Tours - Nice (21 janvier 2006)

 

Match comptant pour la première journée de la poule finale de division 2.

La deuxième phase du championnat de division 2 commence par un choc au sommet : Tours, premier de la poule ouest, reçoit Nice, premier de la poule est. Par le jeu des résultats du tour préliminaire les Diables Noirs comptent déjà onze points sur douze possibles, alors que Nice en compte dix. Les attaques comme les défenses sont similaires (même les gardiens sont presque aussi grands), autant dire que le match s'annonce indécis et serré.

Le public tourangeau est venu en masse, en dépit du match de volley Tours-Paris dans la salle voisine. Le quartier est donc copieusement garni en supporters ! Doucement, la foule arrive et la patinoire sera comble au coup d'envoi. Tours est privé de son défenseur Marcel Simak, et Nice va perdre son attaquant John Sarno à l'échauffement : la lame d'un patin se brise et Sarno se trouve dans l'impossibilité de jouer !

Au coup d'envoi, les blancs et noirs affrontent les noirs et blancs... Une situation bien confuse pour tout le monde. Nice joue en blanc avec les épaules noires, Tours en noir avec épaules blanches, accompagné de la touche orange si critiquée par une partie du public. Il n'empêche que cet orange permet au moins de repérer les Tourangeaux !

Tours tente d'imposer son physique dès la première minute avec deux bonnes mises en échec, mais cela ne dure guère. Le début de partie se distingue plutôt par un bon patinage de part et d'autre mais le rythme reste assez lent et le jeu un peu brouillon par moment. Les deux gardiens ne peuvent guère se chauffer, sevrés de palets pendant plusieurs minutes. Le premier tir survient après deux minutes trente, sur une mise au jeu gagnée par Tours en zone offensive, mais ce lancer de la bleue n'inquiète pas le grand gardien suédois Christian Carlsson. Nice riposte une minute plus tard avec une tentative de deux-contre-un sortie par Pierre-Olivier Girouard. Mais les Aigles poursuivent le pressing et cette longue présence en zone offensive paie. Romain Laplace gagne le palet sur la droite du gardien pour un centre au second poteau. Damien Laplace est seul et trompe sans problème Girouard. Coup de froid sur le public...

Les Diables réagissent rapidement avec une percée dans l'axe pour un tir bien arrêté. Sur l'action, Jalet prend deux minutes pour obstruction et Tours teste Carlsson à deux reprises, notamment par Ondrej Cikan bien décalé. Mais les Diables ne parviennent pas à installer durablement le jeu de puissance et l'indiscipline de Cikan, auteur d'un coup de crosse dans le dos, remet les deux équipes à égalité de joueurs. Tomas Banas tente sa chance à son tour, percutant dans l'axe pour un tir de loin sans problème pour Girouard. Le rythme s'accélère peu à peu. Tours continue à remporter les mises au jeu en zone offensive, n'hésitant pas à lancer sur Carlsson de la bleue. Sur une de ces situations, le Suédois laisse un rebond mais les attaquants de Tours ne parviennent pas à contrôler la rondelle. Après une dizaine de minutes, Pascal Margerit sort pour obstruction, dans sa zone défensive. Carlsson réussit alors un festival, bloquant un slap de la bleue du masque, puis un rebond et enfin arrêtant le palet sur un essai de passe en revers... Le jeu de puissance s'installe et Nice souffre. Carlsson doit dans la foulée sauver une déviation tourangelle. Le public pousse sur un slalom de Martin Fridrich, puis sur une action de Mickaël Gouget qui parvient à donner un lancer en tombant. Dans la foulée Stepan récupère le palet qui traîne mais tire au-dessus. Finalement les Diables Noirs sont récompensés. Vladimir Sabol lance Tomas Valko par une longue passe à travers la neutre et l'attaquant déborde la défense. Accroché, il perd sa crosse en touchant le gardien sorti à sa rencontre. Valko récupère le palet derrière la cage et passe du patin pour Kamil Stastny lancé, qui ne laisse aucune chance au portier niçois. Peu après, Cikan sort pour faire trébucher, mais les Niçois ne parviennent à donner qu'un tir de loin sur Girouard, incapables de franchir le rideau défensif des hommes de Millette, dirigé par un Radek Stepan des grands soirs. Les rares occasions niçoises sont sur des lancers lointains ou manquant de puissance, à l'image du tir de Miramond dans l'axe. Stastny tente de son côté d'enflammer le match, prenant la défense des Aigles de vitesse pour un slalom mais le tir n'est pas cadré. La dernière occasion est niçoise, stoppée par un très beau geste défensif de Valko qui se jette pour gêner le tir.

