Briançon - Dijon (28 février 2006)

 

Finale de la Coupe de France 2006.

Depuis sa qualification en finale, le CPHD se sent enfin reconnu dans sa ville et suscite un nouvel engouement, ce qui se ressent aussi bien dans les contacts avec les sponsors que dans les inscriptions à l'école de glace. En face, Briançon n'a aucun problème de notoriété locale, mais cherche pour sa part à redorer sa réputation sur le plan national en faisant oublier les évènements de l'an passé dans cette même patinoire de Méribel.

Dijon rentre mieux dans le match et Mosnar prend une pénalité dès la première minute de jeu. Les Ducs ne parviennent à s'installer qu'après plus d'une minute sur un tir en entrée de zone de Miroslav Kristin, mais un mauvais contrôle de Mrena à la bleue gâche cet avantage sans qu'il y ait eu le moindre tir. Les Bourguignons n'en restent pas là pour autant et Mickaël Brodin vient se placer devant le but entre Levêque et Lyness pour reprendre à ras la glace une passe de derrière la cage de Rastislav Palov (0-1 à 05'41"). Dijon repart de plus belle et c'est encore un lancer de Kristin qui force une mise au jeu en zone offensive. Or le CPHD aime les combinaisons sur engagement. Stephen Dugas gagne son duel face à Filip et décale parfaitement Miroslav Kristin avant que Frederik Beaubien ait eu le temps de se replacer (0-2 à 05'55").

Après ce début de match idéal pour Dijon, le jeu change du tout au tout. Martin Filip s'échappe et se fait accrocher. Tout le monde pense à la finale de l'an passé et aux fameux penaltys de Salminen. Le public retient son souffle et regarde l'arbitre... qui indique effectivement le tir de pénalité. S'ensuit un moment de flottement et une discussion entre M. Avavian et l'entraîneur briançonnais Luciano Basile car Filip est lui aussi envoyé en prison tant il a tardé à se relever pour accentuer la faute. Les rouges ont bien leur tir de pénalité, mais ce n'est pas le maître du palet Filip qui pourra le tenter. C'est donc Rob Millar qui s'élance, mais il manque de vitesse et de conviction et ne fait pas recette en essayant de surprendre le gardien entre ses jambes. De l'espoir, Briançon est passé en un instant à la déception. Car maintenant il faut tuer la pénalité...

C'est fait sans trop de mal, et au retour à cinq, un tir de la bleue d'Anders Dahlin est contré mais pas contrôlé par Sébastien Rousselin. Le palet va directement dans la palette de Kinnunen qui réduit le score (1-2 à 09'41"). La discipline dijonnaise était une des clés du match, et Miroslav Sucko prend la seule pénalité bourguignonne du tiers-temps. Le CPHD se fait piéger deux fois dans son placement lors de l'infériorité, d'abord par la patience de Martin Filip qui attend la défense pour décaler Justin Kinnunen qui échoue sur le poteau, et puis par une passe longue de Miroslav Mosnar pour Lionel Orsolini qui s'échappe seul dans l'axe. Il cherche à feinter Hiadlovsky pour conclure du revers, sans succès. Les Diables Rouges dominent outrageusement cette fin de période, et un centre de Millar file à quelques centimètres de la crosse de Mickaël Perez et d'un but tout fait.

Briançon semble conserver cet élan à la reprise. Rousselin charge Perez contre la bande et Mosnar fait obstruction sur Bochna quelques secondes plus tard : on joue donc à quatre contre quatre. Aymeric Gillet, qui ne s'est pas entraîné hier à cause d'une blessure à l'épaule, prend le rebond d'un tir de Brodin, mais un défenseur se couche. On sent quand même que cette phase de jeu a permis à Dijon de revenir un peu dans le match. Le jeune joueur briançonnais formé au club Sébastien Rohat a deux bonnes occasions, la première à bout portant sur un palet récupéré derrière la cage par Filip, la seconde qu'il se crée lui-même par sa vivacité en contournant Brodin pour un revers dans l'enclave. Mais peu à peu, les Ducs équilibrent le jeu. Levêque fait trébucher Tekel, mais le jeu de puissance dijonnais ne confirme pas ses bonnes statistiques ce soir. La dernière grande occasion du tiers-temps est donc pour Briançon. C'est encore une passe en or de Martin Filip pour Rob Millar qui se voit offrir une chance de rattrapage de son tir de pénalité, mais il laisse un peu échapper le palet face à Hiadlovsky et se contente d'un tir sans danger.

