Match comptant pour la vingt-sixième et dernière journée de la Ligue Magnus 2005/2006.

Dernier acte de la ligue Magnus et pas d'autre alternative que la victoire ce soir pour les Brûleurs de Loups. Le plus dur a été fait mardi avec une victoire face à Morzine et le gain de la deuxième place qui revêt une certaine importance au classement en vue des play-offs. Reste à ne pas sous-estimer une équipe de Gap lanterne rouge mais qui reste sur deux résultats encourageants : une défaite en prolongation à Morzine samedi dernier et une courte défaite face au leader Rouen (2-3)... hier soir. Mais les Rapaces auront-ils récupéré de leurs efforts ?

Les premiers instants de la rencontre indiquent que les Rapaces auront besoin de beaucoup d'énergie pour résister à une furia grenobloise qui s'abat sur les cages de Kristoffer Martin dès l'entame du match. Le portier suédois, excellent hier contre Rouen, doit déjà s'employer sur les premières incursions grenobloises et s'avouer vaincu sur un bon travail de Kévin Hequefeuille que Laurent Meunier n'a plus qu'à conclure victorieusement (1-0, 02'30"). Un Hecquefeuille très actif ce soir, parfois même un peu trop engagé, ce qui lui vaut d'ailleurs d'écoper de la première pénalité du match. Mais les Rapaces ont bien du mal à se distinguer en jeu de puissance et à enrayer une machine grenoblois très bien rodée. Les Brûleurs de Loups abordent cette rencontre avec la même intensité qu'un match de play-offs et Gap a du mal à suivre le rythme. Les occasions franches se multiplient, par Sadoun et Wallin notamment. Seule manque la réussite mais la situation ne tarde pas à se débloquer. Sur un débordement côté gauche, Bobby Russell centre au cordeau pour Roger Jönsson idéalement placé devant le slot et qui dévie le palet dans les cages de Martin (2-0, 10'33"). Mikaël Kvarnström sent son équipe à côté de ses patins et demande un temps mort pour recadrer tout le monde. Peine perdue. Sur leur première supériorité numérique du match, les Brûleurs de Loups enfoncent leurs adversaires par l'intermédiaire de Brett Draney qui profite de l'apathie de la défense haut-alpine (3-0, 13'41"). Le calvaire ne fait que commencer pour Gap qui encaisse un quatrième but deux minutes plus tard, l'œuvre cette fois de Craig Mills bien démarqué devant la cage par Cyril Papa (4-0, 15'23"). Avec quatre buts inscrits dans le premier tiers, les Brûleurs de Loups se sont considérablement facilité la tâche, tuant d'entrée toute prétention gapençaise sur le match et s'assurant ainsi un match tranquille.

Au début de la deuxième période, Gérald Guennelon fait logiquement rentrer sa quatrième ligne, histoire de redonner du temps de glace à des joueurs qui en ont pas mal manqué ces derniers temps. Le rythme grenoblois ne ralentit pas pour autant et l'état d'esprit conquérant reste intact. Après avoir résisté pendant huit minutes, la défense gapençaise craque une nouvelle fois sur une combinaison parfaite de la troisième ligne avec toujours l'inévitable Brett Draney à la conclusion pour un doublé et le centième but grenoblois en championnat (5-0, 28'17"). Guennelon fait alors rentrer Cédric Dietrich à la mi-match pour que tout le monde participe à la fête. Cornaire et Podlaha s'expliquent devant les cages de Martin dans ce qui est quasiment la seule altercation d'une rencontre disputée dans un très bon esprit. La phase de jeu à quatre contre quatre qui suit enfonce une peu plus une équipe de Gap à la défense bien trop statique, à l'image de son "poids lourd" Oliver McGee. En l'espace d'une minute, les Brûleurs de Loups font grimper le tableau d'affichage de deux unités. Tout d'abord par Christophe Tartari, très actif pour son retour sur la glace et qui a manqué un face-à-face avec Martin quelques minutes auparavant. Cette fois il convertit avec panache un une-deux bien mené par Romain Bachelet (6-0, 32'32"). Puis Yven Sadoun débloque lui aussi son compteur personnel avec la complicité de son compère Laurent Meunier (7-0, 33'18"). Contrairement à ce qu'on peut craindre, les Grenoblois ne tombent pas dans l'individualisme et c'est au contraire un collectif rarement aussi au point qui donne le tournis à une équipe de Gap qui a renoncé depuis longtemps. Histoire de continuer sur la moyenne de quatre buts par tiers, Brett Draney signe un coup du chapeau juste avant la deuxième pause, inscrivant ainsi le quatrième but d'une ligne particulièrement prolifique ce soir.

