Russie - Slovaquie (15 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe B.

La Slovaquie se présente pour ce premier match avec deux centres en moins, Handzuš et Stümpel, et un des réservistes, Petrovicky, a déjà été appelé en remplacement.

Cette première grande affiche du tournoi olympique ne tolèrera pas la moindre approximation : le premier changement de ligne russe est exploité par Lubomir Visnovsky pour envoyer le rapide Marian Hossa en échappée, et Daniil Markov écope de la première pénalité en le retenant. La Slovaquie éprouve de la peine à s'installer mais son unique lancer cadré donne un rebond intéressant : le revers de Miroslav Šatan est alors repoussé par le dos de Kasparaitis. Dans ce match, le moindre palet perdu coûte très cher car les deux équipes ont la vitesse suffisante pour des remontées de palet spectaculaire. Ainsi, après sept minutes de jeu, Andrej Meszaros se fait contrer par Daniil Markov en se joignant à l'attaque. Immédiatement, c'est un 3 contre 1, mais Alekseï Kovalev - à nouveau élu capitaine par les joueurs russes - choisit le tir en angle fermé, détourné par Peter Budaj. Mais à ce jeu, les Slovaques sont les plus habiles : de derrière sa ligne de but, Radoslav Suchy trouve une magnifique relance pour Marian Hossa et celui-ci remet pour Demitra seul face à la cage (Gonchar en retard au repli) qui tire dans le haut du filet sans que Bryzgalov ait le temps de bouger (0-1 à 09'07"). La réponse ne se fait pas attendre. Sur une mise au jeu gagnée par Pavel Datsyuk en zone offensive, le palet parvient à la bleue à Daniil Markov qui retrouve d'une belle passe Datsyuk en train de traverser devant la cage pour conclure en douceur (1-1 à 10'00"). La première ligne russe fait des merveilles, et après une superbe combinaison collective, Kovalev reprend la passe d'Ilya Kovalchuk (2-1 à 12'38"). Après un début de match d'excellente facture, le rythme décroît sensiblement la qualité de jeu redevient ordinaire.

Bien que son équipe mène au score, Vladimir Krikunov procède à des changements tactiques à la pause. Cela peut paraître bizarre mais c'est parfaitement explicable au vu du match. Déjà, il abandonne certaines initiatives stratégiques un peu trop originales, comme celle d'envoyer comme quatrième attaquant en jeu de puissance un Kovalev qui a paru peu à l'aise à la bleue. Et puis, il permute les deux centres Malkin et Yashin. Car si le trio Kovalchuk-Datsyuk-Kovalev, qui avait la réputation de ne fonctionner que sur le papier, a été un excellent choix, les autres lignes ont moins convaincu, notamment la ligne Ovechkin-Malkin-Afinogenov qui n'a pas retrouvé sa vista des derniers Mondiaux. Evgueni Malkin est donc replacé avec le duo du Dynamo. Les matches de préparation auront ainsi servi à quelque chose.

Et immédiatement, la nouvelle configuration est prometteuse, avec une passe de Malkin pour une reprise de Sushinsky. Marcel Hossa réplique par un tir capté par une bonne mitaine d'Ilya Bryzgalov. Premier accroc, Darius Kasparaitis, qui a fait faute sur Zednik, part en prison non sans avoir râlé. Il en ressortira tête basse quelques secondes plus tard : sur la mise au jeu, Bryzgalov est trop court sur un slap puissant de Visnovsky au ras de son poteau gauche (2-2 à 25'51"). Les Slovaques sont survoltés, et Marek Svatos prend le meilleur sur Andreï Markov pour filer hors de sa zone défensive, mais c'est lui qui finit sa course dans sa cage et pas le palet. Le défenseur russe prend deux minutes de pénalité pour avoir accroché la révélation du Colorado à la rouge au départ de l'action. Sans conséquence car les Slovaques n'arrivent à se passer le palet que le long de la bande pendant cette supériorité. La Russie repart de plus belle à l'attaque, et Andrej Meszaros charge Yashin contre la balustrade. Et comme pour les Slovaques tout à l'heure, la punition est effective dès l'engagement, gagné par Yashin face à Kapuš. Sergueï Gonchar et Fedor Tyutin s'échangent le palet à la bleue, et la reprise du n°55 est bien déviée devant le gardien par Aleksandr Ovechkin (2-2 à 30'03").

