Grenoble - Briançon (18 février 2006)

 

Match comptant pour la vingt-quatrième journée de Ligue Magnus.

Après une longue pause internationale et un All Star Game disputé sur la glace de Pôle Sud, les affaires de la Ligue Magnus reprenaient ce week-end avec au programme un choc au sommet entre les Brûleurs de Loups et les Diables Rouges. Enjeu du match : la troisième place, occupée par Briançon et convoitée par Grenoble. Outre une accession directe en quart de finale, cette troisième place permet d'éviter de disputer les play-offs dans la moitié de tableau de Rouen, avantage non négligeable par les temps qui courent. Pour leur deuxième visite à Pôle sud de la saison, les Diables Rouges espèrent un résultat tout aussi favorable (ils s'étaient qualifiés aux tirs au but en coupe de France) mais seront privés notamment de leur attaquant slovène Edo Terglav qui devra bientôt se faire opérer du genou. Le match est aussi placé sous le signe des retours de blessés de longue date : Valdemar Pelikovsky à Briançon et Benoît Bachelet à Grenoble.

La rencontre se lançait rapidement avec une première pénalité sifflée à l'encontre de Laurent Meunier après seulement vingt-cinq secondes de jeu. Briançon n'en profitait pas et se retrouvait même en grande difficulté quelques minutes plus tard lorsque Mosnar puis Orsolini rejoignaient le banc des pénalités. Une minute à cinq contre trois, c'est certes beaucoup mais aussi très peu pour un jeu de puissance grenoblois qui s'installe en zone d'attaque à la vitesse d'un escargot et qui ensuite ne parvient pas à créer de décalage. Résultat : les Briançonnais pouvaient sortir ragaillardis de cette passe difficile. Grenoble dominait les débats et la pression se faisait intense sur les cages de Beaubien, au propre comme au figuré d'ailleurs mais les Diables Rouges se montraient de redoutables contre-attaquants avec Millar et Filip intenables dès qu'il récupèrent le palet. Mais le troisième homme Mickaël Perez ne faisait pas pour autant de la figuration et c'est d'ailleurs lui qui échappait au marquage de Simon Bachelet pour reprendre instantanément un centre de Filip et catapulter le palet dans la lucarne de Burnet (0-1, 10'37").

Cette ouverture du score contre le cours du jeu aurait pu contrarier les locaux mais ces derniers n'avaient pas le temps de gamberger puisqu'Yven Sadoun égalisait moins de deux minutes plus tard après une partie de ricochet devant la cage de Beaubien (1-1, 12'28"). L'égalisation faisait monter l'intensité d'un cran et les contacts devenaient plus fréquents. Les Brûleurs de Loups imposaient leur physique devant la cage de Beaubien mais ne parvenaient pas à déjouer le gardien canadien. C'est finalement sur un contre que la situation se débloquait. Lancé sur orbite par Cyril Papa, Nicolas Favarin faussait compagnie à la défense briançonnaise pour s'en aller défier Beaubien tandis que Mills s'occupait du dernier défenseur. Et Favarin remportait son duel à la manière d'un pur buteur en plaçant avec facilité le palet sous la transversale (2-1, 17'35"). En l'espace de sept minutes les hommes de Gérald Guennelon avaient redressé une situation bien mal engagée.