1-1 à la pause, et un air de passé à la reprise... Le public assiste avec curiosité à l'arrivée sur la glace de Ramon Sopko, Jan Simko et Philippe Roy notamment. Non, ce n'est pas encore la Ligue Magnus, en dépit des déclarations cette semaine de Rémy Delmas et Bob Millette, mais bel et bien un changement de maillot pour les Niçois ! Les arbitres, gênés par les ressemblances, ont donc demandé aux Aigles de changer de maillot. N'ayant pas à disposition les maillots bleus, les Aigles utilisent le maillot blanc des Tourangeaux de l'an dernier ! Un manque de coordination très ennuyeux : n'aurait-on pas pu plutôt discuter par téléphone avant le départ des Niçois pour régler ce détail ? Des Niçois en blanc, donc, même Carlsson qui a dû mettre le sien à l'envers faute de tenue à sa taille... Les Aigles ont un moment de flottement sur cette reprise le temps de se repérer. Or, Tours commence pied au plancher avec un premier tir de Stepan. Il ne faut qu'une minute aux Diables pour trouver l'ouverture. Récupérant un palet dans l'axe, Krejci se retrouve seul devant le but avec Fridrich. Il fixe Carlsson et sert son compère sur le côté droit du gardien, pour le 2-1. Les Niçois ont clairement paru perturbés par le changement de maillot et n'ont pas eu le temps de s'y habituer, perdant sur cette action bêtement le palet. Les Diables Noirs, faisant preuves de belles qualités de patinage, tentent leur chance par Saint-Denis mais son tir ras glace est sorti de la jambière. Girouard n'est pas en reste avec un arrêt de la botte. Après trois minutes, Carlsson réalise un arrêt énorme en trois temps, couché sur la glace... puis il sort un tir de la bleue avec sa plaque.

La pression tourangelle est intense, parfois trop, et Krejci sort pour coup de coude, après avoir maladroitement perdu son palet en défense. La seule occasion niçoise en supériorité est parfaitement bloquée dans l'axe par un Stepan toujours aussi serein. Les esprits s'échauffent un peu mais les arbitres tiennent bien le match et sortent Thoren et Cikan pour conduite antisportive. À quatre contre quatre le jeu s'ouvre et Tours réussit un beau mouvement à une touche de palet, avant de manquer le cadre. À la mi-match Miramond est sanctionné pour crosse haute, offrant une supériorité numérique aux Diables. Les occasions pleuvent alors. De près, de loin, avec écran... Le rebond revient finalement sur Fridrich qui marque en angle fermé pour le 3-1. Nice essaie de réagir mais n'arrive à lancer que de loin. Ses rares actions derrière la cage ne trouvent pas preneur. Tours exploite les contres, se retrouvant à trois contre deux après une interception, mais Carlsson veille. Le pressing tourangeau pousse Yves Cruz à la faute. La sortie de Girouard pour un attaquant de plus sur cette pénalité différée ne change rien. Tours tente de faire la différence sur l'avantage numérique qui suit mais Carlsson n'est pas surpris par un lancer flottant sur une déviation. À peine revenu sur la glace, Cruz voit son coéquipier Hannes Jonsson sortir pour charge incorrecte. À un de moins, Nice reste dangereux en contre.

Arrive alors l'action curieuse du match. Sur un palet envoyé au fond par un Diable Noir, les deux équipes assistent à une course folle de la rondelle le long du plexiglas. Tournant tout au tour de la zone défensive, le palet retombe dans la neutre sur Mikael Thoren qui part en échappée ! Accroché, il percute le gardien et obtient logiquement un tir de pénalité. Pascal Margerit s'avance dans une ambiance hostile et essaie de feinter Girouard. Le grand Québécois s'est étiré en papillon et parvient à bloquer la rondelle avec sa jambière gauche de manière magistrale, devant un public soudain déchaîné. Peu après, il s'illustre encore sur un beau tir en pivot niçois. Tours riposte avec une occasion de Krejci en profitant d'un écran, puis d'Adet sur un rebond. Ce dernier sort dans la foulée pour faire trébucher. La pénalité du junior coûte cher. Girouard réalise pourtant des miracles, sauvant de la plaque, puis de la jambière gauche avec l'aide d'un défenseur, mais la pression niçoise paie et Pascal Margerit réduit le score dans l'axe, devant un empilement de joueurs... Les Tourangeaux sont en colère, se plaignant d'une faute, au point que Krejci prend une méconduite pour ses contestations. L'ambiance est un peu tendue au retour aux vestiaires sur ce score de 3-2...