Dijon défend mieux au troisième tiers-temps et arrive maintenant à limiter la menace briançonnaise, tout en se créant des opportunités comme cette passe du revers de Mickaël Brodin pour Rastislav Palov à bout portant. Jean-François Jodoin affole la défense briançonnaise, et dans une action chaude, Rousselin se fait pénalisé pour retenir. En supériorité numérique, un beau rebond est offert à Anders Dahlin, mais le Suédois rate complètement le cadre. Briançon laisse des espaces et Antoine Amsellem part en breakaway, mais il échoue sur Beaubien. Si ce match va aux tirs au but, la séance peut durer longtemps car les deux gardiens semblent apprécier l'exercice.

Plus l'on se rapproche de la fin et plus les Dijonnais se préoccupent de leur jeu défensif. La troisième ligne en particulier comprend parfaitement le rôle qui lui est assigné. Quand Martin Drotar récupère le palet face à rien moins que Martin Filip et le met carrément dans le vent, il ne cherche pas à prendre de lancer et va derrière la cage gagner du temps précieux. On sent l'abnégation de ce collectif qui fait vraiment bloc. En plus, Pelikovski prend une pénalité dans les cinq dernières minutes. Ce n'est pas le moment de se retrouver à quatre pour Briançon, et pourtant c'est là que le CPHD se fait une belle frayeur, mais Dahlin et Lévêque gèrent mal la contre-attaque. On aborde la dernière minute et les Diables Rouges sortent leur gardien. Rob Millar, sur lequel a plané l'ombre de Terglav toute la soirée, se rappelle alors qu'il est lui aussi un buteur en inscrivant l'égalisation tant attendue (2-2 à 59'19"). On ne dira donc pas que l'efficacité briançonnaise ne dépendait que du Slovène blessé.

Comme les deux demi-finales, la finale va en prolongation, dix minutes jouées à quatre contre quatre. Les efforts défensifs dijonnais ont été rendus vains à quelques encablures de l'arrivée, et Briançon débute dans une position plus confortable moralement. Tout de suite, Martin Filip porte le palet en zone offensive et cherche le décalage pour Rob Millar... mais la passe a bien été anticipée par Stephen Dugas qui a appris à contrecarrer la lecture du jeu du Tchèque. Il y a encore un breakaway, pour Thomas Gueguen, mais il ne cadre pas, et sur la contre-attaque, Hiadlovsky se fait très peur sur un tir de Millar qui flirte avec la ligne. La prolongation est jouée sur un rythme d'enfer, et Kinnunen contourne la défense sans pouvoir exploiter son propre rebond. L'intensité physique monte aussi avec une solide mise en échec de Gary Lévêque sur Bochna. Par contre, le cross-check de Dvorak (qui joue malgré une blessure au pouce) dans le dos d'un joueur dans le slot est justement sanctionnée. Les Dijonnais hésitent trop à prendre des tirs, et la supériorité numérique s'achève après une superbe mitaine de Frederik Beaubien sur un lancer - peut-être pas cadré - de Rousselin. Consolation, le jeu de puissance briançonnais ne fait pas mieux. Il ne parvient pas du tout à s'installer quand Sucko est en prison pour une faute sur Mickaël Perez qui l'avait débordé. C'est même Dijon qui contre en infériorité, et Sébastien Rousselin prend sa revanche sur un lancer qui arrive dans la lucarne de Beaubien côté plaque (2-3 à 67'31").

Briançon a une encore réussi une prestation pleine d'énergie, toujours pas récompensée. Le club reste toujours bredouille, mais ses supporters tiennent à faire meilleure figure que l'année passée. Ils saluent leur équipe qui a pris un coup sur la tête d'entrée mais s'est relevée et a une nouvelle fois fait le jeu en finale, et ils scandent "Briançon, Briançon" tout en applaudissant les vainqueurs. Avec son carré final de prétendants inédits et ses matches au bout du suspense, la Coupe de France aura été jusqu'au bout une très belle vitrine pour le hockey sur glace cette année.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (dans le Bien Public et au micro de Sport+) :

Daniel Maric (entraîneur de Dijon) : "On a été mal placé durant tout le match. On a joué avec le cœur et non avec la tête. Ils ont super bien joué avec le palet et ont su exploiter nos faiblesses. Concernant les jeux de puissance ? Mes joueurs marchaient, ils étaient gazés. Villard était encore dans les jambes. Sur la fin, Briançon était aussi fatigué. Ça s'est joué à rien. Je n'ai jamais pensé aux tirs au but mais j'avais mes cinq tireurs en tête. Cela fait trois coupes à mon actif et la première en tant qu'entraîneur, mais je dois dire que c'est celle-ci qui a été la plus dure à conquérir, et de loin ! Je n'ai jamais été autant dominé, à part peut-être un match contre Gap, il y a quelques années. La chance était avec nous."

