Suède - Slovaquie (21 février 2006)

 

Jeux Olympiques de Turin 2006, groupe B.

Les propos du sélectionneur suédois Bengt-Åke Gustafsson ont provoqué une belle effervescence. Hier, constatant que dans l'état actuel du classement il pourrait rencontrer la Suisse en quart de finale, il a déclaré à la télévision puis à la radio qu'il se demandait s'il était bien nécessaire de gagner ce dernier match pour risquer de tomber sur les Canadiens ou les Tchèques alors qu'on peut se contenter d'un jeu défensif pour gérer un 0-0 sans effort... Immédiatement, les divers médias suédois ont été assaillis de réactions hostiles d'un public incrédule.

Internationalement, ces déclarations ont aussi interloqué. Dans le clan canadien, l'entraîneur Pat Quinn et le manager Wayne Gretzky ont expliqué que de telles intentions étaient impensables chez eux, parce qu'ils jouaient toujours pour gagner et qu'ils faisaient toujours en sorte de persuader leur équipe qu'elle ne devait craindre aucun adversaire. Gustafsson, pour sa part, ne veut pas entendre d'objection rhétorique de ce style. Il ne veut pas qu'on lui raconte d'histoires et maintient que la Suisse est l'adversaire le plus faible, sans chercher à lui manquer de respect puisqu'il en a été l'entraîneur-adjoint il y a quelques années et qu'il la connaît bien.

Le tort de Gustafsson n'est-il pas d'avoir simplement exprimé tout haut des calculs qu'il aurait mieux fait de garder pour lui ? Globalement, on ne peut pas dire que les matches de cette dernière journée sans enjeu soient tous joués avec une totale intensité la veille des quarts de finale, mais ce n'est pas une raison pour suggérer de jouer pour perdre. L'IIHF a été obligée de réagir en précisant que le superviseur du match - le président de la fédération finlandaise Kalervo Kummola - suivrait avec attention l'attitude de l'équipe suédoise. Mais comment prouver qu'une équipe fait exprès de perdre dans un sport comme le hockey sur glace face à un adversaire de même valeur ? Impossible. Tout ce sur quoi l'IIHF peut agir, ce sont les propos de Gustafsson, qu'elle examinera à son conseil après les JO.

Pour le reste, Kummola peut juste constater que, même si la Suède fait jouer son deuxième gardien Mikael Tellqvist (mais la Slovaquie aussi), elle aligne par ailleurs sa meilleure équipe. Peter Forsberg prend même sa place définitive en intégrant la première ligne à la place de Daniel Alfredsson. Celui-ci est replacé sur un nouveau deuxième trio avec Axelsson et Påhlsson, soit la ligne qui avait dominé les derniers play-offs d'Elitserien avec Frölunda.

La ligne de Forsberg et Sundin ne fait pas vraiment d'étincelles et la Slovaquie, elle, paraît très déterminée à marquer. Tellqvist est déjà le meilleur joueur scandinave et il ne prend pas à la feinte de Marian Gaborik, toujours à l'affût de la moindre contre-attaque. Tomas Holmström prend la première pénalité suédoise et c'est au moment où il revient sur la glace que le lancer puissant de Peter Bondra fait mouche (0-1 à 15'51").

La prestation de la Tre Kronor est encore moins convaincante en deuxième période quand il lui faut neuf minutes pour proposer un premier lancer, un tir soudain de Christian Bäckman à la réception d'une bonne passe. Karol Krizan, le gardien de MoDo, fait l'arrêt. Autre joueur slovaque évoluant en Elitserien suédoise, Lubos Bartecko fait cadeau aux Scandinaves de presque deux minutes à cinq contre trois. Mais hormis un slap de Nicklas Lidström sur le poteau, le jeu de puissance est trop lent pour produire des lancers ou des décalages dangereux. Au retour à cinq, Hossa et Demitra se retrouvent tout seuls face au gardien mais aucun ne se décide à tirer et Tellqvist intercepte.