On repart ainsi avec un score serré pour les dernières vingt minutes. Les Aigles essaient de revenir avec une action autour de la cage de Girouard qui vient cueillir un palet volant très haut. Sur une entrée en zone offensive, Guilbert prend deux minutes et le junior tourangeau laisse ses équipiers défendre. Cela ne dure guère. Sur l'échec-avant, Tomas Valko fait trébucher un adversaire et la vengeance de Cédric Jalet est terrible, avec une grosse charge contre la bande. Valko reste sur la glace et saigne, avant de partir sur le banc des pénalités, en envoyant son adversaire en prison pour ce coup de coude par la même occasion. Nice reste en supériorité mais ne parvient à donner aucun lancer. Tours récupère même le palet et lance Valko à sa sortie du banc des pénalités mais il manque son contrôle. Finalement les Diables Noirs reprennent deux buts d'avance après six minutes. Kamil Stastny, intenable et l'un des rares accélérateurs de jeu de ce match, tente de surprendre Carlsson en contournant la cage sur sa gauche. Il repique dans l'axe mais perd le contrôle de la rondelle, reprise par Jean-François Gamelin pour le 4-2 en renard le long du poteau. La balustrade continue à jouer son rôle et un palet roulant profite encore une fois à un Tourangeau, qui ne parvient pas à tirer au but mais presse bien le gardien. Sur la mise au jeu concédée, un lancer de loin est sorti par Carlsson de la jambière droite. Le jeu est fluide, correct et assez peu physique, la grosse mise en échec d'Alexis Ouellette à la quarante-neuvième minute étant l'un des rares impacts physiques du match.

Girouard reste solide face aux attaques niçoises, toujours sur des tirs de loin. Puis, à dix minutes de la fin, les Tourangeaux combinent en triangle en zone offensive. Mais la cage se dessocle lors du tir du Diable Noir, seul dans l'axe... Stastny continue à mettre le feu dans la défense et envoie Banas en prison pour accrocher après son slalom dans la neutre. Les esprits s'échauffent sur la supériorité, un tir lointain trouvant Carlsson masqué. Mikael Thoren donne quelques coups et les Diables ne répliquent pas : il sort seul, pour méconduite. La table de marque a du mal à suivre et le tableau affiche ainsi une inexistante pénalité de deux minutes au lieu de dix... L'échec-avant de Tours sur cet avantage ne dure pas, Stepan prenant deux minutes sévères pour obstruction le long de la bande. Girouard doit donc de nouveau s'employer, et, bien qu'il soit masqué, sort une nouvelle occasion, tout heureux de voir manqué un essai de déviation. Toujours ouvert, le jeu profite toujours aux Diables. Novotny s'échappe, gagne son duel face à son défenseur mais s'incline de près face à Carlsson. Le portier suédois sort un nouveau tir de la bleue sur une énième mise au jeu gagnée par les locaux. À trois minutes de la fin, Saint-Denis écope de deux minutes pour une charge incorrecte derrière son propre but. Les Aigles choisissent de laisser leur gardien sur la glace mais obtiennent quand même deux tirs de loin, sans danger pour Girouard. La défense tourangelle, toujours solide grâce à Stepan, finit par maintenir Nice dans la zone neutre : score final 4-2, Tours remporte logiquement ce sommet du championnat.

Nice n'a pas démérité mais a peut-être manqué d'énergie en fin de partie, le long déplacement en bus ayant sans doute fatigué les joueurs. Les Diables Noirs restent solidement installés en tête, tout comme leurs voisins volleyeurs eux aussi gagnants ce soir... et eux aussi invaincus en championnat.

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Robert Millette (entraîneur de Tours) : "On ne connaissait pas cette équipe niçoise et je dirai qu'on a bien joué. On a gagné nos bagarres dans les bandes et c'est le résultat d'un gros travail d'équipe. Nous sommes restés concentrés et avons su garder notre calme après leur premier but. On a accéléré à partir de la deuxième période, et Pierre-Olivier Girouard a su sortir quelques beaux arrêts pour faire la différence. On n'a pas forcément montré tous nos atouts ce soir, car Nice est une équipe qu'on rencontrera encore une fois, et peut-être trois avec les playoffs. On était là au niveau physique. Nice est une belle équipe, avec un gardien qui a fait un très bon match. Maintenant, j'ai la vidéo de cette rencontre, comme toutes celles de nos matchs depuis deux ans. Il va falloir l'analyser."