Avec huit buts d'avance, on peut supposer que les Grenoblois vont laisser venir les Gapençais et gérer leur avance au score, mais il n'en est rien et les coéquipiers de Benoît Bachelet ne coupent pas leur effort. Il ne faut d'ailleurs que quinze secondes à Roger Jönsson pour envoyer un missile dans la cage de Martin en supériorité numérique (9-0, 40'15"). Le vétéran Josef Podlaha retrouve à son tour ses sensations en trompant le malheureux Kristoffer Martin sur un centre parfait de Christophe Tartari (10-0, 42'36"). Le match tourne à la démonstration et il n'y a plus qu'une équipe sur la glace depuis longtemps. Martin livré à lui-même semble résigné en encaissant le onzième but grenoblois, une doublé pour Craig Mills (11-0, 45'35"). À quatre contre cinq, les Brûleurs de Loups trouvent le moyen de porter le danger devant les cages de Martin, et lorsqu'ils se retrouvent à leur tour en supériorité, la sanction logique tombe avec une combinaison magnifique entre Wallin, Meunier et Jönsson qui signe à son tour un coup du chapeau (12-0, 50'36"). Yven Sadoun réalise pour sa part un doublé en poussant le palet au fond des filets déserts alors que Martin a perdu le fil du jeu de passes grenoblois (13-0, 51'31"). Les dernières minutes sont plus calmes et Josef Podlaha se charge de mettre un terme au feu d'artifice en marquant un but quasiment identique à son premier sur un nouveau centre au cordeau de Tartari (14-0, 59'34"). Grenoble réalise le carton de la saison qui n'est pas sans rappeler le 15-1 passé à Dunkerque la saison dernière.

Grenoble a atomisé ce soir une bien faible équipe de Gap, complètement dépassée dans tous les compartiments du jeu, à commencer par la défense. La match disputé la veille face à Rouen a certainement dû peser dans les jambes des Gapençais mais cela ne suffit pas à expliquer une telle déroute. Les défenseurs gapençais ont fait preuve d'une extraordinaire passivité autour de leur cage et ont laissé les attaquants grenoblois déployer leurs combinaisons sans être inquiétés. Là où les Gapençais auraient dû se regrouper et fermer le jeu pour limiter la casse, ils ont laissé des boulevards que leur manque de rapidité n'a pas permis de combler. Devant, Rambousek et Dubois ont tenté de sauver l'honneur sans pouvoir y parvenir. Quant à Martin, il a fait ce qu'il a pu et aurait mérité d'être remplacé avant la fin du match pour lui éviter une telle humiliation. Un match à très vite oublier pour Gap qui doit maintenant se concentrer sur sa série de play-down face à Chamonix et sauver ce qui peut encore l'être.

Du côté de Grenoble, cette fin de saison régulière ressemble à une apothéose. Sept victoires pour finir la saison, une deuxième place à la clé (ainsi que la deuxième attaque et la deuxième défense), quatorze buts inscrits, zéro encaissés ce soir : les Brûleurs de Loups ne pouvaient pas mieux préparer leur play-offs. Au delà du résultat en lui-même, c'est la manière qui a séduit : une volonté sans faille qui s'est traduit par une grosse intensité, un jeu collectif à souhait avec moins de palets portés et plus de passes, un effort constant de la première à la dernière minute et une rigueur défensive qui a limité le nombre de tirs adverses au strict minimum. Certes l'adversaire était très faible mais les Grenoblois ont pu ainsi effectuer une répétition générale et un bon match d'entraînement en vue des play-offs. Les quatre lignes ont toutes produit ce soir avec une mention spéciale pour la troisième impliquée sur cinq buts et un Brett Draney au sommet de son art. Roger Jönsson n'est pas en reste et signe lui aussi un hat-trick. Quant à Christophe Tartari, Romain Bachelet, Yohann Morant et Josef Podlaha, ils ont montré qu'on pouvait compter sur eux pendant les play-offs. Bref les Brûleurs de Loups sont prêts et n'ont jamais eu autant confiance en leurs moyens avant la dernière ligne droite.

Désignés meilleurs joueurs du match : Brett Draney (Grenoble) et Jiri Rambousek (Gap).