La deuxième période débutait par une avalanche de pénalités. Plutôt discret dans les vingt premières minutes, M. Bocquet avait cette fois sorti son sifflet. Et Grenoble en profitait pour bénéficier à nouveau d'un double avantage numérique. Las, le jeu de puissance ne s'était pas amélioré depuis le premier tiers et les Brûleurs de Loups laissaient filer une nouvelle occasion dorée de faire le break dans la rencontre. C'était ensuite au tour des Diables Rouges de faire leurs preuves puisque deux pénalités quasi consécutives de Hequefeuille puis Sadoun leur procuraient une supériorité de près de quatre minutes. Mais si le powerplay briançonnais était plus posé que celui de son homologue isérois, il n'était guère plus efficace et les deux équipes restaient dos à dos dans ce domaine. Le jeu à nouveau à cinq contre cinq, Meunier faisait le spectacle en se frayant un chemin jusqu'à la cage haut-alpine après plusieurs feintes successives mais sa passe pour Russell en fin d'action n'était pas dans le bon tempo. Une occasion ratée que les Grenoblois regrettaient vite, puisqu'une minute plus tard, Millar profitait d'une montée hasardeuse de Millerioux pour s'engouffrer dans l'espace laissé libre et ajuster Burnet d'un tir placé en pleine lucarne (2-2, 30'22"). Les compteurs à nouveau remis à zéro, Briançon pouvait se remettre à espérer. Burnet était mis à contribution à plusieurs reprises pour maintenir à flot un navire grenoblois qui commençait à tanguer. Mais suite à une incursion grenobloise, le travail de sape de la troisième ligne finissait par payer. Après des tentatives de Papa, puis Draney, c'est Craig Mills qui plaçait le palet hors de portée de Beaubien (3-2, 34'43"). Cet avantage aurait pu être de courte durée, car dans la minute suivante, Perez s'échappait en contre et était fauché irrégulièrement par Jeff Bonnard d'après M. Bocquet qui accordait un penalty aux Briançonais. Filip s'élançait mais Burnet ne se compromettait pas et écartait de la jambière le tir de l'attaquant tchèque. Les Grenoblois maintenaient ainsi leur avance d'un but.

La deuxième pause était sifflée prématurément suite à un incident de jeu qui voyait Josef Podlaha, coupé à la lèvre dans un choc accidentel, s'effondrer sur la glace. Plutôt que de nettoyer le sang sur la glace, M. Bocquet préférait renvoyer tout le monde au vestiaire deux minutes plus tôt. L'entame de la troisième période aurait dû permettre aux Brûleurs de Loups de définitivement plier le match. Avec deux supériorités numériques d'affilée concédées par Mosnar puis Filip, l'occasion était belle. Mais la médiocrité du jeu de puissance des hommes de Gérald Guennelon en décidait autrement et c'est donc à une partie serrée jusqu'au bout qu'il nous était donné d'assister. Tant mieux pour le suspense, tant pis pour Grenoble. Benoît Bachelet faisait son grand retour sur la glace mais la rencontre baissait de niveau et les mauvaises passes se succédaient de part et d'autre. Les locaux n'avaient visiblement plus d'autre intention que de protéger leur avantage acquis, les visiteurs n'avaient pas le coup de rein nécessaire pour forcer leur destin. C'est donc un exploit individuel qui mettait fin au suspense. Brett Draney remportait l'engagement en zone d'attaque, fonçait vers la cage sans opposition et trompait entre les jambes un Beaubien exténué et passablement excédé par les chocs à répétition dont il a été la victime (4-2, 55'47"). Basile faisait sortir Beaubien dans les dernières minutes pour forcer la décision, mais rien n'y fit. Tartari pensait même avoir marqué en cage vide mais le but était refusé pour surnombre.

Briançon a montré un visage offensif séduisant notamment, par sa première ligne où Martin Filip et Rob Millar se trouvent dans tous les bons coup. À leur côté, Mickaël Perez poursuit sa progression et il ne serait pas surprenant de retrouver le vif attaquant briançonnais sous le maillot bleu dans peu de temps. Si Lionel Orsolini est toujours aussi présent, le reste de l'attaque manque en revanche clairement de percussion et les absences de Baluch et surtout de Terglav risquent de se faire ressentir. Derrière en revanche, les retours de Levêque et Pelikovky font du bien, même si les défenseurs briançonnais ont eu du mal à protéger leur gardien et à s'imposer devant la cage. À méditer avant le grand objectif de la saison des briançonnais : la finale de la Coupe de France.

