Grenoble - Épinal (28 janvier 2006)

 

Match comptant pour la vingt-deuxième journée de Ligue Magnus.

Après une sortie pour le moins hésitante la semaine précédente face à Chamonix, on attendait une réaction des Brûleurs de Loups face aux Dauphins d'Épinal. Pourtant ce match ressemble comme à s'y méprendre au précédent pour les Grenoblois avec cette fois Stanislav Petrik à la place de Radek Lukes dans les cages pour assumer le rôle du héros de la soirée. L'enjeu est pourtant de taille : conserver la quatrième place face à une équipe spinalienne qui n'aura rien à perdre. Un match à prendre au sérieux donc d'autant plus que l'absence de Roger Jönsson ne fait que compliquer l'affaire des locaux.

On se rend compte assez rapidement que les Brûleurs de Loups ne sont guère plus à leur aise qu'une semaine plus tôt. Les Spinaliens, regroupés devant leur gardien, restent à l'affût du moindre contre à l'image de Jan Simko, toujours aussi vif au démarrage et capable de placer des accélérations déstabilisantes pour les défenses adverses. Les Grenoblois montrent une nouvelle fois leurs insuffisances en supériorité numérique et on atteint la moitié du tiers sans qu'aucun des gardiens n'ait vraiment grand-chose à faire. La plus belle occasion de ce début de match est à mettre à l'actif de Laurent Meunier, idéalement décalé par Brett Draney, mais Petrik s'impose. Ce n'est que partie remise pour l'attaquant grenoblois qui finit par ouvrir le score d'un puissant slap en lucarne que Petrik ne peut que freiner dans ses buts (1-0, 11'02"). Le banc spinalien proteste en vain, réclamant une crosse haute devant la cage qui aurait gêné le gardien. Avec cette ouverture du score, les affaires grenobloises semblent bien parties et ne demandent qu'à prospérer. Mills et Åblad, qui ont déjà fait connaissance en début de tiers, se croisent à nouveau, et cette fois le Canadien expédie le Suédois la tête la première dans sa cage, ce qui lui vaut une pénalité. L'avantage numérique spinalien n'étant guère plus efficace que celui de son vis-à-vis, il était dit que les supériorités numériques n'allaient pas faire la différence dans cette rencontre. Et alors que les Grenoblois semblent maîtres de leur sujet, Chassard se faufile au milieu d'une défense iséroise bien statique et marque d'un tir à mi-hauteur que Burnet ne parvient pas à capter (1-1, 15'08"). L'égalisation des Dauphins constitue une petite surprise et complique la tâche de locaux nerveux qui terminent le tiers en infériorité numérique.

Après une première période dans la continuité du match contre Chamonix, on se demande comment les Brûleurs de Loups vont cette fois se sortir du piège spinalien. Mais la similitude entre les deux rencontres s'arrête au début de ce deuxième tiers-temps. Les hommes de Gérald Guennelon passent soudain l'accélérateur et pressent les Dauphins dans leur zone. Plus volontaires, plus physiques, plus collectifs, les Grenoblois monopolisent la rondelle et gagnent les batailles dans les bandes. Si cette domination plus marquée ne se traduit pas par une avancée au tableau d'affichage, le travail de sape finit par payer après sept minutes de jeu. En l'espace de quatre-vingt-dix secondes, la troupe grenobloise achève son adversaire sur trois coup de boutoir. Sur une contre-attaque, Mills emmène la palet, perd le contrôle mais son compatriote Draney a bien suivi et nettoie la lucarne de Petrik d'un tir du poignet aussi soudain que précis (2-1, 27'04"). Changement de ligne, et cette fois, c'est le duo Russell-Podlaha qui est à la manœuvre, toujours en contre. Tir du Tchèque, rebond du Canadien, et Petrik est de nouveau battu (3-1, 27'49"). Dans cette furia offensive, la dernière ligne grenobloise ne voulait pas rester à la traîne. Meunier s'échappe sur le côté gauche, passe en revue la défense spinalienne, couche Petrik et envoie le palet dans les buts vides (4-1, 28'31"). Joakim Nilsson arrête le massacre en demandant un temps mort. Il maintient Petrik sur la glace mais le gardien slovaque a finalement à peine plus de deux minutes de répit. Car Cyril Papa participe à la fête lui aussi, se trouvant à la conclusion d'une action initiée une nouvelle fois par Craig Mills (5-1, 31'16"). Le Canadien, auteur de l'un de ses meilleurs matchs sous le maillot grenoblois, fait voler en éclat la défense spinalienne par ses charges à répétition et son impact physique. Et toute la ligne en bénéficie à l'image d'un Draney, lui aussi plus en vue qu'à l'accoutumée. Cette fois Petrik est rappelé au banc et Franck Constantin se trouve jeté dans l'arène. Dans un premier temps aussi ballotté que son prédécesseur, il tire son épingle du jeu en rassurant ses coéquipiers. Le changement de gardien fait finalement son effet et plus rien n'est marqué jusqu'à la pause.