Un dégagement douteux de Bryzgalov est intercepté au vol par Šatan qui rabat le palet et tire directement de la bleue. Il y a évidemment danger sur le rebond car la défense russe avait commencé à remonter, et Zhukov est obligé d'accrocher Demitra. Encore une fois, il faut payer l'addition : un tir à ras glace de Meszaros se faufile entre les jambières de Bryzgalov et le renard Peter Bondra vient pousser le palet juste ce qu'il faut pour lui faire franchir définitivement la ligne (3-3 à 33'05"). Physiquement, la Russie est présente, et les jeunes Ovechkin et Malkin n'y vont pas de main morte dans leurs mises en échec. Dans le jeu collectif, par contre, elle est plus brouillonne et se fait même siffler deux dégagements interdits à cause de passes imprécises en zone neutre. Alors que son équipe est en infériorité à cause d'un surnombre, Sergueï Gonchar, qui avait provoqué une pénalité de Zednik quelques minutes plus tôt, est à son tour envoyé en prison. Frantisek Hossa appelle un temps mort et son adjoint donne les consignes pour cette minute capitale à cinq contre trois, mais elle accouche d'une souris.

C'est la Slovaquie qui domine au retour sur la glace. La deuxième ligne est la plus active : Bondra manque le cadre sur une bonne passe de Kapuš, et Šatan déborde sur l'aile gauche Vishnevski, qui a perdu sa crosse et est forcé d'user de ses mains pour le retenir. Le seul écueil pour les Slovaques, c'est Richard Zednik qui prend deux nouvelles pénalités (pour un total de quatre), une pour avoir fait trébucher son coéquipier des Canadiens de Montréal Andreï Markov, l'autre pour un cinglage sur Kharitonov. Sauf que le jeu de puissance russe n'arrive à rien. Dès qu'on revient à cinq, les Russes sont n permanence sous pression et ne passent même plus la rouge. Seul Maksim Afinogenov traverse la patinoire avec son patinage coulé pour prendre un lancer, mais son jeu ultra-individuel n'est pas ce dont la Russie a besoin ce soir. Elle semble reprendre des couleurs dans les cinq dernières minutes : Kozlov sert Korolyuk qui échoue à bout portant sur Budaj, et c'est ensuite Kovalchuk qui teste le gardien slovaque sur une passe de derrière la cage de Datsyuk... mais sur cette action, Marian Gaborik récupère le palet et place un contre assassin (4-3 à 56'32"). Les Russes réagissent de façon désordonnée, sans sortir leur gardien, mais cela n'empêche pas la fusée Gaborik de marquer sur une nouvelle accélération fatale, conclue dans la lucarne de Bryzgalov (5-3 à 59'31").

Ce premier choc du tournoi a tenu toutes ses promesses. La Russie, qui se pensait conquérante, prend un sérieux avertissement pour son entrée dans le tournoi. C'est toujours la même histoire. Elle parvient par moments à dérouler les mouvements collectifs léchés qui peuvent faire sa force, mais dès qu'elle est en difficulté, les réflexes "nord-américains" reviennent et elle se retrouve à envoyer les palets au fond ou à lancer à la cage sans que la condition indispensable à ce style de jeu, venir s'imposer dans le slot, ne soit remplie. Le jeu russe s'est ainsi délité au fil du match. Accessoirement, le gardien Ilya Bryzgalov aurait dû arrêter le deuxième et surtout le quatrième but, sachant que troisième est indirectement pour lui. Bref, il n'a pas convaincu qu'il méritait cette place de titulaire qu'il réclamait.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Krikunov (entraîneur de la Russie) : "Malheureusement, nous n'avons pas pu gagner après avoir deux fois mené au score. Après le deuxième but, tous, défenseurs compris, se sont rués à l'attaque. Les Slovaques sont expérimentés et en ont profité. Ils ont montré nos faiblesses en défense et en infériorité numérique. Les joueurs doivent comprendre à quel tournoi ils sont. Leur attitude était irréprochable, tous étaient combatifs, mais ils n'ont pas su garder la tête froide. [...] Nabokov jouera demain. On ne peut pas gagner avec un pourcentage d'arrêts de 86% [celui de Bryzgalov ce soir], je ne ferai pas d'autres commentaires là-dessus. Quant à Sokolov, je ne l'ai pas aligné parce que les Slovaques ne lui réussissent pas trop, mais il aura sa chance dans le tournoi."