Du côté grenoblois, l'incroyable remontée continue avec maintenant une troisième place au classement et même la deuxième dans le viseur. Tout n'a pas été parfait ce soir, on regrettera notamment un jeu de puissance toujours aussi catastrophique et une baisse de régime au troisième tiers qui aurait pu être coûteuse. Mais les Brûleurs de Loups font preuve d'une bonne efficacité devant le but ces temps-ci et bénéficient de performances de qualité de Christophe Burnet, de plus en plus régulier depuis le début de l'année 2006. La troisième ligne a été sous le feu des projecteurs ce soir en étant impliquée sur trois des quatre buts marqués. Une nouvelle preuve que cette ligne commence à prendre du volume dans le jeu grenoblois à l'image de Brett Draney, désormais régulièrement mentionné sur la feuille de match.

Désignés meilleurs joueurs du match : Baptiste Amar (Grenoble) et Martin Filip (Briançon).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaire d'après-match (dans le Dauphiné Libéré)

Luciano Basile (entraîneur de Briançon) : "Quand on voit que Grenoble se permet de mettre deux Canadiens comme Mills et Draney en troisième ligne et garde Bachelet sur le banc jusqu'au troisième tiers... On a fait un bon match, mais les Grenoblois ont un vrai effectif. Troisièmes, c'est leur place, s'ils n'avaient pas loupé leur début de saison, ils seraient deuxièmes juste derrière Rouen. Nous sommes légers physiquement. Avec la perte de Dvorak puis de Terglav, nous n'avons plus vraiment de gros gabarit. Il faut donc que d'autres joueurs montrent plus d'abnégation. On n'a pas été assez bons sur les remises en jeu. C'est un engagement raté qui leur a permis de marquer le quatrième but. On n'a pas fait les blocs nécessaires à ces moments-là."

 

Grenoble - Briançon 4-2 (2-1, 1-1, 1-0)

Samedi 18 février à 20h15 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté de Nicolas Barbez et Marie-Tijana Picavet

Pénalités : Grenoble 10' (2', 6', 2'), Briançon 26' (4', 8', 4'+10').

Tirs : Grenoble (24, 8, 11), Briançon 32 (13, 11, 8).

Évolution du score :

0-1 à 10'37" : Perez assisté de Filip et Millar

1-1 à 12'28" : Sadoun assisté de Amar et Meunier

2-1 à 17'35" : Favarin assisté de Papa

2-2 à 30'22" : Millar assisté de Filip et Perez

3-2 à 34'43" : Mills assisté de Draney et Papa

4-2 à 55'47" : Draney

 

Grenoble

Gardien : Christophe Burnet.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard ; Nicolas Favarin - Martin Millerioux.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille [puis Christophe Tartari] - Laurent Meunier (A) - Yven Sadoun ; Bobby Russell - Roger Jönsson - Josef Podlaha [puis Benoît Bachelet (C)] ; Craig Mills - Brett Draney - Cyril Papa.

Remplaçants : Cédric Dietrich (G), Yohann Morant, Teddy Trabichet, Romain Bachelet. Absents : Ludek Broz (genou, saison terminée), Sacha Treille (clavicule).

Briançon

Gardien : Frederik Beaubien (sorti de sa cage à 58'22").

Défenseurs : Miroslav Mosnar - Jean-François Jodoin (C) ; Gary Levêque (A) - Chris Lyness ; Valdemar Pelikovsky - Jakob Milovanovic.

Attaquants : Mickaël Perez - Martin Filip - Rob Millar ; Justin Kinnunen - Anders Dahlin - Lionel Orsolini (A) ; Arnaud Blanchard - Jiri Hubacek - Sébastien Rohat.

Remplaçants : Damien Angella (G), Emmanuel Giusti, Alexandre Rouillard, Dimitri Faure-Brac. Absents : Tomas Baluch (entorse du genou), Edo Terglav (genou, saison terminée), Miroslav Dvorak (pousse cassé), Yannick Maillot (épaule), Michel Favre.

 

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