Le trou est fait à l'orée du dernier vingt, et sauf renversement improbable de situation, les Brûleurs de Loups ont match gagné. Gérald Guennelon en profite alors pour faire rentrer Sacha Treille et Romain Bachelet. Le décor ne change guère en début de période avec des Grenoblois appliqués et impliqués qui ne laissent que peu de marge de manœuvre à leurs adversaires. Et finalement le grand bonhomme de la soirée, Laurent Meunier, a raison de la résistance héroïque de Franck Constantin et boucle son coup du chapeau (6-1, 42'49"). Reste donc aux Dauphins d'éviter une correction magistrale qui semble se profiler. Heureusement, la pression locale baissant d'un cran et Constantin s'avérant toujours aussi présent devant son filet, le score n'enfle pas en leur défaveur. Les Grenoblois se contentent de gérer le reste du tiers et Guennelon offre même à Andy Foliot l'occasion de fouler la glace dans les trois dernières minutes. Malheureusement pour lui, le gardien espoir de Grenoble encaisse un but sur le seul tir qu'il ait eu à affronter en ce laps de temps : une pénalité est appelée pour une faute sur Luc Mazerolle mais ce dernier parvient tout de même à garder le palet et à marquer en déséquilibre (6-2, 58'47"). Sans doute eût-il été préférable de faire rentrer Foliot un peu plus tôt dans la troisième période, ce qui lui aurait peut-être évité de connaître cette mésaventure. Au moins Épinal termine la rencontre sur une note positive et réduit l'écart à des proportions plus acceptables.

Les Dauphins ont malgré tout passé une soirée difficile, Stanislav Petrik en tête, après avoir tenu l'espace d'une période. Lorsque Grenoble a accéléré en début de deuxième période, Épinal a plié et a dû s'avérer rapidement vaincu. C'est surtout sur le plan physique que les Spinaliens ont subi. Bousculés, les défenseurs spinaliens ont paru très vite dépassés lorsque les attaquants grenoblois ont commencé à appuyer leurs charges. C'est sans doute aussi sur le plan de la combativité, à l'exception du capitaine Guillaume Chassard toujours exemplaire, que les Dauphins ont été battus. Si Petrik est assurément une des déceptions de la soirée, l'autre satisfaction est aussi française. Franck Constantin a en effet réalisé une prestation remarquée dans les buts après son entrée, soutenant largement la comparaison avec son gardien titulaire. Sa prestation incitera peut-être Joakim Nilsson à lui donner plus de temps de glace.

Du côté grenoblois, on peut être satisfait à la fois de la manière et du résultat. Après un premier tiers très terne, les Brûleurs de Loups sont enfin parvenus à élever leur niveau de jeu face à un adversaire de niveau inférieur pour faire la différence le plus tôt possible et passer une fin de match sans soucis. Voilà qui n'était plus arrivé depuis le match inaugural de 2006 face à Caen. Ils ont su également se servir de leur avantage physique pour mettre en difficulté leurs adversaires. Voilà une leçon à méditer pour l'avenir. Laurent Meunier, avec ses trois buts, a été le grand bonhomme du match, signant une seconde performance consécutive de premier plan. Le signe annonciateur d'un retour en forme pour le capitaine de l'équipe de France qui avait connu pas mal de difficultés devant la cage lors de la première partie de saison. Dans son sillage, les Canadiens Draney et Mills sont les autres satisfactions de la soirée. Leur ligne où Cyril Papa s'intègre avec bonheur commence à tourner à plein régime et parvient enfin à contribuer offensivement sur une base régulière. Les Grenoblois ont donc toutes les raisons d'être satisfaits et peuvent désormais viser raisonnablement la troisième place, un objectif à leur portée. Mais pour cela il faudra terminer la saison régulière sur un sans-faute ou presque...