En début de troisième période, c'est au tour de Tellqvist d'être sauvé par son poteau. Et comme Krizan plus tôt, il réagit promptement pour vite profiter de sa chance et recouvrir le palet. La Slovaquie ne fait pas mieux que son adversaire en double supériorité numérique, mais dès le retour à parité de joueurs, Marian Hossa marque d'un beau tir du poignet au milieu d'une défense passive (0-2 à 46'16"). C'est Radoslav Suchy, tout seul dans le slot, qui met un terme à ce petit match (0-3 à 58'58").

La Suède a-t-elle perdu à dessein ? C'est du ressort de l'intime conviction. Celle des téléspectateurs suédois est faite. 90% d'entre eux déclarent que oui. Maintenant, la Tre Kronor devra aussi se faire pardonner cette prestation sportivement discutable, en plus de ses défaites passées.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match :

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Ce que j'ai dit, c'est que c'est une situation difficile d'être en quart de finale, d'avoir un match à jouer et de devoir garder des forces pour le match suivant, qui est celui qui importe. Cela ne sert à rien de mettre toute son énergie dans le match de ce soir quand il y en a un vraiment ardu demain. C'est tout ce que j'ai dit... Peut-être que j'en ai dit un peu trop, je ne sais pas."

Nicklas Lidström (défenseur de la Suède) : "Nous connaissions ses déclarations et nous en avons parlé dans le vestiaire avant le match. Je pense qu'il voulait plaisanter mais les gens ont mal compris."

Peter Bondra (attaquant de la Slovaquie) : "Le tournoi démarre maintenant. On ne peut plus calculer et on ne peut pas choisir son adversaire. Nous espérons jouer le meilleur match de l'histoire du hockey slovaque. Ce sont les Jeux Olympiques. Les Tchèques sont un des favoris. Nous voulons écrire l'histoire en quart de finale."

 

Suède - Slovaquie 0-3 (0-1, 0-0, 0-2).

Mardi 21 février 2006 à 20h05 à Torino Esposizioni. 4250 spectateurs.

Arbitrage de Timo Favorin (FIN) assisté de Petr Blümel (TCH) et Pierre Racicot (CAN).

Pénalités : Suède 14' (4', 4', 6'), Slovaquie 10' (4', 4', 2').

Tirs : Suède 17 (7, 4, 6), Slovaquie 31 (14, 8, 9).

Évolution du score :

0-1 à 15'51" : Bondra assisté de Satan

0-2 à 46'16" : Hossa assisté de Demitra et Gaborik

0-3 à 58'58" : Suchy assisté de Demitra et Hossa

 

Suède

Gardien : Mikael Tellqvist.

Défenseurs : Mathias Öhlund - Nicklas Lidström ; Niclas Hävelid - Daniel Tjärnqvist ; Christian Bäckman - Kenny Jönsson ; Ronnie Sundin.

Attaquants : Peter Forsberg - Mats Sundin - Fredrik Modin ; Per-Johan Axelsson - Samuel Påhlsson - Daniel Alfredsson ; Tomas Holmström - Henrik Zetterberg - Jörgen Jönsson ; Daniel Sedin - Henrik Sedin - Mikael Samuelsson ; Mika Hannula.

Remplaçants : Stefan Liv (G).

Slovaquie

Gardien : Karol Krizan.

Défenseurs : Martin Strbak - Lubomir Visnovsky ; Andrej Meszaros - Zdeno Chara ; Radoslav Suchy - Milan Jurcina ; Ivan Majesky.

Attaquants : Marian Gaborik - Pavol Demitra (C) - Marian Hossa ; Peter Bondra - Richard Kapus - Miroslav Satan ; Richard Zednik - Jozef Stümpel - Marek Svatos ; Marcel Hossa - Lubos Bartecko - Tomas Surovy ; Ronald Petrovicky.

Remplaçant : Peter Budaj (G).

 

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