Pierre-Olivier Girouard (gardien de Tours) : "Nice nous a offert une très belle opposition. Ils n'étaient pas venus pour perdre. Après deux semaines sans jouer et cette sorte de petite trêve, on a eu un premier tiers difficile, et on s'est affirmé ensuite. Le gardien de Nice ? C'est un gars costaud. Je suppose qu'il fait comme moi pour ces arrêts, il jette sa grosse bedaine devant la rondelle, mais j'ai vu ça d'assez loin. Notre but à nous, c'était de gagner. On a ce soir trois points d'avance, mais je considère que c'est comme si on n'en avait pas, il fait continuer à être le rouleau-compresseur. C'est ma première saison en France et même en Europe. C'est une superbe expérience, partout où je visite, c'est bien le fun. Je voudrais bien rester si tout se passe bien, Tours est une ville que j'adore. On a de bons résultats et les partisans nous le rendent bien, je ne me sens pas tout seul devant mon filet. Oui, je resterais bien une couple de saisons, si c'était possible. Une chose est sûre : je suis très mauvais perdant."

Pascal Saintier (responsable seniors de Nice) : "On a joué un bon premier tiers-temps équilibré qui ouvre de belles perspectives pour la suite de la rencontre. Le deuxième tiers a été très difficile, quand Tours a accéléré. Le coup des maillots m'a personnellement gêné, je sais que cela a été la même chose pour la plupart des joueurs. Cela dit, on revient, et, avec un peu plus de réussite sur les contres de Romain ou Petter, il n'y aurait pas eu grand-chose à redire si nous avions mené à la fin de la période. On a attaqué la troisième période gonflés à bloc. Nice n'a rien lâché, c'est une équipe qui n'abandonne pas, et il ne manquait pas grand-chose pour repartir avec au moins un point ce soir. On verra bien le match retour. La semaine prochaine, nous recevons Le Havre, une équipe qu'il ne faudra pas sous-estimer car elle a les moyens de poser de sérieux problèmes à beaucoup de monde et de faire partie des quatre demi-finalistes... En gagnant tout chez nous, nous ne devrions pas être très loin des demi-finales. Après, tout est possible."

Damien Laplace (attaquant de Nice) : "Tours n'est pas invincible. Ce qui est sûr, c'est que ça nous change de nos matchs de poule. C'était un match beaucoup plus rapide, car Tours a beaucoup d'étrangers. On s'est bien défendu, et je crois qu'on aurait pu faire match nul, au moins, histoire de sauver l'honneur. C'est dommage qu'on prenne deux buts sur des erreurs défensives. On ne s'est pas enflammé après mon but, car on savait bien que ce n'est pas lui qui nous permettrait de gagner. On a simplement essayé de tenir le score. Rien n'est atteint, encore, dans ces play-offs. Il va nous falloir travailler davantage à l'entraînement."

 

Tours - Nice 4-2 (1-1, 2-1, 1-0)

Samedi 21 janvier 2006 à 20h00 à la patinoire de la rue de l'Elysée. 1800 spectateurs.

Arbitrage de Thierry Fraysse et de Stéphane Phelippe.

Pénalités : Tours 28' (4', 6'+10', 8'), Nice 26' (4', 8', 4'+10').

Tirs : Tours 36 (13, 16, 7), Nice 20 (5, 10, 5).

Évolution du score :

0-1 à 03'43" : D. Laplace assisté de R. Laplace et Margerit

1-1 à 13'56" : Stastny assisté de Valko et Sabol

2-1 à 21'01" : Fridrich assisté de Krejci

3-1 à 30'29" : Fridrich (sup. num.)

3-2 à 39'04" : Margerit assisté de D. Laplace et R. Laplace (sup. num.)

4-2 à 46'39" : Gamelin assisté de Stastny et Valko

 

Tours

Gardien : Pierre-Olivier Girouard.

Défenseurs : Radek Stepan (C) - Ondrej Cikan ; Vladimir Sabol - Garrett MacNeill ; Sylvain Ragain - Mickaël Gouget.

Attaquants : Martin Fridrich - Lukas Krejci - Roman Novotny ; Tomas Valko - Kamil Stastny - Jean-François Gamelin ; Alexis Ouellette - Serge Saint-Denis - Enguerrand Guilbert ; Virgile Valsaint - Jérémy Licourt - Jérémy Adet.

Remplaçant : Guillaume Papillon (G), Marcel Simak (absent).

Nice

Gardien : Christian Carlsson.

Défenseurs : Martin Dubaj - Tomas Banas ; Christophe Perez - Marcus Lindholm ; Hannes Jonsson.

Attaquants : Romain Laplace - Pascal Margerit (C) - Damien Laplace ; Yves Cruz - Pierre Carreton - Anthony Miramond (A) ; Aurélien Frasier (A) - Mikael Thoren - Petter Krantz.

Remplaçant : Clément Lebas (G). Absent : John Sarno (lame de patin brisée).

 

Retour au championnat de France de division 2