Ilya Bryzgalov (gardien de la Russie) : "Nous avons essayé de jouer un hockey offensif, mais peut-être que nous n'avons pas compris ce que l'entraîneur attendait de nous."

Frantisek Hossa (entraîneur de la Slovaquie) : "Le début de match a été extrêmement spectaculaire et intéressant. J'ai beaucoup aimé notre jeu en infériorité numérique. Cette victoire veut dire beaucoup pour moi. [...] Tout le monde connaît les possibilités de Gaborik dans les dernières minutes d'un match. Marian est arrivé hier sans être à 100%, après une blessure lors de son dernier match de NHL. Mais nos médecins ont fait un boulot formidable et il a pu être guéri avant le match. [...] J'ai choisi Budaj après l'entraînement de ce matin, du fait de son expérience."

 

Russie - Slovaquie 3-5 (2-1, 1-2, 0-2)

Mercredi 15 février 2006 à 20h05 à Torino Esposizioni. 3800 spectateurs.

Arbitrage de Paul Devorski (CAN) assisté de Derek Doucette (CAN) et Antti Hämäläinen (FIN).

Pénalités : Russie 16' (4', 10', 2'), Slovaquie 10' (2', 4', 4').

Tirs : Russie 23 (7, 6, 10), Slovaquie 36 (12, 12, 12).

Évolution du score :

0-1 à 09'07" : Demitra assisté de Hossa et Suchy

1-1 à 10'00" : Datsyuk assisté de D. Markov

2-1 à 12'38" : Kovalev assisté de Datsyuk et Kovalchuk

2-2 à 25'51" : Visnovsky assisté de Demitra (sup. num.)

3-2 à 30'03" : Ovechkin assisté de Gonchar et Tyutin (sup. num.)

3-3 à 33'05" : Bondra assisté de Meszaros et Chara (sup. num.)

3-4 à 56'32" : Gaborik

3-5 à 59'31" : Gaborik

 

Russie

Gardien : Ilya Bryzgalov.

Défenseurs : Andreï Markov - Daniil Markov ; Fedor Tyutin - Anton Volchenkov ; Darius Kasparaitis (A) - Sergei Gonchar ; Vitali Vishnevsky - Sergei Zhukov.

Attaquants : Ilya Kovalchuk - Pavel Datsyuk - Alekseï Kovalev (C) ; Aleksandr Ovechkin - Evgeni Malkin [puis Yashin à 20'00"] - Maksim Afinogenov ; Aleksandr Kharitonov - Alekseï Yashin (A) [puis Malkin à 20'00"] - Maksim Sushinsky ; Aleksandr Frolov - Viktor Kozlov - Aleksandr Korolyuk.

Remplaçant : Evgeni Nabokov (G).

Slovaquie

Gardien : Peter Budaj.

Défenseurs : Martin Strbak - Lubomir Visnovsky ; Andrej Meszaros - Zdeno Chara ; Radoslav Suchy - Milan Jurcina ; Ivan Majesky.

Attaquants : Marian Gaborik - Pavol Demitra (C) - Marian Hossa ; Peter Bondra - Richard Kapus - Miroslav Satan ; Richard Zednik - Lubos Bartecko - Marek Svatos ; Marcel Hossa - Tomas Surovy - Ronald Petrovicky.

Remplaçant : Jan Lasak (G).

 

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