Désignés meilleurs joueurs du match : Laurent Meunier (Grenoble) et Guillaume Chassard (Épinal).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "Durant la première partie du tiers initial, les joueurs n'étaient pas vraiment dedans. Par contre, sur le deuxième, ils ont su mettre la machine en marche. L'équipe a fait exactement ce qui était attendu d'elle. Et j'étais vraiment fier du jeu qu'elle a proposé. C'était joli, emballant. Ca fait plaisir de les voir jouer comme ça. La route est encore longue, néanmoins, ça fait du bien."

Kévin Hecquefeuille (attaquant de Grenoble) : "Au deuxième tiers, on a joué plus physique, plus vite, on les a asphyxiés. C'est sûr que quand on joue comme cela, on prend plus de plaisir. Alors que quand on joue comme dans le premier, on se fait vraiment peur. Il faut de la régularité, rentrer dans les matches comme on a joué dans le second tiers."

Laurent Meunier (attaquant de Grenoble) : "On avait peur de retomber dans nos travers, mais on est arrivé bien présents dans le second tiers. Il faut continuer à jouer agressif, ne rien lâcher, ne pas être suffisant vis-à-vis de l'adversaire. On ne marquera pas toujours de jolis buts comme ceux-là, mais il faut garder cet esprit. On a un jeu pour jouer plus physique, il faut utiliser cet atout."

 

Grenoble - Epinal 6-2 (1-1, 4-0, 1-1).

Samedi 28 janvier 2006 à 20h00 à Pôle Sud. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Gwilherm Margry et Olivier Salicio.

Pénalités : Grenoble 14' (8', 0', 6'), Épinal 6' (4', 0', 2').

Tirs : Grenoble 48 (11, 17+6, 14), Épinal 23 (5, 3, 14+1).

Évolution du score :

1-0 à 11'02" : Meunier assisté de S. Bachelet et Hecquefeuille

1-1 à 15'08" : Chassard assisté de Maurice et Papelier

2-1 à 27'04" : Draney assisté de Mills et Millerioux

3-1 à 27'49" : Russell assisté de Wallin et Podlaha

4-1 à 28'31" : Meunier assisté de Hecquefeuille et Sadoun

5-1 à 31'16" : Papa assisté de Mills et Draney

6-1 à 42'49" : Meunier assisté de Hecquefeuille et Sadoun

6-2 à 58'47" : Mazerolle assisté de Kotasek et Sejna

 

Grenoble

Gardiens : Christophe Burnet puis Andy Foliot à 57'38".

Défenseurs : Baptiste Amar (C) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Teddy Trabichet ; Martin Millerioux - Nicolas Favarin.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Laurent Meunier (A) - Yven Sadoun ; Bobby Russell - Christophe Tartari - Josef Podlaha ; Craig Mills - Brett Draney - Cyril Papa ; Romain Bachelet - Sacha Treille.

Absents : Cédric Dietrich (visage), Roger Jönsson (dos), Jean-François Bonnard (cheville), Ludek Broz (genou, saison terminée), Benoît Bachelet (fracture de la mâchoire), Yohann Morant.

Épinal

Gardiens : Stanislav Petrik puis Franck Constantin à 31'16".

Défenseurs : Lubomir Duda - Radoslav Regenda ; Lionel Simon - Tobias Ablad ; Borislav Ilic - Milan Sejna.

Attaquants : Jan Simko - Roman Trebaticky (A) - Martin Kotasek ; Luc Mazerolle - Jussi Haapasari - Jan Plch ; Guillaume Papelier - Anthony Maurice (A) - Guillaume Chassard (C).

Absents : Christophe Ribanelli, Peter Slovak, Gaëtan Gavoille, Djamel Zitouni, Shawn Allard.

 

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