est presque conclue par les Tchèques. Roman Polak fixe Schneider sur un poteau en contournant la cage et trouve Michal Birner mais celui-ci ne parvient pas à pousser le palet au fond devant une cage ouverte. Le score ne change pas, 2-1 à la pause.

La pression tchèque est de plus en plus importante. Dès la deuxième minute, suite à un palet perdu par la défense américaine, Michal Birner s'échappe et fait face à Cory Schneider. Le gardien de Boston College ne mord pas dans la feinte du revers et bloque le tir à l'opposé. Dans la foulée, son coéquipier d'université Nathan Gerbe est sanctionné par l'excellent Rob Matsuoka pour accrocher. Schneider s'impose de manière magistrale face à Hromas et Krejci. À la fin de l'avantage numérique Kevin Porter intercepte et part en échappée mais son action est sauvée par Schwarz. Michael Frolik bénéficie peu après d'une belle opportunité, manquant encore une fois une cage ouverte sur une passe transversale de Michal Birner. Les Américains verrouillent le jeu, utilisant la trappe en zone neutre. Les Tchèques ne parviennent plus à rentrer en zone offensive en possession du palet et les États-Unis contrôlent la fin de match. Schwarz sort pour un attaquant de plus dans la dernière minute, puis Petr Pohl voit son tir repoussé de la jambière par Schneider à vingt secondes de la fin. Mais l'ultime occasion est annulée par l'abnégation de TJ Oshie, qui plonge sur la glace pour renvoyer le palet dans la zone neutre. Les États-Unis atteignent pour la quatrième fois consécutive les demi-finales...

Désignés meilleurs joueurs du match : Cory Schneider pour les États-Unis, Ladislav Smid pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

Commentaires d'après-match :

Walt Kyle (entraîneur des États-Unis) : "Nous avons battu une excellente équipe ce soir. Cory [Schneider] a été incroyable et nous avons joué un hockey sérieux, surtout sur la fin. Nous avions besoin de cette victoire. Je voudrais féliciter l'équipe tchèque et son encadrement. C'était un match très difficile qui aurait pu basculer de l'autre côté. C'était une belle bataille, et je suis fier de l'effort de nos gamins. J'espère que ce match nous préparera bien aux difficultés à venir. Nous aurons 16 000 personnes derrière nous en demi-finale, car nous savons qu'il ne vont pas encourager les Russes. Nous sommes à peu près sûrs d'avoir enfin le soutien du public. Je serai très déçu s'ils supportaient les Russes..."

Cory Schneider (gardien des États-Unis) : "Je me sentais bien ce soir. Le premier tiers était un stand de tir, mais après mes attaquants et défenseurs ont fait du bon travail pour bloquer les tirs. Ils m'ont bien aidé. Les Tchèques sont bons pour attaquer en groupe, s'imposer dans la zone et trouver le joueur libre. Ils lancent fort et tiraient de partout, il fallait rester debout. La Russie a une équipe exceptionnelle. Ils sont techniques, une des équipes les plus talentueuses du tournoi. Ils ont un jour de repos de plus et je suis sûr qu'ils vont rentrer déterminés mais nous serons prêts."

Ladislav Smid (défenseur de la République Tchèque) : "Je crois que nous avons manqué de chance. Nous étions meilleurs que les Américains. Nous avons eu beaucoup d'occasions mais leur gardien a été très bon."

Jan Votruba (entraîneur-adjoint de la République Tchèque) : "Nous avons joué un grand match. Ils marquent deux buts faciles mais à partir du deuxième tiers nous avons mis la pression sur leur défense. Nous avons eu beaucoup de pénalités et d'occasions.

États-Unis - République Tchèque 3-2 (2-1, 0-1, 1-0)

Lundi 2 janvier 2005 à 20h00 à la General Motors Place de Vancouver. 14890 spectateurs.

Arbitrage de Rob Matsuoka (CAN) assisté de Sylvan Losier (CAN) et Juha Kautto (FIN).

Pénalités : États-Unis 16' (6', 8', 2'), République Tchèque 10' (4', 6', 0').

Tirs : États-Unis 31 (13, 8, 10), République Tchèque 31 (16, 6, 9).

Évolution du score :

1-0 à 03'23" : Kessel assisté de J. Johnson et Ryan (sup. num.)

2-0 à 11'08" : Bourque assisté de Kessel

2-1 à 12'17" : Smid assisté de Frolik et Sobotka (sup. num.)

Gardien : Cory Schneider.

Défenseurs : Jack Johnson - Erik Johnson ; Taylor Chorney - Brian Lee ; Mark Mitera - Matt Niskanen.

Attaquants : Phil Kessel - T.J. Oshie - Chris Bourque ; Geoff Paukovich - Nathan Davis - Bobby Ryan ; Kevin Porter - Nathan Gerbe - Jack Skille ; Peter Mueller - Tom Fristche - Robbie Schremp ; Blake Wheeler.

Remplaçants : Jeff Frazee (G), Chris Butler (blessé).

Gardien : Marek Schwarz.

Défenseurs : Ondraj Smach - Ladislav Smid ; Jaroslav Mrazek - Kakub Kindl ; Roman Polak - Tomas Kudelka; Michal Gulasi.

Attaquants : Karel Hromas - Petr Pohl - David Krejci ; Tomas Kana - Vaclav Meidl - Zdenek Bahensky ; Vladimir Sobotka - Michal Birner - Michael Frolik ; Jakub Sindel - Petr Kalus - Jiri Tlusty ; Martin Hanzal.

Remplaçant : Radek Fiala (G).

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