Compte-rendu signé Christophe Laparra

Commentaires d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Gérald Guennelon (entraîneur de Grenoble) : "J'ai vraiment apprécié l'attitude de mes joueurs et tout leur comportement pendant la partie. Et je leur tire mon chapeau. Marquer 14 buts, c'est exceptionnel, d'autant que l'équipe a pris du plaisir ce soir. Ce groupe a fait preuve d'humilité, à penser d'abord à gagner sans se fixer d'objectif buts. Il y a un état d'esprit important dans ce groupe, capital pour les play-offs. Mais juste après la rencontre dans le vestiaire, il n'y a pas eu d'euphorie, car le travail doit se poursuivre, un autre challenge débute. Ils sont déterminés, ils se donnent à fond et on verra les résultats."

Kévin Hecquefeuille (attaquant de Grenoble) : "On a fait un match plein, on a été efficaces et pour le public, ce fut un bon spectacle. Ça jouait en passes, sans partir à l'abordage et maintenant, on va aborder les play-offs en sachant que ce sera nettement une catégorie au-dessus. On a bien répété nos gammes mais ce n'était pas un entraînement, je doute que Gap souhaitait en prendre 14."

Christophe Tartari (attaquant de Grenble) : "J'ai essayé de me faire plaisir quand j'ai eu l'occasion de rentrer. De donner le maximum pour montrer mes qualités à l'entraîneur même si je sais qu'actuellement, le coach n'a pas de raison de bousculer les trois lignes 'titulaires' qui marchent bien. Pour moi, ce n'est pas toujours facile à vivre mais mon tempérament m'aide, je ne me mets pas au fond du gouffre. En quatrième ligne, on se tient prêts en cas de blessure ou de méforme d'un coéquipier. En tout cas, on avait l'habitude de faire de bons débuts de championnat et mauvaises fins, là ça pourrait être l'inverse... Car on est en pleine bourre."

Grenoble - Gap 14-0 (4-0, 4-0, 6-0)

Samedi 4 mars 2006 à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3500 spectateurs.

Arbitrage de Alexandre Bourreau assisté de Cyril Carlin et Guillaume Gielly.

Pénalités : Grenoble 14' (4', 6', 4'), Gap 10' (2', 6', 2').

Évolution du score :

1-0 à 02'30" : Meunier assisté de Hecquefeuille et Amar

2-0 à 10'33" : Jönsson assisté de Russell

3-0 à 13'41" : Draney assisté de S. Bachelet et Amar (sup. num.)

4-0 à 15'23" : Mills assisté de Papa et Draney

5-0 à 28'17" : Draney assisté de Mills et Papa

6-0 à 32'32" : Tartari assisté de R. Bachelet

7-0 à 33'18" : Sadoun assisté de Meunier

8-0 à 37'51" : Draney assisté de Mills et Papa

9-0 à 40'15" : Jönsson assisté de Meunier et Wallin (sup. num.)

10-0 à 42'36" : Podlaha assisté de Tartari et Morant

11-0 à 45'35" : Mills assisté de Favarin et Draney

12-0 à 50'36" : Jönsson assisté de Meunier et Wallin (sup. num.)

13-0 à 51'31" : Sadoun assisté de B. Bachelet et Hecquefeuille

14-0 à 59'34" : Podlaha assisté de Tartari et R. Bachelet

Gardien : Christophe Burnet puis Cédric Dietrich à 30'05".

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Simon Bachelet ; Viktor Wallin - Jean-François Bonnard (A) ; Martin Millerioux - Nicolas Favarin, Yohann Morant.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Laurent Meunier - Yven Sadoun ; Bobby Russell - Roger Jönsson - Benoît Bachelet (C) ; Craig Mills - Brett Draney - Cyril Papa ; Romain Bachelet - Christophe Tartari - Josef Podlaha.

Absents : Teddy Trabichet (blessé), Ludek Broz (genou, saison terminée), Sacha Treille (clavicule).

Gardien : Kristoffer Martin.

Défenseurs : Tomas Mihalik - Oliver McGee ; Oscar Jernström - Ondrej Mertl ; Alexandre Cornaire - David Hennebert.

Attaquants : Nicolas Ravoire (A) - Romain Moussier (A) - Benjamin Arnaud ; Jiri Rambousek - Jonathan Dubois (C) - Sébastien Vidal ; Julien Parinet - Jody Obninsky - Jordane Fazende.

Remplaçants : Jens Van Poucke (G), Mathieu Combe. Absents : Peter Stanga (doigt), Björn Odot-Andersson, Oscar Stenberg (rentré en Suède), Camille Gielly (genou).

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