Sébastien Rousselin (défenseur de Dijon) : "Le hockey est plein de surprises. On mène 2-0 mais ils reviennent bien. Je fais quand même une erreur sur le premier but, mais je me rattrape en mettant ce but décisif. On ramène la Coupe de France, pour la ville de Dijon et tout, c'est super."

Thomas Gueguen (attaquant de Dijon) : "L'égalisation, c'était dur, parce qu'on avait réussi à tenir le score. Techniquement, on a été dominés, on a vraiment eu du mal par moments. Ils méritaient de mettre leur but. Après, en prolongation, tout est possible."

Julien Tiphaigne (attaquant de Dijon) : "Si on m'avait dit il y a sept ans, quand je suis arrivé en D2 dans ce club, que je gagnerais la Coupe de France, je ne l'aurais pas cru. On a eu de la chance car ils ont dominé. On a eu du mal physiquement après dix bonnes premières minutes. Je ne peux pas être plus heureux. Il faut savourer et se remettre dedans, car on a fait une saison pleine et ce serait dommage de rater les play-offs maintenant."

Luciano Basile (entraîneur de Briançon) : " On a dominé chaque tiers aux tirs, dans le jeu, dans la vitesse ; on a joué beaucoup plus dans leur zone que dans la nôtre. Ce que Hiadlovsky n'a pas arrêté, les barres transversales l'ont fait. On a dépensé énormément d'énergie pour essayer de revenir dans le match. Si nous avions égalisé plus tôt, nous aurions certainement fini plus fort. En hockey, ce n'est pas toujours l'équipe qui le mérite qui gagne, surtout sur un seul match. C'est comme ça, il faut accepter le résultat. Nous allons essayer de récupérer d'une blessure émotionnelle très très profonde. Quand on passe par des moments comme ça, il faut ressentir la douleur profondément pour pouvoir en sortir le plus rapidement possible. L'erreur serait de se dire : 'Ce n'est pas grave, on va rebondir samedi.' On risquerait de ne jamais remonter à la surface. On va lécher nos blessures."

Jean-François Jodoin (capitaine de Briançon) : "Il n'y a pas de mots, c'est terrible. Nous avons livré une bonne performance, je crois que nous avons dominé le match. Il ne faut pas avoir de regrets, malheureusement cette année encore ça nous échappe. C'était très important pour nous. Briançon au complet est déçu."

 

Briançon - Dijon 2-3 après prolongation (1-2, 0-0, 1-0, 0-1)

Mardi 28 février 2006 à 20h30 à la patinoire de Méribel. 2500 spectateurs.

Arbitrage de Julien Avavian assisté de Nicolas Barbez et Savice Fabre.

Pénalités : Briançon 12' (4', 4', 2', 2'), Dijon 8' (2', 2', 2', 2').

Tirs : Briançon 39 (14, 11, 10, 4), Dijon 35 (9, 12, 7, 7).

Évolution du score :

0-1 à 05'41" : Brodin assisté de Palov

0-2 à 05'55" : Kristin assisté de S. Dugas

1-2 à 09'41" : Kinnunen assisté de Dahlin

2-2 à 59'19" : Millar assisté de Lyness

2-3 à 67'31" : Rousselin (inf. num.)

 

Briançon

Gardien : Frederik Beaubien (sorti de sa cage de 58'49" à 58'52" et de 59'09" à 59'19").

Défenseurs : Miroslav Mosnar - Jean-François Jodoin (C) ; Gary Levêque (A) - Chris Lyness ; Valdemar Pelikovsky - Jakob Milovanovic ; Miroslav Dvorak.

Attaquants : Mickaël Perez - Martin Filip - Rob Millar ; Justin Kinnunen - Anders Dahlin - Lionel Orsolini (A) ; Arnaud Blanchard - Jiri Hubacek - Sébastien Rohat.

Remplaçants : Michel Favre (G), Emmanuel Giusti, , Alexandre Rouillard, Dimitri Faure-Brac. Absents : Edo Terglav (genou, saison terminée), Tomas Baluch (entorse du genou), Yannick Maillot (épaule).

Dijon

Gardien : Vladimir Hiadlovsky.

Défenseurs : Milan Tekel - Miroslav Sucko ; Andrej Mrena - Sébastien Rousselin ; Aymeric Gillet - Kévin Dugas.

Attaquants : Rastislav Palov - Mickaël Brodin (C) - Thomas Gueguen ; Miroslav Kristin - Stephen Dugas (A) - Erik Bochna ; Antoine Amsellem - Dave Thomas - Martin Drotar.

Remplaçants : Fabien Chardon (G), Julien Tiphaigne (A), Martin Jeannette, Yassine Fahas. Absent : Anton Poznik (contrôlé positif à l'éphédrine, suspendu et licencié par le club).

 

Retour à la Coupe de France